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Les Cahiers de l'Égaré

jcg

Une traversée dans l'oeuvre de JCG + Vita Nova

7 Novembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #cahiers de l'égaré, #lecture, #pour toujours, #poésie, #théâtre, #écriture, #philosophie

La supergéante rouge Bételgeuse (en haut à gauche) et la célèbre ceinture d’Orion. Cette image prise en février 2018 révèle les détails de la Constellation d'Orion avec les nébuleuses environnantes de son complexe de nuages moléculaires. PHOTOGRAPHIE DE Kevin Gill

La supergéante rouge Bételgeuse (en haut à gauche) et la célèbre ceinture d’Orion. Cette image prise en février 2018 révèle les détails de la Constellation d'Orion avec les nébuleuses environnantes de son complexe de nuages moléculaires. PHOTOGRAPHIE DE Kevin Gill

Ce 7 novembre, nuit sans lune, levez le nez. Ne manquez pas Betelgeuse,
 
la rouge, la prometteuse. Bételgeuse, située au niveau de « l’épaule » de la constellation d'Orion, est la plus grosse étoile visible à l’œil nu dans le ciel nocturne. Elle promet de luire comme la lune en plein jour le jour prochain où elle finira sa vie d'étoile. Betelgeuse est à 497 années de nous. Sa lumière que nous voyons aujourd'hui est partie alors qu'Albrecht Dürer peignait, que Francois 1er était roi de France depuis 10 ans.
Betelgeuse est une super géante rouge qui n'en a plus que pour quelques jours ou quelques décennies. Elle manquera au ciel alors, et nous ne la verrons plus. Elle a peut-être déjà pris la forme d'une supernova au moment où l'on en parle, emportant sur son passage toutes les planètes qui l'entouraient, mais nous ne le voyons pas encore... by Benoît Rivillon
pendant la lecture (pris en flagrant délire d'écoute) et dans le hall; photos F.C. et I.F.
pendant la lecture (pris en flagrant délire d'écoute) et dans le hall; photos F.C. et I.F.
pendant la lecture (pris en flagrant délire d'écoute) et dans le hall; photos F.C. et I.F.
pendant la lecture (pris en flagrant délire d'écoute) et dans le hall; photos F.C. et I.F.

pendant la lecture (pris en flagrant délire d'écoute) et dans le hall; photos F.C. et I.F.

le discours improvisé et sincère du maire, Ange Musso, à la fin de la traversée

le discours improvisé et sincère du maire, Ange Musso, à la fin de la traversée

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Paroles de Fontaine Paroles de JCG

1 Septembre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #cahiers de l'égaré, #philosophie, #poésie, #théâtre, #voyages, #écriture, #pour toujours

marché de la poésie à Lille

marché de la poésie à Lille

au 1° marché de la poésie à Lille, Le Gymnase, 7 Place Sébastopol, Lille, organisé par le Centre Littéraire Escales des Lettres, ce week-end 9 et 10 décembre
et à la Maison de la Poésie des Hauts-de-France, 37 Rue François Galvaire, 62660 Beuvry, ce dimanche 10 décembre
les poèmes de Jean-Loup Fontaine (1947-1993),
Tome 1 et Tome 2, poèmes posthumes, 30 ans après
édités par Les Cahiers de l'Égaré
l'épitaphière Marie-Pierre Fontaine
2 manifestations consacrées à l'oeuvre poétique de Jean-Loup Fontaine à Loos en Gohelle et à Ronchin dans le Nord / les deux tomes des Poèmes de Jean-Loup Fontaine édités par Les Cahiers de l'Égaré
2 manifestations consacrées à l'oeuvre poétique de Jean-Loup Fontaine à Loos en Gohelle et à Ronchin dans le Nord / les deux tomes des Poèmes de Jean-Loup Fontaine édités par Les Cahiers de l'Égaré
2 manifestations consacrées à l'oeuvre poétique de Jean-Loup Fontaine à Loos en Gohelle et à Ronchin dans le Nord / les deux tomes des Poèmes de Jean-Loup Fontaine édités par Les Cahiers de l'Égaré
2 manifestations consacrées à l'oeuvre poétique de Jean-Loup Fontaine à Loos en Gohelle et à Ronchin dans le Nord / les deux tomes des Poèmes de Jean-Loup Fontaine édités par Les Cahiers de l'Égaré

2 manifestations consacrées à l'oeuvre poétique de Jean-Loup Fontaine à Loos en Gohelle et à Ronchin dans le Nord / les deux tomes des Poèmes de Jean-Loup Fontaine édités par Les Cahiers de l'Égaré

B

Bonjour à tous, famille et amis,

Après la donation des recueils de Jean Loup Fontaine au Service Patrimoine de Lille, voici le mois des hommages à l'ensemble de son oeuvre, trente ans après sa disparition. 

Vous êtes très cordialement invités à ces trois manifestations:

- mardi 5 septembre à 18H à la Maison du Grand Cerf de Ronchin (rue Vincent Auriol) : Vernissage de l'exposition de manuscrits, poèmes et photos retraçant son oeuvre, gratuit du 5 au 18 septembre.

- vendredi 15 septembre à 18H à la Médiathèque de Loos-en-Gohelle (Jardin Public, allée de la Fosse 15 - près de la Mairie) : Lecture musicale "Paroles de Fontaine" et exposition de photos de la ville en résonance avec ses textes, gratuit jusqu'au 30 septembre. Prévenez de votre venue au 03 21 43 23 51 (pour l'organisation)

- vendredi 29 septembre à 19H à l'Auditorium de Ronchin (3 bis rue Lavoisier - près de la Mairie) : Lecture musicale "Paroles de Fontaine",  spectacle gratuit à réserver au 03 20 16 60 35 ou sur la plateforme ronchinfacile.ville-ronchin.fr

 

"Paroles de Fontaine" est une lecture musicale spécialement créée cette année par le comédien Hervé Leroy et la flûtiste Christine Kokelaere (que certains ont vus lors de l'avant-première le 10 juin à Lille). Ils étaient tous deux des amis de Jean Loup, et de grands complices en poésie; ils ont créé avec lui toutes les lectures qu'il a organisées dans les années 90, et ensuite à chaque hommage qui lui était rendu. Cette année, la voix puissante d'Hervé réussit à nous faire voyager à travers toute l'oeuvre de Jean Loup, publiée et inédite, mettant magnifiquement en valeur la force et la délicatesse des mots que la flûte éclaire, prolonge, allège... C'est une heure de pur bonheur et de découverte de toutes les facettes de sa poésie...

Pour prolonger cette petite heure qui passe trop vite, quelques recueils non encore épuisés seront à disposition, et bien sûr, la réédition complète de ses recueils publiés. N'hésitez pas à me contacter pour tout renseignement.

J'espère que nous serons très nombreux à partager ces moments uniques... A bientôt!

Marie-Pierre Fontaine

 

annonce de la lecture musicale du 29 septembre à Ronchin

annonce de la lecture musicale du 29 septembre à Ronchin

Paroles de Fontaine Paroles de JCG
Paroles de Fontaine Paroles de JCG
Paroles de Fontaine Paroles de JCG
Paroles de Fontaine Paroles de JCG

JEAN-CLAUDE GROSSE

Et quoi l'éternité ?

 

Une traversée dans l'œuvre de

JCG - Vita Nova

 

Choix de textes : Dominique LARDENOIS

Interprétation : Katia PONOMAREVA et

Dominique LARDENOIS

Salle PÉTRARQUE, Maison des COMONI,

Le REVEST-les-EAUX

Vendredi 29 Septembre 2023

19h30 (Entrée libre)

 

Jean-Claude Grosse, le Festival de théâtre du Revest, la Maison des Comoni, tiennent une place essentielle dans mon parcours théâtral.

Après la publication en 2021 de « Et ton livre d'éternité ? », j'ai proposé à Jean-Claude de puiser dans lensemble de ses œuvres (theâtre, poésie, essais, critiques dramatiques et littéraires, prises de position ...) pour une lecture publique à réaliser à la Maison des Comoni.

Son acceptation est une marque de confiance et je l'en remercie vivement. D'autant qu'il ne souhaite pas intervenir dans mes choix.

Comme il s'intéresse à tout, se passionne pour tout et que sa pensée est toujours en mouvement, la tâche était ardue mais exaltante.

Nous avons donc eu à cœur de faire entendre toutes les facettes de la pensée et des écritures de Jean-Claude Grosse.

Je tiens enfin à remercier la municipalité du Revest les-Eaux, partenaire de cette soirée.

Bienvenue à toutes et tous.

Dominique Lardenois

Une soirée présentée par Les Cahiers de l'Égaré, Les

4 Saisons du Revest et d'ailleurs, La Municipalité du Revest-les Eaux

En partenariat et avec le soutien de TPM et du Pôle

presque tous les livres de JCG + Vita Nova
presque tous les livres de JCG + Vita Nova
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JEAN-CLAUDE GROSSE

1983-2023 : 40 ans d'activités artistiques au

Revest-les-Eaux

1988-2023: 35 ans d'activité éditoriale

 

Bibliographie :

aux Cahiers de l'Égaré

La Lutte des places - Théâtre - (1997)

La Vie en jeu - Théâtre - (1997)

La parole éprouvée - Poèmes - (2000)

Le corps qui parle (Trois femmes) - (2001)

Pour une école du gai savoir - Essais - (2004)

Le fils du Baïkal (avec Daria Kosacheva) - (2010)

Les Enfants du Baïkal - (2010)

L'ile aux mouettes - Oeuvre ouverte - (2012)

L'Éternité d'une seconde Bleu Giotto - (2014)

Là où ça prend fin - (2014)

Histoire de places - Théâtre - (2016)

Et ton livre d'éternité ? - (2022)

Textes écrits sous le nom de É Say Salé

Moi, Avide 1er, l'Élu suivi de EAT (manger, pisser, écrire au temps des queues de cerises 2016)

Vols de voix Farce pestilentielle à l'occasion de la présidentielle (2017)

Aux éditions Les Promeneurs Solitaires :

Journal d'un Égaré - (2018)

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La nature et l'homme

7 Mai 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #cahiers de l'égaré, #philosophie, #JCG

La nature et l'homme

PHILOSOPHIE. « La Nature et l’Homme », de Marchel Conche

Né en 1922, le philosophe Marcel Conche a eu 99 ans le 27 mars. Cela ne l’empêche nullement de réfléchir, ni d’écrire. Pour preuve cette série de 109 fragments où se répondent, comme autant de courts chapitres, interrogations métaphysiques et souvenirs d’une vie. Il est ici question de la nature qui doit remplacer Dieu, d’Héraclite et du changement universel, des femmes aimées, des amis présents ou perdus, des souvenirs toujours vifs d’une enfance rurale – entre autres et tour à tour. Par-dessus tout, avec humour ou gravité, se trouve célébrée la philosophie, considérée comme vocation et choix de vie originaire. Un petit paysan fit à 13 ans des Pensées de Pascal son livre de chevet, ne put aller au lycée, apprit tard le latin et le grec, édita finalement Héraclite aussi bien qu’Epicure et devint professeur à la Sorbonne. La recherche de la vérité organise cette existence, ce qui constitue une rareté. R.-P. D.

compte-rendu du Monde des Livres, rédigé par Roger-Pol-Droit, publié jeudi 6 mai 

Est paru, le 27 mars 2021, pour ses 99 ans, le dernier livre de Marcel Conche : La nature et l'homme.

ISBN : 978-2-35502-123-7

192 pages / 19 €

référencé et distribué par Soleils Diffusion, 3 rue Jean Dollfus, 75018 Paris

Avant-propos

La nature est le lieu sans limites où naissent et persistent des mondes innombrables. On peut parcourir indéfiniment la nature : elle est donc in- définie. Mais elle est aussi infinie, car on ne peut rien lui ajouter qui ne serait pas naturel. Un monde est une totalité structurée. Une grenouille perçoit d’innombrables excitations. Ces excitations ne forment pas un ensemble disparate : elles ont une unité car la grenouille est une, l’ensemble des excitations est donc une totalité structurée, un monde. C’est le monde de la grenouille. La grenouille ne peut sortir de son monde, pas plus que le serpent du sien. Autant d’êtres vivants, autant de mondes qui mutuellement s’ignorent. Aucun être vivant ne peut se mettre à la place d’un autre pour percevoir la nature comme il la perçoit. Autant d’êtres vivants, autant de perceptions différentes de la nature. Autre est la cour de la ferme pour le canard, autre pour le crapaud, autre pour le hérisson. Le canard ne peut se mettre à la place du hérisson pour voir la cour de la ferme en hérisson. Mais l’homme non plus ne le peut. La nature se diversifie selon la diversité des êtres qui vivent et la perçoivent. Encore en est-il de même pour la diversité des humains. La forêt n’est pas la même pour le charbonnier, pour le chasseur qui dans les bêtes innocentes voit des proies, pour le peintre ou le poète, et pour le philosophe amateur des chemins qui ne mènent nulle part. Que faire d’autre que d’avancer comme on peut dans l’obscurité des choses ? Depuis quand cette obscurité s’est-elle éclaircie ? Nous sommes, humains, sur la planète Terre. Par quelle cause ? Selon la théorie de la panspermie, les germes de vie sont venus de l’espace, apportés par des météorites ou des comètes. Cela explique le comment. Reste le pourquoi. Après la cause qui explique vient la raison qui justifie. Justifier et montrer que ce qui a lieu est bon, existe en vue du bien. L’homme est sur cette Terre pour faire être le bien, pour agir en vue du bien. « L’homme » ce sont les hommes, les nations, les États. Chaque chef d’État doit avoir en vue, non pas seulement l’intérêt de son État, mais l’intérêt de l’ensemble des États, qui est de réaliser la paix universelle, préface à l’amour universel.

 

LXVI
Le non engagement

Si l’on considère l’ensemble de ma vie, on peut dire que j’ai choisi le non engagement.

Mon cousin germain Fernand s’est engagé dans l’armée. Il est venu à Altillac se montrer chez mes parents, avec son bel uniforme de sergent-chef. Je n’ai pas vu en lui un exemple à suivre et je ne l’ai pas admiré. Mais j’ai souffert lorsqu’il a été tué à la guerre.

Je n’ai combattu pour aucune cause : ni la cause politique, car je n’ai adhéré à aucun parti, ni la cause nationale, car je ne me suis pas engagé dans la Résistance, contrairement à Marie-Thérèse et à mon père, ni la cause internationale.

Nous vivons tous une brève vie. Il ne faut pas par imprudence, la raccourcir encore – en fumant la cigarette, en buvant des apéritifs alcoolisés, en pré- férant trop souvent le vin à l’orangina, en fatiguant son corps par des efforts excessifs. Il faut surtout ne pas risquer de la raccourcir en s’engageant dans des actions où l’on risque sa vie.

Je pense aux guerres de 14-18 et de 39-45. Je n’ai pas participé à la guerre de 39-45. Il est certain que je n’aurais pas participé à celle de 14-18. Cette certitude tient à la conscience que j’ai de moi-même.

« Connais-toi toi-même » : telle est la leçon des Grecs. Je me connais en ce sens que je sais ce que je veux et aussi ce que je peux vouloir et ne vouloir pas.

Je sais que je ne peux rien vouloir de ce qui porterait préjudice à ceux que j’aime, à mes amis, à mon pays, et qu’au contraire, je veux travailler de façon à réaliser une œuvre qui ait de la durée.

Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure

Certes, je vais mourir. Mais mon âme ne meurt pas, car mon âme est dans les livres. Et comme auteur de mes livres, mon nom est dans le dictionnaire Larousse, lequel ne disparaîtra qu’avec la civilisation.

Ne pas s’engager c’est ne pas risquer de faire naufrage, c’est ne pas susciter des rivaux et des jalousies, c’est préserver ses forces comme Napoléon le faisait de sa garde. Ne pas s’engager, c’est aussi laisser les événements suivre leur cours, sans intervenir plus que sur des phénomènes météorologiques.

 

 

LXXIV
Le moi et Héraclite

Puisque « tout s’écoule », selon Héraclite, le moi, comme toutes choses doit s’écouler. Pas plus que le fleuve dans lequel on entre à midi n’est le même que celui dans lequel on est entré ce matin, le moi qui s’éveille le jeudi matin ne saurait être le même que celui qui s’est endormi le mercredi soir. Cependant la carte d’identité me dit que c’est la même personne. Si la société devait tenir compte du fait que chaque personne varie sans cesse, l’ordre social serait impossible, et même l’ordre familial. Le père reste le « père », le fils reste le « fils », l’oncle reste « l’oncle », même si chacun a beaucoup changé. Certes rejoignant Alfred après plusieurs années où il était au Maroc, je puis dire : « Comme il a changé ! ». Je le reconnais néanmoins. Nous faisons continuellement abstraction des changements que nous constatons chez les personnes, nous rangeant au point de vue de la société qui veut qu’elles soient les mêmes. Le « tout s’écoule » d’Héraclite est une vérité philosophique qui contredit l’expérience et la vie quotidiennes. Pour Héraclite, le fixe n’est qu’une apparence. Il n’y a rien de fixe. Même la tour Eiffel bouge quelque peu. Or, l’homme agit, et il ne pourrait agir si son action ne pouvait s’appuyer sur des choses fixes, telles que la charrue, la bicyclette, le tracteur, les outils (du menuisier, du charpentier, etc.). La philosophie fait voir les choses en profondeur et dans ce qu’elles ont d’éternel. Mais l’on vit dans le présent et l’écoulement, entre le passé, écoulé et voué au non-être, et l’avenir, non encore écoulé. Sous la fixité des apparences, la mouvance maintient son règne. Car tout se meut, s’écoule et, écoulé, va au néant. De toutes les actions de l’homme, de toute l’histoire humaine, que peut-il rester au bout de 10milliards d’années ? Mais l’âme n’est pas à oublier. La religion et certains philosophes disent qu’elle est immortelle. Mon âme est dans mes livres. Ai-je une âme autre que celle qui est dans mes livres ? Je n’incline pas à le croire – tout en suspendant mon jugement.

note de lecture de Gérard Lépinois

Matois / Nu / Vieil enfant (neuf).
Matois, coquin, Marcel, vif, philosophe du (toujours plus) nu, simple d'apparence : plus rien à perdre ni à gagner que la notation du jour, crépusculaire ou pas (long nocturne dans le jour où revenir en boucle, en variations musicales de visages bues, de situations...). Mais non moins au plein jour, à l'instant présent, à la petite bête s'il en est. La Nature donc, une philosophie décidément nue, pudique, "présocratique", philosophie concentrée d'un paysan ayant été professeur de Sorbonne (stucs...). La Nature est la nécessité du nu, simple d'apparence, du nu de chaque monde, l'enveloppe totale inenvisageable, contrairement à Émilie, déesse corse fort concrète, concrètement disparue. Donc finalement philosopher une vie, son jardin, la position de celui-ci dans une totalité ressentie, pas seulement postulée, son ordonnancement par un infini, clef de voûte hors de portée de descriptions ou analyses de détail, grâce à lui harmonieuses, y compris de devoir s'éteindre et de sourire aussi de soi, narquois Marcel, pas ironique, jamais méchant, mais amusé, un vieux gosse, un jeune vieux, toujours et à nouveau le petit avec sa route qui tourne, foin de la Sorbonne et de son labyrinthe, son père qui le prive innocemment de lycée et les Pensées de Pascal à treize ans dans les bois, araignée page onze.

note de lecture de Jacques Larrue

30.- CONCHE, LA BELLE NATURE - Je me demande bien aujourd'hui qui vais-je intéresser avec macronique ? C'est pas que je sois bien sûr de posséder le moindre pouvoir d'attractivité habituellement. Mais là si je vous dis Marcel Conche ! Vous allez rester coi et vous exclamer : Marcel quoi ? Si, peut-être vais-je emmener Francis le Corrézien, natif tout proche d'Altillac qui me confessait ne le connaître que de nom et quand même aussi de réputation. Jean-Claude, que tout m'aurait porté à connaître bien avant que je ne m'échappe du Var, si seulement j'avais sacrifié au rite culturel élémentaire en me rendant à la Maison des Comoni au Revest ou au moins en feuilletant les jolis Cahiers de l'Égaré. Zaza, qui vient de se joindre à ce petite cercle de Résistants fleurant bon le maquis provençal et la farigoulette. Et mon épouse... qui n'a pas le choix !
Chapeau Marcel !
Remarquez, c'est pas moi qui vais jeter la pierre à ceux qui ont déjà décroché ou qui ont la main près de la poignée du parachute. Les philosophes m'emmerdent aussi. Pire, les contemporains me dérangent à toujours s'écouter penser et à oublier parfois de baisser le son. Je ne commettrais pas l'indélicatesse d'en jeter quelques-uns dans la fosse au lions incultes. Et aux insultes. Mais je me sens un peu de leur côté. Celui des béotiens. Respectant en cela la consigne d'Héraclite : " Connais-toi toi même ". Les plus érudits objecteront que ce principe sensé conduire à la raison appartient à Socrate. Certes, mais c'est tout de même son aîné d'Éphèse qui proposa : « il faut s'étudier soi-même et tout apprendre par soi-même ». Sans vouloir balancer, cela ressemble fort à du plagiat ! Mais foin de procès, y a prescription !
N'empêche qu'en m'abonnant aux Cahiers de l'Égaré (au fait j'espère que ça y est, vous les avez envoyé vos soixante balles au collègue Grosse du Revest !) je ne pensais pas en prendre à ce point plein la tronche. Lorsque je suis allé mesurer le pedigree du fameux Conche, je n'ai pas été rassuré. Héraclite donc, mais aussi Montaigne et Heidegger. Bon Heidegger, il fait ce qu'il veut Marcel, mais enfin Heidegger n'a jamais trop cherché querelle à Hitler et si vous voulez, avec mes a priori à la con, ça me perturbe. Tout comme d'ailleurs Conche lui même qui, à 23 piges, s'est planqué pour ne pas monter au font de1939 - bon d'accord ce fut un bide, d'où vient d'ailleurs peut-être l'expression "avoir le rouge au front " - et "oublia" ensuite de rejoindre la Résistance. Il était trop occupé nous dit-il (!) et puis, toujours pareil, qu'aurions nous fait à sa place ? En 40, des Jean Moulin il n'en tournait pas tant que ça au vent de la colère ! L'important c'est qu'il ne soit pas rallié au FFI en 1944 comme tant d'autres...
Je connaissais aussi "Montaigne Pyrénées" que chantent magnifiquement quelques chœurs basques, mais pour ce qui est de son œuvre... Aucun rapport non plus avec le rugby même s'il doit sa réputation à une farandole d'Essais. Et pour m'être risqué à jeter un œil dans l'un de ses textes originaux, je vous assure que je m'en suis promptement écarté. D'ailleurs Marcel Conche, qui a justement perdu la vue d'un côté, pense que cela remonte à sa jeunesse mal éclairée par une lampe à pétrole, mais qui sait si ce n'est pas pus tôt ce Montaigne qui serait la cause de la cécité partielle de son disciple ?
J'y suis pourtant allé sans crainte. Plein de curiosité et de considération. Si je ne vous l'ai pas encore révélé, ce docteur en philosophie, double lauréat de l'Académie française boucle depuis le 22 mars sa dernière année afin de rejoindre le cercle encore restreint des centenaires. En sorte que j'eus parfois le sentiment de posséder entre les mains un testament philosophique et littéraire. Pour le coup un vrai privilège ( ah ! qu'est ce que j'ai bien fait de m'abonner ).
Souvent les philosophes me semblent boursouflés de leur propre connaissance et, ce qui m'étonne toujours, de ce qui ressemble fort à des certitudes. N'était cette obsession à rappeler dix fois au moins, au fil des pages, que le nom de Marcel Conche figure dans le Larousse et que cela lui ouvre les portes de l'infini - grand bien lui fasse ! - je me suis laissé entraîner sans lassitude dans ces pérégrinations intellectuelles pleines de bonté et tenez-vous bien, de bons sens.
C'est l’œuvre d'un philosophe-paysan des bords langoureux de Dordogne, d'un enfant orphelin par sa maman qui la perdit en lui donnant la vie, d'un éternel amoureux confiant ses secrets sans jamais les trahir, d'un contemplateur imprégné de nature : " Dieu était un principe de bonté. Ce principe de bonté est maintenant la nature. La nature est vie et toute vie est bonne." Et l'homme qui "est sur Terre pour faire être le bien, pour agir en vue du bien. "L'homme", ceux sont les hommes, les nations, les États. Chaque Chef d'État doit avoir en vue, non seulement l'intérêt de son État, mais l'intérêt de l'ensemble des États, qui est de réaliser la paix universelle, préface à l'amour universel."
De la cueillette des noix aux Présocratiques, des bastes vigneronnes de la Patraquerie à la métaphysique, l'agrégé de la Sorbonne se livre généreusement à travers CIX (109) petits fragments d'une pensée apaisée et intacte.
Vienne la nuit, sonne l'heure,
les jours s'en vont, je demeure *
Et en bout de lecture, les bouquins de l'Égaré ont aussi ça de magique qu'ils nous effleurent les mains avec délicatesse, presque une sensualité qui vous frustre un brin lorsqu'il faut les refermer. Mais qu'à cela ne tienne. Je vais sûrement relire ce dernier Conche. A moins qu'il ne me fasse mentir et qu'il remette à cent ans le métier sur l'ouvrage.
Et comme l'espérance est violente. *
Et puis si ce n'est de lui, il y en aura d'autres. L'éditeur est toujours jeune. A peine quatre-vingts !

 

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Père Ubu et Mère Blabla

12 Avril 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #cahiers de l'égaré, #théâtre, #JCG

Père Ubu et Mère Blabla

Vient de paraître, le 27 mars 2021

Père Ubu et Mère Blabla de Philip Segura

ISBN 978-2-35502-122-0

72 pages / 14 €

référencé, distribué par Soleils Diffusion, 3 rue Jean Dollfus, 75018 Paris

PERE UBU MERE BLABLA Cinq actes

PERSONNAGES

PÈRE UBU SOCRATES MÈRE BLABLA MELANOS WOLFGANG MÈRE UBU

LE PEUPLE LE DOCKER

La scène se passe sur le port d’Athènes.

ACTE 1 / SCÈNE V Père Ubu, Le Docker, Mère Blabla.

(On entend au loin des musiques.)

PÈRE UBU
Qu’est-ce donc ce vacarme ? Merdre, quel pays de merde!

MELANOS
C’est la Mère Blabla qui arrive avec toute sa clique.

PÈRE UBU

Ah ! oui, je les vois arriver au loin, on croirait un carnaval de Roumanie ou de Hongrie. Toutes ces tuniques couvertes de poils, quel spectacle merveilleux ! Et Mère Blabla, c’est la grosse qu’on voit assise au centre sur une chaise à porteurs ?

MELANOS
Oui, n’est-elle pas merveilleuse ?

PÈRE UBU

On croirait une dinde énorme posée sur une table avant d’être consommée.

MELANOS

Si vous continuez à parler ainsi, vous finirez comme tous ses nobles, sur le pal, le trou du cul en feu.

PÈRE UBU

Quelle femme fantastique ! Elle défonce ses nobles à coup d’enculerie. J’en ai fait de même dans mon passéprestigieux où sans modestie aucune, j’ai pu rassembler les polonais en massacrant les nobles.

MÈRE BLABLA

Qu’entends-je ! Un tueur de nobles parmi nous. Un ancien roi m’a-t-on dit ?

PÈRE UBU

Je suis votre serviteur madame. Qu’ai-je appris de vos faits? Une reine qui broie, qui fait mijoter, qui encule sesnobles pour réunir les sujets de son royaume, n’est-ce pas merveilleux ?

MÈRE BLABLA (en riant)

Enfin un connaisseur, un politologue. Je me pré- sente Mère Blabla, reine de Grèce, ancienne reine de Macédoine, docteur en Démologie et Blablaphysique.

PÈRE UBU

Vous êtes délicieuse, que de titres ! Je me présente. Père Ubu, roi d’Aragon puis de Pologne, enfin docteur enPataphysique.

MÈRE BLABLA

Laissez-nous, travailleur de mon royaume ! Cet homme est un incroyable vendeur. L’année dernière, il est arrivé à refourguer des centaines de kilos d’olives moisies à mon peuple... affamé, j’en conviens ! (Melanos sort.)

Père Ubu et Mère Blabla

de Philip Ségura Editions des Cahiers de l’Égaré 2021

Commentaire suite à lecture

Voilà une courte pièce qui ne mâche pas ses mots, une satire incisive et relevée, une attaque rondement menée contre les manigances des pouvoirs politiques.

L’action se situe dans une Athènes sans âge et le propos l’est (malheureusement) tout autant.

Philip Ségura va droit au but et Jarry devrait s’y retrouver : quelques personnages sans complexe ni complexité psychologisante sont plongés dans un verbe cru et truculent, ce qui est aussi efficace que les méthodes dont usent ceux qui rêvent de dominer.

Rien ne manque ici à l’attirail du parfait aspirant au pouvoir absolu : le mensonge, le mépris, la trahison, les beaux discours, l’autosuffisance de l’entre-soi, les débauches de la caste dominante, tout est bon quand il s’agit d’accéder au règne et de ne plus le lâcher. Et tout cela dans la bonne humeur, c’est ce qui en fait tout le piquant !

“Les promesses n’engagent que ceux qui y croient”, c’est bien connu et les politiques ne s’en cachent pas à l’occasion (il y a un certain nombre d’années j’ai entendu Pasqua l’énoncer à la télévision, et il paraît qu’il n’est pas le seul).
Ici, un personnage le dit autrement : Le peuple aura de l’espoir et nous aurons le pouvoir absolu.

Ailleurs, Père Ubu explique, après son discours électoral adressé au Peuple : Rien ne ressemble à un discours qu’un autre discours, alors vous savez...
Philip Ségura aurait tort de ne pas faire comme ses personnages, il emprunte donc à nos politiques. De la sorte, combien de traits bien sentis, revus à la sauce Ségura-Ubu, sortent de la bouche des protagonistes pour notre délectation !

Il ne s’agit pas tant pour l’auteur de dénoncer (ça va tellement de soi) que de mettre à nu la mécanique de ceux qui n’ont pas d’état d’âme quand leur seule ambition est de satisfaire leur ego-absolu.

Bien que le propos de cette pièce soit passablement féroce et quelque peu désespérant il est emporté par le ton enjoué de la farce (la triste farce humaine) et par une langue bien trempée. Ce qui en fait une pièce jubilatoire, que oui ! Merdre alors, ça fait du bien !

Christian Girier

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Cahier des futurs désirés

15 Octobre 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #agora, #cahiers de l'égaré, #écriture, #JCG

un mois d'intelligence collective : 19 août-19 septembre 2020 ont abouti à Corps Ça Vit au Cahier des Futurs Désirés, 48 pages au format 21 X 29,7

un mois d'intelligence collective : 19 août-19 septembre 2020 ont abouti à Corps Ça Vit au Cahier des Futurs Désirés, 48 pages au format 21 X 29,7

19 août 2020, lettre d’appel à la réunion du 27 août 2020

- 19 septembre 2020, réunion conclusive

217 habitants recensés, 105 votants aux municipales de mars 2020 

40 participants aux réunions conflictuelles sur l’emplacement de l’antenne 4G, mercredi 29 juillet et lundi 3 août 2020

25 à la réunion d’harmonie et d’harmonisation du 27 août 

8 à la réunion conclusive du 19 septembre =>

une radiographie de Corsavy aujourd’hui

pendant ce mois de pratique d’intelligence collective, un seul geste d’hostilité (l’enlèvement d’une affiche plastifiée sur un portail « privé » ai-je appris plus tard où étaient déjà affichés des documents) ; beaucoup de silence (quelques personnes sont venues à ma rencontre pour me parler ou me communiquer leurs propositions : Thierry, François, Elisabeth, Charlène, Jean, Rolande, Mireille, Roland, Antoine, Denise) ; des gens se sont excusés de ne pouvoir venir ; sur une liste de plus de 60 adresses mails, 3 à 4 retours à mes messages d’appels ou de compte-rendus => une radiographie de Corsavy aujourd’hui

8 personnes à la réunion conclusive = 8% des 105 votants = le % de créatifs culturels, de cellules imaginatives nécessaire pour que des changements s’opèrent, même minimes. Des graines ont été semées qui se développeront pendant que d’autres s’épuiseront avant terme.

C’est la Vie à Corps Ça Vit

Ce 2° Cahier après celui sur Qui est Antigone aujourd'hui ? est à l'impression. Disponible dès le 22 octobre.

ISBN 978-2-35502-121-3, format 21 X 29,7, 48 pages, PVP : 5 €

 gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1972, décédé à Cuba avec son neveu Cyril Grosse, autre enfant du village, écrivain, comédien, metteur en scène, le 19 septembre 2001

gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1972, décédé à Cuba avec son neveu Cyril Grosse, autre enfant du village, écrivain, comédien, metteur en scène, le 19 septembre 2001

Ce 19 septembre 2020, de 19 à 21 H, deuxième réunion sur quels futurs désirables pour Corsavy, le jour du 19° anniversaire de la disparition de Cyril Grosse et Michel Bories, le neveu et l'oncle, tous deux artistes à se consumer. 19-19-19, insistance du 19, y compris dans la Covid 19. Leur âme participera de la créativité de la rencontre.

 gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1973, décédé à Cuba, le 19 septembre 2001

gravure de Michel Bories, artiste peintre, enfant du village, 1973, décédé à Cuba, le 19 septembre 2001

Ce 15 octobre vers 11 H, discussion avec le maire du Revest, informé de la démarche effectuée à Corsavy.

- c'est une démarche intéressante. Dommage que ça ne mobilise pas davantage

- dans l'état actuel des consciences, ça ne peut pas mobiliser beaucoup, ça mobilise au mieux les créatifs culturels, les cellules imaginatives

- ça a au moins eu le mérite de décrisper la situation provoquée par l'emplacement de la 4G ; avec la 5G, on va être confronté à un sacré problème ; comme les antennes font moins de 15 m, les fournisseurs n'auront pas besoin de demander une autorisation ; la seule façon que nous aurons de réagir sera d'empêcher le raccordement sur le réseau électrique; action en justice du fournisseur...

- quand tu penses que ça sera pour voir des films, des séries, du porno sur son smartphone

- oui et pour jouer; plus de vie sociale, le confinement permanent dans sa bulle

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Histoire de places / JC Grosse

5 Mars 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #cahiers de l'égaré, #théâtre, #spectacles, #écriture

Estimado autor-editor,
Merci infiniment pour cette œuvre, HISTOIRE DE PLACES. Quelle audace. J’ai aimé. C’est aussi dans ces palettes-là qu’il me vient, parfois, d’écrire, de lire et de jouer. Je vous en remercie. Cet envoi qui était inattendu. Le style que vous avez développé me ressemble à plusieurs niveaux. Ce n’est pas d’aujourd’hui. 
Je dois en ces temps-ci rester plus qu’avant concentrée sur le projet dont je vous ai parlé, peut-être ambi’cieux, peut-être ode’à’cieux. Je travaille actuellement d’arrache-pied et je sais très bien que je ne suis qu’à ses débuts. 
Je salue votre plume. Cette manière de dire et de faire jouer me paraît juste. N’importe quelle écriture des pays francophones sera pour moi toujours une étrangeté… apprivoisée, oui, que je chéris de jour en jour à une vitesse grandissante qui va de trop en trop vers la légèreté qui gouverne toutes mes lourdeurs pour écraser la gravité mais glisse dessus ! 
Je vous fais ce retour parce que je peux vous dire que la matière de votre livre est faite pour ce qu’elle a été conçue. Une réussite en soi. On ne s’invente pas du métier. Le bonheur d’avoir vu cette lenteur s’installer grâce aux rythmes de l’écriture et les didascalies, fabuleuses, qu’il vous est venu à l’idée d’ajouter souvent pour saupoudrer l’œuvre et condimenter ainsi les paroles dites, et relevées. 
Que Dieu bénisse votre plume encore longtemps. Vos images m’ont paru si simples et belles… traînées, justement, par cette simplicité-là, époustouflante. 
Je reprends mon travail. Les autres livres, évidement, ce sera pour un après dans le temps. 
Recevez ma gratitude pour vos dons,
Virginia 
Histoire de places / JC Grosse
NOTE DE LECTURE : by Fab Ricienne
Histoire de places. Jean-Claude Grosse. 2016
On entre dans le texte accompagné par l'auteur Jean-Claude Grosse qui nous en fait la présentation / genèse. 
On entre dans la scène avec les deux comédiens, elle / la coach et lui / le stagiaire, et tout le public interpelé et engagé par ce dialogue interactif. 
On entre dans l'absurde avec les dialogues savoureux (j'ai pensé à Raymond Devos) de ces deux clowns sans nez, leurs questions sans réponses, leurs tâtonnements sans doute. 
On entre avec eux dans l'essentiel, le sens de la vie, le bon sens, le sens propre et le sens figuré, parfois le sens critique (voire politique), ce qui finalement est tellement plus important que la place. 
Je pense alors au proverbe qui dit : "Le but, c'est le chemin." C'est un peu de cette démarche que l'auteur et les comédiens nous invitent à faire avec eux, en se décentrant, en commençant par le "pas de côté" avant de pouvoir peut-être se lancer dans le tango...
une pièce dépassée, déplacée sur l'échiquier du merdier global
une pièce dépassée, déplacée sur l'échiquier du merdier global
une pièce dépassée, déplacée sur l'échiquier du merdier global
une pièce dépassée, déplacée sur l'échiquier du merdier global
une pièce dépassée, déplacée sur l'échiquier du merdier global
une pièce dépassée, déplacée sur l'échiquier du merdier global

une pièce dépassée, déplacée sur l'échiquier du merdier global

texte non retenu dans la pièce

Une histoire de place, le monologue de l'homme qui rit

pardon, excusez-moi, je viens de me rendre compte que je ne suis pas à ma place, excusez-moi de vous déranger, c'est peut-être votre place que j'occupe, attendez, je la libère pour que vous puissiez poser votre derrière sur votre chaise, là, à la bonne place, votre place si méritée, depuis toujours attribuée, de naissance, d'avant votre naissance car il n'y a pas de hasard, si vous êtes là aujourd'hui, à votre juste place c'est que vous deviez y être depuis toujours ; il y a une juste place attribuée pour chacun d'entre nous, depuis toujours

j'ai un peu de mal avec la place, je ne me sens jamais à ma place comme si j'étais déplacé sans cesse, dépassé c'est sûr, déplacé, c'est moins sûr car en réalité, je vais de place en place qui ne sont pas les miennes, je me déplace, je ne suis pas déplacé, pas déporté quoique tous les miens l'ont été, il fut un temps quand on déportait

parce que voyez-vous, je ne sais pas comment vous présenter ça, je ne comprends pas bien comment j'ai osé prendre la parole là maintenant, devant vous, je suis si réservé d'habitude, je rentre mon cou dans mon col, je rentre mes épaules mon ventre, je respire le moins d'air possible, non, je n'ai pas peur de la pollution, je crois simplement que je vole l'air de quelqu'un, ça fait une drôle d'impression de se croire un voleur d'air 

Note d’intention

Peut-on porter un regard naïf et lucide sur nous et le monde dans lequel nous vivons ?

Cette question m’a amené à me demander quel type de personnage pouvait avoir un tel regard. C’est nécessairement quelqu’un à la vie minuscule, un obscur, un sans-grade, un déclassé, un marginal mais pas complètement exclu, un débrouillard usant de ses faiblesses comme d’une force, un qui sait esquiver, s’esquiver, mettre à distance par l’humour, la politesse, pour faire tomber l’agressivité, la violence latente, un qui ne cherche pas l’affrontement, ne prend pas frontalement les gens. Pour obtenir, il faut bien connaître les façons d’obtenir. Notre personnage est un clown sans nez de clown, un Charlot d’aujourd’hui sans la bougeotte de Charlot qui ne tient pas en place, parce que les situations dont il se tire sont multiples. Notre personnage minuscule va être placé dans une situation qui est celle de beaucoup. Il doit se recycler pour se recaser. C’est par un stage qu’il compte changer d’orientation et récupérer une place. Stagiaire, il a donc un coach qui l’initie aux méthodes du management humain.

Ayant fait des études, ayant peut-être été cadre, notre personnage s’interroge pendant ce stage. D’où vient-il ? Comment et par qui a-t-il été éduqué ou formaté ? D’où lui vient cet attachement à la place ? Pourquoi la veut-il fixe ? Pourquoi veut-il la stabilité ? Il s’interroge aussi sur le monde. Pourquoi des marchands, la guerre, la lutte des places...?

Comment rendre sensible cette lutte des places impitoyable qui nous met en concurrence, en compétition, nous empêche de voir que peut-être d’autres vies, d’autres voies sont possibles ?

C’est à travers sa relation avec le coach, une femme, qu’il va tenter comme il dit de se récurer du cortex au cervelet. Vont-ils pouvoir changer de vie, rêver du bonheur ?

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Un stagiaire se prépare à un master en occupation de l’espace et du temps sous la conduite d’un coach réputé, une femme. Faisant un exposé sur la notion de place, le stagiaire est amené à se poser des questions à la fois personnelles et générales. D’où lui vient son besoin d’une place fixe pour la vie ? D’où vient ce monde qui chasse le plus grand nombre de sa place ? Comment se fait-il qu’on ne soit jamais assuré de sa place? Il s’interroge sur son héritage familial, sur l’influence de la religion, des modes. Il s’interroge sur la place des marchands de rêves et d’illusions, exploitant les rêves de meilleur, d’ailleurs du plus grand nombre. Sommes-nous obligés de vivre la vie que nous menons ou pouvons- nous nous en libérer au moins partiellement? La sonnerie retentit. L’exposé tire à sa fin. Le stagiaire joue de moins en moins son rôle. Il comprend que l’enjeu n’est pas la place mais quelle vie vivre. Peut-il vouloir le bonheur ? Il tente une relation avec le coach, une femme qui l’attire depuis la première poignée de mains. Il décide d’être lui-même. Quelle meilleure façon d’être soi-même que de vouloir une relation vraie avec l’autre si l’autre le veut aussi. La fin reste ouverte. Il ose. Sera-t-il entendu ?

Jean-Claude Grosse

Histoire de places

4 spectateurs seront photographiés à leur insu, à l’entrée, et on retrouvera leur photo durant le spectacle sur un tableau mobile avec des cases.

Un carnet, une cravate ? Une spectatrice s’adresse à un spectateur assis attendant le début du spectacle.

elle : Pardon excusez-moi. 

lui : Oui ?
elle : C’est ma place ici.

lui: Ah bon ? Placement libre a dit l’ouvreuse quand on est entré dans la salle. J’ai pris cette place, au premier rang.
Elle était libre quand je me suis assis.

Silence.

C’est votre place ?
Si c’est la chaise que vous avez choisie, bien sûr vous devez vous asseoir dessus. Mais... je l’avais choisie aussi.

Silence.

Est-ce que quelqu’un peut nous départager ?

elle : Nous départager ? C’est ma place.

lui : Je ne vais pas me disputer avec vous, je libère... « notre » place.

Elle prend sa place.

Me voici sans place.

Il cherche à s’asseoir ailleurs. Au public.

Vous êtes venus pour le stage vous aussi ?

Silence.

C’est quand même mieux quand les places sont numérotées.
Je suis contre le placement libre. On se dispute pour une place.

Je préfère le placement numéroté avec pourboire à l’ouvreuse bien sûr.
Ah ben oui avant ça se faisait... Ah ben oui avant maintenant.

Y’avait différents types de places où l’ouvreuse nous plaçait :
Au balcon, à l’orchestre... dans la fosse.

Elle le disait à chaque représentation :
« Vos places sont numérotées, réservées. »

Les diseuses de bonne aventure, elles, attendent que l’histoire passe, pour nous dire: «il n’y a pas de hasard.»
Les Saintes Écritures : « c’était écrit. » C’est pas bête tout ça.

Vous mourez brusquement, vos proches s’écrient : « c’était écrit. »

Elle, le coach, se lève.
Sonnerie. Elle dit :

elle: Bonjour / Bonsoir messieurs dames.

Merci d’être venus pour ce stage:

« comment trouver et garder sa place ?... »

Au stagiaire.

Vous avez 55 minutes pour présenter votre sujet: pourquoi et comment la notion de place doit occuper la première place dans votre vie ?

____________________________________________________________________________-

Silence. Il enlève sa cravate.

le coach : Gardez votre cravate s’il vous plaît.

lui : Je n’en ai plus besoin. Je ne veux plus être coaché.
Je veux devenir moi-même. C’est ce que je découvre avec toi. Changer là maintenant. J’aimerais aussi te faire changer d’avis et changer ta vie ?

le coach : Je ne vous permets pas. Pas devant tout le monde.

Temps.

Tu n’as pas le droit. C’est ma vie privée.

lui : Une vie privée d’amour, t’appelles ça une vie ?

le coach : Que savez-vous de ma vie ?

lui : Ta vie de coach: un costume qui ne te va pas. Qui ne va pas avec ton rêve.
Ta vie de femme : en attente d’une...

le coach : d’une quoi ?

lui : D’une place... pour nous deux ? Silence. Il la regarde intensément.

Je te cherche. Ça s’éclaire pour moi tout d’un coup.
Je nous cherche.
Et toi ?

On continue le jeu :
Qui le chat, qui la souris ? Ou on tombe les masques ?

Tombe le demi-masque du visage du coach.

Vivre vraiment cet instant, c’est ce que je voudrais.
Je te vois.
Ton chemisier ne laisse apparaître aucun centimètre de ta peau.

Un réveil du printemps, un éveil des sens. C’est possible ? Quelques pas de tango... avec moi, tu voudrais ? Il suffirait d’un petit pas de côté et nous serions ailleurs.

elle : Mais tu divagues. Avec les autres stagiaires comme témoins. Ne l’écoutez pas, il fantasme.

lui : Tu serais pour moi odeurs à respirer, instants à danser.

elle : Au public. Un stagiaire poète, c’est la première fois qu’on me fait le coup !...

Elle rit d’un rire moqueur.

J’ai du mal avec la poésie.

Au public.

Vous croyez que ça rend heureux, la poésie ?

lui : Pourquoi pas ?
«Si ma po...ésie rime avec ta peau... aussi. » (Claude Nougaro) 

elle : Au public. Il est fou. Arrête. Tu vois pas que tu es ridicule ?
Excusez-le, il se perd... Cette histoire de places le perturbe.

lui : Tu nous as dit: «servez-vous de votre liberté. À l’américaine. »
Je me libère, je me déclare.
Redeviens libre toi aussi.

Silence.

Je voudrais nous installer dans le temps. T’aimer au jour le jour jusqu’à ce que ça fasse toujours.
Cheminer vers toi, vers ton mystère... vers ce que tu as commencé à me montrer. Et toi, tu le veux?

elle : Vous êtes cruel de me dire ça en public. Tu me tétanises.

lui : Ce qui te tétanise, c’est peut-être un manque de tendresse autrefois ? Des mots qui t’ont blessée... et tu t’es fermée... ?

elle : Pourquoi entrez-vous dans mon intimité ? Je ne t’ai pas fait de confidences.

lui : Ton rêve de tout à l’heure: être heureuse...c’était pas déjà une confidence ?

Silence. Il la contemple.

Je suis à quarante centimètres de toi.
Tu crois que tu ne me dis rien ?
C’est fou ce que j’entends à cette distance. Attends, je change la distance...

Il joue avec la distance qu’il peut y avoir entre elle et lui.

Je ne prendrai aucun raccourci pour t’aimer.
Mes caresses...

Il prend tout son temps en respirant calmement.

Ce sera amour... au bout des doigts... un soir... par hasard...

Silence.

Philippe, tu peux nous mettre un tango s’il te plaît ?
Uno c’est le titre. Tu l’as dans ta régie ?

Il chantonne :

« Quelqu’un cherche rempli d’espoir le chemin que ses rêves lui ont promis. »

(Enrique Santos Disepolo) Il peut devenir notre tango.

Tu veux ?

On entendra ou pas quelques mesures d’un tango.

le coach : Décontenancée. On arrête la séance. Philippe, tu peux allumer la salle s’il te plaît ?

FIN, noir

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Le Ballet du Temps / Nouria Rabeh

19 Décembre 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #cahiers de l'égaré, #poésie

illustration de couverture Kathleline Goossens

illustration de couverture Kathleline Goossens

Préface
Le Ballet du Temps

format 13,5 X 20,5

66 pages, PVP = 10 €

ISBN 978-2-35502-106-0

Comme disait Verlaine parlant de l’écriture poétique : de la musique avant toute chose.
Le Ballet du Temps de Nouria Rabeh me semble conforme à cet art poétique. Il s’agit d’un ballet de poèmes disposés en moments. Il y en a 6, le premier, sans titre, suivi de kaïkus Poèmes du matin, puis Promenade d’un jourMoments du jour, une deuxième série de haïkus : Au fil des heures, et le poème final : Le temps d’aller.

Ces poèmes sont souvent des instantanés, des saisies sur le vif avec l’œil qu’il faut savoir accommoder comme sont capables de le faire certains photographes dont on dit qu’ils ont l’œil, cadre et moment du clic, depuis une chambre d’hôpital, une façon d’échapper à l’angoisse du mal en cours de traitement, à la solitude de la chambre en jetant un œil de poète par la fenêtre pour dénicher dans le décor, moineau, corbeau, tourterelle, grand arbre nu, lune bien pleine, pour rebondir sur ce qui est vu et aimé et se porter vers l’à-venir, l’aube dorée, le crépuscule éclaboussé d’obscurité et de brume. Il y a du maintenant, du ici et il y a des désirs pour tout à l’heure, des désirs d’envol, de métamorphoses, de fusion avec des fragments de vie proposés par la nature, la ville : Lyon, présente à travers son Crayon, ses habitants de nuit, du matin, du jour, de fusion aussi avec le cosmos, l’univers. Ainsi naît la joie et l’envie de danser, l’envie d’entendre de la musique, Debussy. Ce pourrait être bien sûr l’Hymne à la Joie dont parle si bien Eric-Emmanuel Schmitt dans son livre Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent. Nouria Rabeh se reconnaîtrait dans cet humaniste qu’est Beethoven. Comme lui, elle veut élever. Sa poésie musicale, remplie d’images qui s’enfilent sur des fils ayant peu à voir avec le sens parce qu’elles se suivent comme le fait une arabesque sinuante, propre au langage fleuri de la poésie arabe, n’est absolument pas plaintive, c’est une poésie de vie, aimant la Vie sous toutes ses formes : minérale, animale, végétale, humaine, c’est une poésie de reliance, une poésie d’alliance, de fraternité, de réconciliation, une poésie d’apaisement, de pacification. C’est une poésie au regard soudain lavé comme dirait un de ses poètes de référence, Lorand Gaspar. Les deux séries de haïkus sont l’illustration de cette poésie du regard soudain lavé.

Le Ballet du Temps est la 2œuvre poétique publiée par Les Cahiers de l’Égaré, après Roses des sables et avant Les Tourterelles sacrées, 100 poèmes sur 100 femmes, œuvre qui fera l’objet d’une exposition et de lectures publiques.

Nouria Rabeh, poète lyonnaise d’origine marocaine vit au quotidien selon les deux approches de deux immenses poètes allemands se posant la question : pourquoi des poètes en temps de détresse ? Selon le premier, Hölderlin Plein de mérites, mais en poète l’homme habite sur cette terre, phrase qui a suscité un important commentaire de Heidegger.

Quant au second, Novalis, il affirme : La poésie est le réel véritablement absolu. Plus c’est poétique, plus c’est vrai.

Françoise Dastur a consacré un bel essai à ces deux figures majeures.

Dans la cosmologie de Novalis où « tout est symptôme de tout », où les corps « peuvent s’évaporer en gaz ou se condenser en or », où « un véritable amour pour une chose inanimée est parfaitement concevable », où toutes les inclinations du cœur « semblent n’être que religion appliquée » et le ciel lui-même rien d’autre que « le produit supérieur du cœur productif », il n’y a pas de chose absolument isolée, si ce n’est « la chose en soi », c’est-à-dire « la matière simple », non déterminable, ni connaissable. On comprend alors pourquoi il peut affirmer qu’« un amour fondé sur la foi est religion » , car seule une religion qui trouve Dieu partout, jusque dans la moindre chose, peut identifier Dieu et l’amour.

Pour Hölderlin aussi, dans la nuit moderne règne encore le sacré, car même si « Le Père ayant détourné des hommes son visage, la tristesse a établi son juste règne sur la terre », néanmoins « nous gardons souvenance aussi des Immortels, qui furent jadis nos hôtes, et qui reviendrons au temps propice », car « le dieu du vin » que « chantent les poètes » est « celui qui réconcilie le jour avec la nuit »

Françoise Dastur dans Retrait des dieux et modernité selon Novalis et Hölderlin (Les études philosophiques 2016)page8image3779632 page8image3779840 page8image3780048 page8image3780256

Nouria Rabeh retrouve intuitivement cette religion (de religare, relier), cette philosophie qui trouve Dieu partout (Dieu, les dieux, qui peuvent porter d’autres noms : la Présence, le Soi, l’Infini dans le fini, l’Éternité d’une seconde Bleu Giotto).

C’est avec l’école de Rochefort (fondée en 1941 par Jean Bouhier et qui fut active pendant une vingtaine d’années) que Nouria Rabeh s’est nourrie. École fort riche avec des poètes comme René-Guy Cadou, Michel Manoll, Marcel Béalu, Jean Rousselot, Luc Bérimont, Jean Follain, Eugène Guillevic, Alexandre Toursky, Georges-Emmanuel Clancier, Gaston Puel... Elle en a fait un essai, paru aux Cahiers de l’Égaré : L’éveil d’une génération.

Jean-Claude Grosse

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