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Les Cahiers de l'Égaré

pour toujours

Il faudrait plus qu'un édito / Gilles Cailleau

14 Septembre 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #auteurs de théâtre, #cahiers de l'égaré, #pour toujours, #spectacles, #théâtre, #voyages, #écriture

livre en souscription, envoyé aux souscripteurs à partir du 20 septembre; peut-être commandé en librairie via Soleils Diffusion

livre en souscription, envoyé aux souscripteurs à partir du 20 septembre; peut-être commandé en librairie via Soleils Diffusion

 
Il faudrait plus qu'un édito de Gilles Cailleau
250 pages format 14 X 22
ISBN 978-2-35502-125-1 
18 € 
 
Du même auteur, aux Cahiers de l’Égaré :
Le tour complet du cœur, 2005 (rééd. 2011 & 2014)
Fournaise, 2008
Gilles et Bérénice suivi de Tout l’univers en plus petit, 2011
Vous qui lisez ne me regardez pas (œuvres quasi complètes), 2011 (rééd. 2015) 
Tania’s Paradise, 2013
Le nouveau monde, 2017 


 

 

 

 

Je ne suis pas un très bon acteur, je joue comme un chien, je veux dire que j’ai les défauts d’un chien, celui qui rentre les pattes pleines de boue et qui débordant d’amour les pose sur la chemise encore blanche de son maître ou de sa maîtresse. L’épure n’est pas mon affaire, je la laisse à d’autres qui en font un meilleur usage. Ma générosité de gamin m’empêchera d’entrer au panthéon des acteurs solitaires et splendides.

Parfois un spectateur me demande : – « Jouer si près de nous ne vous perturbe pas ? – Bien sûr que si, ça me dérange, ça m’importune, ça me bouscule, ça me déconcentre. Je l’espère bien, je ne demande que ça. Si j’étais funambule, ça m’ennuierait qu’il n’y ait jamais de vent. »

Gilles Cailleau, auteur, metteur en scène et interprète de la compagnie Attention Fragile, a écrit une centaine de billets d’humeur publiés sur le site de la compagnie entre 2004 et 2021. Les voilà rassemblés dans cet ouvrage. 

2004-2021. J’écris depuis 18 ans les éditos de la page d’accueil du site d’Attention Fragile, une dizaine les années fastes, 3 ou 4 les années maigres, et les voilà tous ensemble.

Enfin, presque tous, j’en ai fait disparaître quelques-uns. À les relire j’ai constaté que je manquais parfois d’inspiration.

Mais je me suis aperçu aussi qu’au-delà de ce que j’y dis, ils retraçaient à leur manière une histoire – incomplète et subjective certes, mais quand même une histoire des splendeurs et des misères de la vie artistique pendant ces 18 dernières années.

Il s’en est passé des choses! M’entendre parler aujourd’hui de masques, de distanciation sociale ou de culture essentielle dans des éditos qui ont plus de 10 ans, c’est une étrange ironie...

Merci à toutes et tous mes camarades, merci à ma propre compagnie, Attention Fragile, que je ne quitte pas.

Et merci à Jean-Claude, merveilleux éditeur et ami.
Gilles Cailleau 

 

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Germain Nouveau, trimardeur céleste de la poésie/José Lenzini

20 Avril 2021 , Rédigé par grossel Publié dans #cahiers de l'égaré, #poésie, #pour toujours, #écriture

Voilà une biographie d'excellence qui a été pénalisée par la crise de la covid 19 suite à l'annulation de toutes les manifestations. Ne reste que la commande en librairie ou sur les plateformes de ventes en ligne

 

article du 21 avril 2021 dans Var-Matin magazine, rendant compte du livre (très belle plume) et annonçant le colloque en ligne du 23 avril

article du 21 avril 2021 dans Var-Matin magazine, rendant compte du livre (très belle plume) et annonçant le colloque en ligne du 23 avril

couverture, pages 4 et 8; Saber Amar par Pedro J. Vizoso Hastings College, Nebraska, USA
couverture, pages 4 et 8; Saber Amar par Pedro J. Vizoso Hastings College, Nebraska, USA
couverture, pages 4 et 8; Saber Amar par Pedro J. Vizoso Hastings College, Nebraska, USA
couverture, pages 4 et 8; Saber Amar par Pedro J. Vizoso Hastings College, Nebraska, USA

couverture, pages 4 et 8; Saber Amar par Pedro J. Vizoso Hastings College, Nebraska, USA

Les Cahiers de l’Égaré, maison d'édition installée au Revest-les-Eaux, depuis juillet 1988 viennent de faire paraître ce 14 octobre 2020  (pour le centenaire de sa disparition) la première biographie de Germain Nouveautrimardeur céleste de la poésie, réalisée par José Lenzini, un spécialiste de Camus, ancien journaliste au Monde qui a travaillé durant près de dix ans sur cet ouvrage. La préface est signée Patrick Lorenzini, ancien journaliste et poète. 

livre au format 14 X 22, 248 pages, ISBN 2-908-35502-113-8. PVP : 15 €

Germain Nouveau (1851-1920), est né et mort à Pourrières, Var.

À Pourrières, il sera le mendiant mystique, Humilis

Une anecdote à son propos : Un Pléiade est paru en 1970, réédité en 1993, consacré à Lautréamont et à Germain Nouveau avec photo de Germain Nouveau sur le coffret. Ce volume de la Pléiade est depuis 2009 remplacé par un volume seulement consacré à Lautréamont. Germain Nouveau dont le souhait était de disparaître, de ne pas laisser de traces, a été exaucé par Gallimard.

Germain Nouveau (1851-1920), ami de Rimbaud et de Verlaine, est à la fois l'auteur de lestes Dixains réalistes, de vers mystiques Ave Maris Stellason dernier recueil qu'il édite à 8 exemplaires, et de poèmes où un sentiment amoureux parfois panique s'exprime avec bonheur, ValentinesLa Doctrine de l'Amour. Il condamnera toute son œuvre et se fera mendiant, avant de se laisser mourir d'inanition. 

Ses liens avec les Illuminations de Rimbaud sont encore mystérieux. Il a recopié certains textes, a été chargé par Verlaine de les éditer. Il y a du Nouveau chez Rimbaud (essai d'Eddie Breuil) mais évidemment les rimbaldiens ne sont pas prêts à concéder ne serait-ce que la possibilité d'une participation de Nouveau à cette composition très difficile à reconstituer de ce qui n'a pas été une oeuvre conçue comme telle. 

L'édition de cette biographie de José Lenzini est le juste prolongement du 1° colloque varois, consacré à Germain Nouveau et qui s’est déroulé en juin 2001, à la Maison des Comoni, le théâtre du Revest, pour le cent cinquantième anniversaire de sa naissance, avec des invités et spécialistes comme Guillaume Zeller, Georges Lauris, Jacques Lovichi, Pierre Borel…

Depuis 2001 il y a eu quatre Cahiers Germain Nouveau en 2008, 2009, 2011 et 2018. Ces publications ont apporté plusieurs textes, correspondances et documents inédits. Les artisans principaux de ces publications sont Jean-Philippe Dewind et Pascale Vandegeerde, par ailleurs collectionneurs de tout ce qui concerne Germain Nouveau. Les études sur Germain Nouveau doivent tout à ce couple de chercheurs passionnés et totalement désintéressés; sans eux rien de tout ce qui arrive actuellement n'aurait eu lieu ; ils sont les gardiens du phare dans la tempête de l'oubli.

Ajoutons en 2015 et 2005 un ouvrage du regretté Jacques Lovichi et une édition de Germain Nouveau provoquée par ses soins. 
Références à tout cela dans la bibliographie de José Lenzini.
 
Au passage, je signale une traduction en espagnol de poèmes de Germain Nouveau, réalisée par Pedro J. Vizoso, de Hastings College aux USA dont j’ai reçu un exemplaire (2015): Saber Amar
 
Manifestations prévues autour de cette parution
Conférence si elle est confirmée (covid19) de José Lenzini à la médiathèque Chalucet, le 20 novembre avec projection du film de Christian Philibert : Le poète illuminé, Germain Nouveau (1851-1920).
Si la fête du livre du Var a lieu, les 20-21-22 novembre, le livre sera présenté par la librairie Charlemagne, en présence de l'auteur.

Un colloque sera organisé les 5 et 6 février 2021 par le département Lettres de l’Université du Var sous la responsabilité de Michèle Monte. Il se déroulera en plusieurs lieux, La Garde, Toulon, Méjanes à Aix (le 6 février 2021 au matin). 

Toutes ces manifestations ont été annulées.

Une grande manifestation avec exposition sera organisée par la médiathèque Méjanes à Aix-en-Provence en février 2021.

Également annulée. Prévue le 23 avril 2021 en visio-conférence.

Un film a été réalisé par Christian Philibert (Les Films d'Espigoule) :

Le poète illuminé, Germain Nouveau (1851-1920) de Christian Philibert
Un documentaire historique - 84 minutes - réalisé en 2020 pour le centenaire de la disparition de Germain Nouveau.
 
Né et mort à Pourrières, dans le Var, Germain Nouveau (1851-1920) forme avec ses amis Rimbaud et Verlaine le plus célèbre trio de la poésie française. Révélé par les surréalistes (Breton, Aragon), il demeure méconnu du grand public, sa mémoire ayant longtemps été occultée par celle de Rimbaud. Plusieurs chercheurs affirment aujourd'hui qu'il est le véritable auteur des Illuminations.
A travers les interviews des principaux biographes et spécialistes de Germain Nouveau, ce long métrage documentaire, tourné sur une période de 25 ans et illustré par une abondante iconographie, dévoile l'histoire et l'oeuvre de ce poète hors du commun. 
 
Réalisation : Christian Philibert, Image et son : Patrick Barra.

Production : Les Films d'Espigoule en partenariat avec Les Amis d'Espigoule (2020)

Ce film sera projeté le 19 novembre au Théâtre Liberté à Toulon et le 20 novembre à la médiathèque Chalucet, Toulon.

La ville de Pourrières sera organisatrice de diverses manifestations.

Pour illustrer ce livre, j'ai sollicité la participation de Ernest Pignon-Ernest qui nous a offert la vignette de couverture et une vignette pour l’intérieur. 

Jean-Claude Grosse, 15 octobre 2020, éditeur des Cahiers de l'Égaré

 

TABLE DES MATIÈRES

 

Page 4         Tu es notre frère                    Préface de Patrick Lorenzini

Page 9         À cheval sur un rossignol

Page 17       Vierges, morts et macaronis glutinés

Page 41       Dans le silence de Marseille assourdie

Page 67       Le temps des voyants

Page 105      Cythère sur Tamise

Page 133      Des Illuminations manquant de clarté

Page 153      La naissance d’Humilis

Page 175      La lettre muette

Page 201      L’aube du trimardeur céleste

Page 225      Mémoire de la fosse commune 

Page 241      Bibliographie

 

Colloque virtuel du 23 avril 2021 

23 avril matin :

9h : Michèle Monte (Babel, Toulon) : scène énonciative et argumentation dans La Doctrine de l’Amour : cohérence et originalité

9h30 : Stéphanie Thonnerieux (Passages XX-XXI, Lyon 2) : Énonciation, dialogisme et genre poétique dans les Valentines : le lyrisme parlé de Germain Nouveau

10h : Discussion et pause

 

11h : Richard Renault  (CRISCO, Caen) : le traitement automatique de la métrique de Germain Nouveau

11h30 : Alain Chevrier (Rouen) : les fantaisies métriques de Germain Nouveau

12h : Discussion

 

12h30-14h : pause-repas

23 avril après-midi :

14h : Daniel Bilous (Babel, Toulon) : « Au fond du reconnu pour trouver du Nouveau ». Parodies et détournements chez Nouveau 

14h30 : Amandine Cyprès (Babel, Toulon) : Des Valentines aux Fantaisistes : petit itinéraire vers un lyrisme ironique

15h : discussion

 

15h30 : Antoine Piantoni (docteur de Sorbonne Université) : « Le plafond s’effondre en fleurs idéales » : Germain Nouveau prosateur

16 h : Anthony Piana (Nice) : « Une place à trouver » 

16h30 : discussion

 

17h30 : clôture du colloque

 

 

 

vignette d'Ernest Pignon-Ernest

vignette d'Ernest Pignon-Ernest

l'affiche du film de Christian Philibert sur Germain Nouveau,; il sera projeté le 19 novembre au Théâtre Liberté et le 20 novembre à la médiathèque Chalucet, si les conditions sanitaires le permettent

l'affiche du film de Christian Philibert sur Germain Nouveau,; il sera projeté le 19 novembre au Théâtre Liberté et le 20 novembre à la médiathèque Chalucet, si les conditions sanitaires le permettent

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La Pente / François Carrassan

20 Juin 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #cahiers de l'égaré, #philosophie, #pour toujours, #écriture

le cycliste, Henri Cartier-Bresson, Hyères, 1932, avenue Edith Wharton

le cycliste, Henri Cartier-Bresson, Hyères, 1932, avenue Edith Wharton

La Pente

François Carrassan

ISBN 978-2-35502-105-3

112 pages, format 13,5 X 20,5, papier ivoire

4° de couverture

C’était en 1932 à Hyères. Un vélo sans intérêt descendait de la colline du château. Cartier-Bresson l’a vu venir du haut d’un escalier en surplomb de la rue. En un éclair le cycliste inconnu est devenu l’image de chacun de nous dévalant sa vie sur la pente du temps. Le plomb de la réalité avait donné l’or de la photo.

Le château, au sommet de la colline, a été rasé sur l’ordre d’un roi vengeur il y a quatre siècles et nulle image n’en est restée. Seuls des remparts font encore signe en son absence. On peut seulement lire qu’il était majestueux et s’imposait au paysage.

En 2014, une fouille archéologique de son site originel allait être entreprise pour la première fois. La photo s’installa dans mon esprit. Et, comme on allait descendre dans le temps, j’eus l’idée, m’inspirant du photographe, d’en sortir un instant et de le regarder passer.

François Carrassan

extrait

I

La rue des Porches, à Hyères, comme une brèche dans le passé de la ville, passe, large et sombre, sous de très anciennes maisons. Elle longe la dernière enceinte urbaine de la cité médiévale, quand celle-ci s’agrandissait sur les pentes de la colline au sommet de laquelle se dressait le château des seigneurs de Fos. Des meurtrières parsèment encore sa muraille.

Elle s’ouvre toujours au vent qui, sitôt levé, s’y engouffre comme dans une course folle. C’est le bon moment. Des paquets de poussière tourbillonnent sous les voûtes et, d’un pas de côté, vous vous mettez à l’abri dans le chambranle d’une porte qui se pourrait d’époque. Dans un rai de lumière qui tombe de la ruelle voisine, vous voyez la poussière jouer avec les pierres. On dirait le passage du temps.

 

Oui, comme si, sorti à cet instant du cours des choses et doté du pouvoir de le contempler, vous voyiez devant vous passer le temps.
Un peu, me suis-je parfois dit, à la façon d’Apollinaire marchant le long de la Seine, un livre ancien sous le bras, tandis que le fleuve s’écoule et ne tarit pas.

un retour de lecteur en date du 20 juin 2020

Cher François
Un grand, très grand merci pour ton livre sur " La pente....du 
temps"..et ta chaleureuse dédicace... Je l'ai lu d'une traite dès que je 
l'ai reçu et j'y ai pris un immense plaisir...D'abord d'y retrouver ma 
chère ville de Hyères dont je suis exilé depuis notre déménagement 
calamiteux et la perte de ma bibliothèque.....Je t'avoue que dans ta 
déclaration d'amour à Hyères j'en ai découvert non seulement l'histoire 
que tu racontes par petites touches, mais surtout un "je ne sais quoi" 
comme dirait Jankélévitch, qui n'est sans doute sensible qu'à quelqu'un 
comme toi qui le ressent avec ses racines, avec ses pores..Le " je ne 
sais quoi'" qui fait le charme d'un paysage à travers le passage du 
temps que tu perçois si bien dans le cycliste de Cartier Bresson...
J'en ai conçu aussi une certaine amertume envers ma propre impuissance à 
adhérer comme toi à ce génie du lieu... étant données les difficultés que 
j'ai connues dans mon passé familial, malgré tout ce que mes merveilleux 
parents, que tu as connus, ont fait pour moi... Ils étaient de vrais 
Hyérois, et avaient le même amour que toi pour leur ville dont ils ne 
seraient jamais séparés...
Mon sort a été différent et je me suis vraiment réalisé quand je suis 
venu à Paris pour mes études, à une époque où Paris était encore Paris 
et où la France était encore la France..
Mais ton livre n'est pas seulement attachant par cette magnifique 
évocation de Hyères, tu y exposes des réflexions à la fois légères et 
profondes sur la fuite du temps, sur l'éternité dans l'instant et sur le 
mystère de la mort que tu abordais déjà dans un livre précédent...Tu 
t'appuies sur une érudition qui apporte des fondements à ta promenade à 
travers le temps, mais qui ne se montre pas et à certains égards, j'ai 
retrouvé dans ton style, dans ta manière l'esprit du XVIII ème siècle 
dans ce qu'il a pour moi de mailleur...qui est celui de Diderot dans ses 
lettres à Sophie Volland, que j'ai malheureusement larguées avec ma 
bibliothèque du Portalet...un naufrage que j'aurais pu certainement 
éviter si je n'avais pas céder à l'urgence et à la panique.
Ce que tu écris sur le patrimoine est très juste et sort des lieux communs.
A propos des Noailles tu cites Igor Markevitch qui a raconté dans ses 
mémoires, "Etre et avoir", l'histoire mouvementée de sa romance avec 
Marie-Laure. Et parmi les amoureux de Hyères, il y a Stevenson qui a 
vécu dans le quartier du Continental et dont sa femme a dit qu'il avait 
passé à Hyères la plus belle année de sa vie.
Ces retrouvailles avec toi et avec Hyères à travers ton livre 
tombent bien parce que je doit faire en novembre une conférence à la 
médiathèque dans le cadre d'un projet dont ma fille a donné récemment le 
dossier au docteur Roux, un vieil ami de ma famille. Elle voulait aussi 
te voir mais a été débordée par son programme et n'avait pas pu te joindre.
Elle va te l'envoyer.
Je ne sais pas encore quel sujet je vais traiter, sans doute sur Tolstoï 
dont le frère est mort à Hyères, où il a passé lui-même plusieurs mois. 
Ce sera aussi l'occasion de faire mieux connaître la soeur de Tolstoï, 
qui aimait beaucoup Hyères. Personnellement je m'intéresse davantage aux 
livres et aux idées qu'à des aspects biographiques mais il est important 
d'ancrer une oeuvre dans une vie et un terroir.
Si le sujet t'intéresse tu pourrais y participer. Ce serait bien aussi 
d'inviter Jean-Claude Grosse qui a beaucoup aidé ma fille quand il 
dirigeait son théâtre au Revest.
A propos, je vais le féliciter pour le bel écrin qu'il a offert à ton 
texte, avec une typographie adaptée à ma vue ce qui m'a facilité la 
lecture. 
Gérard Conio
PS Il se trouve que j'ai écrit sur l'instant qui nous sauve du 
sarcophage du temps dans une étude sur " La dialectique du double chez 
Dostoïevski" que j'ai retrouvée à l'occasion d'un entretien sur le 
nihilisme dans une émission de Radio Courtoisie. Je te l'envoie en pièce 
jointe.

quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan

quelques titres de et avec François Carrassan

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Orphéon Légende / Georges Perpes

30 Mai 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #auteurs de théâtre, #cahiers de l'égaré, #pour toujours, #théâtre, #écriture

Orphéon Légende, une légende parmi d'autres sur la légendaire association Orphéon et ses 40 ans et sur la mythique bibliothèque de théâtre Armand Gatti et ses 20 ans

Orphéon Légende, une légende parmi d'autres sur la légendaire association Orphéon et ses 40 ans et sur la mythique bibliothèque de théâtre Armand Gatti et ses 20 ans

À la lectrice, au lecteur d'Orphéon Légende

Vous tenez entre vos mains un livre d’un genre particulier, c’est un livre de théâtre.
Ça existe encore ?
Quelle idée de lire du théâtre ?

Aussi saugrenue que celle de lire un scénario de film !

Peut-être n’avez-vous plus lu de pièce de théâtre depuis l’école ? le collège ? le lycée ?
Peut-être est-ce la première fois que vous en lisez une ?

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul.e, vous êtes des millions, la majorité.

Pour les autres, la minorité,
salut les frangines, salut les frangins,
vous pouvez sauter cette adresse et passer directement à la pièce.

Peut-être ne lisez-vous plus, fatigué d’avoir lu trop de livres ?
Peut-être ne lisez-vous jamais ?
Pas un roman, une BD, un poème, une nouvelle. Pas un journal. Même un gratuit ?

Vous ne souvenez pas de la dernière fois où vous êtes entré.e dans une librairie.

Une bibliothèque ?

Vous n’avez jamais franchi la porte d’un théâtre. Pas le temps, l’argent.
Pas même le jour où il pleuvait à verse, il faisait si froid, pour vous mettre à l’abri dans le hall d’accueil.

Vous préférez courir dans la colline, sauter d’un rocher dans la mer, faire du parapente, de la grimpe, du vélo, du Pilates, du yoga, l’amour, de la musique, de la peinture, cuisiner un bon petit plat, aller au cinéma, envoyer des textos, voyager, chatter, regarder la télé, boire un coup avec les copains, arroser vos plantes, danser le tango, fumer un pétard, caresser votre chat, voir un match de rugby, taguer un mur la nuit dans une friche...

Vous n’êtes jamais monté sur scène.
Peut-être en primaire lors de la fête de l’école, je ne me souviens pas.
Vous n’avez jamais croisé la route, d’un prof, d’une amie qui vous a dit : tu devrais faire du théâtre.
Peut-être l’avez-vous croisé.e et vous n’avez pas osé sauter le pas ?
Vous n’avez pas rencontré l’hermaphrodite qui ne dit qu’un seul mot : v.i.t.r.i.o.l.u.m.

Si vous vous reconnaissez dans au moins une de ces lignes, c’est à vous que ce préambule s’adresse.

Dans tous les cas, ouvrez le livre où vous voulez. Au début, à la fin, au milieu.
Au hasard.
Un texte se défend tout seul. Il résiste même parfois.

Lisez-le seul.e silencieusement. Ou mieux à haute voix.
Ou mieux encore, partagez-le avec d’autres.

Une pièce de théâtre est traversée de multiples voix, où dialoguent celles de tous les vivants et de tous les morts.
Une pièce de théâtre ne s’embarrasse pas de description, elle suggère.

Un livre de théâtre n’est pas un cahier de régie, il attend la lumière de son lecteur.
C’est un matériau pour la scène, tout d’abord pour votre scène intérieure.

Un germe en attente de s’incarner.
Sans vouloir vous commander : Rêvez ! Faites votre lecture, elle est unique.

Une pièce de théâtre n’est pas une BD : je fournis les phylactères, vous les images.
Une pièce de théâtre est comme une chanson : j’écris les paroles, vous la musique.

Une pièce de théâtre, comme une BD ou un disque, n’est généralement jamais très longue : la lire ne vous prendra pas plus d’une heure.

Une précision encore : contrairement à l’usage, vous ne trouverez pas de liste des personnages. De plus, petit jeu, parfois simple, parfois plus compliqué, aucun nom de locuteur n’apparaît en face des répliques : aucune réplique n’est attribuée, si bien qu’au premier abord, on peut en conclure hâtivement qu’on ne sait jamais vraiment qui parle. À vous de faire votre distribution.

Si vous décrochez, c’est que le moment n’est pas venu.
Attendre une autre heure, d’un autre jour, d’une autre nuit, plus favorable, plus tard lorsque vous serez disponible. Laisser reposer. Parfois ça demande du temps, un certain temps. Finalement, peut-être que la nourriture ne sera pas à votre goût, insipide ou trop pimentée, trop légère ou indigeste, que ce n’est pas ce dont vous avez besoin maintenant, que le livre vient trop tôt ou trop tard.

Si c’est le cas, que vous vous résolvez à abandonner le livre, prenez-en soin, mettez-le de côté, à l’abri, en attendant... On ne sait jamais.page13image5773200 page13image5773408 page13image5773616

Ou alors, offrez-le, refourguez-le aux Puces, à un bouquiniste. Libérez-le dans un espace public. Merci pour lui.

Merci aussi à tous les copistes, anonymes ou connus, qui, depuis la nuit des temps, ont transmis les pièces du puzzle qu’est cette histoire.
Merci à mon éditeur, le seul que je connaisse capable d’accueillir un livre, sans savoir de quoi il traite, sans en avoir lu une seule ligne. Merci à sa confiance, à son amitié qui me permettent de rejoindre la foule de tous les autres égaré.e.s. Ce livre est pour eux & elles.

Et maintenant, bonne lecture.

Georges Perpes

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Il y a 100 ans : 14-18 / Yves Gibeau/Le chemin des dames

8 Novembre 2018 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #pour toujours

Constellation de la douleur, monument inauguré en novembre 2007 à Craonne, réalisé par Christian Lapie

Constellation de la douleur, monument inauguré en novembre 2007 à Craonne, réalisé par Christian Lapie

Yves Gibeau :
«  Comment se débarrasser
de la connerie militariste ? »


J'en connais qui larmoient sans cesse, blessés qu'ils sont dans leur petit chauvinisme culturel : « Ah ! Ce n 'est pas en France qu'on ferait du cinéma politique comme en Italie ! » Ah bon ? Parce que Godard fait du cinéma à l'eau de rose ? Parce que Truffaut, Resnais et Costa-Gavras, pour ne citer qu'eux, n'ont aucun courage ? Parce que Boisset n'existe pas, peut-être ? Désolé de vous contredire, chers chatouilleux, mais l'hypertrophie du cocorico a rebours doit rendre aveugle ! Car, si vous ne le savez pas, et pour s'en tenir à son seul cas, Yves Boisset existe bien. Je l'ai rencontré parfois. Je l'ai croisé récemment. Lors d'une projection de son dernier long métrage : « Allons z'enfants ».
Encore un film coup de poing. Boisset est décidément un homme qui se choisit des « sparring-partners » bien dangereux. Un cinéaste qui ose traiter tous les sujets tabous sur lesquels l'ordre moral de la Ve République aimerait couler une chape de silence. En 1972, il a porté à l'écran l'affaire Ben Barka dans « l'Attentat ». En 1973, la guerre d'Algérie dans « R.a.s. ». En 1975, le racisme ordinaire et quotidien dans « Dupont Lajoie ». En 1976, les relations entre la pègre et la police dans « le Shérif». Aujourd'hui, avec «Allons z'enfants », il cloue l'armée au pilori. Il donne à voir un cancer de plus dont souffre la France mais dont elle ne détient pas l'exclusivité : la bêtise militaire, la bêtise dangereuse et assassine.
Des mômes, crânes rasés, tournant dans une cour de caserne comme des fauves matés dans la cage d'un cirque. Deux cents mômes claquant des galoches dans la neige et rythmant leur pas mécanique au son du refrain le plus débile qui soit : « Le pinard c'est de la vinasse... ». Ce n'est qu'un début. D'autres « gaîtés » les attendent : les coups, les brimades, les interdits, le bourrage de crâne guerrier, les ordres stupides, l'apprentissage de la soumission systématique... Cela se passe en 1936, dans une école d'enfants de troupe ; mais, cela pourrait se passer en 1981... En 1936, Simon Chalumot, placé là par un père ancien combattant et borné, fera tout pour fuir cet univers de répression et d'oppression : évasion, suicide... Il ne s'en échappera définitivement que pour aller se faire tuer au front, en 1939, en essayant de sauver un soldat allemand blessé.
           
Le film de Boisset est tiré du livre d'Yves Gibeau, « Allons z'enfants », dont la parution, au début des années cinquante, fit grand bruit. Le roman se vendit à plus de trois cent mille exemplaires. Sa lecture valut aux appelés d'Algérie qui osèrent le faire circuler quelques séjours au « trou ». Etienne Lalou fut un temps écarté de la radio pour avoir osé en parler avec chaleur. Aujourd'hui encore, il est interdit de le lire dans les casernes françaises. Boisset, lui, l'a lu alors qu'il n'avait qu'une quinzaine d'années. Il a aussitôt rêvé d'en faire un film. II a mis plus de vingt-cinq ans à réaliser son rêve. Non sans difficultés : si Yves Boisset et Jean Carmet n'avaient pas investi leurs cachets dans la production, le film n'aurait pas vu le jour. Si Boisset n'avait pas rencontré un maire socialiste (celui de Chambéry, ancien objecteur de conscience) pour lui louer des bâtiments militaires achetés par la municipalité, l'armée française n'aurait sûrement pas prêté une caserne pour les besoins du tournage d'« Allons z'enfants »... Et tous ceux qui aiment à « casser du pacifiste », comme d'autres aimaient « casser du viet ou du felhouze », se seraient frottés les mains de plaisir.
Dans le livre et dans le film, le pacifiste, l'enfant qui n'aime pas la guerre et le dit à haute voix à la face des gradés, s'appelle Simon Chalumot. Dans la vie, il s'appelait Yves Gibeau. Comme son héros, il a vécu l'école des enfants de troupe et la guerre. Seule différence : dans le livre, Chalumot meurt ; dans la vie, Yves Gibeau en a réchappé et a pu témoigner. Gibeau n'est pas seulement l'auteur d'« Allons z'enfants » (Calmann-Lévy). Il a également écrit : « le Grand Monôme », « ...Et la fête continue », « les Gros Sous », « la Ligne droite » et « La guerre, c'est la guerre ». Puis, il s'est tu, à l'aube des années soixante. Il a l'intention de s'y remettre... pour écrire sur son enfance. On saura donc bientôt ce que fut la prime jeunesse, avant qu'il n'aille croupir aux enfants de troupe, d'Yves Gibeau. Pardon, de Simon Chalumot.
           
«L'UNITE» : Un peu partout autour de vous, ici, dispersés dans votre maison de Montmorency, on trouve des objets et des affiches qui rappellent la guerre. Dans un coin, vous avez même constitué un véritable petit musée de guerre : des grenades, des fusils, des casques, des douilles, des gamelles, des boutons de capote... Bizarre, tout de même, cette fascination chez un écrivain qui a consacré l'essentiel de son œuvre à dénoncer la guerre et son bras séculier : l'armée...
YVES GIBEAU : Ce n'est pas une fascination morbide. Vous avez déjà vu des films de guerre ? Moi, j'ai vu la guerre. C'est un spectacle que je ne peux pas
oublier, qui m'habite. Je suis né en Champagne pendant la Première Guerre mondiale. J'ai même été obligé de dormir, j'avais à peu près deux ans, dans des tranchées de la bataille de la Marne. J'ai rejoint en Pologne, à la fin du conflit de 14-18, avec ma mère, mon beau-père qui était alors dans l'armée de Weygand. J'ai passé des années dans des antichambres de la guerre : les écoles d'enfants de troupe. J'ai été « rappelé » pour la Seconde Guerre mondiale. J'ai fait la « drôle de guerre ». J'ai été fait prisonnier à Malo-les-Bains, près de Dunkerque. Je suis allé en captivité. Au total, j'ai passé près de treize ans en costume de guerre. Comment voulez-vous que j'oublie ?
Il suffit d'aller à Verdun. Là, sur douze kilomètres carrés, H tombait cent mille obus par jour. Là, on a retrouvé trois cent mille cadavres. Mais, H y en a encore cent mille qui n'ont jamais été exhumés ! Alors, quand je retrouve une balle, quand je retrouve un bouton de capote, quand je regarde un casque troué, derrière chacun de ces objets c'est un être humain que je vois : un vivant qui est mort à cause de la guerre. Je ne peux pas oublier, je ne veux pas oublier les souffrances, la mort. Je ne suis pas né antimilitariste. Mais chacun des objets que je collectionne témoigne pourquoi je le suis devenu.
— On dit que votre antimilitarisme a contaminé un de vos amis qui s'appelait Boris Vian. On dit que c'est un peu à cause de vous qu'il a écrit la chanson « le Déserteur ». Est-ce exact ?
— Boris était au moins aussi antimilitariste que moi. Il avait traduit les souvenirs du général Bradley qui s'intitulaient : « Mémoires d'un soldat ». Quand il dédicaçait un exemplaire à ses amis, il rayait un mot, le remplaçait par un autre et ça devenait : « Mémoires d'un conard ». Nous étions voisins boulevard de Clichy. C'est moi qui l'avais fait venir sur le même palier alors qu'il cherchait un appartement. Il a composé, c'est vrai, une chanson qui s'appelle « Allons z'enfants », comme mon livre. Quand j'écrivais ce roman, il me demandait souvent : « Alors, où en êtes-vous, Chalumot ? ». Et je crois que c'est l'histoire de Chalumot qui lui a fait écrire « le Déserteur ».
— Seriez-vous devenu écrivain si vous n'aviez pas rencontré des gens comme Boris Vian ou Albert Camus, qui a été votre rédacteur en chef à « Combat » ?
— J'avais déjà commencé à écrire, quand j'étais aux enfants de troupe. Des poèmes. Et j'étais toujours premier en français. J'ai toujours aimé écrire. J'ai pris ce goût en lisant. J'ai eu la chance d'avoir un grand-père qui avait une bibliothèque prodigieuse. C'est là que j'ai découvert Ponson du Terrail, Marcel Allain, Louis Noir, Aristide Bruant. C'est là que j'ai pu lire « Fantomas », « les Bas-Fonds de Paris ». J'ai eu accès à d'autres auteurs, à d'autres livres dans la bibliothèque de la petite école où je suis allé, dans le village d'Avaux, dans les Ardennes : Alphonse Daudet, Eugène Le Roy, Erckmann-Chatrian, « le Petit Chose », « Jacquou le Croquant », « Histoire d'un conscrit de 1813 ».
Mon beau-père était militaire. Mes parents ont déménagé trente fois. Parfois, notamment quand ils sont partis à Tombouctou, je ne les ai pas suivis. Mais, quand je vivais avec eux, l'enfant que j'étais a été très frappé par la boulimie de lecture de sa mère. Elle lisait tout et n'importe quoi, même des romans d'amour à vingt sous. Elle lisait même en mangeant. Je me souviens encore du plaisir qu'elle y prenait et qui se voyait à chaque instant sur
son visage. J'ai attrapé cette passion familiale. Et c'est elle qui m'a conduit à écrire. . — Vous vous souvenez du premier livre que vous avez lu ?
— Oui. J'avais cinq ou six ans. C'était « Han d'Islande ». Et ce qui m'avait surtout marqué, c'était les noms propres inventés par Victor Hugo, des noms compliqués avec des h et des j partout. Mais ma lecture décisive, celle qui m'a le plus impressionné, c'est « Titi le moblot », l'histoire d'un enfant de la guerre de 1870 qui s'était engagé à quatorze-quinze ans. Une histoire de guerre, déjà...
— A treize ans et demi vous vous êtes retrouvé « encaserné » à l'école militaire des Andelys, dans l'Eure. Vous avez pu continuer à y lire librement ?
— Non, évidemment. Nous n'avions accès qu'à deux collections : la Bibliothèque Verte de chez Hachette et la collection Nelson. Mais nous n'avions pas le droit de lire en classe. Et nous avions peu de temps de libre : en dehors de la classe, il y avait les leçons à apprendre et les exercices militaires à faire. Il était difficile de trouver et le temps de lire et le lieu d'isolement nécessaire. Malgré tout, je lisais en cachette. Et, chaque fois que j'allais en permission, je rapportais des bouquins, des livres de Michel Zevaco surtout. Mais je n'en rapportais pas beaucoup ; j'avais peur de me les faire piquer par les sous-off.
— Dans « Allons z'enfants », Simon Chalumot rêve d'entrer dans le monde du cinéma. C'était aussi l'espoir d'Yves Gibeau quand il était enfant de troupe ?
— Aux enfants de troupe, nous étions tous fous de cinéma. Moi, j'avais dû voir mon premier film à l'âge de cinq ans. Je rêvais de devenir metteur en scène. A sept-huit ans, alors que j'allais à l'école au Perreux, j'avais vu « le Miracle des loups » de Raymond Bernard. Dans un dépôt d'ordures, derrière l'école, j'avais retrouvé un petit morceau de pellicule qui avait dû être jeté là après une cassure. Je me souviens que je montrais ce bout de film à tout le monde... Un autre film m'avait touché; ma mère me l'avait emmené voir dans une Maison du peuple : « Titi, premier roi des gosses ». Et puis, dans le village de mon grand-père, dans le bistrot du pays, j'avais vu « Jim le harponneur », avec des effets de nuit verts, puisqu'à cette époque on teignait la pellicule... Ce qui fait que très vite je me suis mis à collectionner les journaux de cinéma et à découper les photos de cinéma. Ce qui fait que j'ai gamberge et que je me suis dit : « Un jour tu feras du cinéma. »
— Pourquoi n'en avez-vous pas fait ? Pourquoi vous êtes-vous mis à faire des livres ?
— J'aurais été incapable de mener les deux de front. Je ne me vois pas passer ' d'un livre à un scénario. Je ne suis pas un « homme de lettres » organisé qui peut se dire : « Bon, ce matin, j'écris deux pages de mon bouquin ; et, demain matin, je m'occuperai de mon scénario. » Mais j'avoue que j'ai essayé de faire du cinéma. Pour vivre et pour pénétrer le milieu, j'ai fait de la figuration. J'ai vite été écœuré par la mentalité de « fonctionnaires » des « frimants » (figurants en argot de métier). Et je me suis aperçu que ce cul-de-sac né pouvait pas mener à la mise en scène. J'ai également voulu commencer une encyclopédie du cinéma ; Henri Langlois m'a mis une chambre à disposition à la Cinémathèque, avenue de Messine ; mais le projet est tombé à l'eau...
Parallèlement, j'ai été pris dans l'engrenage des livres. Un jour, un copain m'a dit : « En captivité, tu faisais ton journal. Pourquoi tu ne ferais pas un livre sur la captivité ? » J'ai répondu : « Oui, pourquoi pas ? Je vais essayer. » C'est comme ça que j'ai écrit « le Grand Monôme ». Ce n'était pas un livre transcendant. Il était plutôt mal écrit et un peu trop influencé par Céline à grand renfort de points d'exclamation. Mais il s'est bien vendu et il m'a valu la bourse Blumenthal, que Malraux avait déjà obtenue... Puis j'en ai fait un deuxième. Et l'écriture des livres m'a emporté...
— En écrivant vos romans, vous n'avez jamais pensé au cinéma ?
           
— II y a dans mes livres, c'est exact, un côté visuel. Je ne suis pas très doué pour faire vivre les personnages de l'intérieur. Je suis plutôt fait pour les scènes dialoguées et les descriptions. Mais, je n'ai jamais pensé au cinéma en écrivant mes bouquins. Sauf pour « les Gros Sous ». Et ça ne m'a guère réussi ; puisque Lorenzi, Carné et Rouquier qui ont successivement pensé à une transposition cinématographique n'ont jamais réussi à en faire un film.
En fait, mon premier film, je viens de le faire par personne interposée : « Allons z'enfants » d'Yves Boisset.
— Le ton du film n'est-il pas un peu outrancier ? Boisset ne donne-t-il pas un visage caricatural de l'armée ?
           
— Je connais le refrain. On me dit : « Les sous-off du film ne sont pas vraiment subtils ! » Je réponds : « Vous en connaissez, vous, des sous-off subtils ? » Des caricatures vivantes, comme celles du film, il y en a plein les casernes. Je suis retourné il y a quelque temps, avec ma femme et mes deux filles, à l'école militaire de Tulle, où j'avais vécu en 1932 et 1933. Nous sommes tombés sur un sous-officier aussi bouché et caricatural que le sergent Billotet dans le film de Boisset. Aux Andelys, l'autre jour, j'ai revu un type de ma promotion, un ancien enfant de troupe : il était la suffisance même. Non, le film n'exagère en rien. L'univers militaire, c'est autre chose que le défilé des gentils petits soldats sous le soleil du 14 juillet. L'univers militaire, c'est vraiment cette bêtise ambiante.
Certes, il y a des militaires qui échappent à cette règle de la bêtise : je pense au général de la Bollardière, à l'amiral Sanguinetti. Mais, les exceptions se comptent sur les doigts de la main. Ce qui est terrifiant avec les militaires c'est qu'ils sont tellement bêtes qu'on ne peut pas discuter avec eux. Ils ont choisi un métier doublement bête qui consiste à tuer et à être commandé. C'est-à-dire qu'ils ont renoncé définitivement à être libres et à choisir. Ils ne connaissent que le garde-à-vous et la hiérarchie. Un général de brigade peut dire à un général de division : « Vous êtes un con ! » Et l'autre de claquer les talons en approuvant : « Oui, mon général ! » Où est l'humanité là-dedans ? Einstein le disait très bien : « Un militaire n 'a pas besoin de cerveau, une colonne vertébrale lui suffit. »
— Vous dites à peu près la même chose en exergue d'« Allons z'enfants »...
— Oui, je cite Lewis Mumford : « Heureusement pour l'humanité, l'armée a généralement été le refuge des esprits de troisième ordre. » A la limite, j'aurais pu ne pas écrire le livre et faire, page après page, des variations typographiques sur cette phrase, jusqu'à satiété. On va encore dire que j'exagère. On a aussi dit que Boisset exagérait avec « R.a.s. ». Pourtant, il y a bien eu, réellement, des bataillons disciplinaires dirigés par de vraies brutes sadiques. Pourtant, dans les écoles d'enfants de troupe, les brimades existent encore : des jeunes, qui y sont passés il n'y a pas si longtemps, me le racontaient l'autre jour aux Andelys. Pourtant, à Nouméa, récemment, trois soldats sont bien morts d'insolation à cause de la connerie des sous-off.
Je trouve scandaleux qu'en plus les militaires méprisent les civils. Sans les impôts payés par les civils de quoi vivraient-ils ? On berne l'opinion sur la mentalité réelle des militaires : ils ne s'engagent pas dans l'armée pour défendre la France ; ils s'engagent dans l'armée parce qu'ils ne savent rien faire d'autre et que la paye tombera tous les mois.
— Vous avez été journaliste. Pourquoi ne pas en avoir profité pour dire cela ?
— J'ai été journaliste spécialisé dans les spectacles parce que Camus a bien voulu accepter mon premier papier à « Combat ». En fait, j'aurais bien aimé être correspondant de guerre, aller au Vietnam par exemple, pour pouvoir dire ce que je pense de la guerre et de l'armée sur le terrain, sur des faits précis, autour d'événements ponctuels. Mais, je ne crois pas que j'aurais tenu le coup physiquement. Alors, je me suis contenté de dire ce que j'ai sur le cœur par le truchement du roman.
— Et, selon vous, c'est un moyen efficace ? Le cinéma n'est-il pas plus percutant ?
— Autrement dit : est-ce qu'avec un livre ou un film on peut faire quelque chose contre la connerie militariste ? Je crois que les gens qui vont voir le film de Boisset en prennent un sérieux coup ! Ils y voient comment on confisque son enfance à un gosse qui n'a rien demandé de tel, comment on l'envoie à la mort. Ils y entendent par deux fois cette phrase : « L'armée, c'est la dégoûtation de la France. » Ça les fait peut-être réfléchir, mais ça ne supprime pas l'armée ! On dit aussi que mon livre a servi à améliorer la vie des enfants de troupe, mais il n'a pas réussi à faire disparaître les écoles d'enfants de troupe. On ne peut donc pas dire qu'un livre ou un film puisse grand chose contre l'armée...
— Il n'empêche que vous persistez et signez... dans l'antimilitarisme...
           
— Absolument.. Je rêve d'un monde entièrement démilitarisé. Mais, je sais que je ne le verrai pas. Alors, je me soulage, je me libère la conscience. Je crie : « Mort aux cons ! » Tout en sachant bien que la masse reste convaincue que l'armée est un mal nécessaire. Moi, je suis convaincu du contraire. Alors, je le dis, je l'écris. Tout en me posant la question : « Mais comment se débarrasser de la connerie militariste ? »
Un jour où quelqu'un s'est écrié en sa présence : « Mort aux cons ! », de Gaulle a soupiré : « Vaste programme... »
 

Jean-Paul Liégeois
Yves Gibeau (1916-1994)

Né à Bouzy (Marne) en 1916, à 30 kilomètres de Craonne, des amours le temps d’une nuit de sa mère et d'un soldat au repos, le petit Yves sera adopté par l'adjudant-chef Gibeau. De 1929 à 1934, il est placé dans différentes écoles d’enfants de troupe. Militaire de carrière par obligation de 1934 à 1939, il est cassé du grade de brigadier-chef pour inaptitude. Enfin libéré en 1939, il est mobilisé la même année, connaît la guerre, puis la captivité et ne revient à Paris qu’en décembre 1941.
A la Libération, c’est Albert Camus qui le pousse à choisir le journalisme et il entre à « Combat » comme critique de variétés. Afin de garder du temps et l'esprit libre pour écrire, il devient correcteur de presse. La littérature lui permet ainsi d’exorciser ses souvenirs d’enfance et de se livrer à un réquisitoire implacable des milieux militaires. Rebelle, antimilitariste, Yves Gibeau s’est installé en 1979 dans un ancien presbytère, à Roucy, non loin de Craonne et de ses champs de bataille qu’il parcourait à la recherche de traces et d’objets. Veilleur, expert, historien, témoin à charge, il est aussi l’auteur des textes d’un livre de photos sur le Chemin des Dames. Collectionneur de mots et de définitions également, il a livré chaque semaine, jusqu’au jour de sa mort, le 14 octobre 1994, une grille de mots croisés à « L'Express ». Ayant souhaité être enterré dans le petit cimetière de Craonne, il repose aux côtés – disait-il – d'un soldat allemand de la « der des ders », dans la terre labourée par la folie des hommes.
 

 

Les Fantômes du chemin des dames
par Gérard Rondeau
ou
Le Presbytère d'Yves Gibeau

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« Dans cet ouvrage, le photographe Gérard Rondeau accompagne l'écrivain Yves Gibeau, aujourd'hui décédé, dans sa retraite près de ce Chemin des Dames où les soldats se sont égorgés pendant cinquante mois. Auteur d'un livre très populaire, Allons z'enfants, pacifiste convaincu, Gibeau, ancien enfant de troupe, détestait l'armée. Les lieux hantés par les combats de 14-18 le fascinaient, il ne cessait de les parcourir, comme pour comprendre la folie des hommes. Son grenier était "un dépôt de mémoire active", dit l'historien Philippe Dagen.

Ce livre est donc autant une photo-biographie de l'écrivain qu'une évocation du conflit, des champs de bataille, des villages et des champs désertés par les hommes, laissés aux soins des femmes, des monuments aux morts, des affiches de propagande belliciste. » (extrait d’un article d'Isabelle Martin, Le Temps, 1er novembre 2003)

« Un travail photographique nourri d’archives né de 15 ans d’amitié. Images d’une vie, de rencontres, d’une œuvre, du temps qui passe. Et en filigrane, toujours, le presbytère, lieu de retraite, d’histoires, de vie et de mort, ses collections, ses trésors, sa mémoire, vive et douloureuse, comme autant de portes ouvertes sur Gibeau. Mais aussi la guerre qu’on appela la Grande, ses lieux mille fois arpentés, ses croix de bois, ses paysages qui portent le poids d’une mémoire omniprésente, une guerre croisée et jamais quittée telle une quête obsessionnelle sur le chemin des Dames. Des photographies documentées et légendées, soulignées par des textes, inédits ou non, d’Yves Gibeau ou de ceux qui l’ont connu et aimé… pour un voyage dans les pas de Gibeau, dans un univers balayé par les traces de la Der des Ders. » (présentation de l’éditeur)

 

Note de grossel:

ce n'est pas un hasard si je mets en ligne ces pages sur Yves Gibeau.

Ayant moi-même été enfant de troupe à Tulle puis à Autun (de 1953 à 1959), j'ai lu Allons z'enfants, paru en 1952, sans doute en 1953 (ce n'était pas très conseillé de se faire prendre avec). Et ayant voulu rencontrer l'auteur, je finis par le rencontrer à la revue Constellation vers 1954 où il était cruciverbiste. Rencontre qui m'a marqué car l'homme était passionnant.
Comme lui, je devins anti-militariste puis révolutionnaire à partir de 1968. Jusqu'en 1980.

Quand le film d'Yves Boisset sortit en 1981, j'emmenai mes parents le voir et leur dit à la sortie que c'était ce que j'avais vécu en pire. Comment avaient-ils pu nous proposer à mon frère et à moi d'intégrer ce genre d'école ? Les enseignants y étaient bons, agrégés en général, faisant ainsi leur service. Mais les gradés étaient de sacrées brutes. Je me souviens encore du nom de 2 d'entre eux. Je ne parle pas des amitiés particulières, des bagarres, des "faire le mur de nuit", des vacances de Noël ou de Pâques passées aux arrêts de rigueur, des arrivées à Paris qui me permettaient de profiter un jour ou deux (les nuits plutôt) des rues chaudes avant de rejoindre la loge de concierge familiale...
Plus tard, je lus avec plaisir son livre: Mourir idiot (1988).
Au Chemin des Dames

 

Faut pas des grands mots
Des qui cliquettent
Au revers des discours
En métal mémoire mensonge
Maman
Dans la langue intraduisible
Entre les barbelés de ceux restés
Propres sous le verre des médaillons

Au Chemin de leurs Mânes
C’est des mots humbles
A ras de terre boue cris
Des mots en listes aussi
Interminables comme
Avant les grands départs
Diouf Bessé Faro
Dieng Diembelé Dabo
Kirisamba et Diakité
Guillaume l’Etoilé tous
Expulsés des boyaux de la guerre
En colonnes encore
Rangés en monuments

Chemin des Dames

Pas de mots assez nus pour
La patience des morts dans leur froid infini
Mais des bleuets
Comme on fleurit des tombes
Et ces longues faces aveugles
Taillées dans le bois calciné

 
11 novembre 2007   
Albertine Benedetto 
 
Les 2 derniers poilus de France

- Vendredi 26 octobre 2007 : il est un des dix derniers anciens combattants au monde à avoir connu les combats de tranchées. A 109 ans, Delfino Borroni a conservé toute sa mémoire. Avec force il raconte : son incorporation dans l'armée italienne en janvier 1917 ; la guerre de tranchées sur le haut plateau d'Asiago ; la déroute de Caporetto face aux Allemands et Austro-hongrois. Durant plus de deux heures il a accepté de nous livrer son témoignage [lien].

borroni8.jpg

- Mardi 16 octobre 2007 :  Louis de Cazenave  fête aujourd'hui ses 110 ans. Il est, avec Lazare Ponticelli, un des deux derniers anciens combattants français de la Première Guerre encore en vie. Il est également à ce jour le doyen des hommes de France.

 
decazenave.jpgLouis de CazenavePonti20.jpgLazare Ponticelli 

 
 

L'un est issu d'une famille de vieille noblesse provinciale acculée à la ruine. L'autre est un immigré italien, débarqué en région parisienne la faim au ventre, avant de faire fortune. De la vie, Louis de Cazenave et Lazare Ponticelli ont reçu plus que leur part : ils sont nés respectivement le 16 octobre et le 7 décembre 1897. Un bail de 110 ans, à travers trois siècles. Ce sont des rescapés. Ils l'étaient déjà à vingt ans, le 11 novembre 1918. L'Armistice les a trouvés vivants quand 1,5 million de leurs camarades sont morts. Le temps a poursuivi sa besogne parmi les anciens combattants de 14-18. Aujourd'hui, ils sont les deux derniers poilus français officiellement recensés.


Dans sa petite maison de Brioude (Haute-Loire), Louis de Cazenave marche voûté, plié en deux, comme il le faisait déjà en montant à l'assaut sous la mitraille. Quatre-vingt-neuf ans après l'Armistice, le dégoût de la guerre est toujours aussi fort. "Un truc absurde, inutile ! A quoi sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien !", confiait-il au Monde en 2005.

La patrie, le devoir, il y a cru, au point de devancer l'appel, en janvier 1916. Il est affecté dans un bataillon de tirailleurs sénégalais : "Forcément, on ne nous mettait pas dans les coins les plus calmes…" Ses illusions s'évanouissent dans la boucherie du Chemin des Dames, en 1917. "Il faut avoir entendu les blessés entre les lignes, criblés d'éclats d'obus. Ils hurlaient, appelaient leurs mères, suppliaient qu'on les achève. Et on ne pouvait pas bouger pour aller les sortir. Les Allemands, on les retrouvait quand on allait chercher de l'eau au puits. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez." Louis est ensuite versé dans l'artillerie puis les transmissions jusqu'à l'Armistice. Devenu cheminot, l'homme milite dans des associations pacifistes, s'enferme dans un dégoût silencieux. Il refusera longtemps de raconter ses souvenirs, même à son fils. Dans les années 1990, il a fallu batailler ferme pour qu'il accepte la Légion d'honneur : "Certains de mes camarades n'ont même pas eu droit à une croix de bois…"

Au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), où il vit depuis 1925, Lazare Ponticelli avait, lui, choisi de raconter, encore et encore, aux journalistes ou aux écoliers. C'était devenu une sorte de longue récitation, un exercice cérébral pour lui, mais aussi un travail de mémoire pour les nouvelles générations. "Tous ces jeunes tués, on ne peut pas les oublier. Je tire sur toi, je ne te connais pas. Si seulement tu m'avais fait du mal…" Tant que ses jambes l'ont porté, Lazare Ponticelli est venu se recueillir, chaque 11 novembre, devant un monument aux morts. Aujourd'hui, il porte un regard critique sur le travail de mémoire. "On aurait dû s'en occuper quand il y avait encore des gens. Les autorités auraient dû recueillir nos souvenirs beaucoup plus tôt." Il n'est pas allé à la cérémonie de l'Arc de triomphe quand il y a été invité.


Pourtant, lui aussi y avait cru. Il avait devancé l'appel, en 1914, trichant sur son âge pour s'engager dans la Légion étrangère. "J'ai voulu défendre la France parce qu'elle m'avait donné à manger." Arrivé à 9 ans dans ce pays, avec un frère à peine plus âgé, il fut ramoneur puis crieur de journaux. "Je distribuais L'Intransigeant. Le jour où Jaurès a été assassiné, j'ai été en rupture de stock." Lazare Ponticelli participe aux combats en Argonne puis creuse les premières tranchées. Il aime raconter cette fois où un homme avait été blessé entre les lignes : "Il criait : Venez me chercher, j'ai la jambe coupée. Les brancardiers n'osaient pas sortir. J'y suis allé avec une pince. Je suis d'abord tombé sur un Allemand, le bras en bandoulière. Il m'a fait deux avec ses doigts. J'ai compris qu'il avait deux enfants. Je l'ai pris et l'ai emmené vers les lignes allemandes. Quand ils se sont mis à tirer, il leur a crié d'arrêter. Je l'ai laissé avant la tranchée. Il m'a dit : Merci. Je suis reparti en arrière, près du blessé français. Il serrait les dents. Je l'ai tiré jusqu'à la tranchée, avec sa jambe de travers. Il m'a embrassé et m'a dit : Merci pour mes quatre enfants. " Quand l'Italie entre à son tour en guerre aux côtés des Alliés, Lazare est envoyé contre son gré se battre dans son pays d'origine. Blessé au visage, il apprend l'Armistice pendant sa convalescence et revient en France en 1920. L'ancien gamin illettré monte alors une entreprise qu'il fera prospérer, avant de passer la main dans les années 1970. Le 11 novembre, Lazare Ponticelli l'a promis, il assistera, comme les années précédentes, à la cérémonie au monument aux morts du Kremlin-Bicêtre. Mais il le dit, s'il est le dernier à partir, il refuse les obsèques nationales. "Ce n'est pas juste d'attendre le dernier poilu. C'est un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs qu'ils méritaient. Ils se sont battus comme moi. Ils avaient droit à un geste de leur vivant, même un petit geste, ça aurait suffi."
 
Benoît Hopquin (avec Francis Gouge) Le Monde 9/11/07

 
La chanson de Craonne

 

 

      Quand au bout d'huit jours,
Le repos terminé
Nous allons reprend' les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personne ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civlots.
Même sans tambour, même sans trompette
On s'en va là-haut en baissant la tête !

refrain
    Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes,
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser not' peau,
Car nous sommes tous condamnés,
C'est nous les sacrifiés ...

      Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance,
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance :
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer ...
Doucement, dans l'ombre, sous la pluie qui tombe,
Nos petits chasseurs viennent chercher leur tombe.
(au refrain)

      C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire.
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose.
Au lieu d'se promener, tous ces embusqués
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défend' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autres, les pauv' purotins.
Tous les camarades sont étendus là
Pour sauver les biens de ces messieurs-là.

refrain
    Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les troufions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra vot' tour, messieurs les gros,
De monter su'l'plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-là de vot'peau !

 

 

 

 

Les mutins du Chemin des Dames
toujours pas pardonnés
 
Des descendants des Poilus fusillés de 1917 rendent hommage à leurs aïeux.
Par ÉDOUARD LAUNET
samedi 30 juin 2007

C’est un bus blanc qui sillonne la campagne autour de Soissons. Qui traverse de jolis villages au centre desquels les monuments aux morts clament : «Merci à nos enfants morts pour la France.»  Qui, de champs de bataille en cimetières, ratisse une mémoire douloureuse avec à son bord une vingtaine de personnes. Tous des descendants des «fusillés de 1917».
En avril et mai 1917, après l’offensive du général Nivelle sur le Chemin des Dames, qui se solda par un massacre (110 000 morts et blessés), des Poilus ont posé les armes. Assez de boucherie. Certains d’entre eux furent alors fusillés pour l’exemple. Denis Rolland, président de la société historique de Soissons, en a recensé vingt-sept. Il a retrouvé les familles de neuf d’entre eux. Les a invitées à venir deux jours (ces vendredi et samedi) sur les lieux des mutineries et des exécutions. «Pas pour réhabiliter ces hommes, ça n’aurait pas de sens, mais pour les réintégrer dans la mémoire collective.»
Denis Rolland reprend là l’expression de Lionel Jospin qui fit scandale en 1998. Le Premier ministre était venu à Craonne honorer la mémoire des combattants du Chemin des Dames. «Certains de ces soldats, épuisés par des attaques condamnées à l’avance, plongés dans un désespoir sans fond, refusèrent d’être sacrifiés»,  avait dit Jospin, avant de souhaiter que les fusillés «réintègrent pleinement notre mémoire collective nationale».  Tollé à droite. Le député RPR René Galy-Dejean donna le ton, déclarant que les propos de Lionel Jospin étaient «de nature à justifier dans l’avenir des actes de mutineries».  On en était resté là.
Victimes.  Neuf ans plus tard, pour célébrer les quatre-vingt-dix ans du Chemin des Dames, le conseil général de l’Aisne a lancé un appel à projets pour étoffer les cérémonies. Denis Rolland y a répondu avec ce projet de retour des familles. Adopté. «Nous sommes à la recherche d’un regard serein, apaisé, sur les mutineries,  explique Yves Daudigny, président (PS) du conseil général. Il ne s’agit pas de repentance ni de réhabilitation. Nous serions plutôt en faveur d’une forme de pardon de la Nation à ces hommes qui furent des victimes de la guerre.»  Vendredi, devant les familles, Yves Daudigny a souligné que, il y a quelques mois, les Britanniques, «qui ont eu aussi leurs fusillés de 14-18, leur ont accordé officiellement, par un vote du Parlement, le pardon ».
Marcel Lebouc, qui a participé à la mutinerie de Berzy-le-Sec, a été fusillé le 28 juin, à 24 ans. Son petit-fils Michel, 61 ans, est du voyage. «Mon père n’a jamais su où avait été enterré son père.»  Lui-même l’ignorait jusqu’à ce que Denis Rolland prenne contact avec lui. Michel Lebouc est venu du Vaucluse découvrir les lieux où son grand-père s’est révolté. Il ressent «comme un honneur»  d’être là.
Le caporal Pierre Lefevre, qui fut de la mutinerie de Mercin, a été fusillé le 16 juin, à 20 ans. Il repose dans le grand cimetière militaire d’Ambleny, sous une croix où est écrit : «Mort pour la France»  (c’est une erreur lors du transfert de la dépouille à Ambleny : les fusillés n’avaient le droit qu’à la mention «Décédé» ). Quatre membres de sa famille sont présents. Son petit-neveu Noël Ley dit avoir «un nœud dans l’estomac»  et déclare devant la tombe : «Je considère qu’il est innocent.»
Beaucoup des passagers du bus ont appris les circonstances de la mort de leurs aïeux par Denis Rolland, qui a consacré un livre au sujet (1). «La plupart n’étaient jamais venus ici»,  précise l’auteur. Joseph Bonniot, mutiné à Viel-Arcy, a été fusillé le 20 juin à 33 ans. Sa tombe a disparu. «C’était le cousin de mon grand-père»,   confie une dame venue d’Allemagne. «Dans notre famille, Joseph Bonniot était considéré comme une tache sur notre honneur».  Personne ne s’était préoccupé de savoir ce qui s’était vraiment passé.
La terre du Chemin des Dames est gorgée d’histoire : elle rend cinq à dix dépouilles de Poilus par an, indique Jean-Luc Pamart. Le président de l’association Soissonnais 14-18 pense qu’il reste «250 000 soldats dans la terre du coin».  Agriculteur, il sait qu’en creusant ne serait-ce que de 20 cm on tombe sur les tranchées, presque intactes. Le passé est là, tout près. «Je cultive sur des charniers.» dit-il. 
Poteau.  Vendredi, le clou fut la visite à Vingré, le «village des fusillés». Autre histoire : c’était le 4 décembre 1914. Six soldats tirés au sort étaient collés contre le poteau pour abandon de poste devant l’ennemi. Un gradé avait donné un ordre de repli, on ne l’a su qu’après. Les «six» ont été réhabilités en 1921, un monument a été érigé quatre ans plus tard. A Vingré, un certain Guy, habillé en Poilu, a lancé aux familles : «Soyez fiers de vos aïeux. Grâce à leur action contre la barbarie des généraux, ils ont sauvé les vies d’autres soldats.» 

(1) La Grève des tranchées,  Ed. Imago (2005).

 
Nos vingt ans

Gueux, qu'avions-nous jusqu'à ce jour ?
- De l'or, pas un sou !
Du sol, pas un pouce !
Notre âge nous livre l'amour,
Blond trésor et vigne aux vendanges douces !
Mais voici qu'on veut nous voler
Trois ans d'un bonheur éclos hier à peine.
Et voici qu'on veut affubler
Nos tendres vingt ans d'oripeaux de haine !

Refrain :

Les gros, les grands !... Si c'est à vous
Écus sonnants et bonne terre
Les gros, les grands !... Si c'est à vous
Vous les gardez pour vous !
Mais nos vingt ans, ils sont à nous
Et c'est notre seul bien sur terre.
Mais nos vingt ans, ils sont à nous
Nous les gardons pour nous !

Pourquoi des clairons, des tambours ?...
Le violon jase au fond des charmilles.
Les galons et les brandebourgs
Ça fait mieux autour du jupon des filles !
Notre cœur dans un cœur aimé,
Reposera mieux qu'au sein de l'histoire
Car nous nous flattons d'estimer
Une nuit d'amour plus qu'un jour de gloire.
 
Gaston Couté

 

 

 
 
 
 

Comme de nombreux écrivains, le lauréat du prix Goncourt 2013 a été «frappé» par la Grande Guerre. Mais Au revoir là-haut s'attache davantage à décrire ce que furent les mois qui ont suivi la fin du conflit.

LE FIGARO LITTÉRAIRE. -

Comment est née l'idée d' Au revoir là-haut ?


Pierre Lemaitre. - L'un des déclencheurs de mon roman a été la préface qu'Aragon a donnée à Aurélien en 1965 et dans laquelle il écrit qu'Aurélien est «avant tout une situation, un homme dans une certaine situation». À travers la figure de l'ancien combattant, Aragon dit qu'il voulait traiter l'homme qui est revenu et qui ne retrouve pas sa place dans la société dans laquelle il rentre. C'est exactement ce thème que je voulais aborder depuis longtemps.
Y a-t-il un écrivain  de la guerre 14-18 qui vous a particulièrement inspiré?
J'ai été bouleversé par Les Croix de bois, de Dorgelès (publié chez Albin ­Michel en 1919, il reçut le prix Femina, NDLR). J'ai été littéralement «scotché», c'était ma première lecture de jeune adulte. J'avais dix-sept ans et, quand je suis tombé sur ce roman, j'ai été touché par la jeunesse de ces soldats. Ils avaient mon âge, je m'y suis complètement identifié. J'ai relu le livre en 2008, je trouve que le texte a un peu vieilli, mais il reste celui qui a eu une grande influence littéraire sur moi. Les autres romans, ceux de Genevoix et Barbusse, m'ont également marqué. Et j'ai beaucoup lu les textes de l'après-guerre, notamment Le Sang noir, de Louis Guilloux… L'essai de Bruno Cabanes, La France endeuillée, qui décrypte les années de démobilisation, m'a beaucoup intéressé.

Au revoir là-haut  s'intéresse davantage  à l'après-guerre, pourquoi?
C'est vrai que le roman débute à quelques jours de la fin de la guerre. C'est cet angle mort qui m'obsédait: pas la guerre, mais la fin de la guerre. On glorifiait les morts, mais on ne savait que faire des survivants. Ce fut un moment extraordinaire d'ingratitude du pays face aux combattants revenus des tranchées. Une période de très forte précarité et une situation extrêmement douloureuse. La France de 1919 abandonne ses rescapés, ne veut pas voir ses «gueules cassées»: ils font peur. Après l'enfer qu'ils ont vécu, on les indemnise de 52 francs ou d'un manteau piteux qui ne résiste pas au premier lavage, c'était au choix l'une ou l'autre indemnité…
D'où votre intérêt pour cette arnaque aux faux monuments aux morts?
Très peu de temps après la guerre, les monuments aux morts et l'exhumation militaire des cercueils ont constitué un marché considérable. 750.000 cadavres se retrouvaient dans des cimetières improvisés et il fallait les exhumer pour qu'ils retrouvent des cercueils. 30.000 monuments ont été érigés en un temps record. L'industrie aime la guerre: avant, pendant et après! J'ai souvent pensé au mot d'Anatole France: «On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels.»
Quel est le poids de la recherche documentaire?
En fait, la documentation, par exemple sur le commerce des cadavres, est très restreinte. Je me suis inspiré d'une quinzaine de pages écrites par une historienne, Béatrix Pau-Heyriès, dans la Revue historique des armées. Je lui ai envoyé mon livre, et elle a eu la gentillesse de me répondre: «Vous avez rendu ma thèse vivante»! Pour le reste et afin de faire vivre les détails, j'ai visionné de nombreuses images sur le site de l'INA et j'ai également consulté les quotidiens de l'époque que je passais des heures et des heures à lire sur Gallica. L'INA et Gallica sont des outils fantastiques. L'aide des bibliothécaires de la BnF a été précieuse.
«Au revoir là-haut» de Pierre Lemaitre, Albin Michel,  570p., 22,50€.


 
 
 
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(C'est possible) ça va de Cyril Grosse

19 Juin 2017 , Rédigé par Jean-Claude Grosse Publié dans #spectacles, #pour toujours

Cyril avec Anatoli en 1998 au Revest, Cyril à sa descente du transsibérien le 19 juin 2000, Anatoli, Dasha and Co en 2009 à Corsavy, pour préparer le bocal de 2010, JCG volontaire pour nettoyer les rives, écritures, lectures à Sukhaya et Baklany, la datcha dortoir de l'oligarque qui nous a accueillis la nuit du 13 au 14 août 2010, lectures au Molodiojni Theatr' à Oulan-Oudé, la sirène du Baïkal qui a inspiré mon poème Dans le sillage de Baïkala
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Histoire du dernier spectacle de Cyril Grosse.
D'abord le titre: (C'est possible) ça va ou l'un de nous est en trop. Cyril n'a jamais voulu m'expliquer ce titre. Mais j'ai fini par comprendre ceci : Tout ce qui arrive est possible, on ne peut rien y changer donc mise entre parenthèses = le signe de notre impuissance et dire ça va, accepter ce qui arrive. C'est une des caractéristiques des philosophies d'extrême-orient, tout au moins c'est comme ça que nous les recevons. Ou l'un de nous est en trop, là on a affaire à l'Occident qui a toujours besoin d'un ennemi, d'un bouc émissaire pour exister par opposition. Évidemment, ce titre n'avait rien de prémonitoire, il n'annonçait pas la disparition de Cyrll, par contre il indique comment se comporter quand la nouvelle tombe le 28 septembre 2001 à 16 H (9 jours plus tard, invraisemblable): ce qui est arrivé le 19 septembre était possible et dire ça va. Bien sûr, cela demande du temps et cela n'est pas possible pour une mère par exemple.
Les circonstances du spectacle.
Qui va en Sibérie pour se former auprès d'Igor Grigurko à Oulan-Oudé ? La soeur, Katia, 6 mois durant, hiver, printemps. Elle ramènera dans ses bagages, un futur mari, comédien, Vitya Ponomarev. On doit être en 1994.
La Russie tente Cyril à son tour. Il découvre au Festival Passages à Nancy en 1998, le travail d'Anatoli Baskakov, encensé par Jean-Pierre Thibaudat et la fille d'Anatoli, Dasha Baskakova, parolière, compositrice et interprète, chanteuse qui mériterait que le kairos passe à sa portée. Anatoli et Cyril se retrouvent au Revest et décident avec le soutien des 4 Saisons du Revest d'élaborer un double projet franco-russe.
En 1999 à l'été, séjour d'1 mois et demi à Oulan-Oudé, au Molodiojny Theatr' d'Anatoli Baskakov. Rencontres diverses. Anatoli créera Le mariage de Gogol avec une équipe franco-russe, les comédiens français apprenant pour la circonstance, le russe. Cyril créera (C'est possible) ça va où l'on entendra les deux langues, français et russe.
C'est à l'été 2000 pendant 3 mois et demi dont plusieurs semaines en campement à Baklany que les deux spectacles sont répétés. La compagnie vient d'être conventionnée pour 3 ans (2000-2002), 1° et seule compagnie varoise à obtenir ce conventionnement qui permit après (c'est possible) de créer Père de Strindberg. La compagnie a été dissoute en 2003. Katia Ponomareva, la soeur de Cyril, a créé sa compagnie L'Ensemble À Nouveau. Il faut attendre 2017  pour qu'une nouvelle compagnie installée dans le Var soit conventionnée: Attention fragile de Gilles Cailleau.
L'accueil de L'Insolite Traversée fut très officiel, médiatisé, filmé. Il en reste quelques traces. La jeunesse de Cyril, son charisme lui attiraient la sympathie. L'ambassade de France via la chargée culturelle a soutenu le projet. Les Français arrivèrent par le transsibérien le 19 juin 2000. Cyril est rayonnant.
J'ai des VHS de ce séjour. Encore faut-il que je les numérise et que j'en fasse un montage. Le travail de mémoire est long et lent. Ce que je sais, c'est que la rencontre entre deux conceptions du théâtre, le théâtre d'art russe et le théâtre d'improvisation, n'a pas été facile. Il y a eu des tensions, des incompréhensions. Mais la mayonnaise a fini par prendre. On trouve des traces de ces âpres discussions dans L'Île aux mouettes et Là où ça prend fin.
Il y eut bien sûr, aventures humaines, liaisons, désunions, circulation de désirs, il y eut des soirées arrosées, des nuits risquées. Ce fut possible, ça va. Ainsi l'histoire entre Cyril et Dasha. À la Noël 2000, à la Mahakali, à Châteauvallon chez Simone Komatis, au milieu d'une danse, il me demande à quoi on reconnaît l'amour. Et un peu plus tard dans la soirée, en quoi ça consiste être père. Il a 29 ans passés, va sur 30.
Je ne livrerai pas mes réponses.
À chacun de se demander ce qu'il répondrait s'il répond à son fils.
Traces tout de même dans L'Île aux mouettes. Et bien sûr dans le dernier projet de Cyril, Père de Strindberg qui tourna 2 ans sans lui avec François Marthouret, Anne Alvaro.
Les deux semaines de représentations au Revest en octobre 2000 restent mémorables:
un jour, Le mariage de Gogol en traduction par casques venus de Nancy,
le lendemain (C'est possible) ça va toujours avec les casques et la voix magnifique de Cyril, traducteur, légèrement décalée pour qu'on puisse recevoir le jeu du comédien.
Et les deux samedi, les deux spectacles avec un repas russe entre, de 19 H à minuit.
Pour mes 60 ans, le 25 octobre 2000, j'eus droit sur la scène à des impromptus et des sauts en l'air.
Pour la dernière, sans doute la fatigue, trop de vodka, une violente crise de jalousie à cause d'une belle actrice et la profonde mélancolie, la tristesse immense qui précèdent la séparation, une bagarre a eu lieu entre les comédiens et il m'a fallu toute mon autorité pour empêcher que ça dégénère. Ce fut un sale épisode. Cyril me traita de fasciste, je partis 3 jours sans donner de nouvelles.
Dois-je dire que ces deux semaines nous valurent la présence du consul russe de Marseille, que le prince Georges Angouladzé fut, comme président des Russes de Marseille, d'une formidable complicité ainsi que sa femme, Tamara, préparatrice experte des repas et de la dernière, très arrosée (j'ai cru que les artistes sauraient se tenir, ce ne fut pas tout à fait le cas). Je fis même la connaissance du fils de l'ophtalmologue Koutzeff qui m'opéra de l'oeil gauche à la fin de la guerre, après un bombardement qui m'avait fait tourner l'oeil.
Extrait du spectacle:
"un sentiment de sécurité, de bien-être, de chaleur estivale se répand dans ma mémoire, vigoureuse réalité qui fait du passé un fantôme, le miroir déborde de lumière, un bourdon est entré dans la pièce et cogne contre le plafond ... tout est bien, rien ne changera jamais, personne jamais ne mourra... ici chanson de et par Dasha Baskakova... puis texte : c'est une histoire que je voulais raconter et mon amour comme tous les fils, toutes les mères, les vieux, les enfants, les fous ... comment penser que tu n'es plus là, que plus jamais, plus jamais, comment se dire un jour tu vas disparaître et qu'aujourd'hui, tu as disparu..."
le 2 avril 1998, la grand-mère maternelle, Guiguite, disparaît; pour les enfants c'est la découverte de la mort, subitement réelle, impensée jusque-là (personne jamais ne mourra); Guiguite trouvera une nouvelle place dans ce spectacle où plein de rituels sont pratiqués dont le rituel accompagnant la séparation, l'exil, le départ pour ailleurs
simples paroles, paroles inoubliables du spectacle (c'est possible) ça va ou l'un de nous est en trop de Cyril Grosse, créé en 2000, patience: 15' à écouter
 
Après la disparition de Cyril, le 19 septembre 2001 à Jaguey-Grande à Cuba, avec son oncle, l'artiste-peintre Michel Bories et deux Cubaines, la mère et la fille, ses amis russes édifièrent en juillet 2002, le mémorial de Baklany.
En août 2004, Annie et moi nous fîmes le voyage de Russie (Moscou, Saint-Pétersbourg) avec le transsibérien AR (2 fois 5 jours et nuits) Moscou-Oulan-Oudé; nous eûmes la possibilité de séjourner à Oulan-Oudé et de passer deux nuits et trois jours sous tente à Baklany. Campement plus que rudimentaire. Pas de matelas. Plastique, manteaux. On ne s'est jamais serré aussi forts, Annie et moi. 70 bouteilles de vodka furent sacrifiées, chansons et anniversaire de la mort de  Vissotski, chanté par Anatoli Baskakov.
En 2005, en Avignon, j'organisai des rencontres pour des enseignants et étudiants russes pendant 5 jours. Je racontai l'histoire de Cyril, distribuai des livres de Cyril et autres Cahiers de l'Égaré. J'ignorais que 2 ans après, cela se traduirait par une surprise à l'Université de Novossibirsk où Cyril n'est jamais allé, où je suis allé 4 fois.
De 2007 à 2011, des étudiants de l'université de Novossibirsk organisèrent les rencontres théâtrales Cyril Grosse, sous l'impulsion d'une enseignante Anna Leontieva.
En août 2010, j'ai organisé un bocal agité sur le thème de l'eau au Baïkal, une autre façon de tenter de se rencontrer, Russes et Français. Les textes produits sont d'inspirations très différentes. Ils ont été publiés en bilingue dans Baïkal's Bocal.
Sur ce bocal agité de 3 semaines, quelques moments.
Pour nous aussi, accueil très officiel en mairie, à Oulan-Oudé, TV bouriate, réception par le ministre de la culture bouriate, la plus petite république de la Fédération de Russie.
Je suis filmé avec un tee-shirt sur lequel j'ai fait imprimer l'homme aux semelles de vent, Arthur Rimbaud,  participant au nettoyage des rives du Baïkal pour inciter les Russes à faire de même. Ils sont très sales en camping sauvage.
Au retour, le ministre est venu nous saluer à l'aéroport. Ce projet avait bénéficié du label de l'année franco-russe et a été partiellement financé par la ville de Hyères, restitution publique au Théâtre Denis le 19 ou 20 octobre 2010.
D'abord, on a permis l'achat de tentes et de matériel pour tout le campement, une trentaine de personnes, grâce à l'argent qu'on mit à leur disposition. Les Russes sont débrouillards mais pauvres.
Ensuite, je fis appel à deux étudiantes de Novossibirsk comme traductrices. C'étaient les plus assidues pour les Rencontres Cyril Grosse, manière de les récompenser et remercier. Elles firent un travail exceptionnel, disponibles sans rechigner.
Évidemment, je flashe sur l'une des deux. Quand je parlerai de ce moment violent à l'épousée, vers le 20 août 2010, elle me dira: mais c'est de Cyril que tu parles.
Je tombe amoureux d'une fille, même prénom, même âge que la dernière compagne de Cyril, même goût que Cyril pour les excès, l'alcool, même goût et culture que Cyril pour la littérature. Un coup de jeune, moi, me prenant inconsciemment pour Cyril. En tout cas j'assume, j'essaie d'assumer du mieux que je peux l'héritage artistique et humain, affectif, de Cyril comme celui de son oncle, Michel, inventeur du Pof Art.
Amour sauce Platon, pas sauce Cupidon. Traces dans L'Île aux Mouettes. L'épousée me dira une parole forte à ce sujet avant de partir.
Dans la nuit du 13 au 14 août 2010 à Baklany où nous sommes reçus dans les datchas et banyas (saunas) d'un oligarque qui s'est approprié la plage (il n'y avait rien en 2004), je bois trop de vodka, l'ambiance chaleureuse et électrique s'y prête, impossible de dormir.
Au petit matin, me promenant sur la plage, illumination, la fin d'un texte commencé à Johannesburg en 2002, Deuils ou L'Invitation à la Vie (titre ambigu à souhait) et inachevé depuis 8 ans s'offre à moi.
Ça donnera L'Île aux mouettes en 2012, L'Éternité d'une seconde Bleu  Giotto en 2014, Là où ça prend fin en 2014.
Depuis, je suis à nouveau en panne pour Ma dernière bande (ou Mon dernier branle).
Baïkala, la sirène du Baïkal m'a inspiré un testament amoureux: Dans le sillage de Baïkala, transformé en livre sillage par Aïdée Bernard (autre amour sauce Platon), pièce d'artiste qui circule beaucoup.
Lue et exposée le 19 mai 2017 à la Bibliothèque Li Campanetto aux Milles, Aix-en-Provence.
Baïkala a passé 1 mois en France du 20 août au 20 septembre 2011. Elle lut avec moi, Tourmente à Cuba pour 30 invités le 19 septembre 2011, pour les 10 ans du départ de Cyril. Elle a fait forte impression sur les convives. Moi, j'ai eu les plus grandes difficultés à la coucher tellement elle avait arrosé le rosé. Le départ en avion, de Nice, le 20, fut pénible.
Je l'ai revue 3 jours à Paris en août 2015, 3 jours de promenades insolites, du tourisme inventif, loin des circuits.
C'est comme ça avec les Russes, pas de nouvelles ou des nouvelles par mail, 3 à 4 fois l'an puis élan, avion, rendez-vous, retrouvailles comme si le temps n'était pas passé.
Je pense bien revenir une fois encore au Baïkal. En 2028.
Ce sera un voyage familial et sentimental.
2028 = 80 ans de l'épousée, 60 ans de Katia, 20 ans de Rosalie-Lili-Lison, 60 + 20 = 80. Ça n'arrive qu'une fois. Donc en être, une pierre plate et 5 à 7 rebonds sur l'eau du lac.
À Baklany.
La vidéo Baïkal's Bocal donne une idée du mémorial et de l'ambiance le soir auprès du feu de camp.
Jean-Claude Grosse, le 19 juin 2017
 
 
(C'est possible) ça va
ou l'un de nous est en trop

est le dernier spectacle abouti de Cyril Grosse (1971-2001)
présenté ici non par nostalgie mais pour la qualité du spectacle
et du film qui l'a saisi
 
créé en octobre 2000
au Molodiojny Theatr'
à Oulan-Oudé en Sibérie,
après répétitions au lac Baïkal, à Baklany,
(cliquer sur la photo = vidéo Traces)

 
puis présenté au Centre Vissotski à Moscou,
au Théâtre de La Passerelle à Gap,
à La Maison des Comoni au Revest, pendant 2 semaines
à Gare au Théâtre à Vitry.
Réalisation franco-russe avec 12 comédiens,
2 compagnies:
L'Insolite Traversée
Le Molodiojny Theatr',
2 langues: russe et français,
ce spectacle a été filmé par un vidéaste russe, Vladislav Kostine.
Ce n'est que 6 ans après que Les 4 Saisons du Revest,
co-producteurs du spectacle,
ont pu retrouver le film,
tourné à La Maison des Comoni,
le 25 octobre 2000,
pour mes 60 ans.
Merci à Ivan.

Deux versions sont mises en ligne, l'une sur ce blog,
l'autre sur le blog des agoras d'ailleurs
Ces deux versions filmées sous deux angles différents permettent d'apprécier ce spectacle dans toute sa légèreté, sa densité, sa nostalgie.
À voir dans l'ordre ou le désordre des vidéos.

 


 
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