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Les Cahiers de l'Égaré

Vols de voix (farce sur la présidentielle 2017) / É Say Salé

Rédigé par grossel Publié dans #cahiers de l'égaré, #théâtre

couverture de Vols de voix, farce pestilentielle sur la présidentielle 2017

couverture de Vols de voix, farce pestilentielle sur la présidentielle 2017

Farce pestilentielle à l’occasion de la présidentielle 2017

mettant en jeu insoumis, patriotes, girouettes

merdre, c’est dans le désordre

cette farce a pour thème

la propriété c’est le vol

toutes les répliques (et leurs personnages) ont été volées sur facebook


morale de cette fable personne n’est propriétaire de sa voix

CQFD

début

Le présentateur – Sans surprise, les vainqueurs du premier tour de cette élection présiden- tielle, ce 23 avril 2017, sont Marine Le Pen et Emmanuel Macron...

patriotriste 1 – Madame Patriote vs Monsieur Ni-Ni.

patriotriste 2 – Madame Vraie Droite vs Monsieur Je Racole Partout.

patriotriste 3 – Madame J’ai Un Programme vs Monsieur On Prend Les Mêmes Et On Recommence.

La rédactriste – Rendez-vous dans deux semaines, pour la décision finale des Français.

Le réducteur – Bravo aux Patriotes pour avoir permis à Marine Le Pen d’être sur la ligne d’ar- rivée, face au chouchou des bobos et médias.

patriotriste 1 – Comme quoi, la bien-pensance a un adversaire de taille : LE PATRIOTISME !

patriotriste 2 – Rien n’est cependant encore gagné et chaque vote aura son poids pour ce second tour.

patriotriste 3 - Seul un VOTE MASSIF pourra enfin sauver la France. L’union fait la France.

Le soliste qui œuvre en sous-sol – Il y a dans l’air comme une odeur de printemps avorté. L’espoir boite des ailes. Regarde bien, petit, regarde bien. Dans l’arène, deux lions se battent. Mais tends l’oreille, petit. Tu entends ? Des bruits de grattage, de reniflage, de coups de pioche. C’est le bruit des taupes.page4image3716400

Marchiste – Où est ta cohérence ? Tu jettes tes mégots et tes paquets de clopes par la fenêtre de ta bagnole mais tu vas voter Front National parce qu’y en a marre de tous ces jeunes irrespectueux !

érectriste – Mais je t’encule, moi ! Cohérence, cohérence, qu’est-ce que ça veut dire d’abord ?

Marchiste – Tu couches sans capote avec des filles que tu connais à peine sans te soucier de leur mode de contraception mais tu vas voter Front National parce que quand même, tout cet argent qui va à des associations qui prônent les IVG de confort hein, ça suffit !

érectriste – Tu sais pas que ça plaît aux salopes qu’on les sodomise à sec ; ça t’en bouche le trou de balle hein ?

Marchiste – Pointer tes incohérences, ça te hérisse le pénisse, hein ?

érectriste – T’es dans ma tête ? tu sais pourquoi je vote FN ? t’as pas à m’en dissuader en pointant mes incohérences. Je vote irrationnel ! Na ! Na !

correctriste – Incohérence toi-même. T’achètes pas des jouets à Noël fabriqués par des petits chinois sous-payés parce que c’est moins cher ?

cul-bénite – Je vais à la messe tous les dimanches, mes enfants sont baptisés, j’espère que le Seigneur voit ma faute quand j’achète chinois et me la pardonne. Toi, t’as jamais ouvert une Bible et tu votes FN à cause des musulmans qui hahannent le Coran.

Lèche-culiste – Je te lèche la chatte, suceuse de bites catholiques, apostoliques et romaines.

érectriste – Tu as oublié les bites « universelles ». Sa Sainte-Mère l’Église, elle est catho- lique, apostolique, romaine et universelle.

correctriste – Nique la Mère !

Le soliste qui œuvre en sous-sol – Sous la poussière de l’arène médiatique, des millions de taupes travaillent pour préparer le monde de demain. Regarde bien, petit, regarde bien.

L’évidentriste – Avant de mettre votre bulletin dans l’urne, demandez-vous au moins si ce que vous faites au quotidien a un vague rapport avec ce pour quoi vous allez voter dimanche

L’anartiste – Les érections, pièges à cons. 

L’anarchiste – Les élections, c’est du vol de voix organisé par des bandes de faux-monnayeurs.

L’altiste qui œuvre sur Les toits et qui voit – Y’a un homme qui vient que je ne connais pas. Il revient de l’arène. C’est l’espoir qui boite des ailes. La boue entre par les trous dans ses semelles. La faim qu’il ne sentait plus hier est revenue.

slamiste – France d’en bas de gamme contre France haut-de-forme
France baskets ou France de l’uniforme

France qui se noie ou France qui brûle

France éveillée ou France somnambule
France qui s’assume ou France qui se fume

France agricole et France du bitume
Certains te baisent la main, les autres te font la nique
On veut gagner ton cœur et c’est matière à polémique

...................................

persil et om– Mon slogan : Voter blanc... c’est voter brun !

L’anarchiste – Le pouvoir c’est le mal, il n’y a pas de bon pouvoir, de pouvoir contrôlable, donc ce qu’il faut viser, c’est la neutralisation du pouvoir qui ne sera jamais au service de la veuve et de l’orphelin.

L’insoumiste – Il faut un grand coup de balai, le dégagisme est une nécessité mais ça ne doit pas être pour changer le personnel politique. Il faut de la démocratie directe. Même la révo- cation d’élu par référendum, c’est insuffisant.

 é say salé – Au Burkina Faso, on a eu le mouvement du balai citoyen pour chasser Blaise Compaoré après presque 30 ans de pouvoir omnipotent obtenu par un coup d’état contre Thomas Sankara assassiné. 

L’helvète – La neutralisation du pouvoir, les Suisses la pratiquent avec la Landsgemeinde.

Le village de saillans – Mais vous oubliez ce qui se passe à Saillans. Vous ne connaissez pas ce village de la Drôme ?

é say salé – Au Burkina Faso, on le connaît très bien, on y a envoyé une délégation pour voir votre pratique au quotidien de la démocratie directe depuis 2014.

(Parenthèse de é say salé) – J’ai écrit une farce en 2009 sur des élections municipales dans un village, Gogoland, le village des Gogos. Elle s’appelle Moi, Avide Ier, l’Élu. Le discours du maire sortant-rentrant me fait toujours rire.

Le soliste qui œuvre en sous-sol – Il y a dans l’air comme une odeur de printemps avorté. Les horizons qui le faisaient chanter hier encore lui sont retombés sur le crâne. Il a mal à la tête, il veut s’allonger, faire la sieste pour les quinze prochains jours. Et peut-être pour les cinq ans à venir.

L’insoumiste – Bon beaucoup de pressions pour faire voter Macron. Laissez un peu les personnes se faire leur opinion, donnez des arguments plus que des ordres ou des leçons d’antifascisme et comprenez les difficultés que beaucoup d’entre nous ont.

Le beau parleur – Je suggère aussi à tous ceux qui ont du temps d’essayer de convaincre les électeurs FN du premier tour de ne pas renouveler leur vote. Quitte à ce qu’ils s’abstiennent. Je vous promets que c’est très efficace aussi. Vous ne connaissez pas d’électeurs FN ? Regardez autour de vous, c’est quand même un électeur sur 5 ! Et dans mon département, le Var, au sud du sud, le joli Var, c’est 1 sur 2.

L’insoumiste – La pression indignée et vertueuse de beaucoup envers les femmes et les hommes de gauche qui hésitent entre le vote Macron et le vote blanc, nul ou l’abstention, m’exaspère.

La soudoumiste – Je la trouve même culottée. Ceux qui s’y prêtent sont ceux qui : 1, pour beaucoup ont soutenu jusqu’à aujourd’hui la politique économique et sociale inspirée par Macron. 2, ceux qui, lorsque les sondages ont indiqué que JLM pouvait barrer la route du deuxième tour à Fillon et MLP, ont refusé de lui accorder les quelques voix qui l’auraient permis. 3, ceux dont les cris de dénonciation du fascisme eussent pourtant été totalement impuissants à limiter la progression de Le Pen aux 26-28 % qui lui étaient promis il y a 6 mois. Seuls les insoumis y étant parvenus. Alors, mesdames et messieurs, de la décence, s’il vous plaît. Moi-même et l’énorme majorité des électeurs de gauche, nous ferons notre devoir. Vous, fermez-la !

arlette du Musée grévin – J’ai voté pour l’extrême gauche Poutou – merde, j’ai confondu avec Arthaud – au premier tour, en toute conviction, pour faire entendre une idée simple : le monde capitaliste dans lequel nous vivons est abscons et il est encore possible de PENSER et d’AGIR collectivement pour construire un autre monde pour nos enfants ou petits enfants, démocratique, égalitaire, sans frontières et où la liberté a un sens. Je voterai Macron au second tour sans aucun état d’âme. Et sans aucune illusion.

Le penseurtriste – Voter au premier tour Poutou par conviction en sachant qu’il ne passera pas et voter « sans état d’âme »Macron au second « pour faire barrage à Le Pen » me semble le comble de l’intellectualisme. On retrouve ce raisonnement chez celles et ceux qui ont voté Hamon. Pour Arthaud, je ne sais pas. Aucun « retour ». Mais pour ne pas avoir à voter Macron au second tour, il aurait fallu voter « sans état d’âme » Mélenchon au premier tour. Mais ça, c’était pas possible ! C’était « trop ». La seule chose que j’espère maintenant c’est qu’on se retrouvera « sans état d’âme » pour les législatives.

Le soliste – Regarde bien, petit, regarde bien. Dans l’arène, le spectacle continue. L’armée des Sauveurs de la République brandit les grands mots d’un régime à bout de souffle. Tout autour, les prêtres de la messe télévisuelle tendent leurs micros : Vous en appelez à voter pour... ? Ce soir vous nous dites que vous vous ralliez à... ?

La sonde dans le trou de balle – 57% de mélenchoniens « responsables » voteront Macron parce que Marine Le Pen est une affreuse raciste, contrairement aux vrais socialistes comme Valls (qui trouvait que sa commune d’Evry manquait de « blancos ») ou aux vrais humanistes antiracistes (comme le noble Sarkozy qui ne confond pas les enfants d’immigrés avec de la « racaille ») ni Emmanuel Macron (qui trouve qu’« Uber leur apprend au moins à mettre un costume plutôt que de dealer du shit. »)... Ceux-là voudront que Macron fasse le score le plus haut possible et Marine Le Pen le score le plus faible possible.

Le troué de balle sondé – 26 % s’abstiendront ou voteront Blanc ou nul « parce qu’il ne faudrait quand même pas non plus les prendre pour des cons », et que Chirac à 80 % a eu une autoroute pour défoncer la protection sociale, les retraites, la santé, etc., etc. alors un Macron à 80 % t’imagines même pas son bonheur et sa légitimité pour finir de tout péter. Ceux-là se disent que le combat continuera dans la rue et dans le mouvement.

La trouée de balle sondée – 17% voteront Marine Le Pen en se disant qu’elle sera dans l’incapacité de gouverner et de dégager une majorité et qu’à tout prendre, il vaut mieux une Marine Le Pen paralysée et incapable de gouverner, qu’un Macron avec les pleins pouvoirs. « Le chômage de masse en France c’est parce que les travailleurs sont trop protégés » a dit Emmanuel Macron. On compte sur lui pour nous affaiblir mais ça n’est pas du fascisme. Ne mélangeons pas tout. Ceux-là voudront que Macron fasse un score le plus bas possible. Voire pas de score.

La voyantriste – Tu lis dans le marc de café avec tes pronostics tirés de sondages dans des trous de balle ?

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Tout en chanson 
Toute cette histoire commence à me hacher menu l’abricot,
me déchirer le berlingot m’anéantir la tabatière
me houspiller la bonbonnière me courir sur la counette,
me brouter la rosette,
me casser le divertissoire m’enquiquiner le foutoir
me défriser la cressonnière
me vider la pissotière
me chatouiller la guenuche
me lustrer la nunuche
me désherber la motte
me reboucher la grotte

me trouer le saint frusquin,

me déprimer le bégonia
me défoncer le moulin
me bouffer le baba

me redessiner l’herbier

me lapider le mortier

m’assécher la cramouille,

m’effeuiller le millefeuille

alors que moi

je rêve de pâquerettes,

je rêve de pâquerettes

et puis aussi

de m’en battre les escalopes !

Me faire traiter de salope
M’en tamponner la forge à cocus

Et m’en bourrer le matou fendu !

Vive la moniche libre !!!

PPP – Une bonne partie de l’antifascisme d’au-jourd’hui, ou du moins ce qu’on appelle anti- fascisme, est soit naïf et stupide soit prétextuel et de mauvaise foi. En effet elle combat, ou fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique qui ne peut plus faire peur à personne. C’est en sorte un antifascisme de tout confort et de tout repos. Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé la société de consommation, définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n’en est rien. Si l’on observe bien la réalité, et surtout si l’on sait lire dans les objets, le paysage, l’urbanisme et surtout les hommes, on voit que les résultats de cette insouciante société de consommation sont eux-mêmes les résultats d’une dictature, d’un fascisme pur et simple.

Le sosie de ppp – Si le terme fascisme signifie arrogance du pouvoir, la société de consom- mation a bel et bien réalisé le fascisme.

L’écho de ppp – Le néolibéralisme est un fascisme, car l’économie a proprement assujetti les gouvernements des pays démocratiques mais aussi chaque parcelle de notre réflexion. L’État est maintenant au service de l’économie et de la finance qui le traitent en subordonné et lui commandent jusqu’à la mise en péril du bien commun.

Le soliste – Il va te falloir choisir, petit. Dans chaque geste de ta vie. Entre ce qui s’agite à la surface et ce qui travaille en sourdine. Entre ceux qui attendent que le changement vienne d’en haut et ceux qui l’appliquent dans chaque geste. Entre ceux qui ont renoncé à leur puis- sance et ceux qui la reconquièrent. Entre ceux qui font faute de mieux et ceux qui œuvrent pour faire mieux. Entre ceux qui se contentent du monde tel qu’il est et ceux qui poursuivent le monde tel qu’il devrait être.

..........................................

Victor Hugo, lhomme qui rit – Ils ont voté !

Troupeau que la peur mène paître
Sots, qui vous courroucez comme flambe une bûche ;

Qui déclarez, devant la fraude et l’attentat,
La tribune fatale et la presse funeste ;
Fats, qui, tout effrayés de l’esprit, cette peste,

Criez, quoique à l’abri de la contagion ;
Niais, pour qui cet homme est un sauveur ; vous tous

Qui vous ébahissez, bestiaux de Panurge,

Est-ce que vous croyez que la France, c’est vous,
Que vous êtes le peuple, et que jamais vous eûtes
Le droit de nous donner un maître, ô tas de brutes ?

Monsieur bLanc – BLANC SUR L’ÉCRAN.

L’heureux élu accompagné de son épouse de 20 ans de plus (y a aucune ironie de la part de l’auteur) au bord des larmes et qui Lui baise la main droite (il a sa main gauche dans le pantalon pour cacher son érection, aucune ironie de la part de l’auteur) – 

Je sais la colère, l’anxiété, les doutes qu’une grande partie d’entre vous ont exprimés. Il est de ma respon- sabilité de les entendre, en protégeant les plus fragiles, en organisant mieux les solidarités, en luttant contre toutes les formes d’inégalité ou de discrimination, en assurant de manière implacable et continue votre sécurité. La France doit être une chance pour tous. Je m’engage à vous servir avec amour.

En garantissant l’unité de la nation. Car derrière chacun des mots que je viens de prononcer, je sais qu’il y a des visages, des femmes et des hommes, des enfants et des familles, des vies entières, il y a vous et les vôtres. Ce soir, c’est à vous tous que je m’adresse. Vous tous ensemble, le peuple de France.

Nous avons des devoirs envers notre pays. Nous sommes les héritiers d’une grande histoire et du grand message humaniste adressé au monde. Nous devons les transmettre d’abord à nos enfants, mais plus important encore, il faut les porter vers l’avenir et leur donner une sève nouvelle.
À compter de ce soir et pour les cinq années qui viennent, je vais avec humilité, avec dévoue- ment, avec détermination, servir la France en votre nom. Vivre la République, vive la France.

La metteur en scène sur ses hauts talents – Voir un président faire son entrée sur « l’hymne à la joie » (accessoirement Hymne Européen), parler d’humilité et terminer son discours sur le mot Amour...Ben moi, ça me plaît ! J’y peux rien, j’aime les bonnes mises-en-scènes.

...........................;

fin

serge alias MicheL – Les loups sont entrés dans Paris.

L’idiot – Quels loups ?


Leonardo – Les loups de Wall Street. Les loups de Maastricht.

La voix rocailleuse – Il a une tâche immense à accomplir, elle n’est ni exclusivement écono- mique, ni sociale, ni environnementale, elle est sociétale, elle engage l’avenir de la France mais aussi de l’Europe: il lui faudra rétablir la CONFIANCE. Pour cela et avant toute chose, il faudra que son gouvernement ait le projet intraitable de faire cesser tous les abus institutionnels qui se sont lentement et sûrement installés dans notre pays et qui sont en totale contradiction avec les valeurs de la République. De ces abus, les honnêtes fonctionnaires et les citoyens souffrent profondément. Ils se taisent. Il faudra que ce gouvernement sache instaurer un vrai management positif, relié à une démarche éthique incontournable, d’accueil et de respect pour les citoyens.

Le fils de la rocailleuse – Ah ça alors ! t’es forte de la cafetière ! Insoumise hier, tu rejoins aujourd’hui la macronie. T’es pas la seule ! C’est le temps et la République des girouettes prêtes à franchir le rubimacron. On a connu ça entre 1814 et 1820, le 1er gouvernement d’extrême centre, libéral-autoritaire. À son programme libéral-égalitaire, tu substitues le tien et par la magie de ton verbe, tu transformes l’équilibriste sur la corde raide égalité ou liberté jouant du balancier des capabilités, en homme de la confiance entre tous, de la fraternité quoi ! Tu dois devenir sa Première ministre.

L’anarchiste – Pas de président, pas de gouvernement. Ils ne représentent qu’eux et surtout pas la veuve et l’orphelin, les faibles, les exclus.

Le libertariste – Ce qu’il faut, c’est neutraliser le pouvoir des soi-disant représentants et exercer le pouvoir ensemble, directement.

un de baumugnes – À Saillans, mon village dans la Drôme, on en avait marre d’un maire qui décidait tout seul. En 2014, on s’est présentés tous sur la même liste, on a été 1199 à être élus au 1er tour. Et depuis on décide tout, tous ensemble.

Le philosophe politique – Le principe de subsidiarité est de nos jours perçu comme une concession du global au local ; quand au contraire, en démocratie, c’est le contenu qui concède au contenant, mots qui ne gomment rien de la chaîne des emboîtements : on peut y voir le citoyen autant que le village, la région, le pays, le continent, la planète, l’essentiel étant que toujours le contenu garde la main et le contrôle du contenant.

Le disciple – C’est ce qui est faible qui doit gouverner ce qui est fort, et non pas le contraire ; afin que la force soit la force de tous et non pas celle de quelques-uns.

ici éric – La démocratie gigogne, c’est-à-dire un réseau dense d’assemblées délibératives et décisionnaires organisées en poupées russes et pensées dans l’esprit de la subsidiarité ascendante, ça a déjà existé, CNT en Espagne, Chiapas au Mexique, ça existe, Marinaleda depuis 1979, Saillans depuis 2014. Alors, l’imagination au pouvoir.

 Électre – Où nous en sommes ?

La femme narsès – Oui, explique ! Je ne saisis jamais bien vite. Je sens évidemment qu’il se passe quelque chose, mais je me rends mal compte.

 Électre – Demande au mendiant. Il le sait.


Le Mendiant – Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore.

Rideau – Je tire le rideau

La black panther – L’aurore aux doigts de rose s’est-elle levée, ce matin du 8 mai 2017, 72anniversaire de la capitulation nazie alors que toutes les Cassandre nous annonçaient le nazisme du pénis revanchard en France au soir du 7 mai et nous sommaient de faire barrage ? Et se lèvera-t-elle au matin du 10 mai pour le 169anniversaire de l’abolition de l’esclavage

Le vomissoir – Je pars hors de France où je commence à avoir des nausées.

L’urinoir – J’ai tout essayé contre la nausée : le poing levé, le bras d’honneur, le pas de deux, rien n’y fait.

La tanguera – Je vais essayer le pas de deux en trois temps.

La psy – Mais vous pleurez les larmes de l’Ange, madame ? Un Ange (qui n’a pas de sexe dit-on), comment fait-il pour pleurer s’il n’a pas les ailes du désir ?

La romancière à succès – Tout dépend de la définition de l’Ange. J’entends par ce titre quelque chose d’un peu philosophique. Il y a toujours de la tristesse dans la beauté et la sincérité. Il y a toujours des larmes dans l’immortalité d’un instant. Et il y a rarement des fins heureuses. « note à moi-même, prendre rdv chez la psy ».

Le bègue – S’il venait, venait un homme,
venait un homme au monde, aujourd’hui, avec la barbe de clarté
des patriarches : il devrait
s’il parlait de ce
temps, il
devrait bégayer seulement, bégayer, toutoutoujours
bégayer.
page52image5779648 

Le poète partisaniste –
C’est un temps déraisonnable
On met les morts à table
On fait des châteaux de sable
On prend les loups pour des chiens

Tout change de pôle et d’épaule
La pièce est-elle ou non drôle
Moi si j’y tiens mal mon rôle
C’est de n’y comprendre rien

La promesse intenable – On va clarifier la situation aux législatives, les 11 et 18 juin 2017, on a le président, on aura une assemblée d’alternance à majorité d’insoumis, le chaos.

Le romain à succès en 1956 – Le député était préoccupé. Il essayait de se rappeler à quelle formation politique il appartenait. Son parti s’était scindé en deux, les éléments des extré- mités de chaque tronçon se repliant eux-mêmes par des systèmes d’imbrication vers trois formations diverses, lesquelles exécutaient un mouvement tournant autour du centre afin de s’y substituer, cependant que le centre lui- même subissait un glissement vers la gauche dans ses éléments centripètes et vers la droite dans ses éléments centrifuges. Le député était à ce point dérouté qu’il en venait à se demander si son devoir de patriote n’était pas de susciter lui-même la formation d’un groupement nouveau, une sorte de noyau centre-gauche-droite avec apparentements périphériques, lequel pourrait fournir un pivot stable aux majorités tournantes, indépendamment des charnières qui articulaient celles-ci intérieurement, et dont le programme politique pourrait être justement de sortir du rôle de charnière pour accéder au rôle de pivot. De toute façon, le seul moyen de s’y retrouver était d’avoir un groupe à soi. Il leva brusquement vers le barman un regard désemparé.

é say salé – Quand je vote, ce n’est pas moi. Mon vote ce n’est pas ma voix.

é say salé – Les résultats, ce n’est jamais égal à moi, c’est toujours inférieur à moi.

é say salé – Ma voix est tremblotante et trébuchante, elle n’a pas de prix.

Ouagadougou, 23 avril-10 mai 2017 (pour le 169anniversaire de l’abolition de l’esclavage)

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