spectacles
le prix d'un Goncourt / artscénicum
Jean Carrière, le prix Goncourt qui ne supportait pas d'être dans la lumière
Dans " Enquête sur un roman ", Patrick Cabanel livre une excellente analyse littéraire et historique de " l'Epervier de Maheux ", sacré en 1972, et plonge dans la psyché de cet auteur singulier.
Dans "le Palais d'été " , Serge Velay se souvient de l'auteur de "l'Epervier de Maheux " , disparu en 2005. C'est une très belle déclaration d'amitié.
https://bibliobs.nouvelobs.com/l-humeur-de-jerome-garcin/20160215.OBS4662/pour-jean-carriere.html
VIDÉO DE PRÉSENTATION DU SPECTACLE
Jean Carrière né le à Nîmes ( France) et mort dans la nuit du 7 au dans cette même ville, est un écrivain français. Son père Edmond Carrière a donné son nom à une rue de Nîmes. D'origin...
ce que ne dit pas cet article, c'est le blacklistage par la presse parisienne de cet auteur "régionaliste" après la parution remarquée du prix d'un Goncourt
Jean Carrière - Gard Info, l'e-magazine du Conseil départemental
Prix Goncourt 1972 pour L'Épervier de Maheux Jean Carrière est âgé de 44 ans lorsque le prix Goncourt est décerné à son œuvre. Il est alors le second Gardois à l'obtenir, après Marc Berna...
je note l'autre Goncourt de 1942 pour Pareils à des enfants, le Gardois Marc Bernard, grand romancier, aujourd'hui méconnu, dont j'ai lu 3 romans, la mort de la bien-aimée, au-delà de l'absence, tout est bien ainsi
Prix Goncourt Jean Carrière | INA
Reportage consacré à l'écrivain Jean Carrière auteur du roman "L'épervier de Maheux" lauréat du prix Goncourt.Le sujet commence par l'annonce du prix Goncourt 1972 par Armand Lanoux à Jean C...
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/rbc9304281414/prix-goncourt-jean-carriere
Jean Carrière : le prix Goncourt | INA
Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newslett...
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/rxf04027392/jean-carriere-le-prix-goncourt
Jean Carrière dans une école; on n'a rien inventé
la fabrique du livre selon Marcel Proust dans Le temps retrouvé / déjà des logiciels performants pour aider les écrivains, demain, les remplacer et ce ne sera paa grave du tout car tout a déjà été dit, informé, implié selon David Bohm, tout est dit, tout sera dit et chacun est donc une redite, une prédite, une récitation, une prédication... opter pour le silence qui contient rien donc tout / un romancier, académicien, ose et s'attend à tout de la part du prédateur, acheter tout le tirage et chez son pote, le mettre aux flammes; la parole ou l'écrit peut avoir du pouvoir dans un sens comme dans l'autre et simultanément
Jean Carrière à propos du prix Goncourt | INA
Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newslett...
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i19308698/jean-carriere-a-propos-du-prix-goncourt
3 fois sentiment d'être responsable : de la mort du père, de la maladie de sa femme (silence), de l'impuissance à écrire / très grande lucidité de Jean Carrière mais dans le cadre de la philosophie dominante du temps, la philosophie de l'absurde; aujourd'hui, on peut avoir d'autres visions, d'autres horizons
Jean Giono et la prison (Entretien avec Jean Carrière)
Extraits issus de " Jean Giono, du côté de Manosque " entretiens avec Jean Carrière (Les Grandes Heures Ina / Radio France - Sortie le 2015-06-22) (Entretiens radiophoniques enregistrés à Mano...
Jean Carrière a été secrétaire de Giono
Carrière, qui se dira victime du Goncourt, doit attendre de longues années avant de recommencer à publier des romans ; il bâtit alors, et depuis le Retour à Uzès de 1967, une œuvre remplie des hantises du paradis perdu et du temps meurtrier. Elle invite à voir dans l' Epervier de Maheux non pas un récit "rural" ou "régionaliste", mais un roman puissamment biblique et métaphysique, peut-être un des sommets de la littérature de l'absurde.
Dans les Cévennes ,l'historien Patrick Cabanel enquête sur L'Epervier de Maheux et Jean Carrière
A Barre des cévennes en Lozère et à l'occasion de l'ouvrage" Enquête sur un roman. L' Epervier de Maheux et Jean Carrière" les éditions le bousquet- la barthe présentent un entretien entre l...
un livre récent qui semble promettre
La lecture du roman " L'épervier de Maheux ", de Jean Carrière (prix Goncourt 1972), est une manière passionnante et différente de faire connaissance avec la can de l'Hospitalet et les vallées...
https://www.reveeveille.net/cevennevivante/lepervier-de-maheux/
un article régionaliste sur l'assez mauvaise réception de Jean Carrière par les cévenols; cela a été vrai aussi pour Michel Llory, auteur de L’expulsion ou Histoire du dernier berger de la Riuffer, éd. Stock, 1991 (roman). Vrai aussi de Pierre Hubac, auteur de Tistou les mains vides (1951) sur Le Revest
quand les gens du cru décrits trouvent le roman trop noir; deux exemples; peut-être vrai aussi de Giono, faut vérifier; et Pagnol ?
Léonard Marc Bernard, né le à Nîmes où il est mort le , est un écrivain français, lauréat du prix Interallié pour en 1934, du prix Goncourt en 1942 pour Pareils à des enfants , et du prix...
d'origine ardoise, Marc Bernard, prix Goncourt 1942 pour Pareils à des enfants, promoteur de la littérature dite prolétarienne
La mort de la bien-aimée/Au-delà de l'absence/Marc Bernard - Blog de Jean-Claude Grosse
La mort de la bien-aimée Au-delà de l'absence Marc Bernard L'imaginaire Gallimard http://marcbernardecrivain.blogspot.fr/ ...
magnifiques récits d'un auteur oublié, partisan de la littérature dite prolétarienne
Tout est bien ainsi / Marc Bernard - Blog de Jean-Claude Grosse
Tout est bien ainsi Marc Bernard Récit Gallimard, 1979 Après La mort de la bien-aimée (1972) et Au-delà de l'absence (1976), j'ai voulu lire le 3° récit écrit par Marc Bernard en lien avec l...
https://les4saisons.over-blog.com/article-tout-est-bien-ainsi-marc-bernard-116864725.html
d'une grande acuité et actualité quand on a fait un certain chemin de lucidité et d'humilité
Julien Gracq à propos du prix Goncourt | INA
Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newslett...
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i12303234/julien-gracq-a-propos-du-prix-goncourt
lire la littérature à l'estomac; et d'autres auteurs et essais genre La trahison des clercs...
Goncourt, le prix du refus : épisode 3/4 du podcast Les prix littéraires
Première diffusion du 31.10.2016 au 03.11.2016 Julien Gracq, que l'académie Goncourt sacre contre sa volonté en 1951 pour Le rivage des Syrtes, exprime haut et fort la position de l'écrivain en...
ChatGPT. Apprendre à chevaucher la bête : le défi de l'Intelligence Artificielle à l'école
Le 2 février 2023, un ministre de l'Éducation nationale met en garde la jeunesse française quant à l'utilisation d'une intelligence artificielle pour faire les devoirs. Il se dit " préoccupé ...
donc des loiciels aident les écrivains, de l'IA aide à rédiger des devoirs pour des élèves et étudiants maîtrisant mal syntaxe et orthographe; manque dans cet outillage, les logiciels triturant l'écriture d'un roman pour la rendre illisible sous forme de tweets de 280 caractères maxi
777 views, 15 likes, 4 loves, 1 comments, 31 shares, Facebook Watch Videos from Vincent Cespedes: ChatGPT : Donner de nous 4e épisode de l'entretien sur le révolution ChatGPT à l'ecole et dans n...
https://www.facebook.com/VincentCespedesPage/videos/701849048090804/
4 épisodes sur le chatGPT de Vincent Cespedes
sur la page de Jon Norris, un méditant
Il était une fois l'espace, il était une fois la vie
Que connaît-on de l'apparition de la vie sur Terre, chimiquement parlant ? A quand remonte l'idée d'une chimie organique prébiotique ? D'où est venue l'idée d'une panspermie ? En quoi l'expér...
les panspermies depuis Anaxagore (rajouter Anaximandre) et autres hypothèses
L'ADN peut être influencé et reprogrammé par des mots et des fréquences - rusty james news
Les dernières recherches scientifiques expliquent directement ou indirectement les phénomènes tels que la clairvoyance, l'intuition, les actes de guérison spontanée et à distance, l'autoguér...
http://rustyjames.canalblog.com/archives/2013/09/14/28013295.html
blog sur lequel on trouve l'article que j'ai reproduit à partir de la page de Thierry Zalic
point de vue de Michel Schwab sur l'article ADN reproduit par Thierry Zalic sur sa page, que j'avais moi-même archivé :
Au commencement était le Verbe
Voyons maintenant, en pratique, comment se déroule cette " constante conversation silencieuse entre le corps et le " monde-de-la-vie ", cette " danse de la coordination réglée par une chorégrap...
il faut dérouler l'article pour trouver le développement sur le rhéomode de David Bohm et s'apercevoir que des sociétés premières usent des verbes et non des noms dans leurs relations au monde; Cendrars avait remarqué cela dans son Anthologie nègre
L’HOLOMOUVEMENT SILENCIEUX SANS DIRECTION NI BUT
Pour quelles raisons le moment présent et le silence sont-ils importants? Parce que l’univers, dans sa totalité, doit être considéré comme l’unité organique d’un seul et même Vivant. Celui-ci est animé par un seul et même mouvement englobant et dominant tous les mouvements se déployant dans tous les niveaux d’énergies et toutes les dimensions. David Bohm le désigne par l’expression d’« Holomouvement ». L’Holomouvement est complètement différent de tous les mouvements que nous connaissons. Ceux-ci sont conditionnés par les coordonnées de temps, d’espace, de causalité. Ce sont des mouvements linéaires. L’Holomouvement est un mouvement de création, intemporel, a-causal, non-linéaire, sans direction. Il peut être considéré comme le battement de cœur du Grand Vivant, mais cette expression n’est pas adéquate parce qua le mot « battement » implique des coordonnées de temps et d’espace.
Ceci nous montre l’importance de l’invention d’un nouveau langage. Nous nous heurtons ici, uns fois de plus à une impossibilité parce que de toute évidence les langages qui nous sont accessibles portent les empreintes indélébiles du temps, de l’espace, de la causalité. Telles sont les raisons pour lesquelles les formes les plus dépouillées de l’expérience mystique évoquent la nécessité du silence. De ce point de vue, l’accord est complet entre Krishnamurti, Maître Eckhart, la Ch’an, la Taoïsme, l’Advaïta Védanta, le Soufisme, etc.
Nous ne soupçonnons pas l’ampleur de la corruption qu’engendre l’emploi du langage commun dans notre vie intérieure. Un défilé constant de mots en trouble la quiétude. Il n’y a pas de pensée sans mot. Ces échos du passé, porteurs, la plupart, de valeurs absolument fausses font obstacle à la perception du Présent, Nous subissons presque tous, sans réagir, le vacarme d’un langage négatif qui se limite à la mesquinerie de nos auto-occupations.
David Bohm souligne le rôle nocif du langage et le rôle important qu’il joue dans l’obscurcissement de la vraie nature de la Réalité.
Selon Stan Grof, « le langage contribue à créer la fausse notion d’éléments statiques, non changeants dans un monde, qui, par nature, est lui-même un processus dynamique. En même temps, il soutient l’illusion d’entités séparées dans un monde de plénitude indivise.
La clé du rôle instrumental du langage, qui nourrit la perception fragmentée (fausse) du monde et la pensée en termes d’entités séparées interagissantes est la structure verbe/objet des phrases qui caractérisent le langage moderne. Bohm a développé un nouveau mode expérimental de langage : le Rhéomode, qui insiste sur le processus de Plénitude indivise, en donnant une fonction basique au verbe, de préférence au nom.
Nous trouvons ici uns tentative d’application dans le langage des deux aspects de l’Univers. D’abord le Vivant, ensuite le résiduel intervenant à titre second et dérivé. Tous deux sont englobés dans l’Holomouvement, mais le Verbe reste toujours prioritaire par rapport à l’objet. Il n’y a pas d’objet, pas de chose, pas d’entité. Il n’y a que des processus. Il n’y a que des événements. Nous devrons le répéter inlassablement. Il existe une véritable perfidie du langage. La presque totalité de l’espèce humaine actuelle est entièrement piégée dès la naissance, et même avant celle-ci.
Un exemple de la difficulté d’évoquer l’Holomouvement se trouve su cours des dialogues entre Krishnamurti et David Bohm. Faute de terme adéquat ils n’ont d’autre possibilité que celle d’utiliser l’expression paradoxale d’un mouvement qui n’est pas du mouvement (semblable à celui qui nous est familier). C’est ce que nous avons désigné dans nos essais par « mouvement de création ». Celui-ci se situe au niveau de ce que David Bohm appelle la « source » ou l’ordre super-impliqué.
Mais le silence n’est pas l’absence de bruits extérieurs, de paroles. Le silence véritable est le Présent par excellence. Le seul obstacle au silence est formé par le vacarme permanent de la pensée. L’activité continuelle du mental s pour objet essentiel des éléments liés à notre auto-occupation. Ces éléments sont constitués par des échos résiduels de notre pensée. Ceux-ci sont eux-mêmes liés aux mémoires de l’inconscient collectif que Krishnamurti appelle l’« égo de l’humanité ».
En l’absence de ces mouvements habituels, mesquins, inutiles et destructeurs pour la plupart, nous accédons naturellement à l’état de silence créateur. Dès cet instant la nécessité d’avoir recours à une autre forme de langage disparaît. Pourquoi ?
Dans le silence véritable se révèle la présence d’une plénitude d’énergie, de conscience, d’amour éclipsant tout recours ou toute nécessité d’un langage.
L’Holomouvement se suffit à lui-même. Il englobe la dualité de l’expérimentateur et de l’expérience dans l’intimité d’uns lumière dont la clarté révèle l’incomplétude du langage habituel.
Nous abreuvant d’instant en instant à la Source d’énergie et de lumière du Présent, nous sommes à tel point comblés de richesses intérieures qu’il est naturel qua celles-ci débordent dans ce qui reste de nous physiquement et nous suggèrent le partage.
Nous nous heurtons dès lors à ces difficultés de communication inhérentes aux limites du langage habituel. Ceci est d’autant plus évident qu’il est indispensable d’associer dans notre commentaire le silence véritable au Vide. Nous avons insisté sur le fait paradoxal de la plénitude du Vide. Précisons ici que le Vide doit être compris comme l’absence complète de toutes nos valeurs habituelles, images, souvenirs, formes, mots, échos du passé. Le « vide » dont il est question ici ne peut être confondu avec le néant,
L’UNIVERS S’AUTOGENERE
En quoi chaque instant présent est-il unique ?
Chaque instant présent est unique parce que l’univers n’est pas une gigantesque mécanique dont les rouages tournent toujours de la même façon. Il n’y a jamais de répétitions. Au contraire ! L’Histoire de l’évolution est celle d’uns prodigieuse aventure dont les rythmes se situent en dehors des lois connues du hasard ou de l’anti-hasard. Ainsi que le souligne I. Prigogine, les processus de la nature comportent une prédominance d’irréversibilité, de création et d’improvisation. Chaque instant présent comporte un patrimoine informationnel absolument unique qui ne se présentera plus jamais. Son contenu change constamment. En plus de ce qui précède, chaque instant est en interaction avec les changements qui se produisent dans les autres dimensions ou plans de l’univers.
Les intuitions des sagesses antiques sont confirmées par les sciences nouvelles de 1988. Celles-ci enseignent que tous les événements illustrant l’histoire d’un univers sont mémorisés sous forme de champs indestructibles. Le patrimoine informationnel de l’univers s’accroît donc constamment en vertu de l’indestructibilité des enregistrements mémorisés. Chaque instant présent est donc différent et unique.
Ce processus de mémorisation constante constitue l’une des forces axiales présidant au devenir évolutif. L’énigme apparente des mutations est en voie de résolution. Les mutations sont plus apparentes que réelles.
La soudaineté des changements évolutifs est la manifestation d’un processus constant et lent de mémorisation se poursuivant dans d’autres dimensions de l’univers, invisibles à nos yeux, mais très réelles...
Robert Linssen, site maaber.org
auteur du livre, Krishnamurti, précurseur du III° millénaire
Terre abusive / Michel Gendarme
Vient de paraître, ce 9 août, Terre abusive, trilogie de Michel Gendarme
ISBN 978-2-35502-134-3
format 13,5 X 20,5
174 pages
PVP : 18 €
distribué sur commande à votre libraire ou plateforme par Soleils Diffusion
3 rue Jean Dollfus
75018 Paris
téléphone 0145488462
Photographie couverture : Irène Cerquetti
TERRE ABUSIVE
D’URINE ET DE FER (les fuyants) p.5
LE VOYAGE D’AMADOU (les survivants) p.79
SOUS LE VERT GAZON
IL Y A UNE BELLE MERDE (les vivants) p.119
POSTFACE de Hassane Kassi Kouyaté p.169
D’URINE ET DE FER (les fuyants)
premier volet de la trilogie « TERRE ABUSIVE »
PERSONNAGES
Cargo
Cadet
Aîné
Issa
Maître forgeron
Mère-jeune de l’aîné
Prostituée
PRESENTATION
Deux frères, Aîné, Cadet. Seuls, enfermés dans la cale d’un cargo. Le navire est immobilisé au large d’un port.
Une seule ouverture, petite, difficilement accessible, donne la lumière. Elle laisse parfois entendre la voix lointaine, mélodieuse, d’une Sirène. Elle chante depuis la scène d’un théâtre de plein air, dont le fond donne sur la mer.
Dans la cale, à de rares moments on pourra entendre des bruits de pas, lourds, résonner dans l’infrastructure métallique du navire.
LE VOYAGE D’AMADOU (les survivants)
d’après le récit d’Amadou Keïta (deuxième volet de la trilogie « TERRE ABUSIVE »)
PERSONNAGE
Amadou, 21 ans, porte un Sweat à capuche
RESUME
Amadou, jeune malien issu de la pauvreté, de la brousse puis de la rue, vit de petits boulots, de nourritures et d’hébergements précaires. Baladé d’un tuteur exploiteur à un coach sincère, il se raccroche à ce qui l’aide à vivre, le football, qu’il pratique depuis l’enfance pour meubler ses longs moments d’oisiveté sans école. Repéré par quelques professionnels, aguerri par quelques matchs victorieux, il se fixe pour seul objectif de devenir joueur professionnel et pour cela de rejoindre l’Europe par tous les moyens. Pour lui, ce sera par la Libye via le désert afin de s’embarquer pour l’Italie. Longue épopée de deux années, risquée et dangereuse, mortelle pour beaucoup. Ce rêve sombre à quelques encablures de Tripoli lorsque le bateau sur lequel se sont entassés des centaines de malheureux coule et qu’Amadou est repêché in extrémis par les gardes côtes libyens. Une autre aventure commence alors pour lui, celle d’une renaissance, celle du retour au pays avec un combat acharné pour la reconnaissance de ses droits et de sa dignité d’homme.
SOUS LE VERT GAZON IL Y A UNE BELLE MERDE (les vivants)
troisième volet de la trilogie « TERRE ABUSIVE »
INTENTION
Après les fuyants, puis les survivants, voici à présent les vivants, comme si le monde était fini, que les vaincus étaient enfin définitivement reconnus et utilisés comme objets. Objets d’extinction, d’occupation, d’utilisation temporaire. Les puissants se reconnaissent eux-mêmes pantins du monde-argent, à la merci des mirages pétro-dollars, sachant encore naviguer sur les flotsd’algorithmes monétaires. J’aimerais qu’ils soient représentés en marionnettes géantes, traînant en permanence leur froc chu à leurs pieds. Ridicules, puérils, pathétiques. Mais à abattre. Dans la pièce je retrouve Amadou, Cadet, Aîné, les personnages des deux précédents volets de ma trilogie, dont on va découvrir les destins fatals, et Diva, pape féminin, la Sirène entendue dans D’urine et de fer. Elle est réincarnée en femme blanche, ancienne déesse noire, comme une métaphore de l’Afrique qui à force d’être consommée par les colonisateurs a perdu sa couleur. Belle, elle est dressée sur son piédestal mobile (je pense à la “papamobile”), presque nue, excessivement poupée, objet éternel du désir, ce pouvoir seul lui est délégué, celui de la jouissance unilatérale. Parfois elle saignerait, rappel du sacrifice, de l’esclavage, de la soumission.
Le monde est devenu un immense terrain de golf, propre, aseptisé, synthétique, sans risque, sous lequel le monde civilisateur occidental a enfoui ses merdes terroristes et les parcelles de géographie menaçante : on peut y retrouver toute l’Afrique du nord et sub-saharienne, le moyen-orient, etc... J’aimerais qu’Amadou, Cadet et Aîné, rescapés-prisonniers des migrations, apparaissent minuscules, tellement impuissants, comme des ombres, des hologrammes, à peine réels. Ils sont les premiers stagiaires à subir une rééducation planifiée mondialement pour les quelques vivants acceptés comme tels. Ils devront entretenir ce terrain de golf infini.
Bien sûr ce qui n’est pas mort va renaître. Tant que l’extermination n’est pas achevée, des rhizomes enchantés tentent de pousser et de faire vie de la moindre eau, du moindre ciel, de la moindre lumière et, comme on le lira, de la moindre merde conservée secrètement précieusement.
Alors ce qui se casse est bien l’échafaudage capitaliste, il se raccommode et s’amoncelle.
J’aimerais des mots muets écrits en défilement de fond de scène, sur les corps, le green. J’aimerais des marionnettes, des poupéesgonflées, des hologrammes, rien de vrai, du factice, de la poudre aux yeux, du plastique, du néon élastique, des voix off mélangées suaves et agressives, inquiétantes, électroniques, blanches, des corps animaux de zoo. J’aimerais un présentateur télé blond qui explose. Un temps qui ne se connaît plus. Pas nous. Jamais.
Théâtre de la Jeunesse #7
1° et 4° de couverture du Théâtre de la Jeunesse #7, paru pour le 1° juin des écritures théâtrales pour la jeunesse
Le Sens / Guillaume Cantillon et Franck Magis
Le Sens de Guillaume Cantillon et Franck Magis
ISBN 978-2-35502-132-9
format 12 X 17, 84 pages, PVP 12 €
diffusion par Soleils distribution, 3 rue Jean Dollfus, 75018 Paris
« Le monde a-t-il jamais été transformé autrement que par la pensée et son support magique : le mot ? »
Tomas Mann
« Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu'on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation défnitive ?... Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d'éviter les utopies et de retourner à une société non utopique moins « parfaite » et plus libre. »
Nicolas Berdiaef
Questionner les utopies, tracer des hypothèses, se pencher sur l’acte de création, trouver sa juste place face à son art ou plus généralement dans le monde.
Le Sens est une clownerie, une farce chaotique,à trous, à gouffres, à réveils soudains, aux envolées habitées, traversée de certitudes et d’espérances, mais aussi saisie par les doutes et les constats d’échec vertigineux.
Guillaume Cantillon & Franck Magis
Le sens a été créé le 2 octobre 2018 au Téâtre du Rocher – La Garde
Mise en scène de Guillaume Cantillon
Collaboration artistique Frédéric Garbe
Scénographie Jean-François Garraud Lumières Nils Doucet
Création sonore Zidane Boussouf Costumes Sabrina Noiraux
Vidéo et Photos Geofrey Fages
Avec l'aide technique de Christian Richet et Cyril Cesarini
Avec Guillaume Cantillon et Franck Magis
Production le Cabinet de Curiosités (compagnie en résidence au Téâtre du Rocher).
Avec le soutien du Conseil régional PACA (aide à l'écriture), du Conseil Départemental du Var et de la Ville de La Garde.
Les Cahiers de l’Égaré
Je suis Carmen / Gilles Cailleau
Je suis Carmen, format 12 X 17, 72 pages, 13 photographies du spectacle by Charlotte Parmentier (pleine page)
Je suis Carmen de Gilles Cailleau
ISBN 978-2-35502-131-2
format 12 X 17, 72 pages, PVP 10 €
diffusion Soleils distribution, 3 rue de Fleurus, 75018 Paris
© dessins : Gilles Cailleau. Couverture, Carmunch | p.4, Les cousines | dos, Je suis le bœuf et le boucher.
© photographies : Charlotte Parmentier.
© LES CAHIERS DE L’ÉGARÉ
669 route du Colombier – 83200 Le Revest-les-Eaux
les4saisonsdailleurs@icloud.com
http://cahiersegare.over-blog.com
PRÉFACE
Ce qu’il faut dire d’abord, c’est le flou qui entoure toute écriture scénique. Je signe un texte, certes, mais d’où et surtout, de qui est-il venu ? Autant d’Amanda Righetti et de Sophie Chabert qui me l’ont inspiré au cours des deux mois de recherche, de répétitions, de vie créatrice commune. Le texte est donc de moi, mais le spectacle est de nous trois. Il est aussi de Christophe Bruyas, créateur des lumières, de Guillaume Cros qui en a fait la musique et de quelques autres. Reste à savoir si un texte initie une création ou s’il en procède et autant vous le dire, pour Je suis Carmen!, la question est indécidable.
D’autant plus que c’est une création de longue haleine.
Je suis toujours très lent, je mets beaucoup de temps à penser mes spectacles. La plupart du temps avant de me lancer, je fais un essai pour mettre à l’épreuve mon appétit, l’intérêt de la création, la première vibration publique.
Je suis Carmen!, c’est en 2016 que ça a commencé (je pourrais dire en 1982, quand j’ai fabriqué avec passion une marionnette Carmen ou en 83, quand ma mère a ramené les vinyles de l’Opéra de Pékin à la maison, ou dans les mêmes années quand Jean-Luc Godard, Carlos Saura et Francesco Rosi ont sorti leur film à peu près en même temps, et Peter Brook par-dessus le marché qui montait l’opéra aux Bouffes-du-Nord en trois versions distinctes... une frénésie de Carmens... mais j’arrête. 2016, pour un début, c’est très bien). Cinq ans donc avant le jour de la première, je savais déjà que je voulais monter Carmen, l’opéra, mais j’avais besoin de temps et de réponses. J’ai alors proposé à Amanda, une Espagnole sauvage que je venais de mettre en scène dans une autre aventure, de venir avec moi faire en dix jours une première exploration du continent Carmen.
L’idée était de s’installer avec une tente marocaine et une vieille roulotte (les mêmes qui ont été ma maison pendant treize ans et qui abritent depuis vingt ans Le tour complet du cœur, mon premier solo), de remplacer le mât unique de la tente par un mât chinois et d’en faire l’univers d’une jeune femme de cirque qui s’interroge sur tout ce qui fait le sel de sa vie : l’appel et le risque de la liberté.
J’ai dit “s’installer”, mais je n’ai pas dit où. C’était à Cornebarrieu – banlieue toulousaine, dans un centre éducatif ouvert pour jeunes délinquants, sous les auspices de la pénitentiaire.
Amanda, seule femme au milieu de vingt garçons prisonniers de leurs propres peurs et de leurs démons. Il en fallait du cran pour monter sur ce mât, les jambes à 80 centimètres des regards et leur parler d’amour, de liberté... Du cran pour faire valser toutes les règles.
Pour en rajouter une couche, le sort a fait de Cornebarrieu – où se côtoient des quartiers historiques et les cités peuplées des salarié·e·s de la filière aéronautique – la commune abritant ce lieu d’éducation répressive mais aussi le cimetière où est enterré Mohamed Merah et comme si cela ne suffisait pas, un centre de rétention administrative.
On imagine de quelles vibrations contradictoires on s’y sent traversé.
L’expérience a été si intense qu’elle nous aurait suffi pour avoir envie de continuer, mais au cas où on aurait hésité, la représentation finale devant les gosses, des voisins entrant pour la première fois dans ce lieu qui leur faisait une peur immense, une directrice de prison, un digne et sombre représentant du ministère de la Justice, deux du ministère de la Culture, le directeur de la Grainerie, fabrique des arts du cirque et de l’itinérance, qui avait initié le projet, l’équipe de la compagnie au grand complet et leurs retours à toutes et tous qui au-delà de l’intérêt d’un tel projet à cet endroit du monde n’admettaient pas que le spectacle puisse en rester là... Bref ! Suffisamment pour nous persuader qu’il fallait le finir.
Il y avait à cela trois obstacles : 1) Amanda venait d’être engagée par le Cirque Plume dans La dernière saison mais surtout, 2) j’étais persuadé que la vérité de cette création requérait de mettre à côté d’Amanda, une autre femme, cantatrice celle-là. À l’affirmation – “Je suis Carmen”, de la première, l’autre répondrait – “Mais non, Carmen, c’est moi !” Je rêvais de cette surprise qu’elles auraient toutes les deux, l’une venant de la fureur anarchique de la piste, l’autre du monde feutré et mesuré de la musique classique, à découvrir cette identification commune, à leur gémellité inattendue. Pour finir et tout bêtement, 3) ce n’était pas ce spectacle que j’étais venu créer.
J’ai donc 3) commencé par monter avec Raoul Lay, le directeur artistique de l’Ensemble Télémaque, Carmen, opéra déplacé, l’œuvre originelle de Bizet réécrite pour 4 artistes lyriques, 6 musiciens et 40 personnes habitant tout près de l’endroit où elle se joue. 2) J’y ai par la même occasion trouvé Sophie, la pièce manquante de mon premier essai et 1) j’ai attendu Amanda.
Voilà l’origine de ce projet singulier, dont le sujet l’est tout autant. Carmen, mythe trompeur...
Car voilà, Carmen n’est pas une histoire d’amour. Si c’en était une, ce serait ce fait divers dont la banalité est déjà en soi tragique : un homme aime une femme qui ne l’aime plus, alors il la tue. Une histoire ordinaire en quelque sorte, juste un samedi soir sur la terre, comme dirait l’autre, et qui ne fait jamais la une. La mort de Carmen, on la découvre par hasard au café en lisant son journal, à la page des chiens écrasés.
C’est en cela que même si Carmen peut parler d’amour autant qu’elle veut, c’est une autre histoire qu’elle raconte. Nous n’avons plus le droit de nous tromper aujourd’hui, dire je t’aime avec un couteau à la main est un subterfuge rhétorique pour passer sous silence le vrai sujet : la domination.
D’ailleurs, si sans minimiser cette question de la domination de genre, on prend le temps de désexualiser Carmen, le vrai mystère (et pas le pseudo mystère de la femme fatale, construction mentale toute masculine) le vrai mystère, donc, saute aux yeux : pourquoi, au dernier acte, fait-elle face? Il lui suffirait de dénoncer José, ou seulement de rentrer dans l’arène avec les autres et se mettre à l’abri... Elle ne le fait pas.
Elle ne veut pas être moins forte que José. Elle refuse de lâcher le moindre pouce de terrain.
Elle ne se retire pas.
C’est la dialectique du maître et de l’esclave selon Hegel. (J’ai conscience en écrivant ces lignes depuis l’île de la Réunion où je vis désormais que cette distinction hégélienne prend ici, terre mutilée par l’esclavage, un sens insupportable. Précisons donc qu’il ne s’agit pas d’une terminologie historique, mais d’une distinction conceptuelle.) Pour Hegel donc, “le maître” n’est pas maître parce qu’il est plus fort que l’esclave, mais parce qu’il n’accepte pas de vivre à n’importe quel prix. “L’esclave” de son côté veut vivre quoi qu’il en coûte... Pour Hegel le seul vrai maître n’est pas celui qui domine l’autre, mais celui qui est capable de dire non.
Carmen a le même problème. La liberté est le signe de son pouvoir, elle refuse d’être moins. Fuir devant José pour rester en vie, ce serait être moins que lui. En restant, elle l’oblige à la tuer et ce faisant, elle le condamne autant qu’il la condamne.
Carmen n’est pas une histoire d’amour, c’est l’autre inépuisable histoire, celle du pouvoir et de la liberté. Inépuisable plus que profonde, d’ailleurs, mais c’est peut-être la qualité des mythes, qui ne nous donnent pas à penser, mais à réfléchir. À nous y réfléchir.
Les mythes sont des mythes parce que ce sont des miroirs.
Carmen nous fait nous poser chacun pour soi la question terrible : jusqu’où suis-je prêt·e à aller pour défendre ma liberté ? C’est une question simple, mais inépuisable parce que sans réponse. Tout le monde peut la comprendre et tout le monde se la pose à plusieurs moments de sa vie, des fois sans même l’avoir formulée.
À quel endroit de nous s’étire la ligne de partage entre l’aversion pour les chaînes et l’aspiration à la tranquillité ?
Carmen est ce mythe parce que c’est un puits sans fond : est-ce si formidable que ça d’être libre ? Est-ce que ce n’est pas aussi une petite malédiction ? Tous ces choix à faire, tous ces bonheurs qui cessent aussitôt d’en être parce qu’ils nous sont imposés... Quel frein, quelle nourriture donner à mon intransigeance ?
Non vraiment, Carmen n’est pas une histoire d’amour, c’est l’histoire du courage, des courages... Pas l’histoire de nos moments de gloire, non, le contraire, l’histoire d’une défaite, de nos défaites, quand on a la force, l’élégance, le panache de perdre en beauté.
Carmen, c’est la chèvre de Monsieur Seguin.
Gilles Cailleau, 27 novembre 2021
Il faudrait plus qu'un édito / Gilles Cailleau
livre en souscription, envoyé aux souscripteurs à partir du 20 septembre; peut-être commandé en librairie via Soleils Diffusion
Il faudrait plus qu'un édito de Gilles Cailleau250 pages format 14 X 22ISBN 978-2-35502-125-118 €Du même auteur, aux Cahiers de l’Égaré :Le tour complet du cœur, 2005 (rééd. 2011 & 2014)
Fournaise, 2008
Gilles et Bérénice suivi de Tout l’univers en plus petit, 2011
Vous qui lisez ne me regardez pas (œuvres quasi complètes), 2011 (rééd. 2015)Tania’s Paradise, 2013Le nouveau monde, 2017
Je ne suis pas un très bon acteur, je joue comme un chien, je veux dire que j’ai les défauts d’un chien, celui qui rentre les pattes pleines de boue et qui débordant d’amour les pose sur la chemise encore blanche de son maître ou de sa maîtresse. L’épure n’est pas mon affaire, je la laisse à d’autres qui en font un meilleur usage. Ma générosité de gamin m’empêchera d’entrer au panthéon des acteurs solitaires et splendides.
Parfois un spectateur me demande : – « Jouer si près de nous ne vous perturbe pas ? – Bien sûr que si, ça me dérange, ça m’importune, ça me bouscule, ça me déconcentre. Je l’espère bien, je ne demande que ça. Si j’étais funambule, ça m’ennuierait qu’il n’y ait jamais de vent. »
Gilles Cailleau, auteur, metteur en scène et interprète de la compagnie Attention Fragile, a écrit une centaine de billets d’humeur publiés sur le site de la compagnie entre 2004 et 2021. Les voilà rassemblés dans cet ouvrage.
2004-2021. J’écris depuis 18 ans les éditos de la page d’accueil du site d’Attention Fragile, une dizaine les années fastes, 3 ou 4 les années maigres, et les voilà tous ensemble.
Enfin, presque tous, j’en ai fait disparaître quelques-uns. À les relire j’ai constaté que je manquais parfois d’inspiration.
Mais je me suis aperçu aussi qu’au-delà de ce que j’y dis, ils retraçaient à leur manière une histoire – incomplète et subjective certes, mais quand même une histoire des splendeurs et des misères de la vie artistique pendant ces 18 dernières années.
Il s’en est passé des choses! M’entendre parler aujourd’hui de masques, de distanciation sociale ou de culture essentielle dans des éditos qui ont plus de 10 ans, c’est une étrange ironie...
Merci à toutes et tous mes camarades, merci à ma propre compagnie, Attention Fragile, que je ne quitte pas.
Et merci à Jean-Claude, merveilleux éditeur et ami.
Gilles Cailleau
Il fallait être fou
« Enfin le panneau annonciateur du terme du voyage perce le rideau dʼeau. Une place déserte avec, au fond, un bâtiment qui ne peut être quʼune salle des fêtes. Je mʼy engouffre. Cʼest là. Sur la scène un homme parle ... ». André Neyton vient de découvrir un univers inconnu de lui, absent des livres dʼhistoire ... Dès lors, il fera de son théâtre – sans que jamais celui-ci ne soit un prétexte – un long combat pour la renaissance de la langue et de la culture dʼoc. Il raconte ici ses espoirs encouragés par un public fidèle, ses abattements à chaque mauvais coup porté, lʼindifférence ou les résistances à son indéfectible ténacité. Un parcours singulier, dans un milieu culturel souvent méprisant voire hostile. Un témoignage sans concession, à rebondissements, qui se lit comme un roman.
André Neyton est comédien, metteur en scène, auteur, directeur de théâtre et de compagnie théâtrale. Il a développé depuis les années soixante- dix un théâtre populaire inspiré par la culture et la langue occitanes. En 1966 il crée, avec Robert Lafont, le premier spectacle mettant en scène la langue dʼoc dans sa réalité contemporaine : Per jòia recomençar. En 1971 il fonde le Centre Dramatique Occitan, compagnie professionnelle, et monte plusieurs auteurs occitans et catalans avant dʼécrire lui-même ses pièces. Il crée en 1984 le Théâtre de la Méditerranée, Centre des Cultures Régionales de lʼEspace Méditerranéen, installé depuis 1991 à lʼEspace Comedia à Toulon.
TABLE DES MATIERES
Le déclic ....................................................... p5
Naissance d’une compagnie ............................... p25
Vers le professionnalisme ................................... p41
Le double effet de la Providence ........................... p73
Le temps des emmerdes .................................... p101
Le rebond .................................................... p123
Tonnerre sur la Ville ........................ ......... ....... p141
Retour à la normale ? ........................ ........ ....... p161
Il fallait être fou ............................................. p193
Nous aurons néanmoins contribué, par la présence de l’occitan dans un théâtre d’aujourd’hui, à légitimer une langue vivante porteuse d’une culture contemporaine et à faire admettre que la création artistique ne s’évalue pas à l’aune d’une langue, qu’elle fût « régionale » ou nationale. Nous avons, ce faisant, contribué à lever les préjugés les plus ancrés, au risque de contrarier l’ami François Villon à qui nous lançons sans complexes :
— Non, il n’est pas bon bec que de Paris !
Tout ce qui a pu être fait l’a été par le théâtre parce que le désir de la création m’y conduisait toujours comme la main du peintre se saisit irrésistiblement du pinceau pour que la toile cesse d’être muette. L’aventure qui nous mène de Per jòia recomençar au Théâtre de la Méditerranée-Espace Comedia est celle d’une vie qui ne pouvait se dérouler autrement. Elle sera celle de cinquante ans d’un théâtre qui avait une parole à faire entendre.
Histoire de places / JC Grosse
texte non retenu dans la pièce
Une histoire de place, le monologue de l'homme qui rit
pardon, excusez-moi, je viens de me rendre compte que je ne suis pas à ma place, excusez-moi de vous déranger, c'est peut-être votre place que j'occupe, attendez, je la libère pour que vous puissiez poser votre derrière sur votre chaise, là, à la bonne place, votre place si méritée, depuis toujours attribuée, de naissance, d'avant votre naissance car il n'y a pas de hasard, si vous êtes là aujourd'hui, à votre juste place c'est que vous deviez y être depuis toujours ; il y a une juste place attribuée pour chacun d'entre nous, depuis toujours
j'ai un peu de mal avec la place, je ne me sens jamais à ma place comme si j'étais déplacé sans cesse, dépassé c'est sûr, déplacé, c'est moins sûr car en réalité, je vais de place en place qui ne sont pas les miennes, je me déplace, je ne suis pas déplacé, pas déporté quoique tous les miens l'ont été, il fut un temps quand on déportait
parce que voyez-vous, je ne sais pas comment vous présenter ça, je ne comprends pas bien comment j'ai osé prendre la parole là maintenant, devant vous, je suis si réservé d'habitude, je rentre mon cou dans mon col, je rentre mes épaules mon ventre, je respire le moins d'air possible, non, je n'ai pas peur de la pollution, je crois simplement que je vole l'air de quelqu'un, ça fait une drôle d'impression de se croire un voleur d'air
Note d’intention
Peut-on porter un regard naïf et lucide sur nous et le monde dans lequel nous vivons ?
Cette question m’a amené à me demander quel type de personnage pouvait avoir un tel regard. C’est nécessairement quelqu’un à la vie minuscule, un obscur, un sans-grade, un déclassé, un marginal mais pas complètement exclu, un débrouillard usant de ses faiblesses comme d’une force, un qui sait esquiver, s’esquiver, mettre à distance par l’humour, la politesse, pour faire tomber l’agressivité, la violence latente, un qui ne cherche pas l’affrontement, ne prend pas frontalement les gens. Pour obtenir, il faut bien connaître les façons d’obtenir. Notre personnage est un clown sans nez de clown, un Charlot d’aujourd’hui sans la bougeotte de Charlot qui ne tient pas en place, parce que les situations dont il se tire sont multiples. Notre personnage minuscule va être placé dans une situation qui est celle de beaucoup. Il doit se recycler pour se recaser. C’est par un stage qu’il compte changer d’orientation et récupérer une place. Stagiaire, il a donc un coach qui l’initie aux méthodes du management humain.
Ayant fait des études, ayant peut-être été cadre, notre personnage s’interroge pendant ce stage. D’où vient-il ? Comment et par qui a-t-il été éduqué ou formaté ? D’où lui vient cet attachement à la place ? Pourquoi la veut-il fixe ? Pourquoi veut-il la stabilité ? Il s’interroge aussi sur le monde. Pourquoi des marchands, la guerre, la lutte des places...?
Comment rendre sensible cette lutte des places impitoyable qui nous met en concurrence, en compétition, nous empêche de voir que peut-être d’autres vies, d’autres voies sont possibles ?
C’est à travers sa relation avec le coach, une femme, qu’il va tenter comme il dit de se récurer du cortex au cervelet. Vont-ils pouvoir changer de vie, rêver du bonheur ?
Synopsis
Un stagiaire se prépare à un master en occupation de l’espace et du temps sous la conduite d’un coach réputé, une femme. Faisant un exposé sur la notion de place, le stagiaire est amené à se poser des questions à la fois personnelles et générales. D’où lui vient son besoin d’une place fixe pour la vie ? D’où vient ce monde qui chasse le plus grand nombre de sa place ? Comment se fait-il qu’on ne soit jamais assuré de sa place? Il s’interroge sur son héritage familial, sur l’influence de la religion, des modes. Il s’interroge sur la place des marchands de rêves et d’illusions, exploitant les rêves de meilleur, d’ailleurs du plus grand nombre. Sommes-nous obligés de vivre la vie que nous menons ou pouvons- nous nous en libérer au moins partiellement? La sonnerie retentit. L’exposé tire à sa fin. Le stagiaire joue de moins en moins son rôle. Il comprend que l’enjeu n’est pas la place mais quelle vie vivre. Peut-il vouloir le bonheur ? Il tente une relation avec le coach, une femme qui l’attire depuis la première poignée de mains. Il décide d’être lui-même. Quelle meilleure façon d’être soi-même que de vouloir une relation vraie avec l’autre si l’autre le veut aussi. La fin reste ouverte. Il ose. Sera-t-il entendu ?
Jean-Claude Grosse
Histoire de places
4 spectateurs seront photographiés à leur insu, à l’entrée, et on retrouvera leur photo durant le spectacle sur un tableau mobile avec des cases.
Un carnet, une cravate ? Une spectatrice s’adresse à un spectateur assis attendant le début du spectacle.
elle : Pardon excusez-moi.
lui : Oui ?
elle : C’est ma place ici.
lui: Ah bon ? Placement libre a dit l’ouvreuse quand on est entré dans la salle. J’ai pris cette place, au premier rang.
Elle était libre quand je me suis assis.
Silence.
C’est votre place ?
Si c’est la chaise que vous avez choisie, bien sûr vous devez vous asseoir dessus. Mais... je l’avais choisie aussi.
Silence.
Est-ce que quelqu’un peut nous départager ?
elle : Nous départager ? C’est ma place.
lui : Je ne vais pas me disputer avec vous, je libère... « notre » place.
Elle prend sa place.
Me voici sans place.
Il cherche à s’asseoir ailleurs. Au public.
Vous êtes venus pour le stage vous aussi ?
Silence.
C’est quand même mieux quand les places sont numérotées.
Je suis contre le placement libre. On se dispute pour une place.
Je préfère le placement numéroté avec pourboire à l’ouvreuse bien sûr.
Ah ben oui avant ça se faisait... Ah ben oui avant maintenant.
Y’avait différents types de places où l’ouvreuse nous plaçait :
Au balcon, à l’orchestre... dans la fosse.
Elle le disait à chaque représentation :
« Vos places sont numérotées, réservées. »
Les diseuses de bonne aventure, elles, attendent que l’histoire passe, pour nous dire: «il n’y a pas de hasard.»
Les Saintes Écritures : « c’était écrit. » C’est pas bête tout ça.
Vous mourez brusquement, vos proches s’écrient : « c’était écrit. »
Elle, le coach, se lève.
Sonnerie. Elle dit :
elle: Bonjour / Bonsoir messieurs dames.
Merci d’être venus pour ce stage:
« comment trouver et garder sa place ?... »
Au stagiaire.
Vous avez 55 minutes pour présenter votre sujet: pourquoi et comment la notion de place doit occuper la première place dans votre vie ?
____________________________________________________________________________-
Silence. Il enlève sa cravate.
le coach : Gardez votre cravate s’il vous plaît.
lui : Je n’en ai plus besoin. Je ne veux plus être coaché.
Je veux devenir moi-même. C’est ce que je découvre avec toi. Changer là maintenant. J’aimerais aussi te faire changer d’avis et changer ta vie ?
le coach : Je ne vous permets pas. Pas devant tout le monde.
Temps.
Tu n’as pas le droit. C’est ma vie privée.
lui : Une vie privée d’amour, t’appelles ça une vie ?
le coach : Que savez-vous de ma vie ?
lui : Ta vie de coach: un costume qui ne te va pas. Qui ne va pas avec ton rêve.
Ta vie de femme : en attente d’une...
le coach : d’une quoi ?
lui : D’une place... pour nous deux ? Silence. Il la regarde intensément.
Je te cherche. Ça s’éclaire pour moi tout d’un coup.
Je nous cherche.
Et toi ?
On continue le jeu :
Qui le chat, qui la souris ? Ou on tombe les masques ?
Tombe le demi-masque du visage du coach.
Vivre vraiment cet instant, c’est ce que je voudrais.
Je te vois.
Ton chemisier ne laisse apparaître aucun centimètre de ta peau.
Un réveil du printemps, un éveil des sens. C’est possible ? Quelques pas de tango... avec moi, tu voudrais ? Il suffirait d’un petit pas de côté et nous serions ailleurs.
elle : Mais tu divagues. Avec les autres stagiaires comme témoins. Ne l’écoutez pas, il fantasme.
lui : Tu serais pour moi odeurs à respirer, instants à danser.
elle : Au public. Un stagiaire poète, c’est la première fois qu’on me fait le coup !...
Elle rit d’un rire moqueur.
J’ai du mal avec la poésie.
Au public.
Vous croyez que ça rend heureux, la poésie ?
lui : Pourquoi pas ?
«Si ma po...ésie rime avec ta peau... aussi. » (Claude Nougaro)
elle : Au public. Il est fou. Arrête. Tu vois pas que tu es ridicule ?
Excusez-le, il se perd... Cette histoire de places le perturbe.
lui : Tu nous as dit: «servez-vous de votre liberté. À l’américaine. »
Je me libère, je me déclare.
Redeviens libre toi aussi.
Silence.
Je voudrais nous installer dans le temps. T’aimer au jour le jour jusqu’à ce que ça fasse toujours.
Cheminer vers toi, vers ton mystère... vers ce que tu as commencé à me montrer. Et toi, tu le veux?
elle : Vous êtes cruel de me dire ça en public. Tu me tétanises.
lui : Ce qui te tétanise, c’est peut-être un manque de tendresse autrefois ? Des mots qui t’ont blessée... et tu t’es fermée... ?
elle : Pourquoi entrez-vous dans mon intimité ? Je ne t’ai pas fait de confidences.
lui : Ton rêve de tout à l’heure: être heureuse...c’était pas déjà une confidence ?
Silence. Il la contemple.
Je suis à quarante centimètres de toi.
Tu crois que tu ne me dis rien ?
C’est fou ce que j’entends à cette distance. Attends, je change la distance...
Il joue avec la distance qu’il peut y avoir entre elle et lui.
Je ne prendrai aucun raccourci pour t’aimer.
Mes caresses...
Il prend tout son temps en respirant calmement.
Ce sera amour... au bout des doigts... un soir... par hasard...
Silence.
Philippe, tu peux nous mettre un tango s’il te plaît ?
Uno c’est le titre. Tu l’as dans ta régie ?
Il chantonne :
« Quelqu’un cherche rempli d’espoir le chemin que ses rêves lui ont promis. »
(Enrique Santos Disepolo) Il peut devenir notre tango.
Tu veux ?
On entendra ou pas quelques mesures d’un tango.
le coach : Décontenancée. On arrête la séance. Philippe, tu peux allumer la salle s’il te plaît ?
FIN, noir
(C'est possible) ça va de Cyril Grosse
Cyril avec Anatoli en 1998 au Revest, Cyril à sa descente du transsibérien le 19 juin 2000, Anatoli, Dasha and Co en 2009 à Corsavy, pour préparer le bocal de 2010, JCG volontaire pour nettoyer les rives, écritures, lectures à Sukhaya et Baklany, la datcha dortoir de l'oligarque qui nous a accueillis la nuit du 13 au 14 août 2010, lectures au Molodiojni Theatr' à Oulan-Oudé, la sirène du Baïkal qui a inspiré mon poème Dans le sillage de Baïkala
simples paroles, paroles inoubliables du spectacle (c'est possible) ça va ou l'un de nous est en trop de Cyril Grosse, créé en 2000, patience: 15' à écouter
ou l'un de nous est en trop
est le dernier spectacle abouti de Cyril Grosse (1971-2001)
présenté ici non par nostalgie mais pour la qualité du spectacle
au Molodiojny Theatr'
à Oulan-Oudé en Sibérie,
après répétitions au lac Baïkal, à Baklany,
(cliquer sur la photo = vidéo Traces)
au Théâtre de La Passerelle à Gap,
à La Maison des Comoni au Revest, pendant 2 semaines
à Gare au Théâtre à Vitry.
Réalisation franco-russe avec 12 comédiens,
2 compagnies:
L'Insolite Traversée
Le Molodiojny Theatr',
2 langues: russe et français,
ce spectacle a été filmé par un vidéaste russe, Vladislav Kostine.
Ce n'est que 6 ans après que Les 4 Saisons du Revest,
co-producteurs du spectacle,
ont pu retrouver le film,
tourné à La Maison des Comoni,
le 25 octobre 2000,
pour mes 60 ans.
Merci à Ivan.
Deux versions sont mises en ligne, l'une sur ce blog,
Ces deux versions filmées sous deux angles différents permettent d'apprécier ce spectacle dans toute sa légèreté, sa densité, sa nostalgie.
À voir dans l'ordre ou le désordre des vidéos.