poesie
Lucien est de sortie / Lucien Forno
à la Lucarne des écrivains, Paris 19°, samedi 20 avril à 19 H 30, Lucien est de sortie et les 4 et 5 mai à la Fête du Livre d'Hyères
Lucien Forno, médecin et poète / livre de Lucien Forno (1923-2006) sorti le 8 janvier 2024, à titre posthume / promenade en 312 panoramas
OEUVRE POETIQUE POSTHUME
DE LUCIEN FORNO (1923-2006)
médecin & poète
464 pages, format 14 X 22, PVP 25 €
ISBN : 978-2-35502-145-9
PRÉFACE : ISABELLE FORNO
(extrait de la préface, début)
De ton bureau, Papa, j’ai fait ma pièce de séjour.
Un endroit bien propice en somme pour y séjourner un peu à mon tour.
Un endroit bien étrange aussi.
Le lieu où tu recevais tes patients, au-dessus de l’étage où nous habitions.
La porte en était capitonnée… Des clous en diagonale fixaient la moleskine, laissant juste affleurer leur petit crâne de bronze martelé.
Que se passait-il derrière cette porte ?
Quel bizarre métier faisais-tu donc ?
Parfois, certains de tes clients sonnaient par hasard au premier étage et je me faisais un plaisir de les accompagner dans la salle d’attente, m’imaginant pendant ce court périple, décrypter un peu le pourquoi de ce rendez-vous-là, à cet endroit-là, avec mon papa… à moi !
Certes, si je commençais à comprendre les méandres du « ça », « du moi », et du « surmoi », le « là » restait néanmoins une énigme pour moi.
Que faisaient-ils… « là », tous ces gens- « là » ?
Las certainement de porter à bout de bras, seuls, leur souffrance, celle de leurs enfants, ils venaient demander de l’aide…
Et mon père en ouvrant sa porte, participait à extraire, de leurs cerveaux martelés, les petits clous pointés des douleurs.
Mais ce bureau-là, Papa, était aussi celui de tes secrets.
Tu aimais t’y attarder, et entouré de tes livres de poésie, et de ta machine à écrire, libéré enfin de la frappe des ordonnances, tu t’adonnais à ta passion des mots.
C’était souvent en vain que maman t’appelait pour commencer le déjeuner avec nous…
Mais tu avais déjà rejoint ta planète, ton stylo volant pour appareillage, troqué ton costume de médecin pour la blouse vaporeuse du poète, et sans nul besoin d’autre sustentation.
Déjouant la gravité, tu faisais de chaque parcelle de tranquillité (un intermède de consultation dans une clinique, dans un institut médico-pédagogique, ou une pause estivale) un moment de vie rare, sans pesanteur, où les mots volés que tu confiais au papier, apaisaient les cris des maux, lâchés chaque jour dans ton cabinet blanc.
Et tes mots, motets, estompaient dans de vertigineuses polyphonies, les maux de l’âme que tu soignais et dont tu t’appliquais à décrypter, avec tes patients, le « x » de l’inconnu, qui interroge et entrave…
Et puis un jour Papa, tu n’as plus écrit, presque plus parlé et tu es parti sans mots dire… (Cf texte « Salle des pas perdus », Isabelle Forno, « Concertina », p196, Les Cahiers de l’Égaré, 2021) en laissant bien ouverte cette fois, la porte derrière toi.
Combien de temps faut-il aux enfants pour découvrir un jour leur père ? Pour oser pénétrer leur territoire ?
Pour accoucher de ce jour nouveau, où les parents nouvellement-nés à notre conscience, deviennent les lucioles qui illuminent nos vies.
Pour toi Papa, il m’aura fallu 17 ans !
En cette année 2023, qui correspondait, heureux hasard, au centenaire de ta naissance, j’ai donc ouvert un à un tes dossiers suspendus, précieusement conservés dans des cartons à archives.
Des centaines de textes, tapés à la machine, sur ruban stencil au début, et doublés de leur jupon de carbone, classés selon tes fantaisies et aléatoirement datés, s’y trouvaient.
Des manuscrits sous forme d’ébauches, de bloc-notes, de boîte à rimes, de pense-poète, attendaient pour leur part l’heure du déchiffrage…
Et j’ai longtemps manqué de courage pour m’atteler à comprendre ton écriture, dont la pression, le rythme, les malformations, les torsions, les imprécisions, me parlaient déjà d’un homme qui de toute évidence nouait avec lui-même de bien secrètes conversations.
Et puis j’ai vu dans les allées de tes poèmes, combien de ceps de vigne y étaient plantés, et combien ils reflétaient peut-être, tout enracinés sur leurs pieds noueux, l’ombre portée de ton écriture et le terreau de tes inspirations.
« Énigmatiques messages
délires confidentiels
des ceps nus ivres de ciel
leurs bras, à bout de nuages… »
(in Ceps, page 34)
« Je voudrais saisir l’étrange langage
Que les ceps brunis échangent entre eux
Connaître le sens des noueux messages
Extraits du tréfonds par ces cul-terreux. »
(in Langages, page 111)
Avec Jean-Luc, nous avons partagé, heureux et médusés, cette moisson de feuilles vivantes, réservant à plus tard leur observation et leur lecture minutieuse.
Et aujourd’hui Papa tu es de sortie ! […]
« Promesse du printemps et promesse de l'aube
un rayon indiscret se glisse dans le ciel
le livre de l'amour s'ouvre confidentiel.
Promesse de l'été, promesse du midi
le soleil s'éblouit, nargue au plus haut le ciel
et l'amour au plus fort s'affirme existentiel.
Promesse du couchant, promesse de l'automne
on se retrouve à deux, l'amour a fait son miel
à pas feutrés le ciel se vide de soleil.
Promesse de l'hiver, promesse du repos
la lune a remplacé le soleil dans le ciel
l'amour qui se souvient conserve l'essentiel. »
Enfant et son psychiatre (l') - Lucien Forno - Librairie Eyrolles
De l'Antiquité à nos jours, en passant par Rousseau, Itard, Maria Montessori, Freud, Klein... du soin individuel au soin institutionnel, Lucien Forno sait nous montrer - avec la précision de ...
https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/enfant-et-son-psychiatre-l--9782905709561/
paru en 1993
Quelques repères biographiques
Lucien Forno, né le 8 juillet 1923 à Hyères (Var) est décédé le 26 juillet 2006 à Paris.
Dès l’enfance, avec sa mère Marthe Comte, son frère Noël (qui deviendra prêtre), sa sœur Juliette, et au gré des différentes mutations liées à la carrière de son père Célestin au sein de la Société Générale, il vivra respectivement à Crest, Antibes, Aix-les-Bains, Brest, Alger et Toulon.
Sa formation adolescente sera marquée par sa scolarité chez les pères jésuites des collèges de Bon-Secours à Brest, et Notre-Dame d’Afrique à Alger (où il passe son bac et sa première année de médecine).
Suite au débarquement allié de 1942, il est mobilisé dans l’armée d’Afrique de janvier 1943 à septembre 1945.
Il poursuivra ses études de médecine à Marseille en 1946.
Il soutiendra sa thèse le 12 juin 1952, sur « Les miracles dans la perspective de la médecine psycho-somatique», le jour même de son mariage avec Colette Sabe, qui quittant le barreau de Paris, le secondera dans toutes les tâches du cabinet médical et de l’électro-encéphalographie.
Trois enfants naîtront de leur union : Isabelle, Pierre-Louis et Jean-Luc.
En tant que neuropsychiatre, il se consacrera principalement à la cause des enfants, devenant le premier pédopsychiatre installé à Toulon.
Toute sa vie professionnelle sera vouée au domaine de la santé mentale et du handicap et il mènera de nombreux combats pour permettre l’insertion sociale des adultes et des enfants en difficulté.
Il contribuera à l’essor des consultations d’hygiène mentale infantile dans toute la région et sera nommé expert auprès des tribunaux.
En cohérence avec son approche globale des troubles psychiques, son cabinet, installé place Puget pendant 40 ans, évoluera, en un centre pluri-disciplinaire d’accompagnement et de soins, composé de psychologues, d’éducateurs, d’orthophonistes, de psychomotriciens...
Très actif dans la cité, il s’engage dans la vie ordinale, syndicale et associative. Il concourt à la vitalité d’instituts médicaux éducatifs dans tout le Var et à la création de la Polyclinique des Fleurs à Ollioules.
Il sera le fervent artisan du rapprochement entre plusieurs structures d’insertion, dont l’Avath-Ermitage1 est l’émanation. Le foyer de jour implanté sur les pentes du Faron porte son nom. Il partagera sa discipline et son expérience en tant que chargé de cours à la faculté de médecine de Marseille.
Il sera très investi également dans la cause du logement social.
En 1980 les insignes de l’ordre national du Mérite lui seront remis par Madame Germaine Poinso-Chapuis2.
Curieux des arts, il se lie d’amitié avec Olive Tamari, peintre et poète, dont il fréquente l’atelier toulonnais.
Il s’essaiera à la sculpture, à la peinture, et aura ses plus grandes joies artistiques dans la photographie.
Mais c’est la poésie, approchée dès l’adolescence à Brest, au travers de ses liens avec Saint-Pol-Roux, qui sera la passion, et selon ses mots, « l’irrigation intérieure » de sa vie.
-
Association varoise d’aide aux travailleurs handicapés
-
Ancienne ministre de la santé, elle fonda le CREAI-Paca que Lucien Forno
co-présida.
Trente ans au service des travailleurs handicapés
Info Antibes Trente ans au service des travailleurs handicapés - L'Association varoise des... Antibes
Lucien Forno / Marcel Ruffo
Du même auteur
Un recueil de 50 poèmes
Sincèrement votre
éditions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1972
Un essai historique
L’enfant et son psychiatre,
approche historique de la neuro-psychiatrie infantile éditions Césura, Lyon, 1993
Inédits
Essais
Histoire de la sextine
Histoire de Toulon
Traductions œuvres latines
Satires de Perse (en vers)
Les Odes d’Horace
Traductions / Transpositions
Poèmes de langue anglaise :
Edgar Allan Poe, William Russel, Samuel Taylor Coleridge, Lord Byron,Leslie Bowles, Daniel Samuel, Ernest Dowson, John Keats, Shelley Percy, William Yeats, William Wordsworth
Poèmes de langue italienne : Dante, Pétrarque...
Poèmes de langue occitane : Arnaut Daniel, Rimbaut d’Orange
en 2006, I.F. vit salle des pas perdus d'un hôpital parisien la disparition de son père puis trouve les dossiers d'un jardin secret dans le bureau de son père à Toulon (des centaines de poèmes) 17 ans après, Lucien est de sortie, travail d'épitaphière nous mettant dans les pas pas perdus de Lucien Forno
SALLE DES PAS PERDUS dans CONCERTINA
Isabelle Forno
Ils découvrent les chambres qui vont être bientôt ouvertes au public.
Ils en font le tour méticuleux, les visitent toutes, une à une, étage par étage, réfléchissent, se renseignent, la retiennent.
*
Ce sera la chambre de droite au milieu du couloir.
Pour ses murs jaunes et sa grande fenêtre qui s’ouvre sur un jardin.
*
Ils en notent bien le numéro, l’étage, en repèrent la dis-
position, les équipements.
*
Veiller à ce que ce soit bien celle-ci qui lui soit affectée.
*
Ils se disent qu’il y sera bien, que c’est une chance de tomber à côté de chez soi sur un établissement tout neuf, qu’on pourra aller le voir, souvent.
Non pas souvent, tous les jours ! On ira le voir tous les jours !
Oui, cette chambre, quelle chance qu’il puisse l’occuper !
*
Il est dans son lit, on l’aperçoit à peine, il est maigre, le drap sur son corps est presque plat, sauf en bas l’em- preinte de ses pieds.
Sa main envoie des signes difficiles à comprendre.
Ses yeux bleus lumineux observent, écoutent, parlent, se taisent.
*
Le lit est médicalisé, il se commande de façon électrique, on peut le mettre à ras du sol ou à hauteur d’examen, il est entouré de petites barrières métalliques qui coulissent verticalement.
*
Sur la porte est collé le porte-étiquette, avec son nom bien imprimé. Seule reste amovible la réglette pour le changer.
À la Croix Rouge on sait gérer.
*
Défilé permanent des soignants dans la chambre.
Ce sont des femmes, elles sont enjouées, bavardes, changent les perfusions, règlent les potences, relèvent les températures, renseignent les courbes, mettent à hauteur les tables, y posent les plateaux, enlèvent les plateaux, vérifient la sonnette d’alarme, transmettent les consignes.
*
Ballet des blouses aériennes, fous rires d’accents étrangers, brumes parfumées des corps, farandole de paroles, enlacement des mains, soins, sourires, alertes, accolades, caresses...
Ici, on chérit les humains.
*
Dans un cadre figé, géométrique, ordonné, strictement encadré, l’ambiance est joyeuse, virevoltante.
Les règles, normes, protocoles, règlements, tapis sur leurs panneaux d’affichage, repèrent les déviants.
Pour aujourd’hui on ne dit rien.
*
Ce soir, la fille est contente.
Son père sera mis à l’abri de la canicule, il dormira dans le réfectoire climatisé.
C’est un privilège en somme.
Visiblement rien n’avait été prévu dans le cahier des charges du nouvel hôpital, pour améliorer le confort des vieillards.
Elle ne va pas polémiquer.
*
Comme tous les soirs, la fille pénètre dans la salle déserte, fraîchement javellisée.
Elle a pris l’habitude de se mouvoir dans la pénombre du réfectoire, de se faufiler sans bruit, il ne faut pas le réveiller, entre les tables, les bancs, les chaises, pour accéder au lit échoué...
*
Coucou Papa, c’est moi, dors bien, je reviens demain.
*
Il est 16 heures c’est l’heure du goûter.
Tout l’espace se remplit. Les pensionnaires arrivent en nombre tant bien que mal, cahin-caha.
De dos je les aperçois, tous calés les uns contre les autres, menhirs préhistoriques bien décidés à rester ancrés sur leur territoire, à en célébrer les rites indes- tructibles, à perpétuer le breuvage sacré des élixirs de fin de vie.
*
Mon père est toujours dans son lit, au milieu du réfectoire, où finalement on l’a laissé. Il est allongé, quasiment immobile.
Un coussin sous la nuque permet de voir son visage, son sourire doux, et ses yeux bleus dans le vague, plus clairs que jamais.
Personne ne parle.
*
Un énorme brouhaha relève les têtes assoupies. C’est la fameuse livraison ! Ne bougez pas ! Faites attention ! On entend des bruits de roulettes et des voix d’hommes qui les recouvrent.
Il faut lui trouver une belle place à ce piano à queue, qui arrive triomphant !
*
Elle est toute voûtée et de toute beauté. Dans le sillage du piano, elle avance comme sur des flots.
Elle est guidée par ce complice de toute une vie, qui va l’accompagner jusqu’au bout.
Puis ils partiront ensemble, c’est souvent ce qu’ils se sont dit. À quitter cette scène ils se sont entraînés.
Un jour, ils donneront leur dernier récital. Il n’y aura pas de rappel.
*
Dans le réfectoire rapidement transformé, l’ambiance est saisissante. Des fauteuils roulants on se relève, les mieux portants bougent leur chaises, les béquilles prudemment s’adossent, les accompagnants prennent leur aise.
Les résidents semblent contents.
*
C’est une pianiste très connue. Elle s’est produite dansles plus belles salles de concert du monde.
Le directeur de l’hôpital accueille en personne cette nouvelle résidente. Son traitement est de faveur, il a accepté la livraison du piano. Même si pour l’heure ce n’est pas le sujet, la famille a indiqué être prête à le laisser.
Il a tout de suite souscrit à cette bonne idée.
*
On applaudit dans les travées à l’apparition de la fée.
Elle ne se souvient de rien, si ce n’est des notes accrochées à ses mains, de ces douces menottes reliées à ses maîtres : Mozart, Bach, Brahms, Chopin...
Toute sa vie, elle les a rendus vivants, vibrants. Ce sont eux qui la portent aujourd’hui, la guident, la maintiennent, inspirent sa partition, son jeu, ses yeux...
*
Sur la tête des mutiques, les notes tombent en pluie d’étoiles. Ils redemandent du viatique.
*
Une dame très attentive, me dit que c’est du Schubert, une sonate en la majeur.
C’est une spécialiste, je ne connais rien à la musique, est-ce normal que mes yeux piquent ?
*
Papa je ne vois que toi.
Les autres ont conservé un peu de force, quelques vieux os les portent encore.
Des vêtements sombres disposés en rangées, cachent leurs silhouettes bancales, rabougries, rétrécies, qui plus jamais ne seront verticales. Les corps sont usés, rapiécés, ils en ont marre d’être sauvés.
*
Toi Papa, tu es le seul à être dans un lit. Tu as déjà quitté la party.
En te voyant dans cet état, les autres vieux doivent se dire qu’ils ont de la chance, ils n’en sont pas encore là. Moi je ne sais ce que tu penses.
Je suis perdue dans nos silences.
Nos yeux vraiment communiquent-ils ?
Essaies-tu de me transmettre quelque chose ?
Une lueur ? Une peur ? Un espoir ?
Les miens sont hagards, ils tâtonnent dans le noir.
Ils me chuchotent des choses que ma tête peine à croire.
*
Peut-être qu’elle se trompe ma tête ?
Peut-être es-tu tout entier relié à la fête ?
À la pianiste qui, de son brouillard, et de ses doigts automatiques, ne joue peut-être que pour toi ?
Vas-tu te lever pour danser ?
*
Une aide-soignante se rapproche. Je desserre mes doigts des barreaux de ton lit.
De toute sa Méditerranée, des épices de sa peau qui relèvent la mienne, de la croix rouge sang brodée contre son sein, elle me dit : ça va aller ?
De qui parle-t-elle ? De lui ? De moi ?
Interrogation ou injonction, je ne sais pas.
J’entends aussi : ça va... Allez !
Je pleure sur son épaule, incapable du moindre pas.
Il ne faut pas, Papa, que tu me voies...
*
Il est tard désormais.
Les pensionnaires vont regagner leur chambre, tout doucement clopin-clopant, comme on le dit dans leur chanson. Une victoire gagnée sur la fin de journée !
Ils auront droit ensuite à un jet de télé, puis à du bouillon tiède, et à plein de cachets soigneusement recomptés.
Et ils garderont, bien engrangés au fond de leur poche, tous les moments volés de ce divin goûter.
*
Toi Papa, tu restes dans ton no man’s land. La frontière se resserre, les barbelés sont aux aguets.
Dans l’espace totalement désert, je ne lâche pas ta trace. Tu es encore tout entier sur cette terre pour moi.
*
Peut-être apprécies-tu de ne pas rentrer dans ta casemate, avec les autres vieux de ton état ?
Je me dis que finalement tu dois être content d’avoir cette grande salle pour toi seul.
Tu es déjà tellement enfermé dans tes murs intérieurs, que ce bol d’air est salutaire.
Tu vois, je suis bonne infirmière !
*
Pourquoi, est-ce que je veux à tout prix te nourrir à la cuillère d’un peu de compote ?
C’est inutile et je le fais quand même ; elle reste dans ta bouche entr’ouverte, et tu t’endors indifférent.
Je suis mal à l’aise.
Je joue à la maman et je suis nulle pour le mourant !
*
L’équipe du soir prend le relais. Un soignant noir, blouse blanche, se penche sur ton berceau.
Tu es couché sur le côté, tu viens à peine de naître, tu es fragile et beau.
En ce juillet caniculaire, sous les caprices de la clim, il craint que tu prennes froid, il va chercher des couver- tures.
Mais avant de t’y envelopper, avec une délicatesse extrême, comme s’il recueillait un moineau blessé, il glisse entre tes genoux joints et décharnés, le carré doux d’un molleton.
Jamais je n’oublierai la beauté de ce geste, apparem- ment modeste, immensément humain.
*
Et puis subitement ton bras se dresse, au dessus des barrières qui clôturent ton lit.
Il se lève et se replie puis se relève et se replie et se relève et se replie.
Signale-t-il un danger sur la voie qui t’enferre ?
Une manœuvre à faire avant le grand tunnel ?
Une comète qui traverse ton ciel ?
*
Sur les rails ton lit file. Le brancardier est à l’aiguillage, je suis seule sur le quai, je distingue à peine au loin le battement faible de ton aile.
Peut-être me dis-tu au revoir ?
*
Faut-il déjà lever le camp ?
*
Papa s’il te plaît attends-moi,
Je pars avec toi en voyage !
*
Jamais je n’aurai le courage,
De donner ta chambre au suivant.
Fête du Livre Hyères 2024
Petit Garçon dans la tourmente - Présentation du roman
Suite de mes histoires romancées dont le personnage principal reste l'Aubrac. Ses paysages rudes et subtils, secrets et généreux. Un pays de faits d'hiver où il fait néanmoins bon se promener ...
l'ami Jacques Larrue, venu d'Aubrac avec son Petit garçon dans la tourmente (avant, il y a eu Petite fille dans la tourmente) sera présent à Hyères; lui rendre visite est souhaitable
Lucien Forno au Carré des mots 2 mars 2024
Isabelle Forno : Dix-huit ans après le décès de mon père, mon frère Jean-Luc et moi, avons ouvert ses archives, et y avons découvert un volume très important de textes poétiques.
Certes nous connaissions la passion de notre père pour la poésie, née à l’adolescence de sa fréquentation du poète symboliste Saint-Pol-Roux, savions notamment son admiration pour les troubadours occitans du Moyen Âge, maîtres dans l’art complexe de la « sextine », mais sous-estimions complétement l’ampleur de sa production !
Et du coup avec la parution de ce livre, c’est Lucien qui sort de sa clandestinité, et la poésie qui était son jardin secret devient un lieu de retrouvailles et de partage !
Nouveau printemps d'un poète... " plumes d'anges
" J'ai rencontré un souvenir Embusqué derrière une porte Prêt à me faire trébucher Un croque-en-coeur en quelque sorte Boomerang d'un proche passé. J'ai eu le temps de le sentir Me bousculan...
https://www.plumesdanges.com/2024/03/17/nouveau-printemps-dun-poete/
LUCIEN FORNO EST DE SORTIE AU CARRÉ DES MOTS LE 2 MARS 2024 à partir de 14H 30 SIGNATURE par ISABELLE FORNO, PRÉFACIÈRE de l'œuvre poétique de son père : « LUCIEN EST DE SORTIE »
Et j'en viens donc à Lucien. C'est une histoire d'amour. Celle d'un fils Jean-Luc et d'une fille, Isabelle donc, qui couvrent leur papa-poète d'une infinie attention et de jolis sentiments posthumes. Ce n'était pas à proprement parler un secret, il avait même publié en 1972, « Sincèrement vôtre », un premier recueil de cinquante poèmes. Mais ce que ses enfants découvrirent tout de même, ce fut une mine courant en longueur sur des feuilles folles quoique consciencieusement rangées.
Que de graines perdues, quelques unes fécondes...
Là vous venez de lire un sonnet - histoire de vous révéler – mais ce qui frappe en survolant l'ouvrage, c'est l'inestimable travail de recherche, rendant la versification étonnement diversifiée. Pour un poète naïf – du concret et du premier degré – comme moi, la découverte d'une gamme de quintines, de sextines, de rotruenges et tous les Oulipos insoupçonnables, constitue un choc où l'enchantement le dispute au sentiment d'insuffisance. Tout comme la richesse lexicale, l'habileté syntaxique et l'audace néologique. Ce recueil est éclatant de virtuosité, d'érudition et même s'il semble parfois engoncé dans des codes fastidieux, il finit toujours par se faire la belle, d'un joli vol éthéré.
Bref, peut-être l'aurez vous deviné, je suis conquis. Vous en serez un autre. Et puis, voyez-vous, y a décidément pas de Za-zard !
Une traversée dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova
La supergéante rouge Bételgeuse (en haut à gauche) et la célèbre ceinture d’Orion. Cette image prise en février 2018 révèle les détails de la Constellation d'Orion avec les nébuleuses environnantes de son complexe de nuages moléculaires. PHOTOGRAPHIE DE Kevin Gill
une traversée dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova par Dominique Lardenois et Katia Ponomareva, réalisée le 29 septembre 2023, salle Pétrarque à la Maison des Comoni au Revest-les-Eaux avec la ...
par Dominique Lardenois et Katia Ponomareva, une traversée d'1 h 7' dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova
une traversée dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova par Dominique Lardenois et Katia Ponomareva, réalisée le 29 septembre 2023, salle Pétrarque à la Maison des Comoni au Revest-les-Eaux avec la ...
par Dominique Lardenois et Katia Ponomareva, une traversée de 58' dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova
Et quoi l'éternité ? - bric à bracs d'ailleurs et d'ici
la traversée filmée le 29 septembre 2023 au Revest flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse Un concepteur : Dominique Lardenois Deux interprètes : Dominique Lardenois, Kat...
intégralité des textes lus par Dominique Lardenois et Katia Ponomareva
FOCUS AUTEUR #9 JEAN-CLAUDE GROSSE
LE PORTRAIT HEBDO DES AUTEURS eat (Ecrivains Associés du Théâtre). On connaît JEAN-CLAUDE GROSSE comme éditeur des Cahiers de l'Égaré (depuis 1988), président de la filiale eat-méditerran...
On connaît JEAN-CLAUDE GROSSE comme éditeur des Cahiers de l'Égaré (depuis 1988), président de la filiale eat-méditerranée (depuis 2010), et comme "agitateur de bocals agités" selon sa propre formule. L'image d'une vigueur et d'une parole énergique, conforme à sa personnalité passionnée. Dans cette interview, il livre et se livre plus intimement, son engagement poétique et politique, dans des réponses fouillées qui rendent hommage aux penseurs qui accompagnent sa réflexion sur l'écriture et l'humain. Vidéo de 2015 vue 366 fois. Deux ans après (2017-2019), s'amorçait un changement de paradigme.
Focus Auteur E.A.T : Jean-Claude Grosse
Dans cette interview, Jean-Claude Grosse livre et se livre plus intimement, son engagement poétique et politique, dans des réponses fouillées qui rendent hommage aux penseurs qui accompagnent sa...
https://www.theatre-contemporain.net/video/Focus-Auteur-E-A-T-Jean-Claude-Grosse
Ajoutée le 19/09/2017 sur le site Théâtre contemporain / ce focus auteur date de mai 2015; j'étais à Paris, m'occupant de Rosalie pendant que ses parents répétaient Nous serons vieux aussi; ça dura 2 mois; le 18° arrondissement est passionnant à découvrir, fréquenter; c'est une période où les écritures nomades allèrent bon train, jardins Rosa Luxembourg, halle Pajol, marché de l'Olive, Halle Saint-Pierre, Sacré-Coeur, Montmartre, Clichy, Barbès, le Lavoir moderne parisien, les femen, église Saint-Bernard, Institut des cultures d'islam, cimetière Saint-Vincent, Villa Poissonnière 42 rue de la Goutte d'or où au N° 8 vécut Bashung, Bateau Lavoir, maison de Dalida, cimetière Montmartre...; en juin 2020, je ne mets plus autant l'accent sur la mort comme néantisation; il y a de l'éternité qui nous habite, nous traverse, le moment présent
Le cerf-volant de l'égaré N°2
Le cerf-volant de l'égaré N°1 - Les Cahiers de l'Égaré
Le cerf-volant de l'égaré magazine littéraire et artistique, numérique et gratuit, paraissant aléatoirement sur le blog des Cahiers de l'Égaré Envoyé par mail ou par la newsletter du blog b...
https://cahiersegare.over-blog.com/2023/06/le-cerf-volant-de-l-egare-n-1.html
Le cerf-volant de l'égaré
magazine littéraire et artistique,
numérique et gratuit,
paraissant aléatoirement
sur le blog des Cahiers de l'Égaré
Envoyé par mail ou par la newsletter du blog
Après Marie des Brumes, d'Odysseus Elytis, créée le 7 novembre 1985 à Châteauvallon, mise en scène Gil Royer, décor Michel Bories
la revue Aporie N° 5 est consacrée à Odysseus Elytis
il y eut Les tragédiennes sont venues, de Saint-John Perse, créées au Château de la Ripelle au Revest en août 1986, mise en scène Dominique Lardenois, décor Jean-Miche Bruyère
la revue Aporie N° 8 est consacrée à Saint-John Perse et à la tragédie
quand les tragédiennes se sont dévêtues de leurs habits de scène et réclament de grandes oeuvres séditieuses, licencieuses; ah! les audacieuses, les délicieuses, les malicieuses / leur demande a été adressée en 1986 à 33 tragédiens et tragédiennes / aucun n'a répondu ni passer commande d'oeuvre séditieuse à un auteur / exception Dominique Lardenois a passé commande de la Lettre au directeur du théâtre à Denis Guénoun, éditée par Les Cahiers de l'Égaré, 2500 exemplaires ont circulé
le décor avec les émigrés ou migrants et les tragédiennes descendues par les ruelles vers le port et la Mer / deux titres importants de Denis Guénoun sur le théâtre
" Les tragédiennes sont venues... ", d'après Saint-John Perse
Il n'est jamais aisé d'adapter un poème à la scène. A Châteauvallon Dominique Lardenois s'y est essayé. A bon droit.
une critique parue dans Le Monde
la tragédie n'est pas le drame dit l'édito / Car le drame est vulgaire, comme les actualités et leur urgence journalière, pâture des foules curieuses. Quand la tragédie est rare, où s'unissent l'existence et le théâtre, la vie et l'art, accordés par le malheur quintessencié et irrémédiable d'être. Oeuvre où se reconnait le destin, dépouillée des petitesses et pure de l'accessoire, la marque de la culture et du style. / dans les marges d'Aporie, les stars d'aujourd'hui / à leurs façons, ce sont des indisciplinaires, pas dans le moule, rétifs aux diktats, au conformisme / ils plaisent ou pas, sont dénigrés ou adulés mais ils tracent leur chemin de vie et d'artiste
l'adresse aux tragédiennes (14) et tragédiens (19) d'aujourd'hui (leurs noms sont dans les marges) pour qu'elles réclament des textes licencieux, séditieux / aucun ne nous a répondu / illustrations Valérie Anton, Nicole Budonaro, Michel Dufresne
Équinoxe d'une heure: Saint-John Perse - Blog de Jean-Claude Grosse
SJP et son masque; les tragédiennes sont venues à La Ripelle; démolition de la maison natale de SJP en 2017 à Pointe-à-Pitre; tombe de SJP à Giens; Les Vigneaux aujourd'hui, maison de villég...
un beau texte de Salah Stétié
risographie d'Ernest Pignon-Ernest pour radio zinzine, servant de couverture à l'essai de José Lenzini : Albert Camus et la prémonition des terrorismes, parution aux Cahiers de l'Égaré, le 1° novembre 2023, coïncidant avec le début de la guerre d'Algérie, 1° novembre 1954
à partir de ce N°2
sont partagées des contributions d'écrivains et artistes vivants
pour commencer :
Ma lettre à Juliette Binoche par Marcel Moratal, écrivain, animateur du Canard en bois, théâtre de 45 places dans la grange de sa ferme à Montréal-les sources, 1500 m
Ma lettre à Juliette Binoche
Madame,
Je ne sais pas si ces mots arriveront jusqu'à vous mais il me fallait absolument vous les écrire. J'ai mis beaucoup de temps avant de m'engager dans cette lettre. Je craignais de faire intrusion dans votre vie et de vous apparaître comme un olibrius qui veut se rendre intéressant. Écrire n'a jamais été une affaire facile pour moi. C'est un peu comme aller puiser de l'eau, descendre dans son propre puits et remonter vers la lumière pour séparer l'eau claire de la boue. Cela m'est venu d'un ordre intérieur dont je ne sais pas toujours très bien le pourquoi ni le vers quoi il m'emmène mais ce qui est certain c'est qu'il vient d'un besoin absolu.
Beaucoup de questions ont rapidement titillé mon esprit : quelle forme donner à cette lettre pour exprimer clairement son urgence et sa nécessité ? Pourquoi le choix sur votre personne ? Pourquoi vous ? Est-ce la vie qui nous engage dans nos actes, dans nos choix, ou nous-mêmes qui nous engageons dans la vie ? Y a t-il des passages obligés sur le chemin de notre existence ? Des croisements qui nous paralysent devant le choix à faire et sur la direction à prendre ? Qui est le guide ? Ou alors sommes-nous peut- être notre propre guide. À vrai dire je n'ai pas vraiment de réponse à ces questions. Chaque pas dans ma vie m'apporte son énigme.
L'écriture avec d'autres disciplines artistiques comme la peinture, la sculpture, la musique nous révèlent parfois peu à peu à nous-mêmes à notre grand étonnement. Mais nous ne finissons jamais de descendre dans notre puits. Chaque jour nous découvrons au fur et à mesure une nouvelle poupée russe au fond de notre être.
J'ai toujours été tracassé par la question de l'âme. Est-ce que l'âme est une envoyée de Dieu ? Quand on rend notre âme à qui la rend-on ? À Dieu ? Pourtant on m'a toujours dit que donner c'est donner et que reprendre c'est voler. La morale des hommes en fin de compte.
Je n'ai jamais eu l'âme d'un groupi. Enfant et adolescent je n'accrochais jamais les photos de mes artistes préférés dans ma chambre. Mes passions, mes coups de coeur et mes peines, je les gardais toujours secrètement au fond de moi. Peut-être par pudeur. Il paraît que les animaux se cachent pour mourir, moi je me cachais pour pleurer. En silence. Parce qu'un garçon ça ne devait pas pleurer. Çà c'était bon pour les filles. À cause d'une éducation très patriarcale on ne montrait pas trop ses sentiments. Le mot amour était un mot silencieux qu'on ne prononçait jamais. Nous ne parlions jamais des filles à la maison. Alors écrire est devenu pour moi un moyen de réveiller les mots silencieux pour leur faire prendre l'air sur les pages de ma vie et pour qu'ils défassent les noeuds que la vie m' avait parfois bien serrés. Fort. Très très fort. Dans le secret des mots, une petite voix intérieure me disait depuis longtemps d'y aller, me disait que je pouvais le faire et même, si je savais l'écouter au plus profond de moi- même, que je devais le faire.
.
Tout est parti d'une émission de radio. Vous parliez de la mélancolie et à un moment donné vous avez récité une prière orthodoxe, Le roi céleste :
« Roi céleste, Consolateur, Esprit de Vérité, Toi qui es partout présent et qui remplis tout, Trésor des Grâces et Donateur de Vie, Viens, et Demeure en nous, Purifie-nous de toute souillure, et Sauve nos âmes, Toi qui es Bonté. »
L'humilité de ce texte, l'appel au divin, m'ont fortement interpellé...
Marcel Moratal
Poèmes au jour le jour d'Alain Le Cozannet, ici du 15 septembre fin d'été au 16 octobre, début d'automne / La nature exige de moi des choses impossibles bravo je lui obéis de toutes mes forces : Histoire d’amour aux dimensions divines immersion ou baptême en mer tous les matins quel que soit le temps / c'est le genre de tragédien dont on aurait besoin si on était plus divin mais les temps sont terribles, monstrueux.
Poèmes de La Mitre
Alain Le Cozannet
Attentat.
la mer se montre à grand bruit
entre les doigts
une guêpe butine et pince
un cri invisible
s’élève dans le ciel
déchire l’air derrière les nuages.
La Mitre 15/09/2023.
Blasphème.
2 hangars béants
inertes vides noirs
à pied de mer
violette et blanche
arrachée vivante
aux vents invisibles.
La Mitre 16/09/2023.
Tempête.
silence force du bruit
tutus blancs
ballet d’écume
fumée noire
ferraille jaune.
La Mitre 17/09/2023.
Chant d’amour.
allongé sur le ventre
le bidon de gasoil
de son œil rouge
regarde l’atelier.
Auffan 17/09/2023.
Demain.
horizon noir
ciel et mer mangent le gris
les sombres bateaux de guerre
retiennent le temps
derrière une voile blanche
suspendue minuscule colombe.
La Mitre 20/09/2023.
Sous l’eau.
goélands cris étouffés
odeur lait de figue
monde inexplicable
magie de l’apesanteur.
La Mitre 20/09/2023.
Le bal des puissants.
le long du lazaret transfiguré
les monstres de guerre
se glissent lentement
dans la bataille sans vainqueur
des algues du sable et de la mer.
La Mitre 21/09/2023.
Moyen Âge.
dans la gueule noire du rocher
le porte-avions gris fer
l’index accusateur
pointé vers le ciel
La Mitre 21/09/2023.
8 Photos
Monique Frémont (Perpignan)
Billets
Alain Cadéo
Labyrinthe héréditaire
Si un de mes ancêtres, un certain Ramiro Rampinelli, fut disciple de Newton, un de mes oncles petit-fils de l’empereur Iturbide fusillé à cheval après deux ans de règne, un arrière grand-père Garibaldien, un autre grand-oncle Louis Barthou, ministre assassiné en 1934, moi je ne suis qu’un arrière petit-fils, peut-être, du très sérieux Buster Keaton. Même attirance pour les locomotives et les bateaux à roue, des amours impossibles, des décors écroulés autour de nos minces silhouettes, et le même air surpris, sous de larges paupières, lèvres fines, bouche fermée, d’appartenir au Monde sans savoir d’où je viens ni même où je m'en vais.
Loups et chimères
Chaque matin ma meute attend fiévreusement que je libère sa puissante énergie. Ça geint, ça chougne, grogne, ça aboie, ça gémit.
Un, les nourrir, les caresser, les flatter, les appeler chacun par leurs noms. Deux, les calmer, les rassurer, éviter qu’ils se mordent entre eux, leur promettre battue dans les fourrés et toute l’étendue de nos chasses aux idées. Trois, enfin les lâcher et tenter de les suivre alors qu’ils filent droit sur la piste électrique, pleine d’odeurs, du renard hérissé de secrets récoltés dans la nuit.
Et ce sont courses folles, parfois désordonnées et il faut rappeler les hésitants, les égarés, les petits mots trop jeunes, inexpérimentés, perdus dans les genêts, poursuivant la bécasse ou bien le rat musqué. C’est l’alpha qu’il faut suivre, il ne se trompe pas et va droit sur la proie. Adroit, rusé, intelligent, il a un flair de tous les diables et ne se fourvoie pas. Mes loups, mes mots, sont faits de cet alphabet là. Qu’ils soient dans les bois de la torpeur, sur les collines de l'ivresse, les gorges de la mélancolie ou les sommets de la lucidité, ils fouinent, cherchent, lèvent le lièvre de la joie, débusquent le putois et ne se lassent pas de suivre le renard qui leur montre le mystérieux sillage d'argent que laissent les chimères dont personne ne voit ni ombre ni lumière, ni même le plus petit éclat.
Sans ces chiens-là, ma meute, je suis déboussolé, perdu, ratatiné, ne sachant si j’écris ou sommeille dans la sombre forêt de tous mes mauvais rêves et d’un réel aussi cruel et vide que mon pire ennemi: l’insidieuse fadeur du désenchantement.
Nina, la Joyeuse, l'auteur du récit / Victor Kirista, l'illustrateur de la BD à paraître pour avril 2024
NINA LA PETITE AFRICAINE
Bitaho : Le dernier rempart
Nina Nezerwe-Delorme
illustrateur Victor Kiritsa
Victor – laissez-moi vous expliquer,
L’action se passe à Nyarusange village natal de Nina ; il est situé au cœur du Burundi qui est lui-même au cœur de l’Afrique. C’est ici qu’elle rencontra une trentaine de paysans qui se réunissaient après le travail des champs pour chercher à s’entraider. Nina à sa sortie de l’université Lumière de Bujumbura, décida de leur apporter son soutien. Sa première action fut de trouver des fonds pour construire une coopérative. C’est Fabien un simple paysan qui sait tout juste lire et écrire qui lui proposa le nom de Bitaho, en kirundi cela veut dire « l’endroit où l’on se retrouve pour échanger, apporter et recevoir des connaissances. Un endroit où l’homme se ressource ».
Immergée dans cet univers paysan, elle se sent en résonnance avec la vie. C’est dans ce monde authentique que Nina ‘la petite africaine’ souhaite vous emmener. C’est avec toutes ces femmes merveilleuses, en contact avec une vie foisonnante , qu’ensemble, elles vont construire ce premier rempart face à cette mort galopante, la 6e extinction massive de la vie, qui chaque jour nous menace un peu plus.
Cet album est son histoire que j’ai eu le plaisir de partager avec elle. C’est aussi une mise en garde à tous ceux qui se prennent pour les maîtres du monde, aveuglés par cet anthropocentrisme.
Victor
1. Victor –Alors au Burundi vous n’héritez pas du nom du père, vous êtes libres
de donner le nom que vous voulez ?
2. Nina – Exact , mon père, d’après ce que m’a dit ma mère ; me voyant
souriante et fort aimable,
3. Victor –Ce qui n’a pas changé !
4. Nina – C’est ça, il décida de me donner le nom de Nezerwe (ce qui veut dire en
Kirundi «
La joyeuse »
5. Victor –un jour tu m’expliqueras comment la joyeuse a vécu cette terrible
guerre civile entre les Tutsis et les Hutus qui allait se produire durant ton
enfance.
6. Nina –Toutes ses années sont gravées en moi, elles sont toujours là, c’est
pendant cette guerre civile, à l’âge de 8 ans, que j’ai perdu mon père.
7. Victor –d’après ce que ta mère m’a dit, la joyeuse ne voulait pas quitter les bras
de ses parents par peur de salir ses chaussures, c’est bien ça ?
8. Nina –exact, c’était peut-être une sorte de pressentiment, je me sentais encore
trop fragile pour poser les pieds sur ce monde en turbulence.
9. Victor –Ce n’est pas faux, mais tu as évolué, maintenant tu y mets et les pieds
et les mains !
10. Nina –Effectivement en agroécologie, il ne faut pas avoir peur d’y mettre les
mains, mais quand on sent que c’est la bonne voie, le travail semble léger.
11. Victor – c’est ce que disait Confucius « Choisis un travail que tu aimes, et tu
n'auras pas à travailler un seul jour de ta vie ».
12. Nina pourtant, chez vous en France, face au travail les réactions sont très
diverses, comment l’expliques-tu ?
13. Victor –La passion, l’amour ou le ressentiment changent le regard que nous
portons sur les choses de la vie, y compris le travail.
14. Nina –Sans aucun doute mais une occupation reste néanmoins un travail, qui
est parfois pénible !
15. Victor –Au-delà de la fatigue, il y a une multitude de facteurs qui entrent en
jeu, et personne n’y verra les mêmes choses.
16. Ils arrivent à la maison de la mère de Nina qui n’est pas là, son frère Billy les accueille
17. Nina –Bonjour Billy nous refaisions le monde à travers l’agroécologie avec
Victor ; si tu veux bien nous offrir à boire nous allons continuer sur la terrasse.
18. Billy –Tu parlais de ton projet de Niaruzangue ça avance ?
19. Nina –Toujours en attente.
20. Billy C’est un bon projet j’espère qu’il sera retenu.
21. Nina –Je l’espère aussi, car je découvre un peu plus, chaque jour, le lien étroit
entre l’agroécologie et la vie.
22. Victor –C’est vrai que la vie des plantes à des similitudes avec la vie des
hommes, comme le souligne le philosophe Émanuele Coccia. L’ignorer cela
fausse notre jugement.
23. Billy –et comment ça ?
24. Victor –Parce que les plantes sont les premières et les seules qui rendent la vie possible sur terre. Pénétrer le secret des plantes signifie comprendre le
monde, car tout est dans tout et surtout pas dans cet anthropocentrisme qui
nous caractérise trop.
Une Ode à l'humanité suivi de Territoires de la Joie de Nouria Rabeh, illustré par Katheline Goossens, à paraître en 2023
Poème au Dr Dauriac
(à Katheline Goossens)
Nouria Rabeh
Une dent s'en va, comme d'autres
marquées par l'usure du temps
d'une saison automnale
où les feuilles tombent
elles s'amoncellent
au pied des arbres nus
laissant derrière elles
l'empreinte d'une vie
une trajectoire qui suit
le cycle des naissances
comme un cri
où l'élan vital
s"amenuise peu à peu
pris par la lumière
du soleil couchant
vers l'inconnu
quand soudain
au matin du printemps
des bourdonnements
annoncent la rumeur du jour
et c'est la vie qui recommence
avec la douleur de naître
avant de la croquer
à pleines dents!
Nouria Rabeh
Ecrit le 22 juillet 2023
TERRITOIRES DE LA JOIE
Nouria Rabeh
Je laisse parfois
Mon esprit vagabonder
Au gré du vent
L’enfance douce
Rejaillit avec allégresse
De mon âme immémoriale
Comme un matin frais
Un chant bienveillant
De sa musique
S’étire sur le flanc
Des montagnes enneigées
Au regard du ciel
Qui, parfois
S’enrobe de nuages
Et laisse pourtant présager
Entre les mailles grises
Le scintillement
D’un soleil brillant.
Happée par le souffle géant
Des vagues océanes
Mugissement de voix
Dont la puissance
Et le flux s’activent
Dans le corps ouvert
D’une méduse éberluée
Captation soudaine
D’une dynamique vertueuse
Comme une machine ancestrale
Dotée d’un sentiment nouveau
Tourbillon de joie
Surgi des remous
De ce mécanisme bruyant
Une émotion des vagues
Comme l’envie d’étreindre
Une réalité essentielle
L’iode, les sels marins
Les sensations du grand large
Les cris des mouettes
Un monde où se côtoient
Algues et poissons
Multitude du vivant
Comme une envolée
Au-dessus des rochers
Le rythme d’une chanson
Qui m’emplit de gratitude.
Tu rayonnes, heureuse
L’espoir d’une hirondelle
Aux ailes subtiles
Le départ du lendemain
Vers d’autres contrées
Un horizon étranger
Loin de la mélancolie
L’enthousiasme à portée du cœur
Souris-en toi, une naissance
Le frôlement du soir venu
Comme dans un territoire
L’attente dans les airs
Bulle de son bec ouvert
Un jeu de lumières
Entre les branches
D’un arbre assoupi.
Terres de joie
Bercées par les feuilles
Allègement au cœur de l’été
Bien qu’assoiffées
La fraîcheur de tes plumes
Comme chaque matin
Petit moineau de douceur
Te fixe de bonne heure
Sueurs apparentes
Et malgré tout
Je ressens comme un refrain
Une dynamique
Un air joyeux
Amitiés réelles
Des compagnons invisibles
Me donnent le tempo
Pour construire ensemble
La cité des oiseaux.
Trêve passagère
D’un silence nocturne
Aux secrets mystérieux
Révélé par un orage
Longtemps pris
Dans la tourmente
Des incertitudes
Autrefois bannies
Des régions blanches
Ecrites en noir basané
En l’esclavage enchaîné
M’a appris à naviguer
En deçà des souffrances
Dans l’ancrage de l’histoire
Guidée par la lueur du phare
Dans la nuit profonde
Que le temps a fini par dénouer
Des vagues d’une possible joie.
La robe de prière
Aïdée Bernard, crée à partir des plantes locales, qu’elle
transforme en fibres de celluloses, les papiers qui vont
composer ses œuvres.
A l’invitation d’Imadate Art Field, elle a voulu rendre un
hommage au papier traditionnel, le washi. Il va servir de
base aux œuvres qu’elle a créées pendant la résidence.
On retrouve dans ses créations, l’empreinte et la forme du
tamis de bambou, la pureté de la fibre finement lissée par
son bercement dans la cuve d’eau et de néri.
Aïdée Bernard va ensuite ajouter d’autres fibres, qu’elle
glane dans le village ou sur le chemin du sanctuaire shinto
de kawakami gozen, la déesse du papier, dans la montagne
toute proche, tel l’aubier du cèdre du japon, des
graminées, le susuki, le kudzu, le chataîgner, le charme
houblon, etc.
Toutes en textures et en teintes naturelles, issues des
végétaux.
Créer un vêtement c’est créer son chez soi, sa protection
et son apparat en même temps.
Consciente de la dérive des productions humaines
actuelles, qui cherchant toujours à exploiter pour dégager
un profit à court terme, ne parviennent pas à trouver un
équilibre écologique, Aïdée Bernard nous invite à
reconsidérer notre rapport à la Nature à travers des
vêtements de fibres de plantes, digne d’une déesse du
papier !
Et si nous revêtions la puissance d’un vêtement de
Nature ? Et si nous reprenions conscience que nous
sommes une part de cette nature et qu’abîmer notre
monde c’est aussi nous abîmer ?
Ainsi est ma prière, pour que de l’anthropocentrisme actuel
puisse naître les mondes de demain, où chaque être
végétal, animal ou même minéral puisse coexister.
Pourra t-on voir la puissance d’une telle prière ?
en mai 1998, 150° anniversaire de l'abolition de l'esclavage dès 1997, 4 structures décident de passer commande de 4 textes à 4 auteurs et de faire découvrir ces textes dans les 4 lieux Laurence Vielle était parrainée par le Centre culturel Wallonie-Bruxelles Mohamed Kacimi par Les 4 Saisons du Revest pour La confession d'Abraham Gerty Dambury par Les Francophonies de Limoges (époque Monique Blin) Yves Nilly par Le Cargo de Grenoble c'est lors de sa venue aux Comoni que j'ai découvert l'incroyable Laurence Vielle; j'ai eu l'occasion de la revoir à Paris et de correspondra avec elle
Nue je suis née
Sandrine-Malika Charlemagne
Pour avoir chanté seins nus
A sa fenêtre
Elle se fera conspuer
Vouer aux gémonies
Pour avoir chanté la liberté
Je fais comme je veux
Quand je veux
Si je veux
Sous le soleil
Sur les vagues
Sur le sable chaud
Electrisée par les embruns
Entre les bottes de foin
Ou de paille
Au creux des dunes
A m’en brûler la peau
De désir
A en crier dans la cabine du train
De nuit, Vienne-Oslo
Et l’on dira d’elle
Pauvre déséquilibrée
Elle va trop loin
Quelle indécence
Mais dans ses yeux à elle
Persiste l’incandescence
Je vous salue
Les pince-fesses
Trous béants de la pensée
Où ne perce de lumière
Que la noirceur de vos tabous
Qui êtes-vous
Pour lancer vos anathèmes ?
Je me fous de vos interdits
Nue je suis née
Nue je partirai
Nue je vous enlace
Je vous embrasse
Et baise vos mains
Nue comme le ver de la pomme
Si vous cherchez à m’emprisonner
Au nom de ce dieu tout puissant
Je vous rappelle le jour de ma naissance
Le jour de notre naissance
A nous toutes femmes de toutes les civilisations
La nudité est un pur joyau
Plus pur que l’air vicié
De vos prisons
Plus pur que vos paroles
D’où rien de sacré ne jaillit
En vérité
Notre nudité
A la grâce de Dieu
Est un diadème
Une toile sublime
Où il fait bon voyager
Où l’imagination
N’a de cesse de battre
Tel un cœur affolé
Où chacun y puise
Le repos dont il a besoin
Notre nudité
Notre voile d’éternité
la petite ouvrière métisse de et par Sandrine-Malika Charlemagne
Texte et Roman initiatique à succès " Au Nom du Corps" Roman ici : https://amzn.to/43cZjaF Site internet : www.caroline-gauthier.fr
au nom du corps de et par Caroline Gauthier
poème final d'un ensemble appelé Métamorphosis, Kosmorgasmik, sur des images synchronisées avec le texte, décrit La Terre et ses milliers de bouches éruptives, ses milliers de vulves-geysers,...
1° ébauche du poème final d'un ensemble appelé Métamorphosis, Kosmorgasmik, sur des images synchronisées avec le texte, trouvées sur internet, décrit La Terre et ses milliers de bouches éruptives, ses milliers de vulves-geysers, la Terre ronde est ronde de toutes les grossesses animales et humaines, de toutes les germinations florales et végétales, de toutes les minéralisations calcaires et granitiques. La Terre est la porteuse, l’accoucheuse de tout ce qui naît, de tout ce qui prend corps. Le corps, les corps, encore et encore. Incarnations en chairs et en os, en racines et cimes, en strates et sédiments.
Aphrodite's Child and Irene Papas- Infinity ∞
Band : Aphrodite's Child and Irene Papas Song : ∞ (Infinity) Album: 666 (1972) Painting: Saint Anna by Nikos Gabriel Pentzikis (1908-1993)
un orgasme au féminin, cosmique, organique, créatif, réalisé par la fabuleuse tragédienne Irène Papas (décédée le 14 septembre 2022 à l'âge de 93 ans), datant de 1972 et tiré de l'album mythique 666 Aphrodites' Child, avec Vangelis (décédé le 17 mai 2022) et Demis Roussos
VANGELIS & IRENE PAPAS - OH ,MY SWEET SPRINGTIME
VANGELIS: COMPOSITEUR GREC reconnu pour ses thèmes de musique électronique décédé le 17 mai 2022. IRENE PAPAS EST UNE GRANDE ACTRICE ET CHANTEUSE. Elle voit le jour en 1926 près de Corinthe, ...
ce montage me semble pouvoir être l'apothéose de ce N°2 du cerf-volant de l'égaré
Paroles de Fontaine Paroles de JCG
Paroles de Fontaine - Spectacle & interview.mp4 - Shared with pCloud
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https://e.pcloud.link/publink/show?code=XZw2tWZadhXZuxbyas3xnLzVbIOkX2IusjlEcE67
captation vidéo de la lecture musicale du 29 septembre 2023, 19 H à l'auditorium de Ronchin / la captation vidéo de la traversée dans l'oeuvre de JCG réalisée le 29 septembre 2023 à 19 H 30 aux Comoni au Revest sera mise en ligne, en novembre
2 manifestations consacrées à l'oeuvre poétique de Jean-Loup Fontaine à Loos en Gohelle et à Ronchin dans le Nord / les deux tomes des Poèmes de Jean-Loup Fontaine édités par Les Cahiers de l'Égaré
B
Bonjour à tous, famille et amis,
Après la donation des recueils de Jean Loup Fontaine au Service Patrimoine de Lille, voici le mois des hommages à l'ensemble de son oeuvre, trente ans après sa disparition.
Vous êtes très cordialement invités à ces trois manifestations:
- mardi 5 septembre à 18H à la Maison du Grand Cerf de Ronchin (rue Vincent Auriol) : Vernissage de l'exposition de manuscrits, poèmes et photos retraçant son oeuvre, gratuit du 5 au 18 septembre.
- vendredi 15 septembre à 18H à la Médiathèque de Loos-en-Gohelle (Jardin Public, allée de la Fosse 15 - près de la Mairie) : Lecture musicale "Paroles de Fontaine" et exposition de photos de la ville en résonance avec ses textes, gratuit jusqu'au 30 septembre. Prévenez de votre venue au 03 21 43 23 51 (pour l'organisation)
- vendredi 29 septembre à 19H à l'Auditorium de Ronchin (3 bis rue Lavoisier - près de la Mairie) : Lecture musicale "Paroles de Fontaine", spectacle gratuit à réserver au 03 20 16 60 35 ou sur la plateforme ronchinfacile.ville-ronchin.fr
"Paroles de Fontaine" est une lecture musicale spécialement créée cette année par le comédien Hervé Leroy et la flûtiste Christine Kokelaere (que certains ont vus lors de l'avant-première le 10 juin à Lille). Ils étaient tous deux des amis de Jean Loup, et de grands complices en poésie; ils ont créé avec lui toutes les lectures qu'il a organisées dans les années 90, et ensuite à chaque hommage qui lui était rendu. Cette année, la voix puissante d'Hervé réussit à nous faire voyager à travers toute l'oeuvre de Jean Loup, publiée et inédite, mettant magnifiquement en valeur la force et la délicatesse des mots que la flûte éclaire, prolonge, allège... C'est une heure de pur bonheur et de découverte de toutes les facettes de sa poésie...
Pour prolonger cette petite heure qui passe trop vite, quelques recueils non encore épuisés seront à disposition, et bien sûr, la réédition complète de ses recueils publiés. N'hésitez pas à me contacter pour tout renseignement.
J'espère que nous serons très nombreux à partager ces moments uniques... A bientôt!
Marie-Pierre Fontaine
JEAN-CLAUDE GROSSE
Et quoi l'éternité ?
Une traversée dans l'œuvre de
JCG - Vita Nova
Choix de textes : Dominique LARDENOIS
Interprétation : Katia PONOMAREVA et
Dominique LARDENOIS
Salle PÉTRARQUE, Maison des COMONI,
Le REVEST-les-EAUX
Vendredi 29 Septembre 2023
19h30 (Entrée libre)
Jean-Claude Grosse, le Festival de théâtre du Revest, la Maison des Comoni, tiennent une place essentielle dans mon parcours théâtral.
Après la publication en 2021 de « Et ton livre d'éternité ? », j'ai proposé à Jean-Claude de puiser dans lensemble de ses œuvres (theâtre, poésie, essais, critiques dramatiques et littéraires, prises de position ...) pour une lecture publique à réaliser à la Maison des Comoni.
Son acceptation est une marque de confiance et je l'en remercie vivement. D'autant qu'il ne souhaite pas intervenir dans mes choix.
Comme il s'intéresse à tout, se passionne pour tout et que sa pensée est toujours en mouvement, la tâche était ardue mais exaltante.
Nous avons donc eu à cœur de faire entendre toutes les facettes de la pensée et des écritures de Jean-Claude Grosse.
Je tiens enfin à remercier la municipalité du Revest les-Eaux, partenaire de cette soirée.
Bienvenue à toutes et tous.
Dominique Lardenois
Une soirée présentée par Les Cahiers de l'Égaré, Les
4 Saisons du Revest et d'ailleurs, La Municipalité du Revest-les Eaux
En partenariat et avec le soutien de TPM et du Pôle
JEAN-CLAUDE GROSSE
1983-2023 : 40 ans d'activités artistiques au
Revest-les-Eaux
1988-2023: 35 ans d'activité éditoriale
Bibliographie :
aux Cahiers de l'Égaré
La Lutte des places - Théâtre - (1997)
La Vie en jeu - Théâtre - (1997)
La parole éprouvée - Poèmes - (2000)
Le corps qui parle (Trois femmes) - (2001)
Pour une école du gai savoir - Essais - (2004)
Le fils du Baïkal (avec Daria Kosacheva) - (2010)
Les Enfants du Baïkal - (2010)
L'ile aux mouettes - Oeuvre ouverte - (2012)
L'Éternité d'une seconde Bleu Giotto - (2014)
Là où ça prend fin - (2014)
Histoire de places - Théâtre - (2016)
Et ton livre d'éternité ? - (2022)
Textes écrits sous le nom de É Say Salé
Moi, Avide 1er, l'Élu suivi de EAT (manger, pisser, écrire au temps des queues de cerises 2016)
Vols de voix Farce pestilentielle à l'occasion de la présidentielle (2017)
Aux éditions Les Promeneurs Solitaires :
Journal d'un Égaré - (2018)
Le cerf-volant de l'égaré N°1
Le cerf-volant de l'égaré N°2 - Les Cahiers de l'Égaré
Le cerf-volant de l'égaré magazine littéraire et artistique, numérique et gratuit, paraissant aléatoirement sur le blog des Cahiers de l'Égaré Envoyé par mail ou par la newsletter du blog b...
https://cahiersegare.over-blog.com/2023/10/le-cerf-volant-de-l-egare-n-2.html
Le cerf-volant de l'égaré
magazine littéraire et artistique,
numérique et gratuit,
paraissant aléatoirement
sur le blog des Cahiers de l'Égaré
Envoyé par mail ou par la newsletter du blog
bandeau en cours de création / cerfs-volants par chez nous / au japon, ce sont les koï nobori, à forme de carpes
1983-2023 : 40 ans d'activités artistiques au Revest
1988-2023 : 35 ans d'activité éditoriale
il est temps de regarder devant
le 29 septembre 2023, à 19 H 30
salle Pétrarque, Maison des Comoni, Le Revest
une traversée dans l'oeuvre de JCG-Vita Nova
par Dominique Lardenois, Katia Ponomareva
durée 1 H
suivie d'une vente de livres et d'un buffet de l'amitié
en partenariat avec la mairie du Revest, le Pôle et TPM
à la Maison des Comoni, le 9 avril 2022 / le 29 septembre 2023 à 19 H 30, balade-ballade dans l'oeuvre de JCG à la Maison des Comoni
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sentier de l'été 2006 lecture d'odysseus elytis depuis la mer cela se passa au domaine du Rayol / photos Jean Belvisi / je n'ai pas retrouvé la photo de la lecture depuis la mer, vers le public sur la plage de galets
Μικρή Πράσινη Θάλασσα
Μικρή πράσινη θάλασσα δεκατριῶ χρονῶ
Πού θά 'θελα νά σέ υἱοθετήσω
Νά σέ στείλω σχολεῖο στήν Ἰωνία
Νά μάθεις μανταρίνι καί ἄψινθο
Μικρή πράσινη θάλασσα δεκατριῶ χρονῶ
Στό πυργάκι τοῦ φάρου τό καταμεσήμερο
Νά γυρίσεις τόν ἥλιο καί ν' ἀκούσεις
Πῶς ἡ μοίρα ξεγίνεται καί πῶς
Ἀπό λόφο σέ λόφο συνεννοοῦνται
Ἀκόμα οἱ μακρινοί μας συγγενεῖς
Πού κρατοῦν τόν ἀέρα σάν ἀγάλματα
Μικρή πράσινη θάλασσα δεκατριῶ χρονῶ
Μέ τόν ἄσπρο γιακά καί τήν κορδέλα
Νά μπεῖς ἀπ' τό παράθυρο στή Σμύρνη
Νά μοῦ ἀντιγράψεις τίς ἀντιφεγγιές στήν ὀροφή
Ἀπό τά Κυριελέησον καί τά Δόξα Σοι
Καί μέ λίγο Βοριά λίγο Λεβάντε
Κύμα το κύμα νά γυρίσεις πίσω
Μικρή πράσινη θάλασσα δεκατριῶ χρονῶ
Γιά νά σέ κοιμηθῶ παράνομα
Καί νά βρίσκω βαθιά στήν ἀγκαλιά σου
Κομμάτια πέτρες τά λόγια τῶν Θεῶν
Κομμάτια πέτρες τ' ἀποσπάσματα τοῦ Ἡράκλειτου4.
(Το Φωτόδεντρο και η Δέκατη Τέταρτη Ομορφιά, Ίκαρος, 1971)
Οδυσσέας Ελύτης (1911-1996)
Petite mer verte
Joli brin de mer si verte à treize ans
Je voudrais de toi faire mon enfant
T’envoyer à l’école en Ionie
Approfondir absinthe et mandarine
Joli brin de mer si verte à treize ans
À la tourelle du phare à midi tapant
Tu ferais tourner le soleil en sorte d’entendre
Comment le destin s’agence et comment
Savent encor l’art d’entre eux se comprendre
De crête en crête nos lointains parents
Qui telles des statues résistent au vent
Joli brin de mer si verte à treize ans
Avec ton col blanc et tes longs rubans
Tu rentrerais par la fenêtre à Smyrne
Me calquer au plafond ce qui l’enlumine
Reflets de Glorias Kyrie Matines
Puis un peu la Bise un peu le Levant
Vague à vague retournant au loin
Joli brin de mer si verte à treize ans
Nous irions dormir hors la loi tous deux
Pour que je découvre au fond de ton sein
Éclats de granite les propos des Dieux
Éclats de granit les fragments d’Héraclite
L’arbre lucide et la quatorzième beauté
traduction Xavier Bordes et Robert Longueville,
Petite mer verte de treize ans
Toi que je voudrais adopter
Pour t'envoyer à l'école en Ionie
Apprendre la mandarine et l'absinthe
Petite mer verte de treize ans
Dans la tourelle du phare en plein midi
Pour tourner le soleil et entendre
Que le destin peut se défaire et que
De colline en colline encore
Nos parents lointains se parlent
Qui retiennent le vent telles des statues
Petite mer verte de treize ans
Avec ton col blanc ton ruban
Pour que tu entres par la fenêtre dans Smyrne
Et recopies pour moi les reflets au plafond
Du Kyrie du Gloria et puis
Vent du nord et vent d'est aidant
De vague en vague reviennes
Petite mer verte de treize ans
Pour te mener dormir en douce
Et trouver au profond de tes bras
Pierres en morceaux les paroles des dieux
Pierres en morceaux les fragments d'Héraclite.
traduction Michel Volkovitch
à Odysseus Elytis et Xavier Bordes
pour Marie des Brumes et pour Avant Tout
–3–
Quand je la vis
le boléro blanc laissait apparaître
un peu de son ventre plat bronzé
avec un nombril de cliché
Un étonnement me vint comme éveil de printemps
Par l’échancrure du corsage
je vis le début de sa poitrine
lourde déjà de désirs d’enfants
Ma main à s’y poser
tremblerait d’une tendre maladresse
Au-dessous des seins commence
le cruel espace à caresses
lieu de vacuité et de plénitude
d’angoisse et d’ivresse
de refuge et d’expansion
où errer sans fin ni repos
jusqu’à l’oasis fertile accrochée à hauteur des cuisses
construites solides pour l’accueil des gros chagrins
Cheveux de paille longs frisés
Un mouvement de tête pour dégager les yeux
bleus pâles distillant des voluptés d’écumes
Quelquefois des lunettes
sans doute un peu de myopie pour approches de surface
Lèvres rondes qui se gonflent comme mappemonde
lorsqu’y passe une langue gourmande
Les dents blanches d’une pure carnassière
Des mains de cerfs-volants
pour jeux d’altitude sans prises
Des poses musicales
comme si immobile elle dansait
Sait-elle déjà
que la pensée est un chant
la vie un sentiment
On a envie de la parcourir
Mais vive elle s’esquive
Algue elle est
très aquatile pour des plaisirs d’effleurements
Quand elle rit
ses rires en mal d’envol
sont lourds de l’ambiguïté insondable
qui s’installe en elle les jours d’érotique tristesse
Des confidences enfouies
viennent s’enrouer dans sa gorge
Elle saura me les confier
lorsqu’insaisissable elle viendra à moi
certains soirs
Elle va et vient
ne coupe aucune fleur du monde
les chante toutes
j’aime qu’elle dédie leur parfum à qui l’émeut
elle se prend de grandes claques en rit et remet ça
C’est une fille odeur à respirer instant à danser
chambre d’échos pour désirs inouïs
une fille pour aujourd’hui
où tout nous fait souffrir et rien mourir
Quand je l’ai vue pour la première fois
une dépression m’a envahi
dont toute la Méditerranée a eu vents
Serai-je avec elle un ouvreur de voix
jusqu’à ce jour où l’amour se fera
(La parole éprouvée, JCG, Les Cahiers de l'Égaré, 2000, pages 28-29)
il y avait du Bobin dans l'atmosphère du côté du fort de la Repentance à Hyères, aux printemps-été 1988;
ce 24 juin 2023 c'est son anniversaire, 51 ans; c'est l'anniversaire aussi de 35 ans de complicité, d'accompagnement de son travail d'artiste du papier végétal ou des plantes au papier et à la camigraphie expressive
"Dehors a pris ma forme quelque part, au milieu d'une mer dont l'élan lumineux soudain s'installe entre le muret blanchi de chaux d'une église et une jeune fille pieds-nus dont le vent soulève la jupe, un instant de grâce que je m'efforce de capturer en tramant à son intention, une embuscade de mots grecs."
"Dehors a pris ma forme quelque part, au milieu d'une mer dont l'élan lumineux soudain s'installe entre le muret blanchi de chaux d'une église et une jeune fille pieds-nus dont le vent soulève la jupe, un instant de grâce que je m'efforce de capturer en tramant à son intention, une embuscade de mots grecs."
ELYTIS LE « SOLEICULTEUR »
Elytis est un poète global et c’est pour moi façon de dire que sa poésie contient le Tout. Il part de la terre grecque et de la mer grecque, qui est mer ouverte, notre mer, de la langue grecque en ses deux versants, le scolastique et le démotique, et entre ces deux pôles toutes les variations possibles et toutes les inventions surgissantes. Au-delà de ce premier espace où son poème s’installe et auquel il s’agrippe de toute sa violente vie, d’autres espaces s’ouvrent à la parole elytéenne qui est une parole-monde et cela non parce qu’Elytis amasse de l’extériorité, annexe les étrangetés inévitables à qui se quitte et s’en va loin de lui-même, non plus parce qu’il veut ajouter d’autres domaines à son domaine propre (comme le firent les poètes « cosmopolites » et comme à un niveau plus significatif le firent à leur tour le poète américain Ezra Pound ou, comme Elytis lauréat lui aussi du Prix Nobel, le poète russe Joseph Brodsky), mais parce que le domaine d'Elytis, c’est la Grèce, mère de toute intelligence, de toute sensibilité et de tout art et, en outre, parce que le monde entier – terre, ciel et cosmos – vient se prendre à la mesure immense de la Grèce, démesurée mesure. Sans aucun nationalisme étriqué, le poète grec respire naturellement l’air de sa patrie comme étant l’air de tous et de chacun. Et s'ouvre à lui l'ensemble des espaces, parce qu’il est Grec justement et que c’est son pays qui a donné naissance à la pensée philosophique et à la plus haute poésie épique et lyrique, en sachant accueillir en leur temps tous les dons qui lui furent proposés par l’Orient ancien, pour être repensés à leur tour, dons qui, ainsi renouvelés et revivifiés, seront offerts par l’Hellade à l’univers. Elytis, en fixant les racines premières de sa poésie, et de la pensée l’accompagnant, dans le sol grec, a le sentiment, étant à la source, d’être rivière et fleuve et mer partout, pour tous, – cela dans l’honneur d’exister et dans la gloire simple de dire : en somme d’exister pour dire. De dire en grec justement, la langue-mère, langue de toute mémoire. Eluard qu’Elytis a rencontré quand il a été brièvement surréaliste, Eluard qu’il aima d’ailleurs parce qu’il n’était pas entièrement surréaliste – mais contrôlé, conscient, maîtrisé – disait en 1946, à la suite de son seul voyage en terre hellénique : « J’ai trouvé en Grèce une mémoire qui va toujours de l’avant. » Elytis actualise cette mémoire, voire l’éternise quand, de son côté, il écrit : « Les îles de l’Égée flottent sur les mers du monde entier. » Il le fait activement, dressant une basilique de métaphores dans son œuvre. Toutefois, et moins métaphoriquement, le poète dit aussi dans son grand poème symphonique Axion esti :
Grecque me fut donnée ma langue ;
Grecque mon humble maison sur les sables d’Homère,
Unique souci ma langue sur les sables d’Homère
Unique souci ma langue, parmi les toutes premières louanges !
Unique souci ma langue parmi les premières paroles de l’Hymne !
Je me suis arrêté, indiquant l’échelonnement des limites de cette œuvre, chercheuse d’illimité, à ses frontières cosmiques. Mais c’est beaucoup plus loin qu’il faut aller car, avec ce grand poète qui est comme un puissant arbre de mots, feuillu d’images, de réalités, d’idées, de sentiments, de symboles, de mythes, et capable d’étendre sa prise de parole sur toutes les horizontalités du verbe et sur toutes les verticalités de la vie, de la vue et de la vision, c’est l’ontologie qui constitue le lieu sans lieu de la création. Son temps n’a pas le temps : il est temps retrouvé au sens où Rimbaud, qu’il admirait de toute sa force complice, s’écriait : « Elle est retrouvée. / Quoi ? L’Éternité. » La suite, d’ailleurs, pourrait être cosignée par Elytis : « C’est la mer mêlée / Au soleil. »
La mer, le soleil … Comme le poète français, le poète grec est un « fils du soleil » et, pareil à son astre propre, il est magnifiquement un « soléiculteur », l’accompagnateur du soleil (disons mieux : son compagnon), traversant tous les niveaux de l’Être, qui sont autant d’antinomies opposables par définition mais convergentes par leur infinition, niveaux dont se détachent particulièrement la lumière, la transparence, la pureté, la nuit. Et s’il est vrai que dans son itinéraire Elytis a été provisoirement fasciné par le surréalisme, c’est peut-être, et seulement, à la manière de cette rhétorique profonde et point seulement verbale dont Gérard de Nerval, à qui il lui arrive de me faire penser, évoque ce qu’il appelle, parlant de son travail, son surnaturalisme, autrement dit l’accomplissement de la nature à travers et au-delà de tout ce qu’elle rassemble en elle d’objets pour les projeter, ces objets, dans une réalisation spirituelle qui rend soudain cette nature plus grande, plus invraisemblable, plus mythique, plus mystique et finalement vraie.
On se souvient qu’au dire d’Aristote dans sa Poétique, « Bien user de la métaphore, c’est voir le semblable », le philosophe voulant signifier par là que le langage, pour médiateur qu’il soit, possède en poésie et par l’acte de celle-ci une capacité de formulation (d’atteinte au centre) immédiate et que la métaphore apporte la visibilité (la vision) originelle, abolissant l’image pour refléter l’être. Ce qu’exprime Elytis lui-même dans un propos qu’il tint à l’un de ses traducteurs français (Xavier Bordes) : « Le vrai mystère, lui dit-il, est celui qui continue à être mystère même dans la lumière la plus absolue. On constate que l’apparition merveilleuse persiste et qu’elle devient plus lumineuse et plus diaphane. On peut, alors, être sûr qu’on a devant soi le surnaturel qui se présente simultanément sous les espèces du naturel. C’est là un secret et une clé pour la compréhension de mes propres poèmes. » De plus, comme Mallarmé, Elytis a la tentation de « céder l’initiative aux mots » : « L’écriture est une expérience, dit-il, et souvent la langue elle-même me conduit à formuler des choses auxquelles je n’aurais pas pensé autrement. » Les antinomies, je l’ai dit, finissent par disparaître dans la formulation poétique qui les annule pour fonder l’espace de sa propre liberté, qui est celui où seulement elle souhaite respirer, car, pour le poète grec, comme pour tous les vrais poètes, poésie égale liberté : « liberté libre », dit Rimbaud, – liberté individuelle, personnelle autant que politique. Parlant de cette refondation des choses par la complémentarité et l’unité que leur procure la plénitude du poème, Elytis ajoute, poussant la chose à l’extrême : « Il n’y a aucun rapport entre le soleil et la clarté, entre la mer et la barque, entre la mort et le néant, entre l’univers et l’infini, en d’autres mots : entre la nature et le culte de la nature, entre des prises de position révolutionnaires et la révolution elle-même. Avec des filets, on attrape l’oiseau, pas son chant. »
Le soleil, un dieu, est l’un des dieux de l’Olympe, de l’Olympe dont Elytis adopte toute la divine tribu, ce qui ne l’empêche pas de conserver à sa droite et à portée de main en quelque sorte l’archange de l’Orthodoxie, celui chrétien et byzantin qui fait partie également de sa nostalgie, comme en font partie la Vierge Marie, l’un des avatars de Maria Nefeli, ou le Christ, ou le Jean – « surréaliste », affirme-t-il – de l’Apocalypse, texte majeur. Entre le soleil et l’archange, tout l’arc des possibles, je l'ai dit, tout le créé, tout l’inventé, irruption de l’imaginaire de Nature et de l’imaginaire de Parole : le monde infime, le monde immense, en opposition l’un à l’autre, mais aussi en complétude et plénitude. Le leitmotiv de « La Genèse » dans Axion esti, celui sur quoi s’achève chacun des hymnes, est « Lui / le monde infime, immense ! » Voici les derniers mots du dernier hymne, dans la belle traduction française de Réa Karavas :
Le soleil a pris forme L’archange à ma droite depuis toujours
Lui moi, donc
et le monde infime
immense !
Infime, immense, l’un dans l’autre : vision parménidienne, vision héraclitéenne, vision pascalienne, vision einsteinienne. L’infiniment petit et l’infiniment grand au miroir l’un de l’autre. L’homme est microcosme ; l’univers, macrocosme. Toutes les théories philosophiques, tous les systèmes, toutes les idées, fussent-elles les plus abstraites, traversent la tête et le cœur d’Elytis et, à cette traversée, deviennent lyres, deviennent harpes. Le poète s’adresse à la poésie, à « l’immuable / illumination » :
Tu es partout Tu partages
Avec nous les harpes ténébreuses
Immatérielle enveloppe
Et parce que tout et le contraire de tout convergent et se dissipent en fumées et en souffles, la fumée, chez Elytis, a une densité métaphysique. « Des souffles […] viennent à moi très souvent et me ressuscitent », écrit-il dans un merveilleux petit essai, Voie privée, que j’aurais voulu citer en entier. « Quelque part dans l’espace, poursuit-il, où continuent de s’écouler les choses vues, il se pourrait que se lèvent de petits vents qui vont à l’encontre du courant ou qui sont, simplement, plus forts, telles les rafales, et qui nous restituent de semblables instants d’extrême humilité et de beauté, comme devaient être les règles de notre vie. Où l’artiste aussi puisse avoir sa place, sans se sentir opprimé. Frapper les touches de son instrument et produire une euphonie ; c’est-à-dire sa justice à lui. » Et quelques lignes plus loin : « […] Une immortalité à travers la mort. Alors, si la qualité atteint le même sommet, les distances s’abolissent. Entre Ronsard et Fra Angelico et entre Mallarmé et Juan Gris n’intervient que le signal du chef de gare de notre sensibilité. » Je conclurai cette première approche en rappelant le finale de ce texte éclairant où l’on verra, une fois de plus, se manifester l’étonnant œcuménisme poétique de cet aède dont la seule religion est le vivre, le seul credo « le mensonge si véridique qu’il brûle encore [ses] lèvres », la seule morale « prendre une position correcte, ne fût-ce que devant une fleur, pour que le destin d’un homme soit différent », et de qui la mer est « comme une deuxième terre qu’il faut cultiver » ou « comme un jardin qui nous accompagne partout. » Pour qui enfin « la poésie commence là où la mort n’a pas le dernier mot. »
Le dernier mot, c’est lui, Odysseus Elytis qui l’aura, et je le lui laisse volontiers, – avec bonheur :
« Ô béni soit mon ange gardien, celui qui est descendu de quelque iconostase, à la fois divinité du vent, Eros et Gorgone – on dirait que j’en avais fait spécialement la commande avant que de naître. Avec sa bénédiction, j’oscille plus aisément au gré de mes propres tourmentes, et j’avance dans les régions dangereuses, parmi les écueils et les eaux profondes, minuit passé, les deux signaux lumineux allumés, en avant toute. »
Un ultime mot pourtant, que je me permets d’ajouter : deux signaux allumés, et de la lumière pour tout le temps qui reste.
*
* *
Je voudrais en seconde partie de cette évocation rappeler, fût-ce brièvement, l'état de la notoriété d'Elytis dans le monde arabe d'abord, ensuite en France. Pour ce qui est du monde arabe, il ne semble pas que le grand poète grec ait eu droit à des traductions autres que partielles, comme ce fut d'ailleurs le cas pour Séféris. L'un et l'autre sont connus bien évidemment des poètes, notamment au Liban où, en raison de la prédominance du français en qualité de langue de culture, ils peuvent être accessibles soit directement en français pour les amateurs francophones soit à partir de leur traduction en arabe à partir du français (ou même de l'anglais) pour les arabophones. Les Arabes en général, les Libanais en particulier, sont des lecteurs de poésie et c'est au Liban que, depuis une soixantaine d'années, le grand mouvement de renaissance et de renouvellement de la poésie arabe – l'une des plus anciennes du monde – a vu le jour avec de grands noms tels celui d'Adonis pour la langue arabe ou celui de Georges Schehadé pour la francophonie. Georges Schehadé, aujourd'hui disparu, avait quelques vingt-cinq ans de plus que moi : il n'empêche que dans ma jeunesse nous étions inséparables et liés aux poètes de bien des pays du monde : Schehadé était aimé et admiré par Saint-John Perse qu'il aimait et admirait, par Supervielle, par Paul Eluard, par André Breton et par d'autres ; j'étais, quant à moi, lié à Pierre Jean Jouve, à Yves Bonnefoy, à André du Bouchet, à André Pierre de Mandiargues, à David Gascogne, etc. Adonis, pour en revenir à lui, était très proche de Yannis Ritsos, qu'il traduisit en arabe et qui le traduisit en grec. Ritsos était à l'époque, dans les années 60 à 70, beaucoup plus connu dans le monde arabe que Séféris ou Elytis à cause de ses engagements politiques, les pays arabes étant saisis alors d'un vif accès de fièvre politique à cause de l'impasse palestinienne, qui est aujourd'hui toujours en place, et des trois guerres israélo-arabes de 1956, 1963 et 1973, ainsi que de la révolution nationaliste nassérienne et, aussi, de la terrible guerre franco-algérienne qui fit un million de morts du côté des colonisés avant l'accession de l'Algérie à l'indépendance. Les opinions publiques des pays arabes se situaient généralement à gauche, la poésie y était nationaliste et, bien que hautement lyrique, elle était anti-américaine et chantait le chant des libérations, d'où l'impact de Ritsos qui poursuivait le même chemin conquérant. Séféris et Elytis, dans leurs œuvres majeures, étaient l'un et l'autre attachés à une idée plus intemporelle de la poésie et on ne sait à quelle jointure entre celle-ci et l'éternel : ils étaient l'un et l'autre, chacun à sa façon et selon son style, les témoins et les chantres d'une grécité qui puisait aux sources de l'idée pure et de la mer ulysséenne de toujours et, tels des aigles des mots, ils planaient dans le vent de l'Histoire mais comme au-dessus d'elle. Cela n'empêchait ni Georges Schehadé ni moi-même d'aller dîner quelquefois dans l'intimité chez le très chaleureux Séféris : il était alors ambassadeur de Grèce à Beyrouth. À Beyrouth qui comptait une importante communauté grecque constituée de deux sous-communautés, l'une très aristocratique installée au Liban depuis le XIXe siècle, l'autre plus mélangée et plus récente, arrivée au Liban venue d'Alexandrie (l'Alexandrie de Lawrence Durrell) et fuyant la montée du nassérisme.
Pour ce qui est de la rencontre entre Elytis et la France, il me semble qu'elle n'a pas dû poser de problèmes particuliers. Si, un seul problème, d'importance, je le dis une fois pour toutes pour n'avoir pas à y revenir : bien des traductions en français de ce poète, celles de Xavier Bordes et de son complice Robert Longueville notamment – lequel Xavier Bordes se présente comme le traducteur autorisé du grand poète grec – ne me paraissent pas satisfaisantes, qu'elles fussent prose mais surtout poésie. Le texte sort de cette épreuve exténué. Torturé, alambiqué, surchargé de métaphores inutilement précieuses, de formulations souvent amphigouriques, de mots recherchés qui excluent l'émotion de la version originelle et sa simplicité souveraine. Pourquoi ces déformations, ces mutilations, ces stupides dérives labyrinthiques ? Par un défaut souvent présent chez les transmetteurs et qui tient du péché originel de toute traduction point suffisamment exigeante : faire mieux que le texte d'origine. Le faire briller de feux supplémentaires qui sont feux inventés, feux supposés. Même de très grands traducteurs qui se trouvaient être aussi de très grands poètes ont cédé à cette faiblesse : Mallarmé, l'immense Mallarmé, traduisant Edgar Allan Poe, a, par excès d'admiration, tenté de faire mieux que son idole. Résultat inattendu : les amateurs américains d'Edgar Poe préfèrent, s'ils sont également francophones, le lire en version mallarméenne, ce que le poète d'Hérodiade et du Faune n'a jamais voulu. La traduction c'est quoi ? Comme me le dit une fois Adonis : « C'est cueillir la rose sans tuer son parfum ». Heureusement, il y a d'Elytis en français d'autres traductions que celles de Bordes et qui transplantent la rose sans la dénaturer, sachant en préserver le singulier, l'inégalable parfum. Je cite quelques-unes de ces traductions qui m'ont comblé, me donnant l'impression simultanée d'une vérité du texte et seconde et première : celles de François-Bernard Mâche, de Chantal et Jacques Bocquentin, de Béatrice Stelio-Connolly, de Jacques Phytilis, de Réa Karavas, de Malamati Soufarapis et de quelques autres. Aucun de ceux-là n'a osé reprendre à son compte l'étrange profession de foi de Xavier Bordes en tant que traducteur dans la conférence qu'il a faite à l'occasion de l'exposition consacrée à Odysseus Elytis au Centre Georges Pompidou à Paris en date du 14 décembre 1988 : « Est-ce à dire, s'interroge-t-il, que, par rapport à l'œuvre d'Elytis, dans une paranoïa aigüe, je me prends pour Baudelaire ? Ou que je veux m'approprier l'œuvre d'un autre ? » Et de s'écrier : « La réponse est évidemment : oui ! Oui ! Cent mille fois oui ! Tous les traducteurs qui se lancent dans la tache ingrate de traduire des poèmes se prennent pour le Baudelaire de l'auteur auquel ils se vouent [...] Aveu difficile à faire ! Celui d'une sorte d'osmose dépassant peut-être les bornes de ce qu'autorise la bienséance sociale. » Cet aveu est pénible parce que, prétentieusement, il veut justifier par la préhension amoureuse la dénaturation advenue d'un original saisissant. Arrêtons là cette affaire qui ressemble fort à une forme d'usurpation d'identité dont le résultat est la corruption de deux chefs-d'œuvre d'un grand poète, Axion Esti suivi de L'Arbre lucide et la quatorzième beauté. Suis-je trop sévère ? Oui, je le suis. Mais on ne l'est jamais assez quand il s'agit de la translation d'une langue à l'autre des merveilles de l'inspiration humaine. L'esprit, l'affectivité poétique ne sont faits que de nuances parfois difficilement captables parce que trop ténues, les textes étant pris et comme irisés dans des mots-prismes. Il faut, du moins en poésie, respecter l'arc-en-ciel. Il ne faut pas, comme c'est le cas avec Xavier Bordes, que Maria Nepheli, “Marie Nuage”, devienne “Marie des Brumes”, une fille du Nord, elle, l'héroïne d'une poésie que la lumière de Méditerranée baigne de toutes parts, même si c'est parfois lumière noire.
Autre question que je pose brièvement : quelle fut l'influence de la poésie française, celle de son temps notamment, sur Elytis ? Un texte en langue française de 1961, dû à la plume d'Elytis lui-même, nous renseigne à ce sujet. Il a paru dans “Le Mercure de France” dès 1962 et a été repris ensuite par le poète dans Anichta Kartia(“Pages volantes”) en 1974. Son titre : “Pierre Reverdy entre la Grèce et Solesmes”. Il y est dit admirablement : « […] Nous avons accoutumé de penser que le vent est en faute, qui de son souffle a défloré les jardins printaniers, en oubliant purement et simplement que la puissance mise en jeu pour parfaire une rose dépasse de beaucoup la vigueur du vent le plus déchaîné. »
On le voit : Elytis connaissait parfaitement la langue française et c'est à Paris qu'il choisit naturellement d'effectuer ses deux plus longs séjours à l'étranger, chacun de plusieurs années, l'un entre 1948 et 1951, l'autre, plus court, de 1969 à 1971. Or ce n'est pas la poésie seulement qu'il quête à Paris, une poésie qui fut en toutes ces années-là à son zénith, c'est aussi la peinture, puisqu'il est aussi critique d'art et qu'à Paris il est piloté par son merveilleux compatriote Tériade, éditeur d'art et pratiquant de poésie. Aussi bien, s'il cherche à rencontrer Jules Supervielle, André Breton, Paul Éluard, René Char, Pierre Jean Jouve et Pierre Reverdy, il va également vers Picasso, vers Picabia, vers tous les cubistes qu'il admire et dont il place très haut la théorie et la pratique picturales. Cela ne l'empêche pas d'aimer aussi profondément Ungaretti qui pourtant ne le détourne pas du culte absolu qu'il voue – bien au-delà du surréalisme qui l'a occupé quelque temps – à Mallarmé, à Rimbaud, à Lautréamont, au détriment de Baudelaire qui ne semble pas faire partie de sa famille. Reste que, parmi ses contemporains, c'est Reverdy qui est son voisin de cœur et, d'une certaine façon, celui qui à ses yeux porte le mieux les mots de l'avenir : présent dans le présent, futur dans le futur. Il le dit clairement dans cette remarquable étude sur l'auteur de Gant de crin, que j'ai déjà évoquée : « Pierre Reverdy, – écrit-il – le seul poète contemporain qui parle exclusivement à partir du présent. » Il ajoute, et ces derniers mots s'ils s'appliquent à Reverdy me semblent pouvoir s'appliquer à Elytis lui-même : « L'important est qu'il ait assumé, les dents obstinément serrées, le fardeau d'une vie exemplaire, et qu'il ait envers et contre tout sauvé la minuscule parcelle du “plus précieux” qui échoit à tout mortel. » Ce “plus précieux”, Elytis le définira en conclusion à son essai Avant tout : « Voilà en quoi consiste ce que j'attends au fil des années : une ride de plus à mon front, une ride de moins à l'âme : la réversion complète, l'absolue transparence. »L'absolue transparence – poétique, esthétique, morale, métaphysique – c'est elle qu'il convient de saluer à l'aboutissement de ce grand destin.
Salah Stétié
Odysseus Elytis, Axion esti – La Genèse, traduit du grec par Réa Karavas, La Nouvelle Revue Française, numéro 329, 1er juin 1980.
Id., Orientations, traduit du grec par François-Bernard Mâche, Argile VIII, automne 1975, Maeght Éditeur.
Id., Voie privée, traduit du grec par Malamati Soufarapis, L’Échoppe, 2003.
Conférence reprise en conclusion de la traduction par le même Xavier Bordes en collaboration avec Robert Longueville de l'essai d'Elytis sur la poésie Avant tout, paru dans un cahier spécial de la revue Aporie, le Revest-les-Eaux, 1989.
Il s'agit de Baudelaire traducteur d'Edgar Poe avant Mallarmé et qui s'autorise les libertés du grand poète traduisant un autre grand poète.
"Dehors a pris ma forme quelque part, au milieu d'une mer dont l'élan lumineux soudain s'installe entre le muret blanchi de chaux d'une église et une jeune fille pieds-nus dont le vent soulève la jupe, un instant de grâce que je m'efforce de capturer en tramant à son intention, une embuscade de mots grecs."
LE POETE des brumes et des flots d’écume au fond de moi sommeille !
Mamme de la tempête obscure entre ses lèvres d’encre
et son âme sans fin livrée aux ruées lascives de la mer
qui vont grêler sur ses pieds-monts
Déracinant même le chêne âpre s’abat le vent de Thrace.
De tout petits voiliers en contournant le cap soudain claquent au vent et s’éclipsent
Puis reparaissent là-haut dans les nuages de l’autre côté du gouffre amer.
Aux diamants des ancres il s’est collé des algues
barbes de saints mélancoliques.
De splendides rayons issues de leur face
font vibrer la rade éblouie.
A jeun, par ici se tournent les yeux vides des vieillards
Tandis que les femmes profilent leurs silhouettes
noires sur la chaux immaculée.
Au milieu d’eux, moi j’active ma main
Poète des brumes et des flots d’écume !
Dans l’humble boîte de couleurs je trempe bien
ma brosse au milieu d’eux et puis je peins :
Récemment en chantier
les ors fauves et les noirs des saintes Icônes !
Aidez-nous protégez-nous saint Canaris !
Aidez-nous protégez-nous saint Miaoulis !
Aidez-nous protégez-nous sainte Manto !
Le Doxastikon, le Gloria, est la troisième et dernière partie de l'Axion Esti d'Elytis. "Axion Esti", formule traduite dans la liturgie latine par "Dignum Est", signifie hors contexte religieux :...
https://oulipiatraductions.wordpress.com/2015/11/02/axion-esti-gloria/
Esprits Nomades | notes de passage, notes de partage
la poésie commence là où la mort n'a pas le dernier mot. Elytis. L'enfant de l'union entre Sapho, la poétesse de Lesbos, et Paul Eluard pourrait s'appeler Odysseus Elytis. Mais Elytis est bien ...
https://www.espritsnomades.net/litterature/odysseus-elytis-l-exil-au-coeur-de-la-lumiere/
"À l'Ouest de la tristesse" : le testament émouvant du Prix Nobel Odysseas Elytis
" La Poésie seule est / Ce qui demeure. Poésie. Juste essentielle et droite. " Ainsi s'achève, en forme de testament et de profession de foi, le dernier poème du dernier recueil d'Odysseas Elyt...
A l'ouest de la tristesse, d'Odysseas Elytis - L'instant critique #27
La Poésie seule est / Ce qui demeure. Poésie. Juste essentielle et droite ". Ainsi s'achève, en forme de testament et de profession de foi, le dernier poème du dernier recueil d'Odysseas Elytis...
Odysseas Elytis (1911-1996) | A la recherche d'un "humanisme grec"
laquo; Voilà, cela pourrait être une définition de plus de la poésie: l’art de nous rapprocher de ce qui nous dépasse» Odysseas Elytis,&n
"Dehors a pris ma forme quelque part, au milieu d'une mer dont l'élan lumineux soudain s'installe entre le muret blanchi de chaux d'une église et une jeune fille pieds-nus dont le vent soulève la jupe, un instant de grâce que je m'efforce de capturer en tramant à son intention, une embuscade de mots grecs."
“J’ai souvent dit que pour moi, Grecque de la diaspora, ma vraie patrie, c’est ma langue. En effet, je crois que si la poésie n’existait pas, je ne serais pas devenue musicienne.” Dans cette inscription, le poète grec Elytis aura joué un rôle fondamental.Angélique Ionatos raconte.
Grecque me fut donnée ma langue ; humble ma maison sur les sables d’Homère. Mon seul souci ma langue sur les sables d’Homère.
1“La nature crée ses propres parentés, parfois bien plus puissantes que celles que nous forge le sang. Deux mille cinq cents ans en arrière, à Mytilène, je crois voir Sappho comme une cousine lointaine avec qui je jouais dans les mêmes jardins, autour des mêmes grenadiers, au-dessus des mêmes puits. A peine plus âgée que moi, brune, avec des fleurs dans les cheveux et un cahier plein de poèmes qu’elle ne m’a jamais permis de toucher.
2Il est vrai que nous avons vécu sur la même île. Avec cette même sensation de la nature qui depuis les temps anciens jusqu’à aujourd’hui continue à suivre les enfants d’Eolie. Mais, avant tout, nous avons travaillé – chacun à sa mesure – avec les mêmes notions, pour ne pas dire avec les mêmes mots : avec le ciel et la mer, le soleil et la lune, les végétaux et les jeunes filles, l’amour.
3Ne m’en veuillez pas si je parle d’elle comme d’une contemporaine. Dans la poésie comme dans les rêves, personne ne vieillit.”
4C’est ainsi qu’Odysseus Elytis commençait son introduction au livre qu’il consacra à Sappho de Mytilène [1][1]Sappho, recomposition et réstitution d’Odysseus Elytis, Ikaros,…. Dans cet ouvrage, il nous offre non seulement une magnifique traduction en grec moderne, mais il prend surtout la liberté de “recomposer” des fragments en poèmes. C’est sa manière de “toucher” à ce cahier interdit.
5En reconstituant, en restaurant les poèmes de Sappho, il nous la rend si familière, si vivante, si touchante, qu’on ne peut que ressentir de la reconnaissance pour son audace.
6C’est grâce à lui que j’ai eu envie de composer sur les vers de Sappho. C’est lui qui m’a rendu proche cette “cousine lointaine”. Voilà aussi pourquoi, à mon tour, j’ai eu envie de traduire en français les poèmes d’Elytis. Non seulement parce que c’est le poète que j’ai le plus mis en musique, mais surtout parce que je crois qu’il s’agit d’un des plus grands poètes de notre temps. Et j’ai eu la chance, comme lui, de dire :
7“J’ai habité un pays surgissant de l’autre, le vrai, tout comme le rêve surgit des événements de ma vie. Je l’ai aussi appelé Grèce et l’ai tracé sur le papier pour le regarder. Il semblait tellement petit, tellement insaisissable.
8Le temps passant je le mettais sans cesse à l’épreuve : tantôt avec de brusques tremblements de terre, tantôt avec de vieilles tempêtes.
9Je changeais les choses de place pour les débarrasser de toute valeur. J’étudiais les Insomnies et l’Ascèse du Désert pour être capable de façonner des collines brunes, des petits monastères, des fontaines. J’ai même réussi à faire un petit jardin plein d’agrumes qui sentaient l’Héraclite et l’Archiloque.
10Mais il embaumait tant que j’ai pris peur. Alors je me suis mis, petit à petit, à broder des mots comme des pierres précieuses pour couvrir ce pays que j’aimais.
11De peur que quelqu’un ne voie sa beauté. Ou qu’il ne soupçonne que, peut-être, il n’existe pas. [2][2]Odysseus Elytis, O mikros naytilos (Le Petit Marin), Ikaros,…”
12J’ai souvent dit que pour moi, Grecque de la diaspora, ma vraie patrie, c’est ma langue. En effet, je crois que si la poésie n’existait pas, je ne serais pas devenue musicienne. Cela semble un paradoxe, mais il n’en est rien. C’est la poésie qui a engendré mon chant. Et je suis convaincue que tous les arts, sans exception, sont les enfants de la poésie. “Au commencement le Verbe”, et comme le dit Elytis dans ses Autoportraits [3][3]Autoportraits, Fata Morgana, 2002. Traductions de Béatrice… : “Un paysage, c’est la projection de l’âme d’un peuple sur le terroir qu’il occupe. Je crois profondément – et cette croyance est bien plus profonde en moi que toute certitude fondée sur la raison – que, de quelque manière qu’on l’examine, la présence de l’hellénisme au cours de tant de siècles sur les terres de l’Egée y a imprimé une véritable orthographe, où chaque oméga, chaque epsilon, chaque iota n’est que la transcription d’un petit golfe, d’une légère pente vers la mer, d’un à-pic de rocher au-dessus de la courbe arrondie d’une coupe de bateau […].
13Cette langue que j’évoque ici possède une grammaire rigoureuse, que le peuple a fabriquée tout seul avant même qu’on ne l’envoie à l’école. Et qu’il a su préserver avec un soin presque religieux et une résistance admirable de l’usure du temps, jusqu’à ce que nous arrivions, nous, les hommes d’aujourd’hui, avec nos lois, nos certitudes, nos diplômes, et la prétention de vouloir lui venir en aide.”
14Et dans son recueil L’Arbre de lumière et la quatorzième beauté [4][4]Odysseus Elytis, 1986, op. cit., il dit : “Je sais que cette langue n’a pas d’alphabet ; puisque aussi bien le soleil que les vagues ne sont qu’une écriture syllabique qu’on ne déchiffre qu’au temps de la tristesse et de l’exil.”
15L’œuvre d’Elytis est immense. Je n’ai pas l’intention (ni la capacité) de parler de lui en exégète, ni même en tant que Grecque, mais simplement en amoureuse de sa poésie.
16J’aimerais vous raconter notre première rencontre, en 1984, parce qu’elle est à la fois amusante et belle. J’étais alors à Paris, et je lui avais écrit pour lui demander l’autorisation de mettre en musique son poème scénique Maries des Brumes (1979), qui était un livre très à part dans l’univers élytien et pour lequel j’avais eu un véritable “coup de foudre”. Il s’agissait de poèmes sous forme de dialogue entre une jeune femme contestataire radicale de notre temps, belle et irrévérencieuse, du nom de Maria Néféli, et le Poète (l’antiphoniste). Je travaillais depuis plusieurs mois sur cette œuvre. C’était ma première grande réalisation et elle marquait un véritable tournant dans ma vie de musicienne. J’avais enfin abandonné ma solitude sur scène et avais sollicité la présence du baryton Spyros Sakkas comme antiphoniste et de notre compatriote Alexandre Myrat pour diriger le petit orchestre de chambre.
17Alors que les répétitions étaient presque finies, je reçois une lettre d’Odysseus Elytis me refusant sa mise en musique. Il avait, disait-il dans cette lettre, d’autres engagements scéniques concernant Marie des Brumes.
18J’étais anéantie et décidai sur le champ de prendre l’avion pour le rencontrer à Athènes et le faire changer d’avis. Il m’avait fixé un rendez-vous chez-lui, dans son petit appartement de la rue Skoufa, et sa voix au téléphone était froide et austère. Je crois qu’en allant à ce rendez-vous, j’avais le trac le plus terrifiant de ma vie. Rencontrer Odysseus Elytis était pour moi aussi improbable que rencontrer Homère lui-même…
19Je ne me souviens plus combien de temps a duré cet entretien, je sais seulement que la force de mon désespoir m’a donné les mots justes pour le convaincre. C’était pour moi comme une question de vie ou de mort. Pas tant le fait de devoir renoncer à cette œuvre et au travail de longs mois, mais le fait que son refus était une sorte de rejet de ma personne. Comme si mon père spirituel allait me déshériter, moi qui vivais avec sa poésie depuis mon enfance.
20Depuis cette première rencontre beaucoup d’autres ont suivi (bien plus heureuses et sereines), car ayant appris la leçon, chaque fois que je mettais en musique l’un de ses poèmes, j’allais le voir pour lui en parler. Je me souviens de lui me disant : “Mais pourquoi tu t’attaques toujours à mes poèmes les plus difficiles ? J’en ai écrit d’autres beaucoup plus faciles à mettre en musique !” Et je lui répondais : “Mais c’est ceux-là précisément qui m’inspirent ! Croyez-moi, ce n’est pas pour le plaisir de vous contrarier…” Et il souriait. C’est ainsi que peu à peu la confiance s’est installée, et c’est lui-même qui m’a dit un jour, voyant sa Sappho entre mes mains : “Je pense que tu devrais mettre en musique ces poèmes d’amour. Ils t’inspireront.” Et voilà comment j’ai mis en musique les fragments de Sappho en 1992. Quelques années plus tard, au printemps 1996, je m’apprêtais à lui envoyer un enregistrement de la musique que j’avais composée sur son magnifique poème “Parole de Juillet”, extrait de son recueil Les Elégies de la pierre tout au bout [5][5]Ta eleghia tis oxopetras, Ikaros, 1991.. C’était, je me souviens, quelques jours après la première au Théâtre de la Ville ; je lui téléphonai pour lui dire ma joie et l’accueil du public et de la critique à “notre” “Parole de Juillet”. Il semblait heureux, et le ton de sa voix ne m’avait jamais semblé aussi amical et tendre.
21A la fin de notre conversation, il m’avait donné sa bénédiction pour la suite et m’avait dit qu’il attendait impatiemment l’enregistrement. Quelques jours plus tard, Odysseus Elytis est mort.
22“Dans la poésie comme dans les rêves, personne ne vieillit”, disaitil en parlant de Sappho. Les poètes ne meurent pas, bien sûr. Nous en avons tous la preuve. Ils nous accompagnent et donnent un sens à notre vie. “Utopie ?” demande encore Elytis dans ses Autoportraits. “Peut-être, et alors ? Utopique ne veut pas dire forcément impossible. On dénigre les poètes en disant qu’ils n’ont pas la force de faire face à la réalité, et qu’à cause de cela, ils se contentent de rêver. Mais ils ont raison d’être ainsi. Pour imaginer des choses qui choquent notre sensibilité et en plus être capable de les présenter sous un tout autre jour ne faut-il pas de la force ! Et la nature elle-même, quand elle nous plonge dans le malheur, n’est-elle pas aussi indifférente et cruelle ? N’arrive-t-il pas que cette nature exige de nous des choses impossibles, sans se laisser ébranler par les battements de notre cœur ? [6][6]Autoportraits, op. cit.”
23J’aimerais, pour finir, laisser la parole au poète, cette “cigale abandonnée” qui choisit de vivre dans la forêt des hommes et continue à chanter dans la cacophonie de nos cités. Son chant n’est pas toujours perceptible (mais est-ce qu’on entend le pouls qui bat dans nos veines ?). Ce n’est que lorsque son chant s’arrête qu’on s’aperçoit que la cigale s’est tue.
Hymne à Marie des Brumes
chanson de Marie des Brumes
Elytis recomposant en grec ancien, les fragments de Sappho et retraduisant en grec moderne; ce livre magnifique, illustré de collages d'Elytis, m'a été offert par le poète
Angélique Ionatos : "Je vis au jour le jour..."
Odysséas Elytis, Maria Nefeli (" Marie des Brumes "), cantate interprétée par Angélique Ionatos pour les 20 ans de Cassandre/Horschamp à la Maison de l'arbre
Angélique Ionatos a été accueillie deux fois aux Comoni / compositrice, guitariste et chanteuse grecque née le 22 juin 1954 à Athènes et morte le 7 juillet 2021 aux Lilas, à 67 ans
Angélique Ionatos : "J'ai habité un pays..."
"Le petit navigateur", Odysséas Elytis pour les 20 ans de Cassandre/Horschamp à la Maison de l'arbre
Angélique Ionatos a été accueillie deux fois aux Comoni / compositrice, guitariste et chanteuse grecque née le 22 juin 1954 à Athènes et morte le 7 juillet 2021 aux Lilas, à 67 ans
Angélique Ionatos : "Hélios, hymne au soleil"
interprété par Angélique Ionatos pour les 20 ans de Cassandre/Horschamp à la Maison de l'arbre
Angélique Ionatos a été accueillie deux fois aux Comoni
Fille de la mer : épisode 1/5 du podcast Angélique Ionatos, la Grèce en héritage
AUDIO * 1/5 : Fille de la mer. Angélique Ionatos, la Grèce en héritage est une série inédite proposée par France Culture. Écoutez gratuitement en ligne ce podcast et parcourez tout notre cat...
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/fille-de-la-mer-3120673
" To Axion Esti " Ce recueil d'une grande beauté littéraire et poétique ,écrite en 1958 , est l'œuvre de Odysséas Elytis . Le compositeur Mikis Théodorakis a mis en musique ce poème sous la...
une interprétation récente (2020) d'Axion Esti par Phonis Ionatos
Le lecteur habituel de ce blog sera peut-être étonné de trouver un In memoriam dédié à Mikis Theodorakis, au milieu des ombres tutélaires qui ont accompagné la vie lyrique du Wanderer. Mon ...
https://blogduwanderer.com/2021/09/04/in-memoria-mikis-theodorakis/
article remarquable sur ce qu'aurait pu être l'enseignement de la langue grecque
Θεοδωράκης_Μπιθικώτσης_Κατράκης_Ελύτης ✣ Η ΓΕΝΕΣΙΣ 01:42 ✣ ΤΑ ΠΑΘΗ α) ΙΔΟΥ ΕΓΩ ΛΟΙΠΟΝ 07:32 β) Η ΠΟΡΕΙΑ ΠΡΟΣ ΤΟ ΜΕ...
cet enregistrement d'Axion Esti par Mikis Theodorakis me semble pouvoir être l'apothéose du N°1 du cerf-volant de l'égaré
Poèmes Tomes 1 et 2 / Jean-Loup Fontaine
Hommage au poète Jean-Loup Fontaine Le bmL célèbre la mémoire du poète nordiste Jean-Loup Fontaine, disparu il y a 30 ans. Le spectacle "Paroles de Fontaine" est une lecture musicale autour de...
https://www.lille.fr/La-culture-en-continu/content/view/full/293464
le 10 juin 2023 à 17 H à la médiathèque Jean Lévy, 32 Rue Edouard Delesalle 59000 Lille
Préface de Vénus Khoury-Ghata
à la Première édition 1993 de L'âge de la Parole
(Tome 2 de Poèmes)
"Un vote rapide, unanime, L’Age de la Parole l’emporte dès le premier tour. Les regards se sont portés sur Guy Rouquet. Qu’attend-il pour nous dévoiler l’identité de l’auteur ?
- Il était salarié aux P.T.T., père de trois enfants, âgé de quarante-six ans...
Puis d’une voix nettement plus basse :
- Jean-Loup Fontaine est mort il y a quinze jours.
Une chape de silence vient de tomber sur le jury du Prix Max-Pol Fouchet. Nos regards évitent de se croiser. Ils errent à travers les fenêtres, vers le jardin de l’Hôtel de massa où le soleil fait des trouées dans le feuillage. Une journée de grande douceur et de grande tristesse. Jean-Loup Fontaine a, paraît-il, glissé dans la mort après avoir appris que ses poèmes faisaient partie de la dernière sélection. Débarrassé de son corps douloureux, il a ouvert ses pages et pénétré dans la chair de ses poèmes, sa vraie tombe, son berceau et son cocon. Le résultat final doit le faire sourire, là-haut, sur ce nuage qu’il a choisi pour nouvelle résidence. Il a rejoint le pays imaginaire de l’enfance qu’il n’a pas cessé d’évoquer dans son dernier recueil.
« La poésie est un besoin vital pour moi. Elle exalte ma vie, la sublime», confiait-il à Guy Rouquet le 12 mai 1992. «Je vous écris, perché sur des parenthèses d’albâtre qui contiennent les grands discours que la nuit m’a légués, soufflés comme des vol-au-vent et qui l’après- midi traversent en courant la forêt des Landes poussant devant elles le grand cri de révolte des Basques... » Nuit, cri, pluie, vent : les mots-clés de Jean-Loup Fontaine, qu’il a certainement emportés avec lui et qu’il fait tinter à son oreille tel un hochet d’enfant.
«Je comprends l’étrange fascination que la mort a pu exercer sur Nerval, Maïakovski, Crevel, Rigaut, Duprey, dit-il plus loin. La liste est longue de ceux qui, oiseaux tombant en flammes d’une branche d’orage, se sont donné une mort instantanée. »
Ecrivant ces mots, a-t-il pensé à sa mort à lui, imposée par un mal qui a fini par prendre le dessus, vainquant le poète et le poème ?
« Cimetière de Ronchin. Ils étaient tous là ses amis facteurs en tenue, à peine sortis de leur tournée du matin, écrit Hervé Leroy dans La Voix du Nord. Ils ont enterré leur collègue entre pluie et embellie. »
Jean-Loup Fontaine aurait aimé le ciel de ce samedi, sorti droit de ses poèmes. L’a-t-il commandé d’avance afin que le temps soit en accord avec l’écriture ?
A part ses collègues facteurs, il y avait ses amis, sa femme, ses enfants, dont Cerise, sa fille «qui sait dessiner les deux côtés du vent» selon son père, et puis ses multiples recueils : Passages secrets, Le grenier à som-meils, Eclatements vus de l’intérieur, Un chemin entre le pain et l’eau, L’Education sentimentale, Le complexe de midi qui ont dû suivre, invisibles, leur maître jusqu’à sa dernière demeure.
Jean-Loup Fontaine a laissé de nombreux inédits. J’espère qu’un éditeur viendra un jour les exhumer des tiroirs où ils dorment dans cette maison de Ronchin.
Vénus Khoury-Ghata
Tome 2 de Poèmes pages 33 à 35
1° poème
tiré de Passages secrets, 1° recueil,
Grand prix régional 1988
Mes rivages dérivent
Sur les silences d’un volcan
La nuit a dévoilé ses oasis
Où la main de l’orage
Forge de fausses clés
Pour de longs voyages de naufragés
Dont la maison d’exil dans l’eau
La cendre et le vent sont bien accordés
page 12
Gagnée par l’obscurité
Une étoile assiste à sa propre chute
Suivant la trajectoire d’un claquement de [fouet
Belle voyageuse
Portant la vie comme un bouquet
Les brumes de ta jupe tournoient sur l’herbe
Ta chemise soulève la nuit
Tandis que sur leurs pilotis
Croissent les parfums des labours
page 18
Poèmes Tome 1 et Tome 2 de Jean-Loup Fontaine
sortis de chez l'imprimeur hier 16 mai 2023
arrivés ce matin, 17 mai à 9 H 20
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Jean-Loup Fontaine, 15 mars 1947-12 mai 1993
poète, a obtenu le prix Max-Pol Fouchet en 1993
il a appris la nouvelle sur son lit d'hôpital
le recueil est paru à titre posthume, à l'automne 1993
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son oeuvre poétique était épuisée depuis longtemps
Marie-Pierre Fontaine a fait un remarquable travail d'épitaphière pour restituer sa parole de poète
Les Cahiers de l'Égaré ne pouvaient qu'être solidaires de ce projet
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J'ai connu Jean-Loup Fontaine dans les années 1969-1974.
Je l'ai invité pour quelques jours d'été à Corsavy en 1970 et 1971
Il est présent dans les rushes Nos années super 8
J'ignorais à l'époque que Jean-Loup était poète
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Marie-Pierre Fontaine m'a sollicité par mail, le 27 janvier
j'ai répondu favorablement le 2 février
les deux tomes existent depuis le mercredi 16 mai avec un achevé d'imprimer daté du 1° mai
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Tome 1, 220 pages, 13,5 X 20,5, PVP 15 €, ISBN 978-2-35502-140-4
Tome 2, 202 pages, 13,5 X 20,5, PVP 15 €, ISBN 978-2-35502-142-8
distribution par Soleils-diffusion, 3 rue Jean Dollfus d'ici 1 mois
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Le prix Max-Pol-Fouchet est un prix littéraire annuel de poésie créé par l'association L'Atelier imaginaire fondé par Guy Rouquet. Il vise à promouvoir un poète inconnu ou méconnu du grand public en éditant son recueil. Le choix est réalisé par un jury international de 23 membres.
Le 1° prix Max-Pol Fouchet a été décerné en 1982
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Max-Pol Fouchet (1913-1980)
Né en 1913 dans le Cotentin. Il vit à Alger de 1930 à 1945. En 1939, il dirige la revue Fontaine, créée par Charles Autrand. Cette célèbre revue, qui accueillit des écrivains tels qu’Aragon, Henri Michaux ou André Gide défend la liberté et se définit comme un acte de résistance. Max-Pol Fouchet, poète, romancier, essayiste, musicologue est aussi un homme de radio et de télévision où il anime plusieurs émissions. En véritable passeur, il contribue fortement à la promotion de la poésie car il considère la création poétique comme une voie vers la connaissance de l’homme. L’actuel prix Max-Pol Fouchet est destiné à faire connaître un poète inconnu ou méconnu.
PRÉFACE À LA SECONDE ÉDITION 1° MAI 2023
Trente ans après la disparition de Jean-Loup Fontaine, tous ses recueils étant épuisés et donc introuvables en librairie, une seconde édition complète s’est imposée. En effet, il a toujours refusé d’écrire sa biographie, il disait : si on veut me connaître, il suffit de lire mes poèmes... Encore doivent-ils être disponibles, en dehors des bibliothèques de Lille, Loos-en-Gohelle et Ronchin.
Que ce soit en 1990, à l’occasion de la publication de son recueil Un chemin entre le pain et l’eau, (reproduit au début du recueil) ou en 1992 dans sa lettre de présenta- tion à Guy Rouquet pour le jury du Prix Max-Pol Fou- chet : « J’ai quarante-cinq ans, je suis marié, père de trois enfants, salarié aux PTT. Mes rapports à l’écriture ?... » suivent cinq pages très denses développant ses rapports à la poésie, il n’en dira jamais plus : seule son écriture importait.
C’est d’abord par des concours de poésie qu’il publie Passages secrets (prix de la SPAF 1988), L’éducation senti‐ mentale (prix de la Ville d’Angers en 1988), et Le grenier à sommeils (prix de 15/10 éditions 1989).
Jean Dauby, poète et directeur des Cahiers Froissart, décide de publier Un chemin entre le pain et l’eau, enchanté par l’écriture de Jean-Loup Fontaine, ce qu’il renouvellera en hommage avec Le complexe de midi fin 1993.
En 1991, Jean-Loup s’est associé avec son ami Christian Hemeryck (rencontré lors du Prix de la Ville d’Angers) pour écrire la première partie de Éclatements vus de l’intérieur : c’est une auto-édition, réalisée par les enseignants et les élèves de l’imprimerie du Lycée Colbert de Tourcoing.
Ces publications donnent lieu de à multiples rencontres, lectures, spectacles de poésie et musique, notamment avec ses amis poètes et comédiens, Chantal Lammertyn et Hervé Leroy, et la flûtiste Christine Kokelaere. Devant la maladie qui progresse, ses amis des Éditions Rétro-Viseur lui font un cadeau : écrire avec lui «à quatre mains» Chemin de ronde, dernier contrat qu’il pourra signer en février 1993. Il en est très ému. Ces mêmes amis éditeront le dernier texte de Jean-Loup écrit avec Chantal Lammertyn : Le Héros quotidien, à titre posthume.
Il a été immensément heureux d’apprendre, sur son lit d’hôpital, sa réussite au prestigieux Prix Max-Pol Fouchet : L’âge de la parole, texte le plus « autobiographique » de son œuvre. Il paraît à l’automne 1993, lors des Journées Magiques organisées par Guy Rouquet, fondateur du Prix.
Ce magnifique texte donne lieu à une création théâtrale et musicale par Alain Bauguil, directeur du Théâtre du Fenouillet (Montélimar) L’Âge de la Parole, joué une dizaine de fois dans le Nord, à Lourdes et au Fenouillet.
«La plus belle écriture» que recherchait Jean-Loup Fontaine, lui a survécu : Jean-François Manier a tenu à éditer un texte bouleversant : L’épreuve de la pierre, écrit en juillet 1992. Jacques Bonnaffé en a fait une lecture extraordinaire à la Médiathèque de Tourcoing... L’éditeur avait fait le choix, à juste titre à ce moment-là, de ne pas y joindre « l’avertissement » : le livre y a gagné en force. Maintenant, c’est différent, l’avertissement a été ajouté à cette seconde édition.
Et puis, mais il n’y a pas de hasard, que des rencontres, phrase d’André Breton que Jean-Loup affectionnait : un ancien ami parti à Bordeaux et devenu éditeur, Didier Périz, achète ce recueil, se souvient, reprend contact, désolé d’apprendre ainsi la disparition de celui qu’il a connu à Lille, et il édite en 1996 aux Éditions Opales, La Mémoire est pierre d’attente, manuscrit tout prêt à être envoyé, comme cinq autres manuscrits... là encore, des lectures publiques et des spectacles...
Dernier clin d’œil à ce jour : c’est encore le groupe d’amis poètes de Rétro-Viseur qui édite Rebords et marchepieds en 2001, détournement oulipien de recettes de cuisine.
Restent des manuscrits mis en page par Jean-Loup, prêts à être envoyés à des éditeurs, tous témoins de recherches et d’expériences d’écriture qu’il a toujours tentées : Tentative d’encerclement de l’écho, L’absence en toutes lettres, L’apprenti nuage, Féminin pluriel, La droite de l’épée. Ils dorment, attendant peut-être une édition « d’inédits » ?
Remerciements à l’éditeur Jean-Claude Grosse, qui a accepté de prendre en charge ce travail, et à Robert
Lux, Pascale Roche, Christian Hemeryck, Joëlle Rotré, pour leurs relectures amicales.
Un grand merci aussi au comédien Hervé Leroy et la musicienne Christine Kokelaere qui accompagnent cette réédition avec la création d’un spectacle Paroles de Fontaine, survol émouvant de l’œuvre de Jean-Loup.
Marie-Pierre Fontaine-Meunier, Ronchin, mars 2023
dernier texte du Tome 2, page 195
tiré de Rebords et marchepieds (décembre 2000)
CONFIANCE SAPÉE
Amoncelez les bévues avec ferveur sous la douche, et aguérissez-vous contre la suffocation en remplissant une boîte de cumulo-nimbus.
N’ayez pour obsession que votre connivence avec les pommiers.
Fustigez le veuvage et la placidité, fendillez un trottoir comme un poussin son œuf, aggravez les bévues. mais trébuchez le moins possible en reve- nant de l’embellie, de la droiture.
Etayez le socle de la patience, car elle est très frileuse. Les pommiers, eux, devront être rompus au bord d’une falaise.
Une fois sapée, la confiance est une casemate imprenable. Aucune importance : les pierres ne men- tent pas, l’effusion y culmine.
Poémes, Letters, d'Jean-Loup Fontaine - poésie française
A publié L'Âge de la parole, prix Max-Pol Fouchet 1993 (éditions la Différence), ainsi que La Mémoire est pierre d'attente, chez Opales en 1996. " Le vent, ô épousée, était alors si blond ...
https://www.wikipoemes.com/poemes/jeanloup-fontaine/index.php
1 poème
le prix d'un Goncourt / artscénicum
Jean Carrière, le prix Goncourt qui ne supportait pas d'être dans la lumière
Dans " Enquête sur un roman ", Patrick Cabanel livre une excellente analyse littéraire et historique de " l'Epervier de Maheux ", sacré en 1972, et plonge dans la psyché de cet auteur singulier.
Dans "le Palais d'été " , Serge Velay se souvient de l'auteur de "l'Epervier de Maheux " , disparu en 2005. C'est une très belle déclaration d'amitié.
https://bibliobs.nouvelobs.com/l-humeur-de-jerome-garcin/20160215.OBS4662/pour-jean-carriere.html
VIDÉO DE PRÉSENTATION DU SPECTACLE
Jean Carrière né le à Nîmes ( France) et mort dans la nuit du 7 au dans cette même ville, est un écrivain français. Son père Edmond Carrière a donné son nom à une rue de Nîmes. D'origin...
ce que ne dit pas cet article, c'est le blacklistage par la presse parisienne de cet auteur "régionaliste" après la parution remarquée du prix d'un Goncourt
Jean Carrière - Gard Info, l'e-magazine du Conseil départemental
Prix Goncourt 1972 pour L'Épervier de Maheux Jean Carrière est âgé de 44 ans lorsque le prix Goncourt est décerné à son œuvre. Il est alors le second Gardois à l'obtenir, après Marc Berna...
je note l'autre Goncourt de 1942 pour Pareils à des enfants, le Gardois Marc Bernard, grand romancier, aujourd'hui méconnu, dont j'ai lu 3 romans, la mort de la bien-aimée, au-delà de l'absence, tout est bien ainsi
Prix Goncourt Jean Carrière | INA
Reportage consacré à l'écrivain Jean Carrière auteur du roman "L'épervier de Maheux" lauréat du prix Goncourt.Le sujet commence par l'annonce du prix Goncourt 1972 par Armand Lanoux à Jean C...
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/rbc9304281414/prix-goncourt-jean-carriere
Jean Carrière : le prix Goncourt | INA
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https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/rxf04027392/jean-carriere-le-prix-goncourt
Jean Carrière dans une école; on n'a rien inventé
la fabrique du livre selon Marcel Proust dans Le temps retrouvé / déjà des logiciels performants pour aider les écrivains, demain, les remplacer et ce ne sera paa grave du tout car tout a déjà été dit, informé, implié selon David Bohm, tout est dit, tout sera dit et chacun est donc une redite, une prédite, une récitation, une prédication... opter pour le silence qui contient rien donc tout / un romancier, académicien, ose et s'attend à tout de la part du prédateur, acheter tout le tirage et chez son pote, le mettre aux flammes; la parole ou l'écrit peut avoir du pouvoir dans un sens comme dans l'autre et simultanément
Jean Carrière à propos du prix Goncourt | INA
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https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i19308698/jean-carriere-a-propos-du-prix-goncourt
3 fois sentiment d'être responsable : de la mort du père, de la maladie de sa femme (silence), de l'impuissance à écrire / très grande lucidité de Jean Carrière mais dans le cadre de la philosophie dominante du temps, la philosophie de l'absurde; aujourd'hui, on peut avoir d'autres visions, d'autres horizons
Jean Giono et la prison (Entretien avec Jean Carrière)
Extraits issus de " Jean Giono, du côté de Manosque " entretiens avec Jean Carrière (Les Grandes Heures Ina / Radio France - Sortie le 2015-06-22) (Entretiens radiophoniques enregistrés à Mano...
Jean Carrière a été secrétaire de Giono
Carrière, qui se dira victime du Goncourt, doit attendre de longues années avant de recommencer à publier des romans ; il bâtit alors, et depuis le Retour à Uzès de 1967, une œuvre remplie des hantises du paradis perdu et du temps meurtrier. Elle invite à voir dans l' Epervier de Maheux non pas un récit "rural" ou "régionaliste", mais un roman puissamment biblique et métaphysique, peut-être un des sommets de la littérature de l'absurde.
Dans les Cévennes ,l'historien Patrick Cabanel enquête sur L'Epervier de Maheux et Jean Carrière
A Barre des cévennes en Lozère et à l'occasion de l'ouvrage" Enquête sur un roman. L' Epervier de Maheux et Jean Carrière" les éditions le bousquet- la barthe présentent un entretien entre l...
un livre récent qui semble promettre
La lecture du roman " L'épervier de Maheux ", de Jean Carrière (prix Goncourt 1972), est une manière passionnante et différente de faire connaissance avec la can de l'Hospitalet et les vallées...
https://www.reveeveille.net/cevennevivante/lepervier-de-maheux/
un article régionaliste sur l'assez mauvaise réception de Jean Carrière par les cévenols; cela a été vrai aussi pour Michel Llory, auteur de L’expulsion ou Histoire du dernier berger de la Riuffer, éd. Stock, 1991 (roman). Vrai aussi de Pierre Hubac, auteur de Tistou les mains vides (1951) sur Le Revest
quand les gens du cru décrits trouvent le roman trop noir; deux exemples; peut-être vrai aussi de Giono, faut vérifier; et Pagnol ?
Léonard Marc Bernard, né le à Nîmes où il est mort le , est un écrivain français, lauréat du prix Interallié pour en 1934, du prix Goncourt en 1942 pour Pareils à des enfants , et du prix...
d'origine ardoise, Marc Bernard, prix Goncourt 1942 pour Pareils à des enfants, promoteur de la littérature dite prolétarienne
La mort de la bien-aimée/Au-delà de l'absence/Marc Bernard - Blog de Jean-Claude Grosse
La mort de la bien-aimée Au-delà de l'absence Marc Bernard L'imaginaire Gallimard http://marcbernardecrivain.blogspot.fr/ ...
magnifiques récits d'un auteur oublié, partisan de la littérature dite prolétarienne
Tout est bien ainsi / Marc Bernard - Blog de Jean-Claude Grosse
Tout est bien ainsi Marc Bernard Récit Gallimard, 1979 Après La mort de la bien-aimée (1972) et Au-delà de l'absence (1976), j'ai voulu lire le 3° récit écrit par Marc Bernard en lien avec l...
https://les4saisons.over-blog.com/article-tout-est-bien-ainsi-marc-bernard-116864725.html
d'une grande acuité et actualité quand on a fait un certain chemin de lucidité et d'humilité
Julien Gracq à propos du prix Goncourt | INA
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https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i12303234/julien-gracq-a-propos-du-prix-goncourt
lire la littérature à l'estomac; et d'autres auteurs et essais genre La trahison des clercs...
Goncourt, le prix du refus : épisode 3/4 du podcast Les prix littéraires
Première diffusion du 31.10.2016 au 03.11.2016 Julien Gracq, que l'académie Goncourt sacre contre sa volonté en 1951 pour Le rivage des Syrtes, exprime haut et fort la position de l'écrivain en...
ChatGPT. Apprendre à chevaucher la bête : le défi de l'Intelligence Artificielle à l'école
Le 2 février 2023, un ministre de l'Éducation nationale met en garde la jeunesse française quant à l'utilisation d'une intelligence artificielle pour faire les devoirs. Il se dit " préoccupé ...
donc des loiciels aident les écrivains, de l'IA aide à rédiger des devoirs pour des élèves et étudiants maîtrisant mal syntaxe et orthographe; manque dans cet outillage, les logiciels triturant l'écriture d'un roman pour la rendre illisible sous forme de tweets de 280 caractères maxi
777 views, 15 likes, 4 loves, 1 comments, 31 shares, Facebook Watch Videos from Vincent Cespedes: ChatGPT : Donner de nous 4e épisode de l'entretien sur le révolution ChatGPT à l'ecole et dans n...
https://www.facebook.com/VincentCespedesPage/videos/701849048090804/
4 épisodes sur le chatGPT de Vincent Cespedes
sur la page de Jon Norris, un méditant
Il était une fois l'espace, il était une fois la vie
Que connaît-on de l'apparition de la vie sur Terre, chimiquement parlant ? A quand remonte l'idée d'une chimie organique prébiotique ? D'où est venue l'idée d'une panspermie ? En quoi l'expér...
les panspermies depuis Anaxagore (rajouter Anaximandre) et autres hypothèses
L'ADN peut être influencé et reprogrammé par des mots et des fréquences - rusty james news
Les dernières recherches scientifiques expliquent directement ou indirectement les phénomènes tels que la clairvoyance, l'intuition, les actes de guérison spontanée et à distance, l'autoguér...
http://rustyjames.canalblog.com/archives/2013/09/14/28013295.html
blog sur lequel on trouve l'article que j'ai reproduit à partir de la page de Thierry Zalic
point de vue de Michel Schwab sur l'article ADN reproduit par Thierry Zalic sur sa page, que j'avais moi-même archivé :
Au commencement était le Verbe
Voyons maintenant, en pratique, comment se déroule cette " constante conversation silencieuse entre le corps et le " monde-de-la-vie ", cette " danse de la coordination réglée par une chorégrap...
il faut dérouler l'article pour trouver le développement sur le rhéomode de David Bohm et s'apercevoir que des sociétés premières usent des verbes et non des noms dans leurs relations au monde; Cendrars avait remarqué cela dans son Anthologie nègre
L’HOLOMOUVEMENT SILENCIEUX SANS DIRECTION NI BUT
Pour quelles raisons le moment présent et le silence sont-ils importants? Parce que l’univers, dans sa totalité, doit être considéré comme l’unité organique d’un seul et même Vivant. Celui-ci est animé par un seul et même mouvement englobant et dominant tous les mouvements se déployant dans tous les niveaux d’énergies et toutes les dimensions. David Bohm le désigne par l’expression d’« Holomouvement ». L’Holomouvement est complètement différent de tous les mouvements que nous connaissons. Ceux-ci sont conditionnés par les coordonnées de temps, d’espace, de causalité. Ce sont des mouvements linéaires. L’Holomouvement est un mouvement de création, intemporel, a-causal, non-linéaire, sans direction. Il peut être considéré comme le battement de cœur du Grand Vivant, mais cette expression n’est pas adéquate parce qua le mot « battement » implique des coordonnées de temps et d’espace.
Ceci nous montre l’importance de l’invention d’un nouveau langage. Nous nous heurtons ici, uns fois de plus à une impossibilité parce que de toute évidence les langages qui nous sont accessibles portent les empreintes indélébiles du temps, de l’espace, de la causalité. Telles sont les raisons pour lesquelles les formes les plus dépouillées de l’expérience mystique évoquent la nécessité du silence. De ce point de vue, l’accord est complet entre Krishnamurti, Maître Eckhart, la Ch’an, la Taoïsme, l’Advaïta Védanta, le Soufisme, etc.
Nous ne soupçonnons pas l’ampleur de la corruption qu’engendre l’emploi du langage commun dans notre vie intérieure. Un défilé constant de mots en trouble la quiétude. Il n’y a pas de pensée sans mot. Ces échos du passé, porteurs, la plupart, de valeurs absolument fausses font obstacle à la perception du Présent, Nous subissons presque tous, sans réagir, le vacarme d’un langage négatif qui se limite à la mesquinerie de nos auto-occupations.
David Bohm souligne le rôle nocif du langage et le rôle important qu’il joue dans l’obscurcissement de la vraie nature de la Réalité.
Selon Stan Grof, « le langage contribue à créer la fausse notion d’éléments statiques, non changeants dans un monde, qui, par nature, est lui-même un processus dynamique. En même temps, il soutient l’illusion d’entités séparées dans un monde de plénitude indivise.
La clé du rôle instrumental du langage, qui nourrit la perception fragmentée (fausse) du monde et la pensée en termes d’entités séparées interagissantes est la structure verbe/objet des phrases qui caractérisent le langage moderne. Bohm a développé un nouveau mode expérimental de langage : le Rhéomode, qui insiste sur le processus de Plénitude indivise, en donnant une fonction basique au verbe, de préférence au nom.
Nous trouvons ici uns tentative d’application dans le langage des deux aspects de l’Univers. D’abord le Vivant, ensuite le résiduel intervenant à titre second et dérivé. Tous deux sont englobés dans l’Holomouvement, mais le Verbe reste toujours prioritaire par rapport à l’objet. Il n’y a pas d’objet, pas de chose, pas d’entité. Il n’y a que des processus. Il n’y a que des événements. Nous devrons le répéter inlassablement. Il existe une véritable perfidie du langage. La presque totalité de l’espèce humaine actuelle est entièrement piégée dès la naissance, et même avant celle-ci.
Un exemple de la difficulté d’évoquer l’Holomouvement se trouve su cours des dialogues entre Krishnamurti et David Bohm. Faute de terme adéquat ils n’ont d’autre possibilité que celle d’utiliser l’expression paradoxale d’un mouvement qui n’est pas du mouvement (semblable à celui qui nous est familier). C’est ce que nous avons désigné dans nos essais par « mouvement de création ». Celui-ci se situe au niveau de ce que David Bohm appelle la « source » ou l’ordre super-impliqué.
Mais le silence n’est pas l’absence de bruits extérieurs, de paroles. Le silence véritable est le Présent par excellence. Le seul obstacle au silence est formé par le vacarme permanent de la pensée. L’activité continuelle du mental s pour objet essentiel des éléments liés à notre auto-occupation. Ces éléments sont constitués par des échos résiduels de notre pensée. Ceux-ci sont eux-mêmes liés aux mémoires de l’inconscient collectif que Krishnamurti appelle l’« égo de l’humanité ».
En l’absence de ces mouvements habituels, mesquins, inutiles et destructeurs pour la plupart, nous accédons naturellement à l’état de silence créateur. Dès cet instant la nécessité d’avoir recours à une autre forme de langage disparaît. Pourquoi ?
Dans le silence véritable se révèle la présence d’une plénitude d’énergie, de conscience, d’amour éclipsant tout recours ou toute nécessité d’un langage.
L’Holomouvement se suffit à lui-même. Il englobe la dualité de l’expérimentateur et de l’expérience dans l’intimité d’uns lumière dont la clarté révèle l’incomplétude du langage habituel.
Nous abreuvant d’instant en instant à la Source d’énergie et de lumière du Présent, nous sommes à tel point comblés de richesses intérieures qu’il est naturel qua celles-ci débordent dans ce qui reste de nous physiquement et nous suggèrent le partage.
Nous nous heurtons dès lors à ces difficultés de communication inhérentes aux limites du langage habituel. Ceci est d’autant plus évident qu’il est indispensable d’associer dans notre commentaire le silence véritable au Vide. Nous avons insisté sur le fait paradoxal de la plénitude du Vide. Précisons ici que le Vide doit être compris comme l’absence complète de toutes nos valeurs habituelles, images, souvenirs, formes, mots, échos du passé. Le « vide » dont il est question ici ne peut être confondu avec le néant,
L’UNIVERS S’AUTOGENERE
En quoi chaque instant présent est-il unique ?
Chaque instant présent est unique parce que l’univers n’est pas une gigantesque mécanique dont les rouages tournent toujours de la même façon. Il n’y a jamais de répétitions. Au contraire ! L’Histoire de l’évolution est celle d’uns prodigieuse aventure dont les rythmes se situent en dehors des lois connues du hasard ou de l’anti-hasard. Ainsi que le souligne I. Prigogine, les processus de la nature comportent une prédominance d’irréversibilité, de création et d’improvisation. Chaque instant présent comporte un patrimoine informationnel absolument unique qui ne se présentera plus jamais. Son contenu change constamment. En plus de ce qui précède, chaque instant est en interaction avec les changements qui se produisent dans les autres dimensions ou plans de l’univers.
Les intuitions des sagesses antiques sont confirmées par les sciences nouvelles de 1988. Celles-ci enseignent que tous les événements illustrant l’histoire d’un univers sont mémorisés sous forme de champs indestructibles. Le patrimoine informationnel de l’univers s’accroît donc constamment en vertu de l’indestructibilité des enregistrements mémorisés. Chaque instant présent est donc différent et unique.
Ce processus de mémorisation constante constitue l’une des forces axiales présidant au devenir évolutif. L’énigme apparente des mutations est en voie de résolution. Les mutations sont plus apparentes que réelles.
La soudaineté des changements évolutifs est la manifestation d’un processus constant et lent de mémorisation se poursuivant dans d’autres dimensions de l’univers, invisibles à nos yeux, mais très réelles...
Robert Linssen, site maaber.org
auteur du livre, Krishnamurti, précurseur du III° millénaire
Et ton livre d'éternité ? Jean-Claude Grosse + Vita Nova
Dans ce roman polyphonique et labyrinthique de 666 pages, Jean-Claude Grosse, facétieux porteur de masque et joueur de rôle, praticien fantasque de la « commerie » nous livre à 81 ans, une œuvre bien plus vivifiante que testamentaire.
Interrogé par l’épousée lors de son admission à l’hôpital, un mois avant sa disparition : je sais que je vais passer, où vais-je passer ? l’auteur sonné et sommé de répondre est tombé sur ce paradoxe :
Ce qui passe ne reviendra pas, nevermore, mais il sera toujours vrai que ça a eu lieu, for ever.
Le passé passe mais ne s’efface pas. Un livre d’éternité s’écrit donc par chacun d’entre nous, un livre unique, le nôtre, infalsifiable, inoubliable.
Où passe-t-il ? Quand le rend-on ? Tout livre d’éternité est un livre en vérité, atemporel, acausal même si les épisodes sont datés et explicables, une divine comédie qui ne s’ignore pas.
En le rendant, on en a fini avec les romans et romances de sa vie.
Le sommaire non paginé aux pages 623-626 donne un aperçu des thèmes abordés par l'auteur. Il n’évite aucune des préoccupations politiques, sociales, sociétales, écologiques de la période, ni aucune des interrogations philosophiques et spirituelles interpellant les hommes depuis des temps très anciens.
Toujours en mouvement, le scripteur en état de flow ou d'autohypnose nous déroute et parfois même nous envoûte par la variété de ses écritures.
J.-C. Grosse: un intellectuel singulier
J.-C. Grosse : un intellectuel singulier Jean-Claude Grosse n'est pas forcément connu des lecteurs de Médiapart, et pourtant il " en fait des choses " : éditeur des Cahiers de l'Egaré, homme de...
https://blogs.mediapart.fr/yvon-quiniou/blog/201221/j-c-grosse-un-intellectuel-singulier
premier papier du philosophe Yvon Quiniou sur Et ton livre d'éternité ?
Et ton livre d'éternité ? de Jean-Claude Grosse + Vita Nova
L'auteur de ce livre d'éternité fut le jouet pendant 80 ans de la commerie. Je-Moi-Lui faisait comme tout le monde. Porteur de masques, joueur de rôles, il fut un faussaire, un imposteur. À 80 ...
Macronique, ouvrez livre et cahier de l'Egaré
Ça y est il l'a rendu ! Quoi ? Mais non pas son âme. Cela peut se faire. Cela se fera. Il sait qu'il va passer... Mais où ? Lui le sait. Il rejoindra l'épousée. Et ce fils perdu sur une route ...
chronique du journaliste Jacques Larrue
ET TON LIVRE D'ETERNITE ?
Jean-Claude Grosse
Les Cahiers de l'Egaré
par Rachel Kaposi
« Où va-t-on au bout du temps fini » ? demande l'épousée.
Telle est la question essentielle, fil rouge du livre, qui ressurgit, tel un leitmotiv, tout au long du livre.
Peut-on alors envisager une autre réponse que celle de ces signes indélébiles déployés sur 666 pages pour fixer ce que la mémoire pourrait effacer ? Et aussi percevoir l'importance de ce livre-cadeau offert un 14 février à une absente toujours présente.
« La demande est surhumaine », dit l'épousé.
« Mais ce qui est humain, c'est notre promesse. »
Pour entrer dans le cœur du livre, puisqu'il s'agit de toute évidence d'un livre de cœur, j'ai tenté de me rapprocher de Lui-Je et de Je-Lui, et de cette identité se dédoublant pour mieux s'envisager.
JE n'a pas d'âge, et paraît extrêmement vivant dans cette façon qui est sienne de « Poétiser » ainsi les différents moments de la vie quotidienne, « sans originalité à tout prix ».
Devenu « agitateur culturel », il s'interroge, et cherche à donner sens aux événements en tentant de reconstituer les éléments du puzzle.
Reconstituer, recoller, c'est faire le choix du symbolique (en recollant les morceaux du bol brisé).
« Ce qui me tourmente... C'est un peu, dans chacun de ses hommes, Mozart assassiné »
Ne serait-il pas là, le moteur d'action de JE-LUI dans le monde et la culture ?
Lui-je, hiérosolymitain d'Avers sous les eaux.
Toujours à l'affût. Faisant en sorte pour que rien de bien ne se perde .
Lui-je, incarnation de l'amour infini.
Tellement perceptible dans le dialogue entre deux âmes sensibles, le grand-père et la petite-fille, capables de dialoguer vrai tout au long de conversations nous faisant cheminer au cœur même de leurs deux intelligences croisées.
« Vivre dans une réalité élargie », dit la petite fille qui me fait ainsi découvrir ses sept pouvoirs : « celui du soleil, celui de la lune, celui de l'eau, celui de l'air, celui de la terre, celui des fleurs et celui de la Nature (avec un N majuscule).
Elle qui a déjà compris la nécessité de mots ayant un sens, et qui préfère se taire plutôt que parler pour ne rien dire.
La vie est comme une épopée, avec ses zébrures blanches et noires., pensent-ils.
Et c'est ainsi que cet incroyable parcours conduit à la naissance, un 25 décembre 2020, jour de Solstice d'hiver, à 00 h, de « Je suis Vita Nova ».
« J'irai sur mon chemin de vie jusqu'à cessation de vie, remplissant la mission de vie qui semble être la mienne : la bienveillance par les mains, le regard, les sourires, du silence d'accueil... », écrit-il.
Sans doute s'agit-il d'accéder à une nouvelle dimension, à de nouvelles valeurs (d'humanité, d'empathie).
L'enjeu est immense.
Pour devenir ange. Et gai rire des maux passés.
Et ton livre d'éternité ? Jean-Claude Grosse + Vita Nova
format 16 X 24, paru le 14 février 2022
les abonnés ont été servis en décembre 2021 comme annoncé
666 pages dont 6 en quadrichromie
ISBN 978-2-35502-130-5 / PVP 28 € /
Licence Creative Commons
L’écrivain / Jean-Claude Grosse
hiérosolymitain d'Avers sur les eaux / d’Avers sous les eaux depuis le Déluge /
et de Corps Ça Vit /
et / Vita Nova
Les Cahiers de l’Égaré 669 route du Colombier 83200 Le Revest-les-Eaux
Aphrodite's Child and Irene Papas- Infinity ∞
Band : Aphrodite's Child and Irene PapasSong : ∞ (Infinity) Album: 666 (1972)Painting: Saint Anna by Nikos Gabriel Pentzikis (1908-1993)
infinity by irène papas et aphrodite's child, une performance "diabolique" ?
Voilà un livre d’éternité de 666 pages, placé sous le signe du diable, le tentateur qui propose à chacun de démesurer son nombril.
L’auteur de ce livre d’éternité, Celui qu’on appelait communément J.C., hyérosolymitain d’Avers sur les eaux, d’Avers sous les eaux depuis le Déluge et de Corps Ça Vit, appellation non brevetée, non protégée l’identifiant par nom-prénom, date et lieu de naissance, taille 1,69, sexe de taille XXL, fut le jouet pendant 80 ans de la commerie.
Je-Moi-Lui faisait comme tout le monde. Porteur de masques, joueur de rôles, il fut un faussaire, un imposteur.
À 80 ans passés, Lui-Je-Moi fut pris de fou-rire, il s’allégea puisqu’il n’était rien ni personne.
Moi-Lui-Je, Celui qu’on appelait communément J.C., donna naissance le 25 décembre 2020 à 00H00 à Vita Nova, un esprit totalement woke, inidentifiable, sans sexe, sans âge, sans genre, sans espèce, sans Histoire, sans mémoires, localisé comme corps, non localisable comme esprit, intemporel et acausal, un trou noir obscur à soi, absorbant toute tentative de mise en lumière.
traverser le livre d'éternité en traversant l'univers d'aphrodite's child dans l'album 666, sous le chiffre du tentateur
oeuvres de Marie Morel et de l'artiste argentine Lucy Pereyra accompagnent les 6 livres du Livre d'éternité, un roman polyphonique de 666 pages pour 81 ans de vie disant merci la Vie, à paraître le 14 février 2022
« Je crois bien que notre vie intérieure tout entière est quelque chose comme
une phrase unique entamée dès le premier éveil de la conscience,
phrase semée de virgules, mais nulle part coupée par des points. »
Henri Bergson, L'énergie spirituelle, (in Oeuvres, édition du centenaire, Paris, P.U.F., 1963, p.858)
« Les vies que nous n’avons pas vécues, les êtres que nous n’avons pas aimés, les livres que nous n’avons pas lus ou écrits, ne sont pas absents de nos existences. Ils ne cessent au contraire de les hanter, avec d’autant plus de force que, loin d’être de simples songes comme le croient les esprits rationalistes, ils disposent d’une forme de réalité, dont la douceur ou la violence nous submerge dans les heures douloureuses où nous traverse la pensée de tout ce que nous aurions pu devenir. »
Pierre Bayard, Il existe d’autres mondes, (Les Éditions de Minuit, 2014)
en exergue de D’autres mondes de Frédéric Sonntag, Éditions théâtrales, avril 2021
en lien avec L’hypothèse du Tout et La Révolte des ressentants de Leafar Izen
Mise en gar_e
Καταστροφή / catastrophe
(définition trouvée dans les ruines de Pompéi par Pascal Quignard et rapportée dans Le sexe et l'effroi, p.79 ap. J.C., AD 79)
Καταστροφή / catastrophe est la rupture grave du fonctionnement d'une communauté ou d'une société impliquant d'importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources
(définition transportée vers Mars par la navette Atlantis 2 financée par Élan Muské de Space-XXL et propulsée avec les dernières gouttes de combustible fossile après la catastrophe provoquée par la rencontre probable mais imprévue entre une plaque continentale et une plaque océanique coupant une moitié de la Terre en deux, laissant le magma à 1200° s’épandre en lave à la surface des deux moitiés de la moitié de Terre cherchant à se réconcilier avec l’autre moitié)
Les derniers jours de l'humanité
Au secours, les tués ! Assistez-moi, que je ne sois pas obligé de vivre parmi ces hommes qui ont ordonné que des cœurs cessent de battre ! Revenez ! Demandez-leur ce qu’ils ont fait de vous ! Ce qu’ils ont fait quand vous souffriez par leur faute avant de mourir par leur faute ! Cadavres en armes, formez les rangs et hantez leur sommeil. Ce n’est pas votre mort – c’est votre vie que je veux venger sur ceux qui vous l’ont infligée ! J’ai dessiné les ombres qu’ils sont et je les ai dépecés de leur chair ! Mais les pensées nées de leur bêtise, les sentiments nés de leur malignité, je les ai affublés de corps ! Si on avait conservé les voix de cette époque, la vérité extérieure aurait démenti la vérité intérieure, et l’oreille n’aurait reconnu ni l’une ni l’autre. J’ai sauvegardé la substance et mon oreille a découvert la résonance des actes, mon œil le geste des discours, et ma voix, chaque fois qu’elle citait, a retenu la note fondamentale, jusqu’à la fin des jours.
Écrite entre 1915 et 1919, cette pièce action éclatée en centaines de tableaux et une foule de personnages sans héros.
L’auteur Karl Kraus fut poursuivi pour pacifisme quelques mois avant la fin de la guerre. Pourtant, les faits mis en scène ici se sont réellement produits ; les conversations les plus invraisemblables ont été tenues mot pour mot ; les inventions les plus criardes sont des citations ; la chronique a reçu une bouche, de grandes phrases sont plantées sur deux jambes – et bien des hommes n’en ont plus qu’une…
Devant la porte
Un homme rentre en Allemagne. Mille jours durant, il a attendu dans le froid. Et après avoir attendu mille nuits dans le froid, il peut enfin rentrer chez lui. Et la vie qui l’attend ressemble à un film hallucinant. Il doit se pincer, ne sachant pas s’il rêve. Il s’aperçoit alors qu’il y a des gens qui vivent la même chose que lui. Il se rend compte que c’est un film ordinaire. L’histoire d’un homme qui rentre en Allemagne, comme tant d’autres. Tous ces gens qui reviennent chez eux sans pourtant rentrer car ils ne savent plus où aller. Chez eux, c’est dehors, devant la porte. Leur Allemagne, elle est là dehors, dans la nuit, dans la pluie, dans la rue. Voilà leur Allemagne !
Né à Hambourg en 1921, envoyé sur le front russe en 1941. Il en revient blessé et malade et passe la guerre entre l’hôpital, le front, et la prison, pour automutilation et activités subversives.
En janvier 1947, il écrit en une semaine la pièce qui fait de lui le premier écrivain célèbre de l’après-guerre allemande et, avec Heinrich Böll, l’un des représentants majeurs de la littérature des ruines : Dehors devant la porte, le récit du retour de Beckmann, simple soldat dont le foyer n’existe plus.
Beckmann a plongé dans le fleuve pour mettre fin à ses jours. À l'Elbe qui désire savoir ce à quoi il aspire, il répond : Pioncer. Là-haut, à la surface, je ne tiens plus. Je ne supporte plus. C'est pioncer que je veux. Etre mort, toute la vie. Et pioncer. Enfin pioncer en paix. Pioncer dix mille nuits d'affilée.
Mais l'Elbe lui répond résolument qu'il ne peut rester : Commence par vivre. Commence par vivre.
Wolfgang Borchert meurt le 20 novembre 1947, la veille de la première de sa pièce, à 26 ans.
en 5'44, un portrait d'auteur; le paradoxe de ce portrait c'est que l'auteur critique les gens atteints de "commerie", qui font comme et effet-miroir, son journal lui révèle comme il a fait "comme", un praticien de longue durée de la "commerie"
paradoxe, le sommaire du Livre d'éternité, traversée dantesque en 6 livres des enfers anciens et modernes, se trouve en fin de livre; voici donc un livre finissant par son commencement
Sommaire établi par l'auteur, ses avatars et ses métamorphoses
Les derniers jours de l'humanité
Dehors devant la porte
Livre I – au temps de l'apocalypse joyeuse /
autant en emporte le vent de chernobylhome /
autant en brasse l'océan de foukirira /
au temps du CAC 40 – COP 21 = COVID 19
1 – les migrerrants
2 – les marrantschiants
3 – 15 août 1971
4 – poison du 1° avril 2020 / le monologue du virus
5 – le temps du confinement
6 – admis aux soins intensifs
7 – le jour d'après
8 – sortie progressive du confinement
9 – contribution au jour d'après / nature et culture
10 – 9 juin 2021
Livre II – Romans polyphoniques de sa vie /
Ça vit choisit ses romans et romances
1 – La question (Question de vie et de mort)
2 – La déclaration inaugurale
3 – (Dés)apprentissage de la bêtise de la maîtrise
4 – La jeune fille de 16 ans
5 – Le jeune homme de 27 ans
6 – Grande Vie Cosmique / petite mort orgamisque / Intime / Extime
7 – La fabuleuse rencontre de Lola à La Béate, nid d'amour fusion de Serge et Lula
8 – Oui, je veux bien OUI
9 – Lola fille de joie
10 – Es-tu disponible ?
11 – 46 ans d'effet lune de miel
12 – 46 ans d'effet lune de miel (suite)
13 – Portrait de la femme aimée 40 ans après
14 – L'Éternité d'une seconde Bleu Giotto
15 – L’Éternité d’une seconde Bleu Giotto (à suivre)
16 – Les déambulations d'un confiné
17 – Brouillon à la 1° personne
18 – où j'en suis à 80 ans passés
19 – un manuscrit inédit
20 – rêve d'une école de la vie
21 – s'ensauvager l'été
22 – L’adolescente devenue Femme-Fâme
23 – Vivre les saisons au féminin que tu sois femme ou homme
24 – Voir / Recevoir le regard soudain lavé
Vladimir Vissotski "Chasse au loup"
Vladimir Visotsky est un acteur, chanteur, poete russe. Il vivait en Russie et en France, il etait mari d'une actrice francaise Marina Vlady. Il etait dissid...
pour lire autrement le livre IV consacré au Baïkal, au théâtre
Livre III – Sa vie antérieure /
Ça vit adesso et sempre hic et nunc
1 – Enfance /Adolescence (1940 - 1953)
2 – Enfant de troupe / Saint-Cyrien (1953 - 1962)
3 – Lieutenant dans l'Algérie indépendante (septembre 1962 - février 1964)
4 – Sociologie des lieux communs / Lacan (1964 – 1967)
5 – Mai 68
6 – Militant trotskiste-lambertiste (1969 - 1981)
7 – Les 4 Saisons d'Avers sous les eaux (1983 – 2004)
8 – Retraite (Jubilación) fin juin 1998 - ...
9 – Je suis Charlie / 11 janvier 2015
10 – Attentat du Bataclan / vendredi 13 novembre 2015
11 – Le temps des Gilets Jaunes (17 novembre 2018 – décembre 2019)
12 – Écrire le viol / Réflexions sur l'affaire Weinstein / Le Consentement /
13 – Bicentenaire de la mort de Napoléon /
Décapitation de Louis XVI /
Décapitation de Samuel Paty
14 – 150° anniversaire de la Commune
15 – Ses nouvelles convictions politiques
16 – 35 ans après Chernobylhome
17 - Cahier des futurs désirés pour Corps Ça Vit
18 - En attendant, je pleure
19 - Et puis après, j'ai souri
Livre IV – Baklany / Baïkal - Sillages / la Vie / l'Amour-Agapé
Le théâtre dans la vie / le théâtre et la vie / le théâtre dans le théâtre /
Dans le sillage de Baïkalal
Dans le sillage de Dasha K
Dans le sillage de Marilyn
Livre V – Pharmacon : Tu es Aimé Tu es mon Bien-Aimé
Livre VI – La naissance de Je Suis Vita Nova
Une histoire de la vraie vie racontée par Samuel le barbier
le paradoxe de l’écriture du livre d’éternité est que remplir 666 pages en format 16 X 24 pour 81 ans de commerie vide totalement de son énergie,
le scripteur ;
un feu intérieur le consume, particulièrement agressif au niveau de la peau qui le dé-mange,
écorché vif
déquasmant = démasquant
ses écailles et peaux mortes ;
le scripteur ignore comment l’homme va ressortir
de ces vases communicants
de sa Vie à son Livre
de son Livre à sa Vie
VIDE ?
à moitié vide, à moitié plein,
oscillant de moitié en moitié sans retrouver l’UN
=
en langage des oiseaux
VIE D’EUX =
VIE 2
comme maladie = mal a dit comme soigné = soi nié comme guérir = gai rire
le livre d’éternité s’achève dans le rire pour passer à une vie étrange comme étrange = être ange
Et ton livre d'éternité ? / JC Grosse + Vita Nova - Blog de Jean-Claude Grosse
premier papier du philosophe Yvon Quiniou sur Et ton livre d'éternité ? L'auteur de ce livre d'éternité fut le jouet pendant 80 ans de la commerie. Je-Moi-Lui faisait comme tout le monde. Porte...
https://les4saisons.over-blog.com/2022/02/et-ton-livre-d-eternite/jc-grosse-vita-nova.html