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Les Cahiers de l'Égaré

poesie

Rimbaud : Il faut être absolument moderne ! (ou pas ! Pessoa)

Rédigé par J.C.Grosse Publié dans #poésie, #JCG, #album, #lecture, #notes de lecture, #philosophie, #pour toujours, #spectacles, #voyages, #écriture, #théâtre

Arthur Rimbaud vu par Ernest-Pignon-Ernest / Yves Broussard, poète et directeur de la revue SUD avec JCG en novembre 1994, ici à Sana'a / La dernière oeuvre de Rothko avant son suicide, le 25 février 1970. « Selon Rothko, l’artiste a pour mission de réparer le monde » Sans titre, 1970.
Arthur Rimbaud vu par Ernest-Pignon-Ernest / Yves Broussard, poète et directeur de la revue SUD avec JCG en novembre 1994, ici à Sana'a / La dernière oeuvre de Rothko avant son suicide, le 25 février 1970. « Selon Rothko, l’artiste a pour mission de réparer le monde » Sans titre, 1970.
Arthur Rimbaud vu par Ernest-Pignon-Ernest / Yves Broussard, poète et directeur de la revue SUD avec JCG en novembre 1994, ici à Sana'a / La dernière oeuvre de Rothko avant son suicide, le 25 février 1970. « Selon Rothko, l’artiste a pour mission de réparer le monde » Sans titre, 1970.

Arthur Rimbaud vu par Ernest-Pignon-Ernest / Yves Broussard, poète et directeur de la revue SUD avec JCG en novembre 1994, ici à Sana'a / La dernière oeuvre de Rothko avant son suicide, le 25 février 1970. « Selon Rothko, l’artiste a pour mission de réparer le monde » Sans titre, 1970.

                            DEBOUT, LES DAMNÉS DE LA TERRE

 " ... Damnés, si je me vengeais!
Il faut être absolument moderne.
..."

tel est le court adieu - Cours à Dieu ! - adressé par Rimbaud aux damnés dont je suis, à la fin de la Saison en Enfer.
Que je lis : la modernité doit être une vengeance.
Si je pose: la modernité, c'est la virtualité devenant actualité - aujourd'hui nommée Virtual/Reality, VR - j'obtiens: la modernité - la nouveauté/le  nouveau toujours renouvelé - n'est moderne que si elle est une vengeance.
Vengeance personnelle d'un : Rimbaud - Poète, Voyant.
Injonction, souhait à usage individuel en présence des témoins, les damnés, pris à témoin.
Car il est seul, celui qui avait "cru acquérir des pouvoirs surnaturels."
Et damnés, ceux qui n'y ont jamais cru, qui n'y croient toujours pas, qui n'y  croiront jamais.
"Eh bien! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs!
Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée!
Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis  rendu au sol avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre!"

Pouvoirs surnaturels du mage et de l'ange, par delà le bien, et le mal ?
Mensonge, pour lequel il demandera pardon.
Redevenant paysan. (Ô réalité!  la terre est basse!)
Donc, se venger du mensonge - de la tromperie ("Suis-je trompé ?").
Comment ? En les redoublant. En persévérant. "Tenir le pas gagné"
La vérité ?
Je n'ai pas de pouvoirs surnaturels.
Je n'ai pas "créé toutes les  fêtes, tous les triomphes, tous les drames."
Je n'ai pas "essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues".
Qu'importe !
Je persévère. Je tiens le pas gagné.
"Armé d'une ardente patience... il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps."

Quelques damnés - quelques témoins (pas des poètes!) :
Se moque-t-il ? persévérer ne peut transformer l'échec en réussite.
S'il ne croit plus à son entreprise de Voyant, lui qui a mené "le combat spirituel... aussi brutal que la bataille d'hommes" et dont nous savons si peu de ce combat là, mené par si peu, il ne nous fera pas croire qu'il peut continuer à le mener comme une vengeance : la nouveauté pour la nouveauté/ la modernité pour elle même  sans souci de sa moitié/ son contraire: l'éternité.
(Out ! Baudelaire !)

Visualisez ! (Interruption interactive de Gloseur) :
Pétard mouillé, son slogan!
L'aventure spirituelle d'Arthur se conclut par un échec et une lourde retombée dans la réalité.
Plouf dans la flaque où échoue le bateau ivre ! 
(Gloseur a glousé - facile valise !)

Visual (Retour-zoom sur quelques damnés) :
Ouf ! Nous sommes dispensés de l'aventure spirituelle puisqu'elle finit les pieds sur terre, fait retomber sur pierre, dans l'attente goulue de la goule, "des vers plein les cheveux et les  aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur".

Glouseries :

1 - Nous arrivons ici (avec Il faut être absolument moderne) à une conclusion laïque et "progressiste" de la Saison en Enfer.
(Suzanne Bernard 1960)

2 - Il faut être absolument moderne, ne signifie pas seulement faire le geste d'embrasser le présent, mais celui qui, ce faisant, choisit  précisément ce qui va porter fruit dans un lendemain qui sera meilleur.
(Margaret Davies  1975)

1989-1990-1991.
Mur tombe.
Des balcons idéologiques délacés ouvrent sur
"l'immense opulence inquestionnable!"
Ô miches molles, mille moches vous contemplostâtent !

3 - Cette évidence à la Schopenhauer - un monde plus mauvais étant impensable, ce monde est le pire des mondes possibles - (référence à la lettre d'Arthur du 25 mai 1881 : "Enfin, puissions-nous jouir  de quelques années de vrai repos dans cette vie; et heureusement que cette vie est la seule, et que cela est évident, puisqu'on ne peut s'imaginer une autre vie avec un ennui plus grand que celle-ci!") suffit pour rendre à l'état de "rinçures" tous les appels à l'avenir et aux lendemains meilleurs.
(François  Carassan, 
Rimbaud, le passant immobile1991)

Donc (fil à retrouver)
Quelques damnés : ........., soit.
Mais les proses - sans volonté de faire oeuvre, exceptée la Saison en Enfer - sont là. Les Plainted Plates. En désordre. Sans paternité reconnue par Arthur. Mais enfantées par lui.
Nouvelles fleurs. Nouvelles langues. Génie.
Aussi réelles que le réel, s'y ajoutant, le modifiant. Nées du néant (du virtuel).
S'inscrivant dans le temps humain (s'actualisant dans l'aventure humaine - quelle postérité, Arthur ! à te redresser dans ta tombe !).
Et qu'importe si elles font énigme, si le temps n'est pas encore venu de leur faire dire ce qu'elles disent, "littéralement et dans tous les sens".
D'horribles travailleurs s'y sont attelés. Comme "d'autres horribles travailleurs (ont commencé) par les horizons où l'autre s'est affaissé."
Qui oserait affirmer qu'il n'y a pas eu de grands malades, de grands criminels, de grands maudits, de suprêmes  savants, depuis Rimbaud ?

L'Oeuvre-Poésie est en avant, l'Oeuvre-Vie en est  un moment.
Qu'il arrête de faire feu sur lui qui veut un "Départ dans l'affection et le bruit neufs", celui qui fait d'Arthur : un passant immobile, un désillusionné de la vraie vie !
Il ne lui prête que sa propre impuissance.
Il veut faire croire qu'il fait oeuvre de sapeur en désamorçant les charges creuses :
"changer la vie", "le poète (sera) vraiment un multiplicateur de progrès"
pour les réduire en mots inertes:
"la vie est la farce à mener par tous", "l'art est une sottise".
Le culot d'utiliser une vie dont le destin est de devenir cul-de-jatte pour démontrer que l'espoir, ça lui fait une belle jambe.
"Ici rien de rien" disait A. de Charlestown.
Et le sapeur de service de tirer la leçon universelle:
cela est vrai à présent de partout, d'ici-bas et d'ailleurs, vérité à faire pleurer nuit et jour :
rien qu'ici et rien d'autre, sans nulle échappatoire ni le pouvoir de faire un pas. 
(François Carassan, Rimbaud, le passant immobile, 1991)
Le culot de faire croire qu'on touche à l'essentiel pour faire le vide.  L'essentiel étant : il n'y a que cette vie et sa misère, la triste réalité.
Et pan ! sur les illusions.
Le sapeur Carassanbeur se sert d'une "philo" dualiste (réalité/illusion) pour faire d'Arthur, la figure de l'impasse et dire  ainsi l'impasse qui clôt le cours aporétique de toute existence.

"À une raison", par le damné que je suis:
On peut être Rimbaud d'Abyssinie, haïr "maintenant les élans mystiques et les bizarreries de style" sans que cela disqualifie ce que l'on récuse, sans que  cela aplatisse ce qu'on a érigé.
Il eut fallu le feu.
Non le silence - qui n'en est pas un - (lettres, rapports, mémoires: 235  documents recensés de 1880 à 1891 !)
Peut-être s'est-il affaissé ?
D'autres sont venus depuis.
Je peux aussi préférer - question de goût, de bon goût - l'Arthur de la Saison, des lettres du Voyant et des Coloured Plates au Rimbaud d'Abyssinie dont les lettres m'émeuvent (me mettent hors de moi).
Je ne lui dois aucun culte d'autant que je ne saurais le trouver dans sa vérité, le retrouver dans sa réalité.
Croyant parler de lui, je ne fais que parler de moi sans bien savoir qui je suis.
Car "Je est un autre".
Corollaire : "c'est faux de dire : je pense; on  devrait dire : on me pense. Pardon du jeu de mots".
Comment ne pas savourer aujourd'hui la complexité, l'ambiguïté de ce Je  que jeuh m'attribue ?
Qui peut prétendre y voir clair quand les recherches actuelles sur le cerveau déconcertent nos méthodes d'analyse classiques, tout se passant comme si l'encéphalisation "sculptait" quelques cent milliards de neurones, éliminant par la mort neuronale, les neurones superflus pour dégager une "forme" nous obligeant à renoncer à la conception d'un programme strictement  défini ?
Comment ne pas savourer aujourd'hui la complexité d'une notion née au XIII° siècle, ce "réel" qui s'accouple au "virtuel" jubilatoire.
Wouaf ! Wouaf !
L'avenir - l'à venir - ce n'est qu'un début ! - c'est le Home Reality Engine et les  performances du gant magique - le dataglove.

Z'yeutez !
Japs jouissant dans femmes virtuelles !
Quel con ne rit ?
"Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !" s'exclamait déjà le Sonnet du  Trou du Cul.

Pas question de faire de Rimbaud, un prophète.
Plutôt, quels jeux possibles  à partir du double Rimbaud ? de celui que jeuh voit double ? 
1 - Le Poète Maudit qui se révolte contre - contre - contre - qui participe à l'illuminisme social et utopique de la Commune (18 mars - 27 mai 1871, Mur des Fédérés!), qui se débarrasse de la vieillerie poétique et en cinq ans  actualise un chemin possible de Poésie.
2 - L'Horrible Travailleur qui exerce des "métiers idiots", qui fait venir d'Europe des kyrielles de livres techniques, qui voudrait aller à Panama s'il y a des grands travaux en cours, qui déjà en octobre 1875 demande à Ernest Delahaye "en quoi consiste le bachot ès sciences actuel" et qui en mai 1883 rêve d'élever un fils pour "l'armer de l'instruction la plus complète qu'on puisse atteindre à cette époque" et qu'il verrait "devenir un ingénieur  renommé, un homme riche et puissant par la science".
La Poésie a-t-elle momentanément échoué à actualiser les virtualités de la  modernité techno-scientifique ?
La Techno-science réussira-t-elle avec les cyberspaces à devenir une activité  créatrice isomorphe de l'activité artistique ?
Questions agissantes qui demandent aux Poètes de se former aux sciences "dures" et à la high-tech, et aux ingénieurs d'apprendre à sculpter, y  compris et surtout les logiques "molles", à l'image des langues.

On va à la vie sublime, ô beauté, par le Nombre et l'Harmonie.
Foin des alarmes et des baudrillardises !
Poètes et Ingénieurs : même combat.
La guerre du Golfe n'aura pas lieu.

Un damné assis devant son ordi : Jean-Claude GROSSE

Yémen-Aden-Crater-Maison Rimbaud
                                                                              11-18 novembre 1994
(Ce texte est paru dans le N° 112 de la revue SUD en 1995)

Je ne suis plus sûr presque 30 ans après qu'on va à la vie sublime, ô Beauté, par le Nombre et l'Harmonie

une alliance entre poètes et ingénieurs-savants me semblant, vu ce qui s'est développé depuis un siècle, une illusion

les uns cherchant la beauté (y compris de la laideur)

les autres, le pouvoir au travers du savoir

le développement de l'IA semble une menace majeure pour l'humanité

en plus des autres

Jeanne-Claude Grosse, le 2 décembre 2023

 

 

                                                                                                         
rimb009-copie-1.jpg
JCG et Yves Broussard
Cet article a été écrit pour le colloque d'Aden de mi-novembre 1994, organisé à la Maison Rimbaud d'Aden, grâce à l'ambassadeur de France au Yémen à ce moment-là, Marc Laugel, colloque qui accueillit pas mal de personnalités Jean d'Ormesson, Salah Stétié, Alain Borer...
 
rimb001.jpg
la maison Rimbaud-Bardet à Aden
rimbaud1.jpg
vue du toit de la maison Rimbaud
rimb002.jpg
quelques participants au colloque
rimb006.jpg
Alain Borer faisant son exposé; à g., l'ambassadeur, Jean d'ormesson;
à d., 2° rang, Salah Stétié
yemen1.jpg
vue depuis Kawakaban

Je fis partie du voyage comme éditeur possible d'une revue bilingue Crater qui ne vit malheureusement ou heureusement jamais le jour.
La maison Rimbaud est devenue l'hôtel Rambo m'a dit plusieurs années après, un membre de la délégation.


 

 

Rimbaud par Ernest Pignon-Ernest
Rimbaud par Ernest Pignon-Ernest
Rimbaud par Ernest Pignon-Ernest
Rimbaud par Ernest Pignon-Ernest

Rimbaud par Ernest Pignon-Ernest

Rimbaud
Arthur
On t'appela pas Jean !
Né blasphémateur en 1854 à Charleville ouvrant ainsi la voix aux
abominables massacrosités
ardennaises -
Pas étonnant que ton père se soit éclipsé !
Tu entres à l'école à 8 ans
Petit latiniste doué !
En octobre 1869
Rimbaud écrit de la poésie
en grec français -
Fugue en train
pour Paris sans billet,
mais le miraculeux Chef de Train mexicain
l'expulse du rapide pour le Ciel, qu'il
n'emprunte plus puisque
le Ciel est partout -
Les vieilles pédales
interviennent néanmoins -
Rimbaud stupéfait Rimbaud
s'engage dans la Garde Nationale
verte, marche fier
dans la poussière avec ses héros -
Espère se faire sodomiser,
rêvant de la Fille suprême.
On bombarde des villes pendant que
Fixement fixement & pinçant
sa lèvre dégénérée il contemple
de ses yeux gris
La France Fortifiée -
André Gill annonçait
André Gide -
Longues randonnées en lisant des poèmes
dans les Meules de Genet -
Le Voyant est né,
le voyant déréglé tourne son
premier Manifeste,
donne des couleurs aux voyelles
& entoure les consonnes de soins jaloux,
subit l'influence
de vieilles Tapettes françaises
qui l'accusent de constipation
cérébrale & diarrhée
verbale -
Verlaine le fait venir à Paris
avec moins d'aplomb que Rimbaud
ne renverra des filles en
Abyssinie -
« Merde ! » s'écrie Rimbaud
dans le salon Verlaine -
On jase à Paris – L'épouse Verlaine
est jalouse d'un garçon
qui a un trou à son pantalon
L'amour envoie de l'argent de Bruxelles
La Mère Rimbaud déteste
l'importune Madame
Verlaine – À présent ce dégénéré
d'Arthur est soupçonné d'être
poète
Dans le grenier-hurloir
Rimbaud écrit Une saison en Enfer,
sa mère tremble -
Verlaine donne de l'argent & des coups de revolver
à Rimbaud -
Rimbaud va trouver la police
& déclare son innocence
comme la blême innocence
de son divin Jésus féminin
-Pauvre Verlaine, 2 ans
de cabane, mais un couteau aurait pu
lui percer le cœur
-Illumination ! Stuttgart !
Étude des Langues !
À pieds Rimbaud traverse
& admire les cols
alpins arrive en Italie, cherche
des clochettes de trèfles, des lièvres,
des Royaumes de Génies & n'a devant lui
que la vieille
mort du soleil Canaletto
sur des vieilles bâtisses vénitiennes
-Rimbaud apprend la langue
-a vent des Alleghanys,
de Brooklyn, des dernières
Plages américaines -
Meurt son angélique sœur -
Vienne ! Il regarde les pâtisseries
& caresse de vieux toutous ! J'espère !
Ce matou toqué
s'engage dans l'armée néerlandaise
& s'embarque pour Java
commande la flotte
à minuit
à la proue, seul,
personne n'entend ses Ordres
excepté les poissons qui brillent
dans la mer – Août n'est pas
le moment pour moisir à Java -
visant l'Egypte, le voilà de nouveau
planté en Italie il rentre donc
chez lui au profond du fauteuil
mais aussitôt
repart, pour Chypre où il
dirige une carrière -
à quoi ressemblait-il
désormais, ce Rimbaud
Nouvelle Manière ? - Poussière de pierre
& dos noirs & toux
des ouvriers, naît le rêve
d'Afrique en l'esprit
du Français, - Infirmes
des tropiques : on les aime
toujours – La Mer Rouge
en Juin, la côte cliquette
arabique – Harar,
Harar, magique
comptoir – Aden, Aden,
Sud des Bédouins -
Ogadine, Ogadine encore
incognita – Pendant ce temps
Verlaine est assis à Paris
à boire des cognacs et à se demander
à quoi Arthur ressemble
maintenant, si leur sourcil
est morne, eux qui croyaient naguère
à la beauté des sourcils -
Qu'importe ? Qu'est-ce que c'est
que ces Français ?
Rimbaud m'a jeté cette pierre
à la tête !
Rimbaud sérieux rédige
d'érudits & élégants articles
pour des Sociétés
de Géographie, & après guerres
ordonne à la Fille du Harar
(Ha Ha!) de rentrer
en Abyssinie, & elle
était jeune, yeux
noirs, lèvres épaisses, cheveux
bouclés, seins comme
du bois poli avec
des tétons cuivrés, & bracelets
aux bras & elle joignait
les mains au
centre de son bassin & avait
les épaules aussi larges que
celles d'Arthur, & de menues oreilles
-Fille de quelque
caste de Bronzeville -
Rimbaud connaissait également
les Polynésiennes aux hanches étroites
aux longs cheveux tombants
& tétons minuscules & pieds majuscules
Finalement il se lance
dans le trafic illégal de fusils
à Tadjourah
voyages en caravane, furieux,
une ceinture d'or
lui entourant la taille -
Et s'être fait baiser par le Roi Ménélik !
Le Shah du Choa !
Le bruit que font
ces noms
dans ce cerveau français !
Été au Caire,
vent citron amer
& baisers dans le jardin de poussière
où des filles s'accroupissent
à la brune en ne pensant
rien -
Harar ! Harar !
En civière à Zeilah
on le transporte gémissant sur son
anniversaire – le bateau
rentre à Marseille
château crayeux plus triste que
le temps, le rêve,
plus triste que l'eau
-Carcinome, Rimbaud
est rongé par la maladie
de survie – On ampute
sa belle jambe -
Il expire dans ses bras
de Sainte Isabelle
sa sœur
& avant de monter au Ciel
envoie ses francs
à Djami, Djami
le garçon du Harar
son domestique
8 années dans l'Enfer
africain du Français,
& tout cela pour
rien, comme
Dostoïevski, Beethoven
ou Vinci -
Aussi, poètes, rien ne presse
& taisez-vous :
Rien n'a jamais donné
rien.
 
1960
JACK KEROUAC
POÈMES DISPERSÉS
Traduit de l'anglais (États-Unis)
par Philippe Mikriammos
 
tombé dessus, mardi 28 juin 2022 à 9 H 10
sur ce poème de jack K
et sur cette photo du livre de jack K lu en américain
par la russe polyglotte dasha K
photo prise à Bonnieux en août 2011
livre de jack K lu en américain par la russe polyglotte dasha K photo prise à Bonnieux en août 2011 / dasha K au bord du Baïkal en août 2010  / JC et Arthur au Baïkal en août 2010
livre de jack K lu en américain par la russe polyglotte dasha K photo prise à Bonnieux en août 2011 / dasha K au bord du Baïkal en août 2010  / JC et Arthur au Baïkal en août 2010
livre de jack K lu en américain par la russe polyglotte dasha K photo prise à Bonnieux en août 2011 / dasha K au bord du Baïkal en août 2010  / JC et Arthur au Baïkal en août 2010

livre de jack K lu en américain par la russe polyglotte dasha K photo prise à Bonnieux en août 2011 / dasha K au bord du Baïkal en août 2010 / JC et Arthur au Baïkal en août 2010

voir après ce film, étonnant-détonnant-déconnant, l'entretien avec le réalisateur
ou le paradoxe de Rimbaud :
poète cessant d'écrire des poèmes parce que devenu son poème
ce Rimbaud, incarné en 8 jours mais conçu pendant 10 ans, m'a fait rire plusieurs fois
l'icône, le mythe du voyant par dérèglement de tous les sens retombe sur terre à Tadjoura, petite ville de la Mer Rouge
il y rêve d'un présent de bourgeois, riche, marié avec un fils savant ou ingénieur
la vision proposée par ce film me semble à l'opposé de celle que j'ai développée dans Debout les damnés de la Terre, Il faut être absolument moderne, dont je ne suis plus sûr presque 30 ans après qu'elle soit juste, une alliance entre poètes et ingénieurs-savants me semblant vu ce qui s'est développé depuis un siècle, une illusion, les uns cherchant la beauté (y compris de la laideur), les autres, le pouvoir au travers du savoir; le développement de l'IA semble une menace majjeure pour l'humanité, en plus des autres
 
 
 
pendant ce temps Jacques Livchine
(théâtre de l'Unité, 80 ans, né le 23 janvier 1943 au Chambon-sur-Lignon)
qui a répété depuis mai le chemin de Rimbaud devant la maison de Rimbaud à Roche dans les Ardennes
et dans le Doubs
est au Harar pour y célébrer Rimbaud et la Saison en enfer
il a informé 100 médias français, aucun ne s'est déplacé
célébration se fera dans l'indifférence des pantoufles
Le théâtre de l’Unité a décidé de fêter les 150 ans d’une saison en enfer à Harar, en Ethiopie, à l’endroit même où il avait vécu dix ans
ce sera les 2 et 3 décembre 2023 à 16 H 30
En Éthiopie on compte à partir de 6 h, si je dis j’arrive à 9h30, mon interlocuteur Ethiopien note 15h30 et même l’année, là bas on est en 2014, et l’année compte 13 mois. Oh l’angoisse.
la valise de Rimbaud / le décor arrivé à Harrar / 132 ans que ce bousculeur, cet empêcheur, ce dérangeur, hors cadre, hors norme, hors tout, est mort à Marseille à l’âge de 37 ans après une année d’atroces souffrances et sa jambe amputée.  Arthur Rimbaud. 1854/ 10 novembre  1891.   `Ses derniers mots  :  Dites moi  à quelle heure je dois être transporté à bord.  Le théâtre de l’Unité a décidé de fêter les 150 ans d’une saison en enfer à Harar,  en Ethiopie, à l’endroit même où il avait vécu dix ans, ce sera les 2 et 3 décembre 2023 à 16 H 30, vous êtes bien sûr conviés.  Photo de Nadège Vermot : sur les rails de la gare de Voncq, de là  il est parti pour son dernier voyage /
la valise de Rimbaud / le décor arrivé à Harrar / 132 ans que ce bousculeur, cet empêcheur, ce dérangeur, hors cadre, hors norme, hors tout, est mort à Marseille à l’âge de 37 ans après une année d’atroces souffrances et sa jambe amputée.  Arthur Rimbaud. 1854/ 10 novembre  1891.   `Ses derniers mots  :  Dites moi  à quelle heure je dois être transporté à bord.  Le théâtre de l’Unité a décidé de fêter les 150 ans d’une saison en enfer à Harar,  en Ethiopie, à l’endroit même où il avait vécu dix ans, ce sera les 2 et 3 décembre 2023 à 16 H 30, vous êtes bien sûr conviés.  Photo de Nadège Vermot : sur les rails de la gare de Voncq, de là  il est parti pour son dernier voyage /
la valise de Rimbaud / le décor arrivé à Harrar / 132 ans que ce bousculeur, cet empêcheur, ce dérangeur, hors cadre, hors norme, hors tout, est mort à Marseille à l’âge de 37 ans après une année d’atroces souffrances et sa jambe amputée.  Arthur Rimbaud. 1854/ 10 novembre  1891.   `Ses derniers mots  :  Dites moi  à quelle heure je dois être transporté à bord.  Le théâtre de l’Unité a décidé de fêter les 150 ans d’une saison en enfer à Harar,  en Ethiopie, à l’endroit même où il avait vécu dix ans, ce sera les 2 et 3 décembre 2023 à 16 H 30, vous êtes bien sûr conviés.  Photo de Nadège Vermot : sur les rails de la gare de Voncq, de là  il est parti pour son dernier voyage /
la valise de Rimbaud / le décor arrivé à Harrar / 132 ans que ce bousculeur, cet empêcheur, ce dérangeur, hors cadre, hors norme, hors tout, est mort à Marseille à l’âge de 37 ans après une année d’atroces souffrances et sa jambe amputée.  Arthur Rimbaud. 1854/ 10 novembre  1891.   `Ses derniers mots  :  Dites moi  à quelle heure je dois être transporté à bord.  Le théâtre de l’Unité a décidé de fêter les 150 ans d’une saison en enfer à Harar,  en Ethiopie, à l’endroit même où il avait vécu dix ans, ce sera les 2 et 3 décembre 2023 à 16 H 30, vous êtes bien sûr conviés.  Photo de Nadège Vermot : sur les rails de la gare de Voncq, de là  il est parti pour son dernier voyage /

la valise de Rimbaud / le décor arrivé à Harrar / 132 ans que ce bousculeur, cet empêcheur, ce dérangeur, hors cadre, hors norme, hors tout, est mort à Marseille à l’âge de 37 ans après une année d’atroces souffrances et sa jambe amputée. Arthur Rimbaud. 1854/ 10 novembre 1891. `Ses derniers mots : Dites moi à quelle heure je dois être transporté à bord. Le théâtre de l’Unité a décidé de fêter les 150 ans d’une saison en enfer à Harar, en Ethiopie, à l’endroit même où il avait vécu dix ans, ce sera les 2 et 3 décembre 2023 à 16 H 30, vous êtes bien sûr conviés. Photo de Nadège Vermot : sur les rails de la gare de Voncq, de là il est parti pour son dernier voyage /

La plaque posée sur une façade de l’hôpital de la Conception, à Marseille

La plaque posée sur une façade de l’hôpital de la Conception, à Marseille

Jacques Livchine
(80 ans, part à Harar, proférer la saison en enfer)
 
Tout ce qui n’a pas été écrit, n’aura pas été vécu dit Annie Ernaux.
Etrange lubie que d’aller se perdre en Abyssinie pour comprendre Rimbaud.
Il faut imaginer un voyage là -bas en 1880, via le canal de Suez, Aden, la mer rouge, Zeilah puis trois semaines de chameau jusqu’à Harar.
Alors sur l’échelle des souffrances humaines, tout ce que nous vivons là est totalement et infiniment dérisoire.
Nous sommes devenus des naufragés de l’aviation civile, des victimes de Lufthansa.
Après 3 jours nous ne sommes toujours pas arrivés à Harar.
Basel Frankfurt. 27 novembre 2023. Il neigeotte. On nous dit : vol retardé mauvaises conditions atmosphériques.
Sauf que le ET 707 pour Addis Abeba ne nous a pas attendu.
L’aéroport de Frankfurt est vide, on marche 5 kms dans des couloirs désertés avant de trouver un comptoir qui nous dit : trouvez -vous un hôtel et renvoyez -nous la note. Et repassez demain aux heures de bureau.
Mais voilà, c’est la grande Messe ici, tout est plein. Un chauffeur de taxi nous conduit près de la Banhof.
On finit par trouver 3 chambres pour 900 € .
Jacques a évidemment perdu la carte visa de l’Unité et sa tablette etc.
De bon matin le 28, on a pris le RER allemand pour rejoindre l’aéroport, c’était bourré, on s’est assis Hervee et moi, octogénaires dans un compartiment de première à cinq places, tranquillement puisque personne ne s’est levé pour céder sa place aux vieux. Un contrôleur est arrivé cinq secondes après, nous a empêché de sortir, et a réclamé deux amendes à 60 €. Négociations vaines, si on ne paie pas nous remet à la police etc . Quoique d’origine afghane, il est devenu carrément allemand, ++, belle assimilation et nous disant : ici c’est pas la France. En anglais. .
Episode comptoir assistance “rebooking”.
On nous dit d’aller à Milan à moins que nous préférerions le Caire pour attraper un vol pour Addis Ababa à 22 H 55.
Embarquement à 20 H pour Milan, ça fait neuf heures que nous errons entre les boutiques rutilantes de richesses et les immigrés de toutes nations.
Cet aéroport est la vraie folie de l’occident.
Et ce qui n’était pas prévu arrive à 20 H : vol pour Milan “délayed”
Le Frankfurt Milan est tombé en panne de freins au départ, l’équipage a épuisé ses heures il faut le changer et rebelote, deux heures de retard. Et le même scénario que la veille.
L’Ethiopian Airlines 727, est parti sans nous.
A minuit, Milan airport désert : on a retrouvé nos onze valises par hasard sur un tapis roulant, et là en deux taxis on nous a emmené dans l’Ibis à dix kilomètres de l’aéroport. Prise en charge, ouf. Sandwiches.
Sauf qu’il faut assurer la suite.
Le comptoir Ethiopian air lines ne sera ouvert qu’entre 4 et 5 heures du matin apprend -ton.
On délègue le plus jeune Alexandre qui parle italien et le plus vieux qui traîne ses arthroses.
4 heures du matin, hagards.
Suspense insupportable, on est renvoyé à Lufthansa puis à un minuscule comptoir de billetterie.
Une femme potelée, la soixantaine, nous toise derrière l’hygiaphone, l’air de dire : situation complexe et inextricable. Jacques connait tous les codes du voyage par coeur : TNDK ou AZEGIL. ,
Je surveille les coins de sa bouche, une bouche muette ça raconte beaucoup de choses. Elle fronce, elle se tend, serre les dents, soupire, mastique, grimace, se mord la lèvre, se crispe, puis appelle je ne ne sais pas qui.
Alors les scénarios s’enchaînent dans ma tête : 3354 € on rachète les six voyages, ou bien on on en appelle au directeur de la Lufthansa, on lui réclame dommages et interêts.
Et Rimbaud m’attaque par bribes :
A quatre heures du matin l’été
le sommeil d’amour dure encore.
Ça s’arrange, elle nous tend un papier. Il est 5 H. Le bureau des billets ouvre à 7 H 30 .
Non non, pas ce supplice, pas 2 H 30 d’attente. On reviendra plus tard.
Trouver les taxis, remonter la file et bien sûr : impossible, il vous faut prendre un taxi local .
1 °C
Au secours , on appelle l’Ibis.
Pour 10 € dans quinze minutes un dénommé Antonio nous prendra porte 10.
Tout là bas la porte 10.
Opération terminée.
la vraie valise de Rimbaud
à Harar, le 2 décembre 2023
à Harar, le 2 décembre 2023

à Harar, le 2 décembre 2023

Jacques Livchine
(80 ans, part à Harar, proférer la saison en enfer)
 
2 décembre 2023 à 16 H. Porte Asum Beri Harar
J’avais rêvé ça comme une grande première.
Pour la première fois les ruelles d’Harar, les portes d’Harar, les places d’Harar, les remparts d’Harar, les hyènes d’Harar, le quat d’Harar, allaient enfin pouvoir écouter ce que Rimbaud écrivait à leur propos il y a cent cinquante ans sans y être jamais allé.
Marcher là où il avait marché, reprendre la porte Asum Beri, par laquelle il était rentré dans Harar, retrouvé la place de son commerce sur la place Feres Magala,détruit en 1915, et puis se laisser enivrer par un mélange de senteurs incroyable, un climat printanier en décembre, c’est justement en décembre 1880 qu’il fut le quatrième européen à pénétrer dans cette ville de 30 000 habitants à l’époque qui avait déjà ses hyènes et son café et ses épices. Il n’avait que vingt six ans, avait écrit une saison en enfer à 19 ans, il y a exactement 150 ans.
J’avais rêvé que les télévisions du monde entier allaient couvrir l’événement , que RFI, Télérama, France Inter, France Culture, Libération, allaient envoyer leurs correspondants. Or comme Rimbaud le fut, nous sommes magnifiquement ignorés, il l’avait prédit : “moi moi qui me suis cru mage ou ange dispensé de toute morale, je suis rendu au sol avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à étreindre”.
J’avais écrit cent lettres aux médias pour venger la totale indifférence dont Rimbaud avait été la victime lors de la parution à compte d’auteur chez un éditeur belge d’une saison en enfer.
En résumé le 2 décembre 2023 à 16 H, “ recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle et armés d’une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes” et nous marcherons jusqu’au Musée Rimbaud, ce sera notre hommage à ce poète, qui aura vécu dix ans à Harar jusqu’à ce que le cancer des os ravage son genou gauche.
“Allons la marche le fardeau le désert l’ennui et la colère.”
le décor de la pièce
à Harar, le 2 décembre 2023
à Harar, le 2 décembre 2023

à Harar, le 2 décembre 2023

un article inespéré !
page FB de Jacques Livchine, 3 décembre 2023
Le Théâtre de l’Unité fête Rimbaud à Harar
Ils ont dit, joué, embrassé « Une saison en enfer » dans un coin des Ardennes, là où Rimbaud avait écrit son poème incendiaire il y a cent cinquante ans. Ils le diront à nouveau ce dimanche et lundi à Harar, en Éthiopie où Arthur espérait revenir.
A quatre-vingt ans, Jacques Livchine ne renonce à aucun de ses rêves. Avec sa vieille acolyte Hervée de Lafond et quelques autres comparses ( Faustine Tourban, Marie-Leila Sekri, Alexandre Santoro et Clément Deyfus) plus jeunes, Livchine pilote le dernier projet en date du Théâtre de l’Unité, compagnie française toujours sur la brèche. Après avoir inventé la 2CV théâtre, le théâtre pour chiens, fait du théâtre sous une grande jupe, créé un spectacle durant 13 jours et autant de nuit à l’occasion du changement de siècle et créé le premier et unique centre d’art et de plaisanterie du monde tout en parcourant ce dernier dans tous les sens, le Théâtre de l'unité a décidé d’honorer Arthur Rimbaud sur les terres de son dernier voyage, le Harar, à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’édition originale de Une saison en enfer publiée à Bruxelles en 1873.
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs , où tous les vins coulaient/ Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux -Et je l’ai trouvée amère -Et je l’ai injuriée. / Je me suis armé contre la justice. / Je me suis enfui. O sorcières, ô misère, ô haine, c‘est à vous que mon trésor a été confié !»
Ainsi commence Une saison en enfer. Après l’avoir rôdé au festival Chalon dans la rue, le Théâtre de l’Unité a lu l’entièreté du texte les 13 et 14 mai dernier à Roche, dans les Ardennes, « à l’endroit exact où Rimbaud à l’âge de 19 ans avant pondu ce texte de rage et de feu » écrit Jacques Livchine. Puis ils sont allés à pied jusqu’à la gare de Voncq d’où Rimbaud était parti, escomptant retourner en Afrique. Il mourra en chemin à Marseille, le 10 novembre 1891, à 37 ans.
Livchine a réuni une petite troupe allant de 24 à 80 ans. Tous sont partis pour l’Éthiopie. Ils diront, joueront Une saison en enfer ce dimanche et lundi à Harar devant le musée qui porte le nom du poète. « C’est le feu qui se relève avec son damné » conclut Une saison enfer. Il y a longtemps que ce feu habite Jacques Livchine. « Rimbaud m’a ouvert les yeux à l’âge de 17 ans, c’est lui qui ne mes fermera » conclut le fringant octogénaire.
Jean Pierre Thibaudat Blog médiapart
Incroyable ce Thibaudat, l'ex critique dramatique de Libération qui nous connait depuis plus de cinquante ans et ne nous oublie jamais. Il avait sorti un papier en 1982 qui nous a fait connaitre et nous a permis d'exister pendant un demi -siècle. Nous lui devons beaucoup. Qu'il soit remercié par les dieux du théâtre.
 
 L’Angle du bac , sculpture de Virginia Tentindo

L’Angle du bac , sculpture de Virginia Tentindo

« Elle émerge des plis de la vague. Mélusine après le cri, elle écoute aux coquillages, à droite le chant de l’oiseau phénix et de la baleine bleue, à gauche les battements de cœur de l’amour.
Devant elle, tenu par la main aux lignes d’air, s’ouvre le livre de la connaissance de ce qui fut et de ce qui sera, tandis que l’autre main, aux lignes de feu, la fait jouir.
Et rugissant sous la vague, drapé de la peau des ondes, veille le lion vert des transmutations philosophales ».
Joël Gayraud, Les tentations de la matière. Poèmes sur des sculptures de Virginia Tentindo. Pierre Mainard, 64 p.
"Quand j’entrai pour la première fois dans l’atelier de Virginia Tentindo, je crus traverser le miroir. Là, dans une pénombre de forêt vierge parcourue d’impalpables bruissements d’ailes, des créatures d’argile, de marbre, de porphyre et de bronze m’attendaient depuis toujours. Elles posaient sur moi ce regard venu de très loin, si pénétrant, mais sans rien d’inquisiteur, qui est le propre des étoiles dans la nuit claire et des enfants au réveil. Je n’aurais su dire d’où elles venaient, ni de l’Égypte pharaonique, ni des Indes ou de la Chine, ni des pays Maya ou Inca, ni des rivages innombrables de l’Océanie. J’avais débarqué sur une île n’apparaissant sur aucune carte. Une île peuplée de formes où je percevais, mêlés dans une sarabande immobile, des chats, des lions, des lièvres, des figures simiesques ou humaines et le visage même de la mort. Elles constituaient un monde unique, qu’on ne pouvait ramener à rien de connu, sauf à en perdre la signification. Malgré la confusion des genres et l’hybridation des espèces et des règnes, les sculptures de Virginia possédaient chacune leur caractère, défini par les noms dont elle les avait pourvues. Bien sûr, elle les avait nommées comme elle les avait créées, au gré de sa rêverie. Je m’avançai parmi elles, en les caressant de la main après les avoir cajolées du regard, éprouvant la douceur sensuelle du porphyre, les courbes tendues du bronze, la peau soyeuse de l’argile. Et de la même grave candeur avec laquelle elles m’avaient regardé, elles se mirent à me parler par-delà leurs lèvres muettes. À chacune de mes visites, je recueillais leurs paroles et c’est ainsi que peu à peu sont nés les poèmes que je leur ai consacrés dans ce petit livre."
de Rimbaud à Pessoa / devant le café Brasileira, à Chiado
de Rimbaud à Pessoa / devant le café Brasileira, à Chiado
de Rimbaud à Pessoa / devant le café Brasileira, à Chiado
de Rimbaud à Pessoa / devant le café Brasileira, à Chiado

de Rimbaud à Pessoa / devant le café Brasileira, à Chiado

Le 29 novembre 1935, jour de son admission à l’hôpital Saint-Louis des Français pour une cirrhose du foie décompensée, Fernando Pessoa (alias Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Alvaro de Campos, Bernardo Soares, et quelques 72 autres compagnons de route) signe un dernier mot "I know not what tomorrow will bring". ll meurt le lendemain, à 47 ans, pauvre et méconnu du grand public, estimé seulement d'un petit cercle d'amis.

Écrit au crayon sur le mur, derrière son lit. Fernando Pessoa, qui portait en lui tous les rêves du monde 

 

Son enterrement à Lisbonne, il est allé au cimetière des Prazeres, plaisirs  Et on l'a installé pour l'éternité dans l'allée nord du couvent de Hyéronimos, à Belém.

statue sur un banc, sur une petite place au bord du Bairo Altodevant le café Brasileira, à Chiado
Rimbaud : Il faut être absolument moderne ! (ou pas ! Pessoa)
Rimbaud : Il faut être absolument moderne ! (ou pas ! Pessoa)
Rimbaud : Il faut être absolument moderne ! (ou pas ! Pessoa)
Rimbaud : Il faut être absolument moderne ! (ou pas ! Pessoa)
"Je ne suis pas pressé. Pressé pour quoi ?
La lune et le soleil ne sont pas pressés : ils sont exacts.
Être pressé, c’est croire que l’on passe devant ses jambes
Ou bien qu’en s’élançant on passe par-dessus son ombre.
Non, je ne suis pas pressé.
Si je tends le bras, j’arrive exactement là où mon bras arrive.
Pas même un centimètre de plus.
Je touche là où je touche, non là où je pense.
Je ne peux m’asseoir que là où je suis.
Et cela fait rire comme toutes les vérités absolument véritables
Mais ce qui fait rire pour de bon
c’est que nous autres nous pensons toujours à autre chose
Et sommes en vadrouille loin d’un corps."
 
Fernando Pessoa
La dernière oeuvre de Rothko avant son suicide, le 25 février 1970. « Selon Rothko, l’artiste a pour mission de réparer le monde » Sans titre, 1970.

La dernière oeuvre de Rothko avant son suicide, le 25 février 1970. « Selon Rothko, l’artiste a pour mission de réparer le monde » Sans titre, 1970.

intérieur aux aubergines, Matisse, Musée de Grenoble
intérieur aux aubergines, Matisse, Musée de Grenoble

intérieur aux aubergines, Matisse, Musée de Grenoble

Rêver à trois aubergines | Écrits /Dominique Fourcade 1974

A la fin du XIXe siècle et surtout à l'orée du XXe se laisse entrevoir le prototype d'un nouveau monde (en même temps que, achevant de se constituer, s’érige et se fige définitivement l'ancien). Tandis que la révolution que les politiques envisageaient et, pour certains d'entre eux, réalisaient, ne pouvait, au mieux, faire (non négligeablement) qu'introduire un peu plus de justice dans l'ancien monde — et dieux merci qu’ils l’aient tenté et le tentent sans cesse, car cet ancien monde, devenu immonde, n’est pas mort ! — tandis que les politiques... quelques hommes, ceux que le vocabulaire ancien désigne (en les isolant monstrueusement) du nom d’artistes, des gens écrivant de la prose ou des vers, des philosophes, des peintres, des musiciens, en un mot des poètes-penseurs, quelques hommes voyaient par-delà le bien et le mal et proclamaient : à l'œuvre ! Tous à l'œuvre, dans l'illimité, pour un monde nouveau dont chacun — et non plus une élite désormais asphyxiée — sera le producteur. Aboli le grand-prêtre. Les producteurs ne célébreront le culte de rien.
Ce nouveau monde, lisons-le encore une fois, de conséquence en conséquence, dans Intérieur aux aubergines.
Puisque c'est de lire qu'il s'agit, il est patent que l'ordre de lecture récitationnel pratiqué jusqu'alors par l'Occident est lui-même bouleversé. Qu'on essaye de parcourir Intérieur aux aubergines de gauche à droite : cela n’est possible que jusqu’au miroir, au-delà duquel Matisse impose un mode de vision nouveau qui consiste à éliminer toute idée d’ordre de lecture. Le spectateur est contraint de reprendre les choses (de reprendre quoi au juste ?)
Intérieur aux aubergines en tout cas, au point où nous en sommes, ne peut plus être considéré comme un « tableau », et c'est bien avant La Danse de 1931-1932 que Matisse traduit la peinture en architecture,le spectateur reprend dès lors les choses à leur point de départ, et le point de départ, nouvelle manifestation de la révolution en cours, est au centre !
Intérieur aux aubergines ne nous conduit plus, comme la peinture avait coutume de le faire, de la périphérie vers le centre, il fait l'inverse ; il nous expose un univers non plus centripète mais centrifuge, en expansion. Et aucun point de cet univers n’est picturalement privilégié par rapport au reste, car le centre est partout. Il s'agit de lire et d’appréhender le tout simultanément, ou rien, et cette caractéristique a plusieurs corollaires :

- la première est que l’on échappe ici au temps chrétien, déchiré entre un passé fautif et un futur rédempteur, entre lesquels le présent, broyé, n'est qu'une étape transitoire et dérisoire — dans Intérieur aux aubergines il est midi, pas d’ombre, faire face !
- La deuxième est que l'on échappe à l'ordre occidental du récit : la peinture de Matisse ne raconte rien, nul événement, ni un bonheur ni une misère, n’illustre rien ; elle dévoile et expose une structure permanente, une partie de l’univers (celle- là ou une autre, toutes sont exemplaires), elle dit l’espace cosmique dont nous sommes l’un des constituants ; les mots « pendant », « avant », « après » n’ont ici plus de sens, ils sont remplacés par les mots « toujours, dès que l’on peut ouvrir les yeux, voici ».
- Troisième corollaire, Intérieur aux aubergines (et la peinture de Matisse en général) ne combat rien, pas plus qu’il n’approuve quoi que ce soit ; son propos est ailleurs. On échappe ici à l’antagonisme du bien et du mal, à une vision prise dans la tenaille du jugement moral de même que Intérieur aux aubergines excluait qu’aucune préférence esthétique fût accordée à une partie du tableau au détriment du reste.
- Quatrième corollaire, et non la moins importante, une nouvelle souplesse syntaxique : les différents éléments de la langue du tableau ne s’enchaînent plus dans l’ancien ordre causal où chacun jouait étroitement le rôle qui lui était dévolu de sujet, de verbe, de complément d’objet direct, de conjonction, de pronom relatif, etc., avec une proposition principale et des circonstancielles ; les éléments sont désormais juxtaposés, toutes les propositions sont sur le même plan, les composantes jouent toutes tous les rôles à la fois et sont les unes vis-à- vis des autres non plus dans une situation de cause à effet mais en rapport mutuel, dans un état de corrélation et de correspondance infinies.Matisse est l’un des premiers à ne plus dire : je vais vous conduire au temple, à Dieu. Il ne dit pas non plus, à la différence des politiques (et c’est un malheur pour tous, cette erreur, cette errance, ce retard fatal des politiques, même et surtout les plus avancés)

Matisse ne dit pas non plus : Dieu est mort. Il dit : les dieux sont partout et d’abord en nous. C’est nous. A nous ! Avec pour effet la pulvérisation de toute théologie.

Tout cesse alors d’être pensé en termes de but à atteindre, en termes de fin et de moyens, on est hors de portée du péché originel et du même coup prend fin le monde de la dialectique, cesse la fuite en avant.
Cette grande phrase révolutionnaire qui fait son chemin ici sans brutalité et chez d’autres à coups de poings, ce monde nouveau, Matisse ne fut pas seul à le promouvoir. Il ne vient certes qu’après Cézanne et Monet, ces haleurs prodigieux du monde à naître.  Avec lui œuvrèrent mais terriblement plus volontaires, moins fluides, les Cubistes, quelques années durant, avant d’être repris par les anciens modes temporels, les exigences propres au récit et à la démonstration, avant d'être happés à nouveau par le monde chrétien. Parallèlement à Matisse la peinture de Bonnard écartait elle aussi, mais sans mot dire et avec grande tendresse, la rhétorique ancienne. A cela tendit également l’effort lucide de Mondrian. Il demeure mystérieux que des peintres — des musiciens aussi — aient pu si nombreux s’atteler à la tâche de dire le monde nouveau, élaborant simultanément la grammaire inédite indispensable, et continuer de chanter alors que tant d'écrivains, à l’heure de s’extraire de l'ancien monde et de prononcer leur vision, en ont été réduits aux cris, à l'invective, perdant toute sérénité. Qu'est-ce qui, au moment d'aborder l'illimité, énerva et affola Rimbaud à ce point ? Qu’est-ce qui rendit Lautréamont parodique et Nietzsche fou de douleur ?  Alors qu'il dotait le concept d'œuvre de nouvelles structures, qu'est-ce qui réduisit le doux Mallarmé à procéder par saccades et le contraignit à l'inachevé cependant que, de Baudelaire, tout entier pris, lui, dans la gangue chrétienne, s’élevait continûment le chant, qualité supérieure du poète ? Seul Hölderlin, sur qui prit appui Rilke...  Au seul Hölderlin, frappé par Apollon des décennies avant Cézanne, il fut donné, à l'égal de Cézanne, de se maintenir mélodiquement de l'autre côté des choses. Lui, le premier, opéra le déplacement fondamental : hors de la trajectoire de la dialectique. Lui le premier juxtaposa tous les éléments du métier, mots et dieux. Et chanta. Oui, Hölderlin et Cézanne, fondateurs de la lyrique moderne, mais ceci est une autre histoire.
Matisse, lui, en 1911, après Intérieur aux aubergines, n'en a pas fini avec la tâche qui lui incombe. Il lui faudra encore cinq ou six années pour pousser à l'extrême sa synthèse, et il lui restera dès lors (c'est à quoi il s’emploiera jusqu'à la fin de sa vie) à y introduire une vibration en l’inondant de lumière, en ne travaillant plus qu'avec la « couleur-lumière ». Mais en 1911 décisivement, Matisse expose un présent imaginé et non plus déduit.
Dominique Fourcade, revue Critique, mai 1974.

Ce texte me semble inciter à relire et à remettre en question cette injonction "Il faut être absolument moderne"

 

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Grotte Chauvet - 18/12/1994 - 17/10/2009 - 30/4/2010

Rédigé par grossel Publié dans #poésie, #JCG, #album, #cahiers de l'égaré, #philosophie, #pour toujours, #écriture, #voyages

la main positive de l'aurignacien de la grotte Chauvet; la Vénus de la grotte Chauvet, tout au fond de la salle du fond à 700 m de l'ouverture de la grotte
la main positive de l'aurignacien de la grotte Chauvet; la Vénus de la grotte Chauvet, tout au fond de la salle du fond à 700 m de l'ouverture de la grotte
la main positive de l'aurignacien de la grotte Chauvet; la Vénus de la grotte Chauvet, tout au fond de la salle du fond à 700 m de l'ouverture de la grotte
la main positive de l'aurignacien de la grotte Chauvet; la Vénus de la grotte Chauvet, tout au fond de la salle du fond à 700 m de l'ouverture de la grotte

la main positive de l'aurignacien de la grotte Chauvet; la Vénus de la grotte Chauvet, tout au fond de la salle du fond à 700 m de l'ouverture de la grotte



       1.000 mots
pour
 l’art pariétal des origines

 ( – impossible chance inouïe de ravissement,
visuel, auditif, spéculatif …
                                                    sans convoitise ni possession – )    

Testament

(à conserver dans la grotte Chauvet,
porte blindée, surveillance vidéo,
code d’accès aléatoire,
accessible seulement à
un Anaximandre de l’Infini – comme branle
un artiste du Sublime – élévation par resplendissement
un Héraclite des contraires – Voyant – dans le noir
un Peintre animalier, au trait sûr, le soir)     

à ouvrir le 18 décembre 34.994



Je vous demande Pardon hominiens de demain
s’il ne reste rien de l’homo sapiens,
espèce ayant joué avec le feu, l’air, l’eau, la terre,
ne voulant pas se savoir mortelle.  
Je vous demande Pardon
pour avoir oublié les générations futures,
50 ans devant moi, 1.000 ans après moi,
33.000 ans après la découverte,
le 18 décembre 1994,
des dessins de la grotte toxique, 
enjeux de procès intéressés.   
Nous vivions,
nous croyant maîtres et possesseurs de la Nature,
civilisés supérieurs
aux minéraux, végétaux, animaux,
primitifs, sauvages, barbares.
Je vivais, esclave volontaire, au jour le jour.
 
Pas vues
les évidences
– à crever les yeux –
de la grotte du Vallon Pont d’Arc :  

toute origine renvoie à l’origine d’avant, ainsi de suite
on ne connaît donc l’origine de rien
tout horizon appelle l’horizon d’après, ainsi de suite
aucun horizon ne peut donc être atteint 
chemins, ne mènent nulle part – funambule de ton fil –
traces, se perdent – impermanence de somnambule –  
cairns édifiés, ne promettent aucun retour.


Les premiers peintres,
anonymes,
inventent,
gratuitement,
entre raclures d’hommes et griffures d’ours,


sans souci de notoriété, de postérité,
perspective, mouvement, équilibre, composition réaliste.



Sur la paroi,
lionnes, rhinocéros, mégacéros, aurochs,
bisons, chevaux, mammouths, ours,
rouges, noirs, détourés, estompés, gravés.


Bestiaire  
conçu (?) par un cerveau d’artiste,
réalisé (?) par une main d’artiste,
relations d’incertitudes entre intention, matière et temps.
Le primitivisme des premiers dessins n’enlève rien à leur beauté
fait leur intemporelle modernité

– de la main d’un aurignacien d’1mètre 80, au petit doigt levé,
pour la paléontologue – 

aurignacien insaisissable
échappant à toute restitution
apparence n’est pas présence
dans ces dessins – des ancêtres problématiques
– de la main d’un aurignacien hors normes,
qui s’est reconnu poète,
ajoutant à la Nature – dont il fait partie –
ce qui, avant lui, n’existait pas,
 même dans sa tête,
créateur de lui-même,
par déprise progressive
de maîtrise/ bêtise,
par estime de soi,
non par contentement de soi,
ne laissant pas à autrui la responsabilité de son être,
malgré l’horizon de la mort,
pour le sage tragique – 
Sur la paroi de la caverne
l’artiste est une main, son habileté,
reliée à un esprit, son imagination,
un cœur, ses sentiments.
 Son œuvre sur la paroi,
insistant désir illusoire d’éternité,  
 ombre rêvée de 33.000 ans,
retrouvée  –  par hasard  – 
depuis 15 ans.
 
Pour quels usages ?    


Pourquoy prenons-nous titre d’estre, de cet instant qui n’est qu’une eloise dans le cours infini d’une nuict eternelle et une interruption si briefve de nostre perpetuelle et naturelle condition ?
  Montaigne,Essais II,12     

                                                                                                                
Nouveaux univers, nouvelles espèces,
vous n’accèderez pas à d’autres évidences :

il n’y a aucune échappée possible à la mort
– mais la Nature invente, crée –
– et l’Homme, sa créature poétique, peut inventer,
se dépasser,
créer des univers de – beauté
chercher jusqu’à la fin la – vérité   


– évidences sans certitudes de ce moment solitaire
d’écriture en compagnie
– essai de pensée se soutenant du vide


Panneau
pour paysage tableau
 


De ce belvédère
e             r
r             i
è            a
d’           d’
é            é
v            v
l             l
e            e
b             b
de Tourre / de Serre
à l’écart du chemin – trop fréquenté –
regarde, écoute, touche, hume, goûte, imagine, pense…
Contemple ce présent qui
sans toi, s’absente
avec toi, peut prendre sens.
Le cirque d’Estre te raconte des – histoires –
 
– rencontres de plaques tectoniques
surrections subsidences assèchements  inondations
incendies glaciations réchauffements éruptions érosions –
de quoi activer tes peurs. 
Il te raconte aussi périodes calmes,
mouvements lents, variations imperceptibles.
Travaille et repose sur cette terre provisoirement apaisée. 
Les – catastrophes – remodelages de paysages
n’ont jamais lieu en même temps, au même endroit :
elles se distribuent
au hasard
te rappellent que
– la Terre est dynamique, dynamite.
Croire immuable ce méandre mort du Pont d’Arc
est erreur d’échelle.  
Tu observes à l’échelle de ton présent
en présence d’échelles impraticables.
    Tu ne peux par la pensée accéder à                                                                                    
 – la Nature – 
englobant infini, éternel des choses finies, mortelles
ensemble ouvert de mondes clos
engendrement chaotique de mondes structurés
cause aveugle de toute génération

soutenant ton courage de créer comme si ce n’était pas pour rien.    


Panneau
pour instants suspendus


À l’échelle du temps rétréci
– celui de tes projets –
tu paries sur un court avenir
que tu ne peux te garantir
malgré toutes tes assurances. 
La Nature est Temps et Chance,
bandeau sur les yeux,
patience créatrice aveugle.
  
La vallée de la Drobie est
œuvre de vie de la Nature. 

Le sentier des Lauzes,

hier de nécessité,
aujourd’hui de randonnée,

chemin de pluralité consentie,  
œuvre d’accompagnement des hommes
– créatures et créateurs 
œuvre de leur courage
– ce qui va au-delà de nous –
car l’horizon de tout – pas du Tout – est la mort  
mais en l’attendant, c’est ton moment de vie,
celui de cette abeille,
celui de ce châtaignier.  
Mesure la maîtrise des hommes d’autrefois
qui ont façonné ce territoire,
étagé cette colline avec des faïsses,
quadrillé cette clairière avec des clapas,
relié parcelles et hameaux par drailles caladées. 


Médite la déprise, le dépeuplement, durables,
à la survenue d’une maladie du châtaignier,
au déclenchement d’une guerre.  
Résiste aux usages massifs et marchands
du territoire, de l’histoire.

Décide, avec quelques amis, d’autres usages
– partagés – de Terre Mer !   

humanimalitéselduvernisalinité

Éros jaillit Thanatos déchire
amour enlacement séparation mort
au miroir de Narcisse absence de mirage du réel
toi joué
aux dés désespérés des mots
 jouant du long balancier sur un fil
 énergie expansion dilution matière
vide répulsion gravitation vie 

renaissants univers
par bootstrap ?

 
Jean-Claude Grosse
du 17 octobre au 18 décembre 2009
un des 33 auteurs à 1.000 mots
pour les 33.000 ans de la Grotte Chauvet,
initiative portée par Roger Lombardot
et Théâtre d'aujourd'hui,
à Laurac en Vivarais
avec le soutien des institutions
et collectivités territoriales.
Textes parus dans le N° hors-série de la Revue des Deux-Mondes
consacré à la grotte Chauvet, novembre 2011
 

 
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui
bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui

bestiaire de la grotte Chauvet; ombre d'une signature de main positive, 36000 ans après, aujourd'hui

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Sur les plus anciennes traces connues de l'Homme l'homo sapiens sapiens
De la grotte de Lascaux à la grotte du Vallon Pont d'Arc

Dimanche 29 janvier 2017
visite de Lascaux 4,
premier groupe, celui de 9 H 30, ­1° dehors.

Le bâtiment en béton et verre, près de 11000 m2, est très fonctionnel. Les surplombs évoquent les abris, plus "confortables" que les grottes, qu'il suffisait de couvrir de peaux de rennes pour obtenir des abris "sains", non enfumés, aérés, moins humides... La reconstitution de la grotte est remarquable, 13°, éclairages évoquant les chandelles. Le discours de la guide est évidemment formaté, un mixte de remarques scientifiques et de considérations journalistiques au goût du jour comme s'il fallait absolument nous rapprocher de ces homo sapiens sapiens, nous dit­on mais si c'est vrai génétiquement, ce n'est qu'une vague parenté car nous échappe tout l'aspect culturel de ces sociétés nomades, petites en nombre. Apparemment, pas d'hommes pour orner ces grottes mais des adolescents, peut­être des femmes. Toujours est­il que même un groupe de 25, c'est déjà trop pour faire l'expérience sensible, immédiate des oeuvres réalisées, sans le filtre du discours guidesque. L'atelier à la sortie de la grotte dit atelier de Lascaux est remarquable car permettant de "voir" des détails, impossibles à visualiser dans la grotte. Le théâtre de l'art pariétal (en 3D), sans comédiens en chair et en os est triste à pleurer. Le cinéma 3D est peu convaincant, le diseur quasi­inaudible pour un speech, un pitch pauvre. L'atelier de l'imaginaire est une plaisanterie aléatoire de choix d'oeuvres modernes et contemporaines en "lien" avec l'art pariétal. La salle d'exposition temporaire ne m'a pas convaincu. Dans l'espace marchand, on trouve du whisky Lascaw, distillé dans la distillerie du Périgord. J'ai trouvé Le temps sacré des cavernes de Gwenn Rigal, chez Corti, novembre 2016, les hypothèses de la science.

Vendredi 30 avril 2010
une visite exceptionnelle dans la Grotte Chauvet

Arrivés à 9 H, vendredi 30 avril 2010, sur le parking du Pont d’Arc, les 5 visiteurs du jour, dont je suis, sont accueillis par la conservatrice de la grotte. Elle nous présente le protocole à respecter pendant la visite, et nos deux accompagnateurs.

Après une montée de 20 minutes pour un dénivelé de 100 mètres, nous nous retrouvons sur le site à 200 mètres d’altitude, surplombés par une falaise de plusieurs dizaines de mètres. Des filets au­dessus de nos têtes ont été placés pour d’éventuelles chutes de pierres. Nous enfilons nos combinaisons et baudriers de sécurité, allumons les lampes de nos casques tout neufs. Code : la porte blindée s’ouvre. Nous pénétrons dans un boyau, la chatière, où nous chaussons des sabots caoutchoutés, puis sur les fesses nous nous faisons glisser jusqu’à l’échelle perpendiculaire de 8 mètres que chacun descend, assuré par une corde. Nous nous retrouvons sur une plateforme : la visite peut commencer.

Nous sommes donc arrivés dans la grotte par le plafond. Il est 10 heures. Nous baignons dans une atmosphère à base de radon et de gaz carbonique. Un compteur mesure le radon. La concentration en CO2 est élevée, ce qui oblige chaque année à fermer la grotte de mai à janvier, les chercheurs ne pouvant passer plus de 120 heures par an dans la grotte, les visiteurs n’y passant pas plus de 2 heures. Nous, nous y passerons 2 heures et quart.

La grotte a été découverte le 18 décembre 1994. Des visites limitées ont lieu depuis 2005 seulement, des aménagements importants ayant été effectués pour préserver au maximum la totalité de la grotte, sols en l’état, parois, plafonds. 350 visiteurs par équipes de 5 en 2007, 8 en 2008, 250 en 2009, 200 en 2010.

Les chances de cette grotte unique :
- l’effondrement de la falaise qui, il y a 20000 ans, a 
bouché l’entrée de la grotte fréquentée à partir de 36000 ans

- le radon qui a protégé les œuvres des champignons, des lichens et nous laisse aujourd’hui en présence d’un site remarquablement conservé. Je n’en veux pour preuves que les fins éclats d’argile collés sur certains dessins suite aux ébrouements des ours, les restes des foyers, les réserves de charbon de bois des artistes. On passe à 20 centimètres de restes de torches qu’on a frottées, mouchées contre la paroi

- troisième chance de cette grotte : le professionnalisme des découvreurs (on doit dire juridiquement, les inventeurs) qui dès la seconde visite avec des lampes plus puissantes posent au sol des lais utilisés en agriculture, limitent leurs déplacements, ne s’étalent pas dans la grotte, rendus imprudents par l’enthousiasme, au contraire. Les passerelles, installées depuis, l’ont été sur les zones couvertes par les inventeurs, ce qui a laissé la plus grande superficie des 7 salles, vierge de tout pas. Le protocole insiste sur la nécessité de ne pas perdre l’équilibre, de se baisser suffisamment pour ne pas toucher plafonds de couloir, parois qu’on frôle à dix ou vingt centimètres.

De l’entrée à la dernière salle, il y a 350 mètres. Les salles n’étant pas en enfilade, on rebrousse chemin certaines fois pour s’aventurer plus loin ailleurs. Le parcours est d’environ 1000 mètres, alternant grandes salles à voûtes hautes, couloirs étroits et bas.

Trois caractéristiques se dégagent de cette visite :
- la beauté du site en tant que grotte avec ses concrétions, ses drapés qui éclairés sont magnifiques, ses stalactites et stalagmites, ses fistuleuses ;
- la présence au sol, à la fois compacts et dispersés, d’ossements par milliers, ossements d’ours (pas d’ossements humains) dont 200 crânes d’ours (l’un d’eux fait 55 centimètres, ce qui renvoie à un ours debout de 3,5 à 4 mètres) ;
- la présence sur les parois, à la fois compactes et dispersées, d’oeuvres d’artistes aurignaciens (430 dessins à l’ocre, au charbon de bois et gravures au doigt ou avec un outil de silex)

Ce qui surprend, mot minimal pour dire ce qu’on éprouve, dans la découverte de ces œuvres :
- la densité croissante des œuvres au fur et à mesure qu’on s’enfonce, la salle des chevaux et la salle des félins étant les dernières et offrant la plus grande profusion 
d’œuvres. On pourrait penser à un projet pensé, conçu, de parcours mais l’absence au sol de tassement par opposition aux bauges des ours, manifeste que les salles n’étaient fréquentées que par les artistes et leur équipe, très petit groupe agissant pendant l’absence des ours soit les belles saisons : ce travail n’avait pas de fonction muséale, pédagogique, religieuse...

- la diversité en taille des œuvres, de quelques centimètres à 2 mètres 50 pour les lionnes dont le dos est dessiné d’un seul trait sans reprise ; pour les têtes d’ours, 3 traits ; les oreilles des rhinocéros étant représentées par une forme en guidon de vélo

- la diversité des techniques dont l’estompe permettant de donner du volume, de la profondeur. Techniques allant de la gravure stylisant le sujet (le hibou, certains mammouths) à la composition abstraite à base de paumes en passant par les dessins à l’ocre, les plus anciens (bien que n’ayant pas été datés – il n’ y a pas volonté forcenée de datation, les scientifiques préférant conserver en l’état pour ne pas avoir à prélever ce qui entraîne nécessairement une dégradation – on sait qu’ils sont plus anciens car on en trouve recouverts par des dessins au charbon), en terminant par les dessins noirs au charbon ou au manganèse et là on a aussi bien des dessins d’une vérité, d’une modernité extraordinaire (les chevaux particulièrement vivants) que des stylisations (le bouquetin qu’on voit de si près qu’on nous presse de passer pour ne pas l’abîmer). À noter aussi les représentations en perspective, cet effet étant obtenu de plusieurs façons, en particulier pour les bisons qui nous regardent de face, leur corps étant de profil ou pour les cerfs, mégacéros dont la 2° patte est moins nette que celle qui s’offre à nous en premier
- la variété du bestiaire, essentiellement des animaux dangereux qu’on ne chasse pas, dont on se méfie mais qui en représentation ne sont jamais montrés dans leur dangerosité, seulement tels qu’ils sont, montrés dans des scènes de vie (affrontements de mâles rhinocéros, lionne se refusant au lion qui veut la couvrir, lionnes prêtes à bondir, bisons en cavale pour échapper aux lionnes)
- la variété des emplacements : de tels emplacements dans des musées obligeant à toutes sortes de contorsions tellement les emplacements sont insolites contribueraient à diminuer le nombre d’entrées. Là, on prend plaisir à être surpris car les parois ne s’éclairent qu’avec les lampes de nos casques et les deux puissantes lampes des accompagnateurs qui se servent aussi d’un stylo optique pour nous montrer à distance (parfois 15 mètres) telle ou telle particularité. Il faut se pencher, tourner la tête d’une certaine façon, prendre le bon recul (30 mètres au moins) pour voir par exemple le pubis de la Vénus « couverte » peut-­être par un bison. La niche du cheval de la salle du fond est une merveille, naturelle et préparée, mise en scène. Les dessins sont nichés dans des endroits insolites comme pour nous surprendre et il faut effectivement les dénicher. Ils ne s’offrent pas à première vue.
- l’enchevêtrement des dessins : de toute évidence, par les datations faites qui étalent les dessins entre 31500 et 27500, il y a des réalisations séparées de centaines voire milliers d’années (même bestiaire, mêmes techniques). Ces réalisations différentes au même emplacement, parfois respectent le travail antérieur, parfois ne s’en 
soucient guère. Cela donne une impression de profusion : un feu d’artifice d’animaux, en particulier pour la salle des chevaux et celle des lionnes
- les mains positives et négatives, celles-­ci moins nombreuses, et les paumes manifestent bien la présence des artistes mais la signification de ces mains (celle de l’aurignacien d’1 m 80 au petit doigt cassé et celle d’une femme ou d’un adolescent) sur les parois reste mystérieuse (ce n’est sûrement pas une signature car de telles mains n’apparaissent que parfois)

- la fraîcheur des charbons, des traces d’argile, la netteté des dessins, parfois griffés par les ours, parfois dénaturés par des coulées de calcite procurent la sensation que les artistes viennent à peine de quitter la grotte et cette sensation se combine avec l’impression très nette que ces artistes nous échappent complètement, irreprésentables, définitivement inconnus et inconnaissables, présence très forte, absence tout aussi forte.

Au sortir de la grotte, nous remercions nos accompagnateurs, précis et discrets, respectueux du rythme que nous avons donné à notre déambulation et tentant de répondre à nos multiples questions.

Nous déjeunons à l’auberge en compagnie de la conservatrice et de l’initiateur de cette visite.
Les discussions portent sur les interprétations données à ces œuvres d’artistes. Sont récusées les interprétations par le totémisme, le chamanisme. Ces œuvres n’ont pas été vues par les enfants des tribus : elles n’ont pas de fonction pédagogique. Elles n’ont pas été vues par les adultes : elles n’ont pas de fonction symbolique de représentation du monde. Elles n’existent que pour
 elles­-mêmes, que pour les artistes les réalisant et pour ceux qui interviennent après sur les mêmes parois. Récusée en partie donc la solution évoquée par Emmanuelle Arsan sous le titre : Parce qu’ils ne pouvaient pas s’en empêcher, solution consistant à faire de ces artistes des rebelles et marginaux, échappant aux règles du groupe, se réfugiant dans la grotte, se livrant aux délices de l’art préféré aux duretés de la chasse.

Il semble que ces sociétés nomades se communiquant l’adresse des sites aient voulu détacher quelques­uns d’entre eux pour ce travail, les prenant, eux et leur famille, en charge économiquement pour qu’ils puissent donner tout son essor à leur génie artistique, inventant la perspective, le mouvement, la profondeur, la composition. Voilà un art qui surgit d’un coup, dans sa perfection, non préparé par des mouvements antérieurs, par une accumulation technique produisant une mutation à un moment donné.

La grotte Chauvet remet en cause tout ce que nous avions admis avec les travaux d’André Leroi-­Gourhan. Dans la grotte Chauvet, l’art de l’homo sapiens sapiens, nous, surgit d’un coup, dans sa perfection. Et cela a été rendu possible par une société suffisamment généreuse pour libérer ses artistes, les laisser à leur travail créateur, sans contrepartie, en toute gratuité. C'est l'hypothèse que je préfère. Elle ouvre des perspectives sur gratuité et créativité à l'opposé du modèle dominant, le marché de l' « art ».

Paru dans Journal d'un égaré, 2018, pages 22 à 29

bestiaire de la grotte Chauvet
bestiaire de la grotte Chauvet
bestiaire de la grotte Chauvet
bestiaire de la grotte Chauvet
bestiaire de la grotte Chauvet
bestiaire de la grotte Chauvet
bestiaire de la grotte Chauvet
bestiaire de la grotte Chauvet

bestiaire de la grotte Chauvet

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Disparition de Tristan Cabral / 22 juin 2020

Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #pour toujours, #poésie

Tristan Cabral, réaction sur Facebook, L'enfant d'eau (1997) avec une photo du poète de 1986
Tristan Cabral, réaction sur Facebook, L'enfant d'eau (1997) avec une photo du poète de 1986
Tristan Cabral, réaction sur Facebook, L'enfant d'eau (1997) avec une photo du poète de 1986

Tristan Cabral, réaction sur Facebook, L'enfant d'eau (1997) avec une photo du poète de 1986

Je viens d'apprendre la disparition de Tristan Cabral, ce 24 juin, suite à l'envoi d'un poème de lui, écrit au Revest en 1997. Je demande à l'auteur de l'envoi d'où il sort ce poème et il me répond par la copie de messages sur Facebook annonçant la mort de Tristan Cabral, de son vrai nom Yann Houssin, professeur de philosophie à Nîmes et poète remarqué dès 1974 avec son recueil Ouvrez le feu (1964-1972), annoncé comme le recueil d'un poète Tristan Cabral, suicidé à 24 ans. On apprendra 5 ans plus tard qu'il s'agissait d'un nom littéraire, d'un suicide littéraire. 
Un peu poète, très amateur de poètes, j'avais, dès la 1° parution en 1974, repéré, cet Ouvrez le feu ! de Tristan Cabral. Quel lyrisme d'écorché ! Je venais d'arriver à Toulon. Je n'étais pas encore investi dans l'action littéraire et artistique. Il faudra que je m'installe au Revest en 1981, que l'aventure des 4 Saisons du Revest voit le jour dès mars 1983, que l'aventure théâtrale s'invente dès juillet 1984 et l'aventure éditoriale dès juillet 1988 pour que je fasse appel à des poètes ou que des poètes viennent à moi. Cela commença avec la revue Aporie dont 4 N° sont consacrés à des créations de poètes montrées sur les planches : Odysseus Elytis, Saint-John Perse, Lorand Gaspar, Salah Stétié. Il y eut des printemps des poètes (une remarquable exposition d'écritures de poètes réalisée par le Centre européen de poésie d'Avignon alors sous la houlette de Marie Jouannic), des  poètes en partage, des salons de lecture, des paroles d'auteurs (Sappho/Elytis, Pétrarque/René Char, Marina Tsvetaeïva/Henri Michaux, Michel Flayeux, Jean-Max Tixier, Jean-Claude Villain); il y eut les sentiers des 4 saisons avec Rezvani, Elytis, Saint-John Perse, Le Clézio; il y eut des livres avec Salah Stétié (Le voyage d'Alep en particulier) et Tristan Cabral avec L'enfant d'eau. Ce fut le seul de 4 livres annoncés Le quatuor de l'Atlantique. Tristan Cabral vint 2 fois au Revest, 3 fois à Toulon. Je l'ai vu deux fois au festival de poésie de Lodève avant que ce festival ne se transporte à Sète. Le 8 mars 2008, je l'ai interviewé à Toulon, vidéo devenue mémoire depuis deux jours. J'ai eu pas mal d'échanges avec Tristan, très investi politiquement pour une 6° république, moi-même étant très engagé politiquement. Je dois encore avoir son projet de 6° république Manifeste pour une VIème République, Éditions La Mémoire du Futur, 1988. J'ai évidemment toute son oeuvre jusqu'à Mourir à Vukovar en passant par Messe en mort.

Deux poètes disparus en un mois : Salah Stétié, Tristan Cabral. C'étaient aussi des amis.

Quand je serai parti
je ne veux pas que le soleil se colore de sang
je ne veux pas que meurent les arbres de Judée

mais que le chant des louves
veille sur les hommes seuls
mais qu’on demande à ceux qui restent
s’ils savent
où la douceur s’est réfugiée

qu’on refuse d’abjurer
et que partout la liberté insiste !...

d’où je ne serai plus
il faudra bien qu’il neige
je serai dans l’odeur des œillets
dans la douleur des arbres
je serai dans les mains habilleuses des morts
et sur tous les chemins d’un Peuple de Beauté
et je dirai des mots qui sentent encore les pommes
et je dirai des mots
qui me rendront les jours perdus
et je dirai des mots de feu
des mots de violoncelle
et de miséricorde...

TRISTAN CABRAL 
Le Revest
2 février 1997

A la mémoire de Jean Sénac et de Tahar Djaout

Un homme beau est mort qui signait d’un soleil
il s’appelait Sénac
Jean Sénac

un homme beau est mort qui signait d’une rose
il s’appelait Djaout
Tahar Djaout

depuis toute leur enfance est morte pour le monde…

sous l’amandier nomade
ils venaient tous les deux
à l’eau du soir blessée
ils ramassaient les ombres
pour en faire des pétales

toujours l’inespéré accompagnait leurs pas

toujours dans leur maison
on partageait le pain
toujours dans leur maison
on partageait le sel
et la douce patience qui tremble au bord des larmes…

les amandiers sont morts de leurs blessures…

et la mort en grand nombre a frappé en vingt ans !

hier c’était Sénac aujourd’hui c’est Djaout 
assassinés chez eux par les mêmes tueurs
pour avoir cru ensemble à une même Terre
de toutes les couleurs
pour avoir cru ensemble à une même Terre
de toutes les douleurs

hier c’était Sénac aujourd’hui c’est Djaout 
assassinés chez eux par les mêmes tueurs
sur cette même Terre de toutes les splendeurs…

assassinés chez eux en des temps différents
et semblables pourtant…

deux hommes beaux sont morts
tous deux enfants d’orages
et deux frères pourtant

deux hommes beaux sont morts qui signent d’un Silence…

(Tristan lut ce poème à l'équipe des 4 Saisons du Revest, dans le bureau de l'ancienne poste, sans doute en 1997)

 

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Disparition de Lorand Gaspar/9 octobre 2019

Rédigé par grossel Publié dans #jean-claude grosse, #pour toujours, #poésie

Lorand Gaspar

Lorand Gaspar

Lorand Gaspar:

« Une musique faite seulement de ce rien qui respire entre contraires entre un battement du coeur et le battement d’une aile, la fin et l’infini. »

« Nous n’avons que cette musique – multitude blessante et joyeuse pour toucher le feu qui nous habite. »

la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar
la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar
la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar
la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar
la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar
la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar
la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar

la plaquette de 1987 consacrée à Lorand Gaspar (600 exemplaires), les N° d'Aporie (7 et 9) consacrés à Lorand Gaspar; le N° d'Aporie sur Salah Stétié avec participation de Lorand Gaspar

Angelus Silesius : « Tu cherches le paradis, tu voudrais arriver / Là où tu échapperas aux douleurs et à l’inquiétude. / Apaise ton cœur, rends-le pur, rends-le blanc, / Et tu seras, dès ici-bas, dans un tel paradis » (Le Voyageur chérubinique)


Lorand Gaspar : « Essaye / essaye encore / d’aimer vraiment / d’aimer assez / et qu’est-ce que comprendre / même un peu sinon accueillir / dans son corps et dans sa pensée / un commencement d’amour / qui ne t’a jamais manqué / seuls la main et le regard / seule la pensée qui voit et qui sent / peuvent commencer un jour / à sentir, à voir, à penser / ce qui depuis toujours fut là – // encore et encore sans répit / s’ouvrir chaque jour et chaque nuit / à la pensée claire de l’amour // n’ajoute pas de la haine à ta douleur / essaye d’aimer ne fût-ce qu’un instant / ce signe qui est encore de la vie / car le néant ne souffre pas, n’est rien / et même un atome de vie et de lumière / est toute la vie et toute la clarté » (Derrière le dos de Dieu).

La poésie de Loránd Gáspár, conçue comme travail sur soi-même et comme approche de la plénitude, est marquée par quatre grandes expériences fondatrices. La première est celle d’une vie placée sous le signe de l’exil : un exil imposé par les tragédies de l’Histoire, puis librement choisi afin d’être un « habitant de l’espace », un nomade, un « flâneur du mouvement éternel ». La deuxième expérience capitale est celle du désert : un livre comme Sol absolu témoigne de l’intérêt passionné du poète pour le monde minéral. Loránd Gáspár n’envisage pas le désert comme un lieu stérile mais comme un lieu de vie. La troisième expérience est celle qui lui fut apportée par son métier de chirurgien qui exige à la fois une rigueur d’ordre scientifique et de hautes qualités humaines pour affronter quotidiennement l’énigme de la souffrance et de la mort. La quatrième expérience est celle d’une lecture sans cesse poursuivie de l’œuvre de Spinoza qui a permis au poète d’affiner son intuition première d’une union absolue de l’esprit et du corps. L’œuvre poétique de Loránd Gáspár, toujours « en chemin vers l’inconnu », se double d’un projet scientifique, comme en témoignent ses recherches dans le domaine des neurosciences.

revue Europe n° 918 – Loránd Gáspár – octobre 2005.

hasard ou pas ? 
mardi 15 octobre 2019 vers 13-14 H, à table, chez AB3 à Six-Fours qui nous régale d'un repas simple, sain, coloré, parfumé, nous nous mettons à parler du poète Lorand Gaspar; je l'ai découvert en 1966 dès la parution de son premier recueil chez Flammarion, Le quatrième état de la matière, livre numéroté 2445 suivi de Gisements (1968), N° 271; ne me demandez pas où s'est fabriqué ce flair pour aller vers ce genre de poètes
normal que la discussion porte sur Lorand Gaspar, 
Nouria Rabeh lui consacre une étude dans son essai L'éveil d'une génération, à paraître aux Cahiers de l'Égaré vers février 2020 (paru);

je raconte la venue au fort Napoléon de Lorand Gaspar le 30 mai 1987 (il reste une plaquette de cette rencontre), les deux N° de la revue Aporie consacrés l'un à Égée-Judée (N°9) en lien avec la création de Judée au Festival de théâtre du Revest, à l'été 1987 par Gilbert Lyon, l'autre au Désert (N°7), un des endroits préférés du poète; je raconte l'itinéraire et le suicide de François Abou Salem, un de ses enfants, créateur du théâtre El Hakawati, devenu Théâtre national Palestinien et qui a joué deux spectacles au Revest; je raconte enfin ma visite par effraction de sa maison à Sidi Bou Saïd, qu'il venait de quitter et où traînaient par terre, à tous les vents, de multiples papiers et livres; je dois avoir des photos tirage papier mais où ? (1995-1996 pour mon 1° et seul voyage en Tunisie, boycottée pour la présence de Ben Ali au pouvoir)
le dernier échange que j'ai eu avec Lorand Gaspar remonte à la parution d'un livre collectif sur des recherches neuro biologiques sur le cerveau; il m'avait fait part de son intérêt pour ces recherches auxquelles il participait, contribution dans L'intelligence du stress dirigé par Jacques Fradin, chez Eyrolles (2008)
hasard ou pas ? le 15 octobre au soir, par l'intermédiaire de 
François Carrassan, j'apprends la disparition le 9 octobre de Lorand Gaspar (94 ans) qui sera incinéré demain 16 octobre au Père Lachaise
je signale que Jean-Yves Debreuille, l'auteur d'un livre sur Lorand Gaspar est le maître en poésie avec d'autres de Nouria Rabeh.


" L'homme était secret, exigeant et serein. Né en Transylvanie (alors hongroise, aujourd'hui roumaine), carrefour de toutes les langues, les cultures, les religions et les expériences européennes, terre de magies ancestrales, de haines recuites, de patrimoine immémorial et de lignes de fuite, Loránd Gáspár échappe de peu aux tragédies de la Seconde Guerre mondiale.
Mobilisé en 1943, alors qu'il vient d'être reçu à l'école polytechnique de Bucarest, il est ensuite déporté dans un camp de travail, d'où il s'évade en 1945 pour gagner la France. Là, il étudie la médecine. Devenu chirurgien, il exerce à Jérusalem et Bethléem de 1954 à 1970, puis à Tunis, jusqu'en 1995.
Elias Sanbar, délégué de la Palestine à l'Unesco, se souvient d'avoir découvert l'homme en tant qu'auteur d'une Histoire de la Palestine (1968, dans la « petite collection » de chez Maspero) : « À l'époque, il n'y avait quasiment aucun livre en français sur la question – la bibliographie était surtout en anglais et en arabe –, aucun livre de surcroît favorable à la cause palestinienne », se remémore Elias Sanbar pour Mediapart.
Loránd Gáspár avait-il des origines juives ? « C'est une question qu'on ne se posait jamais et c'était aussi bien ainsi », répond l'intellectuel palestinien, qui se souvient avoir rencontré à plusieurs reprises le poète dans sa maison surplombant la mer à Sidi Bou Saïd, non loin de Mégara, faubourg de Carthage et des jardins d'Hamilcar ; après que Yasser Arafat, chassé de Beyrouth, s'était installé à Tunis.
Mais jamais une discussion, chez cet être si cloisonné, ne fut consacrée à la poésie, alors que Loránd Gáspár avait publié dès 1966, chez Flammarion, un premier recueil, couronné par le prix Guillaume-Apollinaire : Le Quatrième État de la matière (1966). Il y eut ensuite Égée suivi de Judée, Patmos, Gisements. Puis Corps corrosifs (Fata Morgana), ou La Maison près de la mer (Pierre-Alain Pingoud). L'œuvre poétique a été reprise chez Gallimard.
Transi de déserts, happé par les sols, hanté par les éléments, rêvant de cosmos tout en continuant jusqu'en son très vieil âge d'étudier les neurosciences avec un soin pointu, Loránd Gáspár, arpenteur de paysages, était aussi photographe.
Ayant eu la chance de lui rendre visite dans son nid d'aigle du VIIe arrondissement de Paris pour préparer une émission de France Culture (« Tire ta langue »), je me souviens de sa haute humilité, sous les yeux de braise de sa compagne dont il était d'un lustre le cadet : Jacqueline Daoud née Gutmann, sœur du fabuleux danseur Jean Babilée.
C'était avant le suicide, en 2011, à Ramallah, d'un des trois enfants de Loránd Gáspár, le metteur en scène François Abu Salem, récipiendaire des mains de Yasser Arafat, en 1998, du prix Palestine pour l'ensemble de son travail théâtral.
Mais déjà Sol absolu et autres textes (Gallimard, 1982) avait donné le ton :
La bouche et les yeux
dépossédés
dépouillés

espace d’un cri
entouré d’
espace
entouré de
rien.
Déjà l'ultime recueil publié chez Gallimard, Derrière le dos de Dieu (2010), était en route : « Vois, disait la voix, comme tout est mort, désolé – en moi-même je pensais : “j’entends creuser le silence.” »
Déjà le poète né dans les années 1920 (comme Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Jacques Dupin, ou l'ultime survivant Philippe Jaccottet), déjà Loránd Gáspár passait pour vivant en se faisant bon mort :
Ici ma langue se paralyse
et se creuse l’ouïe –
le corps, la pensée
rôdent dans les ravins calcinés.
Somptueuse nudité qui bâille
dans l’étendue sans mémoire
et le souple fruit de la langue
rendu aux ans de sécheresse –
oracle toujours qui se tait –
sur le même tas de fumier. "
Antoine Perraud, producteur de Tire ta langue sur France Cultur
e

Lorand Gaspar écrit ainsi dans la préface de notre volume : «Il veut désormais que les mots dont il se sert soient aussi parmi les plus usés, des mots quelconques, sans éclat, tirés du grand dépotoir de la langue. Son ambition, de plus en plus, est de créer une poésie pour les «horrifiés», pour et avec ceux qui sont livrés au mépris, à toutes sortes de boucheries morales ou physiques», in Même dans l'obscurité (traduit du hongrois par Sarah Clair et Lorand Gaspar, La Différence, coll. Orphée, 1991), p. 9.

<EM>Votre défiance vis à vis de l’affectivité empêche-t-elle le poème ? Barre-t-elle une écriture plus « autobiographique » ? Pourquoi la refuser ? EM>

Il n’est surtout pas question en ce qui me concerne de refuser notre composante émotivo-affective nécessaire pour le fonctionnement et le déploiement de nos systèmes d’adaptation et de défense, sans parler de leur part de nourriture de base de nos structures cérébrales les plus récentes dans l’évolution phylogénétique. Privés de nos sens, de nos capacités émotivo-affectives nous n’aurions guère accès à ce que nous appelons intelligence, raison, pensée intuitive et créativité. Il est pourtant vrai que je me méfie des affects, des sentiments, dans la mesure où la plupart du temps ils fonctionnent comme des automatismes, déclenchés par des causes extérieures ou intérieures toujours semblables pour chacun de nous selon nos empreintes épigénétiques particulières et nos apprentissages. Je pense que nos structures émotivo-affectives peuvent distordre nos pensées et être par là destructrices, limitantes, enfermantes tant qu’elles restent « réactionnelles », conditionnées, donc fermées à la lumière de l’entendement. Nos réactions affectives et nos affects ou sentiments changent totalement de caractère à partir du moment où ils sont éclairés par l’intelligence. Celle qui éclaire, celle qui ne se laisse pas impressionner, déformer par nos flambées, enfermements ou effondrements plus ou moins conditionnés. L’affectivité rendue lumineuse par l’intelligence s’appelle ouverture à l’autre et au monde, écoute, générosité. De tels hommes ont toujours existé ; pensez à Socrate, à Épicure, à Montaigne, à Spinoza ou à Einstein, pour ne mentionner que les plus connus. Ils existent toujours, et plus nombreux que du temps de Socrate, mais plus que jamais ils sont difficiles à percevoir derrière nos « écrans » où dominent la distraction, la violence et la séduction.. Revue Nu(e) N°17


 

https://youtu.be/x1iI1FWQq0Q

apocryphe lu par Janos, 5'15

Entretien avec le poète hongrois János Pilinszky, extrait du film de Gyula Maár, "Fidélité au Labyrinthe". Partiellement traduit par Lorand Gaspar et Sarah Clair

De quoi l'écrivain a-t-il peur devant la page blanche ? Qu'est-ce qu'il risque en écrivant les premières phrases, les premiers mots ? Quelque chose d'irréparable, peut-être ? Dans la vie nous sommes insouciants. Pourquoi est-ce justement dans le domaine de l'imagination que nous sentons le plus de responsabilité ? Serait-ce parce que le mot écrit est plus durable que nos actes ? Je ne le crois pas. Ce qui rend l'écriture redoutable, c'est qu'elle est à la fois acte, confrontation et jugement. C'est moins et plus que notre vie. Il est stérile de confronter vie et écriture. L'écriture est une variété exceptionnellement intense de la vie, variété consciente. Son rôle est double. Elle montre comment nous avons vécu jusqu'à présent et comment nous devons vivre désormais. Elle est critique de tout ce qui nous est arrivé jusque là mais en même temps elle représente aussi pour nous la possibilité du salut. Devant le papier blanc il n'y a que notre espérance qui soit plus grande que notre peur. Janos Pilinszky

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Rabindranath Tagore / citations

Rédigé par grossel Publié dans #poésie, #pour toujours

un livre puissant, de la multiplicité à l'Unité

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Citations de Rabindranath Tagore, empruntées au blog de Grégoire Perra

en lire une chaque jour, dans le désordre, à voix haute, au réveil

2013

« Crois à l’amour, même s’il est une source de douleur. Ne ferme pas ton cœur. (…) Le lotus préfère s’épanouir au soleil et mourir, plutôt que de vivre en bouton un éternel hiver. »

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 64

2013

« Prenez avec un sourire, ce qui est facile et simple et près de vous. »

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 84

2013

« Laissez votre vie danser avec légèreté sur les bords du Temps, comme la rosée à la pointe de la feuille. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 84

2013

« Pourquoi la lampe s’est-elle éteinte ? Je l’entourai de mon manteau pour la mettre à l’abri du vent ; c’est pour cela que la lampe s’est éteinte. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 92

2013

« Pourquoi la fleur s’est-elle fanée ? Je la pressai contre mon cœur avec inquiétude et amour ; voilà pourquoi la fleur s’est fanée. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 92

2013

« L’amour inexprimé est sacré. Il brille comme une gemme dans l’ombre secrète du cœur. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 98

2013

« O monde, j’ai cueilli ta fleur ! Je l’ai pressé contre mon cœur et son épine m’a piqué. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 100

2013

« Il n’y a ni abri, ni lit de repos… Il n’y a que ta paire d’ailes et le ciel infini.

Oiseau, ô mon oiseau, écoute-moi : ne ferme pas tes ailes. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 113

2013

« Frère, nul n’est éternel et rien ne dure. Frère, garde ceci dans ton cœur et réjouis-toi. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 114

2013

« Mais toi, homme riche, ta richesse ne participe ni à la tranquille majesté du joyeux soleil d’or, ni à la douceur des rayons de la lune rêveuse. La bénédiction du ciel, qui embrasse toutes choses, ne s’étend pas sur toi. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 123

2013

« Dieu soupira et dit avec tristesse : Pourquoi mon serviteur croit-il me chercher quand il s’éloigne de moi ? »

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 124

2013

« Celui dont les étoiles seules perçoivent la musique est descendu vers toi et le voilà avec sa flûte debout à ta fenêtre. Et la fée dispensatrice des rêves traverse le crépuscule en volant vers toi. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 145

2013

« Le fleuve rapide coule en chantant et brise devant lui tous les obstacles. Mais la montagne immobile le suit avec amour et garde le souvenir du passé. » 

Rabindranath Tagore, Le jardiner d’amour,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 193

2013

« Ne blâme pas ta nourriture de ton manque d’appétit. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 32

2013

« Dieu se découvre en créant. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 34

2013

« L’injuste ne peut se permettre la moindre défaite ; le juste, si. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 39

2013

« Ne t’attarde pas pour cueillir les fleurs : va ton chemin et elles s’épanouiront pour toi tout le long de ta route. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 48

2013

« Si tu fermes ta porte à toute erreur, tu la fermeras à la vérité. »

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 54

2013

« Qu’il me soit donné de penser que parmi les étoiles il en est une qui guide ma vie à travers les ténèbres de l’inconnu. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 57

2013

« Au matin, le monde a ouvert son cœur de lumière. Va à sa rencontre, mon cœur, avec tout ton amour. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 59

2013

« Qui donc pousse vers l’avant comme un destin ?

Le Moi, qui avance à grands pas sur mon dos. »

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 66

2013

« N’accueillez pas le matin en lui donnant, avec mépris, un nom d’hier. Voyez le jour pour la première fois comme un nouveau-né encore sans nom. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 81

2013

« Il me faudra mourir et mourir encore pour savoir que la vie est inépuisable. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 93

2013

« La vérité engendre elle-même l’orage qui sèmera ses graines à la volée. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 96

2013

« Que ceci soit mon dernier mot : j’ai confiance en ton amour. » 

Rabindranath Tagore, Les oiseaux de passage,

Ed. NRF Poésie Gallimard, page 105

2013

« Toujours j’essaierai de garder de toute fausseté mes pensées, sachant que tu es cette vérité qui éveille la lumière de la raison dans mon esprit. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 32

2013

« Toujours j’essaierai d’écarter toute méchanceté de mon cœur et de maintenir en fleur mon amour, sachant que tu as ta demeure dans le secret autel de mon cœur. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 32

2013

« Bien que sa couleur soit discrète et que timide soit sa senteur, prends cette fleur à ton service et cueille-la tandis qu’il est encore temps. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 34

2013

« Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de musique. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 35

2013

« Dépose tes fardeaux entre les mains de celui qui peut tout porter, et jamais ne jette un regard de regret en arrière. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 37

2013

« Dieu est là où le laboureur laboure le sol dur ; et au bord du sentier où peine le casseur de pierres. Il est avec eux dans le soleil et dans l’averse ; son vêtement est couvert de poussière. 

Dépouille ton manteau pieux ; pareil à Lui, descends aussi dans la poussière ! » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 39

2013

« Le matin sûrement va venir ; la ténèbre va céder, et ta voix va s’épandre en jaillissements d’or ruisselant à travers le ciel. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 47

2013

« Lumière, ah ! Où est la lumière ? Qu’elle s’anime au feu rutilant du désir ! » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 55

2013

« La nuit est noire comme l’ardoise. Ne laisse pas les heures s’écouler dans l’ombre. Anime avec ta vie la lampe de l’amour. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 55

2013

« Donne moi la force de supporter légèrement mes chagrins et mes joies. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 64

2013

« Je découvre que ta volonté ne connaît pas de fin en moi. Et quand les vieilles paroles expirent sur la langue, de nouvelles mélodies jaillissent du cœur. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 65

2013

« Là où les vieilles pistes sont perdues, une nouvelle contrée se découvre avec ses merveilles. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 65

2013

« Quand l’œuvre du tumulte élève de toutes parts son vacarme, m’excluant d’au-delà, viens à moi, Seigneur du silence, avec ta paix et ton repos. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 67

2013

« Quand mon cœur misérable gît, captif, tapi dans un coin, enfonce la porte, mon Roi, et viens dans le cérémonial d’un roi. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 67

2013

« Pourtant il me faut supporter dans mon cœur l’honneur que tu m’as fait de ce don d’un fardeau de peine. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 83

2013

« N’as-tu donc pas entendu dire que la fleur règne en splendeur dans les épines ? Éveille ! Éveille toi ! » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 88

2013

«  A travers naissance et trépas, dans ce monde ou dans d’autres, où que ce soit que tu me guides, c’est toi, le même, l’unique compagnon de ma vie infinie qui, toujours, avec des attaches de joie, relie mon cœur à l’insolite. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 97

2013

 

 

 

« Délivrance n’est pas pour moi dans le renoncement. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 108

2013

« Caché au cœur des choses, tu nourris jusqu’à la germination la semence, jusqu’à l’épanouissement le bouton, et la fleur mûrissante jusqu’à l’abondance du fruit. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 116

2013

« Un appel est venu et je suis prêt pour le voyage. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 128

2013

« L’enfant gémit lorsque la mère le retire de son sein droit, pour un instant après, trouver consolation dans le sein gauche. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 130

2013

« Je n’arrive pas à trouver ce que je cherche ; ce que je voudrais apprendre, je ne le comprends point ; mais ce message que je n’ai pas su déchiffrer a soulevé mon fardeau, et mes pensées ont été changées en mélodies. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 144

2013

« Où les routes sont tracées, je perds mon chemin. (…) Et je demande à mon cœur : ton sang ne porte-t-il point la connaissance de l’invisible chemin ? » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 146

2013

« Sois prêt à t’élancer, mon cœur ! Et laisse derrière toi ceux qui doivent s’attarder. Car ton nom a été appelé dans le ciel du matin. N’attends personne ! »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 148

2013

« Marcher, c’est te rencontrer à chaque instant, ô Compagnon de voyage ! C’est chanter au bruit de tes pas ! » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 154

2013

« Celui que ton souffle a touché ne vogue pas à l’abri du rivage. Il déploie au vent une voile agitée et navigue sur une eau tumultueuse. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 154

2013

« Éclaire-moi, ô divin Feu ! Car ma lampe terrestre gît brisée dans la poussière ! » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 158

2013

« Un jour je rencontrerai la Vie en moi, la joie qui se cache dans ma vie, quoique les jours troublent mon sentier de leur inutile poussière. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 163

2013

« Découvre ton front, dans l’attente du premier rayon béni de lumière, et chante avec l’oiseau du matin en joyeuse ferveur. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 167

2013

« Frappe mon cœur assoupi avec la magie de ta jeunesse ! Que ma joie de vivre flamboie comme une flamme. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 179

2013

« Que les flèches de l’aube traversent le cœur de la nuit, et qu’un frémissement d’effroi secoue l’aveuglement et l’inertie. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 179

2013

« Que les coups terribles du malheur fassent jaillir des flammes de ma vie. Et que mon cœur, dans la douleur, batte une marche de victoire. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 179

2013

« Le mur s’entrouvre, la lumière, rire divin, le traverse. Victoire, ô Lumière ! Le cœur de la nuit est percé ! Avec ton épée de flamme, coupe par le milieu le nœud des doutes et des désirs incertains. Victoire ! » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 185

2013

« L’Inconnaissable est l’éternelle liberté. Il est sans pitié dans son amour. Il écrase la coquille pour trouver la perle, muette dans sa noire prison. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 189

2013

« Dans mon cœur est mon Seigneur, un avec moi. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 205

2013

« Mais j’ai forgé mon épée ; j’ai revêtu mon armure, et mon cheval piaffe d’impatience. Je m’en irai conquérir mon royaume. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 227

2013

« Jour à jour tu demandes à mon cœur ton soleil levant, et tu trouves ton amour sculpté dans l’image de ma vie. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 230

2013

« Tu as comblé de dons toutes les créatures terrestres : mais à moi, tu demandes. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 231

2013

« Le mur s’entrouvre, la lumière, rire divin, le traverse. Victoire, ô Lumière ! Le cœur de la nuit est percé ! Avec ton épée de flamme, coupe par le milieu le nœud des doutes et des désirs incertains. Victoire ! » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 185

2013

« L’Inconnaissable est l’éternelle liberté. Il est sans pitié dans son amour. Il écrase la coquille pour trouver la perle, muette dans sa noire prison. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 189

2013

« Dans mon cœur est mon Seigneur, un avec moi. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 205

2013

« Mais j’ai forgé mon épée ; j’ai revêtu mon armure, et mon cheval piaffe d’impatience. Je m’en irai conquérir mon royaume. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 227

2013

« Jour à jour tu demandes à mon cœur ton soleil levant, et tu trouves ton amour sculpté dans l’image de ma vie. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 230

2013

« Tu as comblé de dons toutes les créatures terrestres : mais à moi, tu demandes. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 231

2013

« Que je prie, non pour être préservé des dangers, mais pour les regarder en face. Et que je ne demande point l’apaisement de ma souffrance, mais le cœur qu’il me faut pour la surmonter. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 232

2013

«  Que je ne m’attende point à des alliés, sur le champ de bataille de la vie, mais à ma propre force. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 232

2013

« Que je n’implore point avec crainte pour être sauvé, mais que j’aie foi en la patience pour conquérir ma liberté. »

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 232

2013

« Accorde-moi de n’être pas ingrat, sachant qu’à ta seule miséricorde je dois mes succès : mais si je succombe, que l’étreinte de ta main me secoure. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 232

2013

« Que ma vie ne soit pas appauvrie par manque d’action. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 237

2013

« Que je ne suive pas plusieurs sentiers pour recueillir trop de choses. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 237

2013

« Que je porte haut la tête, dans le courage et la fierté d’être ton serviteur. » 

Rabindranath Tagore, L’Offrande Lyrique,

Éditions NRF Poésie/Gallimard, page 237

2013

« Ne détourne pas tes yeux des sombres secrets de mon cœur. Purifie-les plutôt à l’épreuve de ta flamme. Embrase-les pour qu’ils s’éclairent à ta lumière. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 18

2013

« Salut à toi

Lumière du petit matin,

Soleil du jour sans fin,

Instant d’éternité.

L’homme dont l’espoir ne meurt jamais te salue. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 25

2013

« Car la nuit est bien noire

Et bien aveugle est ton pèlerin 

Je t’en prie, tiens moi la main. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 29

2013

« Fais chanter la route,

Fais chanter le chemin,

Pour que chaque pas accompli me parle de demain

Et de la maison là-bas au bout du chemin. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 29

2013

« Donne-moi la suprême confiance de l’amour,

Je t’en fais la prière.

Donne-moi la confiance qui voit la vie dans la mort,

Et la victoire dans la défaite,

Et la puissance cachée dans l’éphémère beauté,

Et la dignité manifestée dans la peine qui accepte le coup porté sans penser même à le retourner. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 33

2013

« Permets que j’emporte au travail l’assurance de t’avoir toujours à mes côtés, mon Ami. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 39

2013

« Emplis mon esprit de ta musique pour qu’elle perdure dans le désert de la cacophonie. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 39

2013

« Laisse les rayons de ton amour réchauffer le sommet de la montagne de mes pensées et s’attarder dans la vallée de ma vie où mûrissent les moissons. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 39

2013

« J’ai fait de Toi mon étoile polaire ; jamais plus je ne perdrai mon chemin au cours du voyage de la vie. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 40

2013

« Où que se dirigent mes pas, tu es là et tu distribues tes bienfaits autour de moi. Toujours devant mes yeux je vois ton visage. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 40

2013

« Je ne sais pas depuis combien de temps tu te rapproches de moi pour me rencontrer. Ton soleil et tes étoiles ne peuvent te cacher à jamais. (…)

Je ne sais pas pourquoi ma vie aujourd’hui est en émoi et un frémissement de joie traverse mon cœur. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 42

2013

« Je sais que les fleurs flétries au crépuscule et que les rivières s’égarant dans le désert ne sont pas totalement perdues. 

(…) 

Je sais que mes rêves avortés et mon chant retenu viennent effleurer les cordes de ton luth et qu’ils ne sont pas totalement perdus. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 45

2013

« C’est dans l’ouvrage et à la sueur de mon front que je te rencontre et que je puis me tenir devant toi dignement. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 49

2013

« Ô Toi, ouvrier de l’Univers ! Emplis-moi du flux irrésistible de Ton énergie comme l’impétueux vent du sud s’engouffre dans la vallée au printemps : Laisse-le balayer le vaste champ de la vie humaine. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 59

2013

« Laisse surgir nos pouvoirs nouveau-nés pour qu’ils s’accomplissent et prospèrent à l’infini comme la graine donne la feuille, la fleur et le fruit. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 59

2013

« Envoie-moi un amour qui s’infiltre dans le centre de l’être et, de là, se répand dans les branches de l’arbre de vie pour donner naissance aux fruits et aux fleurs. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 69

2013

« Envoie-moi l’amour qui tranquillise le cœur dans la plénitude de la paix. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 69

2013

« La lanterne que je porte combat la pénombre sur la route toujours plus longue. (…) 

C’est pourquoi je prie pour que vienne Ta lumière au matin, en cette aube où s’embrassent le proche et le lointain et où la vie s’unifie dans l’amour. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 75

2013

« Ô Soleil, lève-toi sur les cœurs qui saignent. Qu’ils s’ouvrent au matin en mille floraisons et que la torche vengeresse de l’orgueil soit réduite en cendres » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 79

2013

« Quand le cœur est dur et desséché, viens et fais pleuvoir sur moi une averse de pitié. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 89

2013

« Quand mon cœur est lavé de ses souillures, il irradie la lumière de ton soleil. » 

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 91

2013

« Là où l’esprit n’éprouve pas de crainte,

Là où l’on porte la tête haute,

Là où la connaissance est libre,

Là où le monde ne s’est pas brisé en milles domaines sertis de hauts murs par des luttes intestines,

Là où les mots viennent des profondeurs de la vérité,

Là où un inlassable effort tente de toucher à la perfection, 

Là où le clair courant de la raison ne s’est pas perdu dans le sable stérile des habitudes,

Là où Tu invites l’esprit à progresser, à élargir sa pensée, à passer à l’action,

Dans ce havre de liberté,

Fais, mon Père, que mon pays s’éveille. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 92

2013

« Tes dons infinis se déposent dans ces mains minuscules qui sont les miennes. Les années passent et toujours tu verses, et toujours tu trouves de la place pour verser. »

Rabindranath Tagore, De l’aube au crépuscule,

Éditions Points Poésie, page 98

2013

« Qui peut jamais toucher le fond de ce que dans l’âme comme dans l’amour on ne peut qu’entrevoir ? »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 37

2013

« Lorsqu’au départ l’appel sonna : qui embarque ? »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 39

2013

« La vérité même est ta lignée. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 45

2013

« Ceuille à pleine mains les fruits de ma vie ; don prodigue de mon printemps qui te l’offre humblement sans bruit. Emporte de mon verger endolori l’offrande, prends tout et souris. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 51

2013

« Il ne faut rien offrir de plus, désert, que le don du plaisir de donner. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 57

2013

« Où sont les lumières de fêtes, où sont les fleurs, les couronnes ? Le Prince arrive en mon pays, où se trouve donc le trône ? »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 72

2013

« Je vins, aussi vins-tu pour sûr, tu te miras en moi, et tu te sentis toi-même en m’effleurant. »

 

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 87

2013

« Ô mon Maître, je sais cependant que tu brûles de me voir, moi. Sinon vain serait ce cortège des soleils et des étoiles. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 87

2013

« Ô ailes déliées, le songe de la nuit se rompit dans la nostalgie d’un ailleurs lointain, son ardent message lancé dans le coeur du monde : loin d’ici, loin d’ici, quelque part, ailleurs. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 89

2013

« L’étalon noir qui en moi hennit toute la nuit, c’est mon aveugle désir qui trépigne, creuse la terre impatient de bondir à l’assaut de l’inaccessible, de briser des escarpes de ses sabots d’éclair. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 95

2013

« Ô voyageur suprême, les azimuts te sont tous ouverts. Tu es sans sanctuaire, sans paradis, sans fin ultime ; tu vas foulant à chaque pas un lieu sacré. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 98

2013

« Avec toi je reçois la délivrance de la richesse du cheminement, où danse et chante le mouvant, où le fugace prodigue son tout, dans les ténèbres, dans la lumière, à chaque degré de la création, à chaque instant de l’apocalypse. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 98

2013

« Lorsque le fragment vers la perfection s’achemine, son solitaire voyage est jalonné d’étapes de joies toujours nouvelles. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 109

2013

« Peut-être me suis-je trompé. Il n’est pas non plus figé, Lui, le Parfait, car écoutez, Il joue de la flûte – le chant de l’attente, dont l’air avance en éclaireur sur d’obscurs chemins. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 110

2013

« La conscience de cristal se leva claire, première d’une nouvelle vie en éclosion. »

 

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 112

2013

« Je reçus le don du moi délivré au lumineux pélerinage d’un monde autre, par delà les nébuleuses de mon ciel intérieur, au rivage de la plus subtile fusion. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 112

2013

« Seul est l’architecte du monde ; me voici convié à bâtir sous l’ombre de son siège dans les vastes coulisses. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 113

2013

« Distancée la terne usure du moi surané, à moi de sculpter à main nue le visage neuf de la vie sur fond d’un horizon vide. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 113

2013

« Dans le ciel d’automne sans nuage au regard lointain, aujourd’hui frémit le chant de la flûte de l’éternel voyageur sans fardeau ; c’est lui que je vais suivre. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 116

2013

« Ô Soleil, tu as retenu l’éclat de tes rayons, manifeste à présent ton visage le plus clément que je voie celui, le Parfait, qui, en toi et en moi, est l’Unique. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 119

2013

« Au bout du chemin de ton espérance n’est pas l’honneur, mais le point d’aurore de la vie nouvelle, lumineux sacre de l’éveillé à l’aube. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 121

2013

« Le verbe, sublime voyageur des temps fabuleux, exalta l’heure faste de ton sacre ; devant toi se déploie l’itinéraire de l’esprit donnant sur l’infini. Seul tu y voyages, intarissable émerveillement. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 122

2013

« Il es temps que parte l’oiseau. Le refuge bientôt sera vide. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 123

2013

« Nouvel hôte, une ère nouvelle t’attend émue sur ton itinéraire. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 137

2013

« Quelle salutation inouïe diras-tu à l’homme-dieu ? »

 

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 137

2013

« Quelle arme suprême à vaincre le mal as-tu celé vaillant, dans ton carquois ? »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 137

2013

« Voilà qu’au ciel je vois s’épanouir une radieuse rose, corolle déployée. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 154

2013

« Au matin dans la clarté sereine, au sommet de la forteresse de mon corps en ruine, je vois en moi celui qui a eu raison du souffrir. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 156

2013

« J’entends un chant en moi résonner – ce n’est pas loin, ce n’est plus très loin. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 157

2013

« Au milieu du soi infime rayonne le Soi suprême ; c’est la porte qu’il me faut ouvrir afin de contempler Celui qui est tout mien pour l’éternité à venir. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 164

2013

« La vérité est âpre – justement l’âpreté, je l’aimai – jamais elle ne trompe. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 167

2013

« Le Vrai, il le reçoit en son Moi lumineux. Il n’est rien qui pût le tromper. L’extrême récompense, il l’emporte et l’engrange. »

 

Rabindranath Tagore, L’esquif d’or,

Éditions NRF Gallimard, page 169


 

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Notre dernier tango / J.C. Grosse

Rédigé par grossel Publié dans #pour toujours, #poésie, #écriture

À la sortie d'une messe funéraire, une musique retentit et un homme se met à danser, comme s'il étreignait une partenaire invisible. Agnès Lassalle, professeur d'espagnol à Saint-Jean-de-Luz, a été poignardée en plein cours par un de ses élèves. L'hommage dansant de son compagnon endeuillé a été repris par de nombreux médias étrangers.

À la sortie d'une messe funéraire, une musique retentit et un homme se met à danser, comme s'il étreignait une partenaire invisible. Agnès Lassalle, professeur d'espagnol à Saint-Jean-de-Luz, a été poignardée en plein cours par un de ses élèves. L'hommage dansant de son compagnon endeuillé a été repris par de nombreux médias étrangers.

(texte écrit suite à l'atelier d'écriture du 26 novembre 2015 dans la galerie de l'ambassade d'Argentine ; cours de tango assuré par le maestro Coco Dias ; artiste exposé: Alberto Bali ;

avant de commencer j'ai lu Uno et Cambalache, deux tangos célèbres de Enrique Santos Discépolo la consigne a été : personnaliser en utilisant les pronoms personnels Je-Tu-Nous, les possessifs; personnifier les parties du corps en contact: fronts, joues, mains, bustes, cuisses, genoux, pieds, en notant la possible dissociation des parties en question tant chez l'homme que chez la femme

un autre atelier a eu lieu le 17 décembre 2015

Notre dernier tango

sans Paris sous nos pieds

Le monde était mal barré

les gens ramaient

les puissants étaient indécents

les impuissants violents

la planète était épuisée

l'air pollué

dans les villes on sortait masqués

les flics contrôlaient

les glaciers fondaient

les océans montaient

des paysages étaient noyés

des gens migraient

des tsunamis submergeaient

des rives surpeuplées

partout des barbelés électrifiés

des trous pour passer

et s'écorcher

y a toujours des flics

pour se mettre en travers

des chemins de l'espoir

des flics enfants des petits

soutenant les puissants

des mous arrondis du ventre

des illusionnistes de l'action

accrochés à leurs privilèges

à leurs prébendes

Je rêvais de théâtre à vif

dans les halls des banques

sur les quais des gares

les marches de l'Élysée

je rêvais de gens masqués

pour se moquer

des mosquées

et des temples

je rêvais de commedia dell' arte

de marionnettes et pantins

à désarticuler

de Pantalons déculottés

de Matamores démembrés

de Doctors éviscérés

je rêvais que le grand nombre

se mettait à rire aux éclats

cessait de geindre

de se plaindre

cessait de tout encaisser

et se mettait à casser les baraques

de la grande foire des charlatans

Et puis tu as eu mal au dos

tu es entrée aux urgences

à l'hôpital le 29 octobre 2010

à 9 H

tu as été opérée au cervelet

deux fois

ton cancer a été identifié

un cancer de l'utérus

qui avait métastasé

une grenade explosive dans ton corps

Je me foutus du monde

de ses dérèglements

de ses grands fous

des tourments des gens

T'étais foutue

condamnée

tu allais partir

un tout prochain jour

une toute proche nuit

après 16825 jours et nuits

de vie commune

d'amour partagée

après 1 453 680 000 secondes

d'éternité Bleu Giotto

oui secondes d'éternité

car passant

never more jamais plus

il serait toujours vrai

qu'elles étaient passées

for ever pour toujours

ces secondes

inscrivant dans l'éternité

tes sentiments tes émotions

tes pensées

tes énergies tes souffles

écrivant ton livre d'éternité

Alors un dernier tango

ne nous sembla pas de trop

nous avions dansé

tant et tant de tangos

pas pour faire les beaux

mais pour nos abrazos

pris au lasso de nos bras

Tu es sortie du lit blanc

dans ta nuisette blanche

la pâleur de ton visage

éclaboussa mes 70 ans

je mis notre tango

Libertango d'Astor Piazzola

chanté par Guy Marchand

« Moi je suis tango, tango J'en fais toujours un peu trop Moi je suis tango, tango Je ne connais que des rimes en "o" Moi je suis tango, tango J'ai cette musique dans la peau Moi je suis tango, tango Elle me glace jusqu'aux os Moi je suis tango, tango Je l'étais dans mon berceau Moi je suis tango, tango Je le serai jusqu'au tombeau Moi je suis tango, tango Toutes les femmes sont des roseaux Moi je suis tango, tango Que je plie dans un sanglot

J'aime Dire "je vous aime" Même Si c'est un blasphème J'aime dire "Je t'aimerai toujours" Même si Ça ne dure qu'un jour Même si Je n'ai jamais eu d'humour, Il ne m'en faut pas Pour te faire l'amour, Je te serai Toujours fidèle Comme je le suis A Carlos Gardel »

Séparés

à 30 centimètres

l'un de l'autre

respectueux du code

nous avons fait l'abrazo

Je t'ai enlacée comme ça

ma main gauche légère

prenant ta main droite légère

à bout de bras souple

mon bras droit juste

sous ton épaule gauche

pas trop serrée à moi

pour la liberté de tes figures

de tes passes

toi qui savais me mettre

dans l'impasse

où glisser ma jambe ?

Front contre front

nous avons fait

un pas de côté

une marche glissée

et décroisée de 8 pas

8 passes croisées

décroisées

pieds bien sur terre

sans ronds de jambes

nous touchant

du buste

des cuisses

des genoux

des jambes et des pieds

une fente

une feinte

des sourires entre nous

pas un mot entre nous

tango veut dire toucher

Un raidissement

Tu passas dans mes bras

ton dernier souffle

soufflé dans ma bouche

J'ai continué à danser

avec ton corps chaud

abrazo

encore souple

les infirmières n'ont rien fait

pour nous séparer

séparer vie et mort

J'ai dansé un tango

de mort et de vie

notre dernier tango

sans Paris sous nos pieds

sans le ciel de Paris

sur nos têtes

le 29 novembre 2010

à 21 H

Je t'ai déposée sur le lit

j'ai rabattu le drap blanc

caressé tes jambes

embrassé tes mains

et ton visage

baisé tes lèvres

j'ai fermé tes yeux

et j'ai dit

« je t'aime »

Parce que j'aime Dire "je t'aime" Même Si c'est un blasphème

Puisque tu n'es plus mienne J'aime dire "Je t'aimerai toujours" Puisque ça durera jusqu'au jour

Où je passerai pour toujours

Le 29 novembre 2015 à 21 H

Jean-Claude Grosse

(texte écrit suite à l'atelier d'écriture du 26 novembre 2015 dans la galerie de l'ambassade d'Argentine ; cours de tango assuré par le maestro Coco Dias ; artiste exposé: Alberto Bali ;

 

restent les lèvres, rouges, si rouges que le moindre souffle peut emporter / I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes (Rimbaud)

restent les lèvres, rouges, si rouges que le moindre souffle peut emporter / I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes (Rimbaud)

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Poèmes pour Olga (Minsk) et Svetlana (Vitebsk)/J.C. Grosse

Rédigé par JCG Publié dans #poésie

Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.
Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.

Chagall, au-dessus de Vitebsk, Amour et La promenade de Chagall, le musée Chagall à Vitebsk et La Ville détruite de Ossip Zadkine, chateau de la Trémouille, Jeanne au bûcher à Rouen, portrait d"Antonin Artaud, Marilyn-JFK-Robert K.

Olga et Svetlana deux inspiratrices ou comment en 10' d'échanges à deux petits déjeuners dans un internat à Cosne sur Loire, deux femmes me racontèrent tant

Olga et Svetlana deux inspiratrices ou comment en 10' d'échanges à deux petits déjeuners dans un internat à Cosne sur Loire, deux femmes me racontèrent tant

Ces deux poèmes sont à lire dans un ordre tiré au sort par le lecteur, pile ou face.

Je les publie pour le 40° anniversaire des premiers pas de l'Homme sur la lune, le 20 juillet 1969, à 21 H 36, bien après que poètes et peintres aient imaginé la chose, soit le 20 juillet 2009.

Je les actualise ce jour, 25 juillet 2014, après avoir revu Olga, quelques minutes, 5 ans après, dans un autobus biélorusse où j'ai présenté Diderot, le 13 juillet entre 10 H 45 et 11 H 30, sur le parking de Lançon de Provence.

Ces deux poèmes constituent aussi avec les photos et les liens un hommage à Vitebsk et à Minsk.

JCG

 

1 ou 2  pile ou face 
Rencontre avec Svetlana

 

 

Tu es venue du pays des 10000 lacs

Je suis arrivé de Sully sur Loire

Au pays des 10000 lacs

Ton visage de 32 ans a 10000 images

N’es-tu que mirage

Es-tu vraiment Claire

Au château de la Trémouille

J’ai fait un tabac

Avec mes poèmes

Sur Mélissa

Philomène

Ne suis-je qu’un manieur de phonèmes

A Vitebsk

Ta ville si souvent assiégée

Par le passé

Tu as fait un carton

Avec le Monument pour une ville détruite

D’Ossip Zadkine

A Rouen brûlant Jéhanne

A eu lieu

Une rencontre

Offerte par le dieu

Anonyme au milieu de 80 flammes

Je ne t’ai pas vue

Ce 16 juillet 2009

Entre 9 heures et midi

Je n’ai pas eu de flash

D’illumination

Ce ne fut pas un coup de foudre

Ce fut lente émergence

Photo sortant du polaroïd de la vie

Et moi qui vous présentais

L’art de la présence

Le don du présent

J’ai fini par ne plus voir que toi

Entre 15 et 18 heures

Tu étais tellement présente

A cette présentation

Tu me donnais ton adhésion

Dans ton regard il y avait

Le plus précieux

La compréhension intelligente

D’une démarche de vie

Le théâtre de la cruauté

Comme offrande

Ouverture aux autres

Rassemblées

Diffusion d’énergie négative

De terreur

Le théâtre de la cruauté

Comme puissance de déconstruction

Torture des autres

Coincées

Dans leurs jupes sans tourbillons

Leurs corps sages sans horizons

Ouverture de toi déjà ouverte

A des Promenades d’Amoureux

Entre ciel et terre

Selon le cœur de Marc Chagall

Joyeux carnaval de corps légers

Allégés de leur poids de Terre

Cirque céleste pour colorier

D’amour et d’espoir

La vie vouée à la mort

Toi déjà offerte à l’homme de ta vie

Toi en recherche d’un compagnon de vie

Gâtée par le dieu qui t’en a fait rencontrer deux

Désespérée d’avoir à choisir

Au risque de perdre l’un et l’autre

Poussé par l’audace de l’intuition

Je fraie une voie à une brève rencontre

Ce 17 juillet 2009

A 9 heures du matin

Je contemple ton visage

Sans fard

Je pourrais y passer ma vie

C’est l’infini là ici

Si près

Je regarde ton regard

Qui parfois faiblit

Paupières battantes

Prêtes à l'envol

J’écoute tes paroles

Elles m’entraînent

Dans les labyrinthes

Sans fil de sortie

De ta pensée

Sur la vie

Le monde

En un quart d’heure

Tu te livres

Me livre

L’intimité de ton intimité

Ta philosophie de la vie

Le dieu est peut-être Dieu

Peut-être hasard

Peut-être destin

Peut-être destination

Peut-être création libre

Ton front porte une souffrance

Qui ne se livre pas

La transparence de l’échange

Rend plus opaque ton opacité

La dualité des contraires

L’unité des contraires

Qui t’animent

Animent le monde

Dans l’après-midi du 17 juillet

Tu as été MM rencontrant JFK

Pour une montée au 7° ciel du désir

De la sensualité déchaînée

Exprimée par ta voix d’eau calme

Sans prendre dans ton regard

L’auditoire

J’étais au premier rang

Après la prise de photos

J’ai traîné dans le hall

Souhaitant que le dieu nous réserve

La possibilité de prendre à droite

Sur la carte

Ce chemin qui se découvrait

Vers le pays des 10000 lacs

Vers le midi des Tournesols de Vincent

Car il existe n’est-ce pas

Des halls qui sont des ports

Des instants-navires

Pour partir

Repartir

Changer d’enveloppe terrestre

De carte d’identité

Au largage d’amarres j’étais prêt

Tu es partie pour une destination

Secrète

Secrètement

Dans l’après-midi

Sans traverser le hall

A 19 heures 03

Ce 17 juillet 2009

J’ai quitté Rouen brûlant Jéhanne

Les 10000 lacs de ton pays

Les 10000 images de ton visage

Les 10000 mirages à tournis

A 20 heures 49

Je débarquais à Paris Bercy

 

Jean-Claude Grosse, le 18 juillet 2009

 

 

2 ou 1  face ou pile   
Rencontre avec Olga
                                                         

 

 

Tu es venue du pays des 10000 lacs

Je suis arrivé de Chailles Loir-et-Cher

Au pays des 10000 lacs

Ton visage de 34 ans offre

L’image de la douceur

Au château des Brosses

J’ai fait un tabac

Avec Moi l’élu

De Say Salé

Auteur burkinabé

A Minsk

Ta ville convoitée

Ayant changé si souvent de maîtres

Par le passé

Ta Ville Héroïque

Tu as fait un carton

En accueillant

Rue Internationale

Le futur assassin

Commis d'office

De JFK

Après avoir accueilli

Dans la Maison en bois

De la Ville haute

Le 1° congrès du POSDR

A Orléans acclamant Jéhanne

A eu lieu

Une rencontre

Offerte par le dieu

Reconnue au milieu de 80 femmes

Je t’ai vue

Ce 16 juillet 2009

Entre 9 heures et midi

Attentive

Appliquée

Souriante

Et moi qui vous présentais

L’art de la présence

Le don du présent

J’ai trouvé en toi

L’appui

Pour aller plus loin

Au cœur des corps

En attente d’expression personnelle

Tu étais tellement présente

A cette présentation

Dans ton regard il y avait

Le plus précieux

La compréhension intelligente

D’une démarche de vie

Le corps qui parle

Comme offrande

Ouverture aux autres

Rassemblées

Diffusion d’énergie positive

D’enthousiasme

Le corps qui parle

Comme puissance de reconstruction

Ouverture des autres

Coincées

Dans leurs jupes sans tourbillons

Leurs corps sages sans horizons

Ouverture de toi déjà fermée

A une histoire d’amour terminée

Toujours ouverte à l’éducation du garçon

Né de vos ébats

Toi sensible à l’exemple aventureux de ta mère

Toi avouant sans complexe ton bonheur de vivre

Poussé par l’audace de l’intuition

Je fraie une voie à une brève rencontre

Ce 17 juillet 2009

A 3 heures de l’après-midi

Je contemple ton visage

Maquillé pour la circonstance

Incarner MM

Je pourrais y passer ma vie

C’est l’infini là ici

Si près

Sur ces lèvres pulpeuses

Je regarde ton regard

Qui ne faiblit pas

Par fierté

Et c’est bon

Ce face à face

Yeux dans les yeux

J’écoute tes paroles

Elles m’entraînent

A L’Île des Larmes

Au Parc Loshysta

Au bord de la Svislotch

Pour des balades sous la pluie

Sous parapluie

En un quart d’heure

Tu te livres

Me livre

Tes occupations de chaque jour

Ta philosophie de la vie

La transparence de l’échange

Rend ta transparence lisible

Dans l’après-midi du 17 juillet

Tu as été MM se confiant

Au dictaphone

Pour Ralph Greenson

Avouant ses baises infinies

Sans orgasme

Comprenant enfin

Que l’orgasme

Se passe

Dans la tête

Pas dans le sexe

Quel plaisir de te voir assumer

Cette proposition de passeur

Avec sérénité

Sans émois particuliers

Avec ta voix d’eau calme

Prenant dans ton regard

L’auditoire

Moi au premier rang

Piquant un fard

Après la prise de photos

J’ai traîné dans le hall

Souhaitant que le dieu nous réserve

La possibilité de prendre à droite

Sur la carte

Ce chemin qui se découvrait

Vers le pays des 10000 lacs

Vers le midi des Soleils noirs 

Car il existe n’est-ce pas

Des halls qui sont des ports

Des instants-navires

Pour partir

Repartir

Changer d’enveloppe terrestre

De carte d’identité

Mais au largage d’amarres je n'étais pas prêt

Dans l'imaginaire peut-être

Pas dans la réalité

A 18 heures 30

Tu es venue

Me remercier

Je t’ai remerciée

Une amitié est née

A 19 heures 03

Ce 17 juillet 2009

J’ai quitté Orléans acclamant Jéhanne

Les 10000 lacs de ton pays

L’image de ton visage heureux

Le sourire de tes yeux

A 20 heures 49

Je débarquais à Paris Bercy

 

Jean-Claude Grosse, le 19 juillet 2009

 

 

 
 

 

 

lee harvey oswald à Minsk entre 1959 et 1962. Kennedy est assassiné le 22 novembre 1963, la maison du POSDR, le parc Loshysta  au bord de la Svislotch, Jeanne à Orléans, la prose du transsibérien de Blaise Cendrars illustrée par Sonia Delaunay, le château des Brosses à Chailles, Marilyn-Lee Strasberg-Ralph Greenson le 8/8/1962
lee harvey oswald à Minsk entre 1959 et 1962. Kennedy est assassiné le 22 novembre 1963, la maison du POSDR, le parc Loshysta  au bord de la Svislotch, Jeanne à Orléans, la prose du transsibérien de Blaise Cendrars illustrée par Sonia Delaunay, le château des Brosses à Chailles, Marilyn-Lee Strasberg-Ralph Greenson le 8/8/1962
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Jean-Claude Grosse ou la poétique de l'égarement / Jean-Paul Gavard-Perret

Rédigé par grossel Publié dans #JCG, #cahiers de l'égaré, #poésie, #écriture

Jean-Claude Grosse ou la poétique de l'égarement / Jean-Paul Gavard-Perret
Jean-Claude Grosse ou la poétique de l'égarement / Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jean-Paul Gavard-Perret



Jean-Claude Grosse
ou la poétique de l'égarement



I. L'errance et l'aporie.


D'abord donner voix à une femme, pas n'importe quelle femme. D'abord, aussi, commencer par un détail : pas n'importe quel détail. Ainsi la voix de cette femme : "je partage votre passions (nous avec) des beaux seins (...) qui m'invitent à une errance impérative plutôt qu'à l'arrêt sur l'image de l'aporie" . Et soudain surgissent deux mots essentiels pour comprendre le parcours de Jean-Claude Grosse : l'errance et l'aporie. Il n'en manque plus qu'un pour que la trilogie verbale soit parfaite : résistance. En trois mots, donc, ce premier voyage dans la parole de l'aimant, dans la parole aimantée.

Chez Jean-Claude Grosse, en effet, tout est affaire de vie, d'accueil, de gourmandise. Pour cela l'écriture fait table rase de tous les "flics de l'exactitude" qui rendent la vie insupportable. Non que le poète cultive le flou : au contraire. Mais il refuse les dichotomie, les scènes de genre, les choses mal vues, mal dites. La vie est plus compliquée que ça, même dans les tripes : "ça bande, ça débande", et aller jusqu'au bout ne signifie pas, toujours, qu'il faille conclure. Belle leçon de vie, belle leçon d'amour, qui, bien sûr, ne satisfait pas le machisme de surface, mais ouvre l'écriture à d'autres abîmes.

Paroles d'aimant(e) est à ce titre significatif, comme, d'ailleurs, la "conversation" croisée du poète avec Emmanuel Arsan.  Car, tout, un jeu se joue sur le masculin féminin, le masculin de la femme, le féminin de l'homme, sans confusion, bref le double "je" (et pas forcément le double jeu, le "bouble-bind") de l'être "tel qu'il devrait être". Tout cela avec délicatesse, pudeur, et impudeur (du moins ce qu'on prend comme tel), aux bouts des désirs, des limites, des peurs. L'homme, celui que l'imaginaire ne voudrait qu'avec des "couilles", peut, des femmes, n'attendre qu'"à être bouleversé par leurs histoires".  Une chose simple, mais pas si simple que ça. Et Jean-Claude Grosse ose l'aveu, ose l'amour d'une femme qu'il ne cherche pas seulement à "avoir".

Là, soudain, une autre "sagesse" (on osera le mot), une autre vérité.  Qui se dessine dans un lent travail de recouvrement. Le poète est en effet un poète rare, il n'est pas au service de son ego. Et son travail sur le terrain en est un exemple, parmi d'autres. Au service de la culture, celle qui se veut supplément d'âme et supplément de corps, Jean-Claude Grosse, par les Quatre Saisons du Revest, entre autres, a permis à toute une génération  de trouver un lieu, de trouver un départ dont le magnifique album Donjon Soleil , permet de donner l'état des lieux de dix ans de travail.

Forcément, Jean-Claude Grosse écrit peu : mais bien. Sa poésie est un chant, chant, certes intimiste, mais paradoxal, chant de vie rêvée mais pas de vie en rêve. Autre chose le chant comme en témoigne ses quelques vers:
        Je l'aime
        sur fond de Côte d'Or
        douceurs de chocolat sur ma langue
       celles de tes rêves gourmandes
       je rêve de l'impossible baiser".
La poésie se fait humble, gourmande et essentielle. Le poète, en ses doutes, distille une écriture de l'éros, mais la plus subtile qui soit.

Car c'est bien de l'éros qu'il s'agit, cette force qui lutte contre la mort, mais loin des niaiseries. Le quotidien transpire ici. Il y a les départs, les refus, l'acceptation de la solitude de l'échange:
       ce n'est par parce que tu m'aimes
       que je dois répondre à toutes tes attentes",
dit Grosse, mais, chez lui,  la réciproque est vraie. Et il y a aussi, la vie qui va, avec
      émois gratuits sans calcul
     aptes à tout pari
     à toute méconnaissance de l'autre".
Une nouvelle fois tout est dit. L'amour n'est plus une dévoration de l'autre. 

Il y a les erreurs, encore, les errances, les désespérances mais aussi les sourires et les désirs (même s'ils ratent parfois) qui font une vie. Il y a aussi les mots pour le dire. Les mots "qui jouent et qui taisent", ces mots de silence, qui savent le silence, qui écartent les "comment ne pas dire" de certains "comment dire", ce qu'à si bien compris, dans l'oeuvre de Grosse, Emmanuelle Arsan, si proche, si loin...

L'écriture de Jean-Claude Grosse possède, ainsi ,cette saveur velouté de l'éphémère, mais un éphémère qui dure. Car même écrit à la craie sur le corps d'une femme, dans une version moins possessive, captive mais plus capiteuse, encore, que The pillow Book de Greenaway, les mots qui s'effacent perdurent. Comme perdurent ces émotions rapides, ressenties dans des instants - apparemment ratés - jusque dans les allées d'un supermarché, rayon yaourts, entre les Kremly et les Chambourcy. Il suffit d'un sourire, un sourire qui change tout, qui change la vie, par la grâce d'un instant.

Jean-Claude Grosse possède, donc, la capacité de saisir et de dire ces petits riens qui font tout, de saisir, aussi, les instants ratés qui prennent alors une valeur essentielle. Le poète sait les monter en épingle sans se monter la tête. Il sait qu'il n'y a rien de neuf sous notre soleil : "c'est toujours avec  du vieux que nous jouons ce jeu si vieux", mais ce jeu en vaut la chandelle, et, à sa manière, Grosse est le poète de l'amour fou, le seul, le vrai, celle qui laisse l'autre à se liberté.

II. La communauté inavouable.

Avec lui, en effet, les femmes sont fille de l'eau, filles de l'air mais jamais du calvaire. Et le poète inscrit  une mythologie particulière. En ne parlant que de l'amour, mais pas n'importe comment, il ouvre une relation intense à ce sentiment majeur. Qu'on lise, à ce propos, sa réflexion sur le fameux adage de 68 : "Faites l'amour pas la guerre". Ceci, pour lui, n'est pas une simple idée, mais pas, non plus, une idée simple. Il se peut, et Grosse le dit,que  l'érotisme soit même un "mythe"...

Alors imaginez, imaginez le pire. Que l'ange devienne bête ou la bête l'ange et l'être disparaît. Entre érotisme et pornographie il existe "un jeu qui se joue au millimètre près". Tout se joue dans cet écart infime : l'amour, le politique, la vie. Entre libération et exploitation, entre le voile et le dévoilement, les repères ne sont pas si simpleS qu'on voudrait se le faire croire, même si les choses semblent avancer. La preuve : on divorce plus qu'avant, mais cela change-t-il quelque chose au problème, profondément?

Dès lors, la communauté des amants restent toujours inavouable. Mais pas inavouée. Et Jean-Claude Grosse, risque l'écart, l'écartement. Aimer n'est-ce pas toujours aimer l'autre par défaut? Le poète nous met sous les yeux ces rapports menacés, espérés. Il "apprend" des espaces de libertés, des espaces de dangers. Il décolle des images acceptées, de toutes ces re-présentations (les poètes souvent ne font que resservir les même plats) une autre image. Le féminin, le masculin n'est pas ce qu'on croît. Grosse les mêle, sans les confondre. Pour que les choses soient dites, autrement, pour que les choses soient faites, autrement ; pour éviter ces "cela a été fait" chers à Duras, pour laquelle,  si l'acte est accompli, et il l'est, il n'y a rien eu. Pour l'auteur de Parole d'Aimant(e), à l'inverse, autre chose un acte. Et pas forcément celui qu'on attend (de l'homme en particulier qui ne joue plus ici les bellâtres).

Donc, pas d'affirmations abruptes : rien que des affirmations déplacées, donc difficiles. Jean-Claude Grosse laisse marcher ensemble les contraires. Il ne simplifie pas (même si l'écriture est apparemment simple). Mais l'écriture, quand elle devient simple, n'est pas simple écriture. C'est, alors, que quelque chose passe, entre, sort. Grosse ne "dispose" pas son écriture, comme il ne dispose pas de l'autre. L'écriture comme l'autre échappe. Et c'est ainsi que quelque chose circule, autrement. Comme, dans la petite histoire circule la grande, mais qui ne sera que sa soeur, soeur du rêve et soeur du noir. Peut-être ça l'émotion, la vraie : cette résistance non à l'autre mais à soi-même, pour le vrai désir. Et, de la sorte, revenir à l'Aphrodite païenne, à Ève, à Lilith, mais mieux, en acceptant l'étrangeté de ce qui ne peut pas, forcément, être en communion. Là le seul rapport amoureux, provisoire, déserté (d'une certaine façon) mais plein, à la fois. Voilà la seule "leçon" : en accepter l'énigme, l'énigme de la présence et le don. Ainsi, boucler, la boucle : mais pas n'importe comment.

III. La poésie comme une boucle étrange.

A la base de chaque être demeurera toujours son  principe d'insuffisance : au monde, à l'autre, à lui-même. Évidence que le poète n'a pas besoin de rappeler mais qu'il "acte". Cette conscience d'insuffisance fait tout, là tout se joue : l'appel à la conscience, au corps. Sans vouloir, pour autant, "prendre" la part cachée de l'autre. Certes, pour faire court, dans chaque rapport amoureux, la substance de l'autre est contesté. Mais Jean-Claude Grosse rappelle qu'on peut faire mieux. Ne pas rechercher dans l'autre, l'autre de soi-même mais notre propre contestation et penser l'autre dans le rapport le plus intense mais comme individu séparé. Cela l'amour, le "vrai", le "fou", dont nous parlions plus haut. Cet appel à cette communauté inavouable. La seule. La seule effervescente. Pas de prétendue fusion (on le sait depuis Bataille). Pas cet abaissement. La communauté de l'amour ne peut se fonder sur cette illusion d'optique. Toujours préférer le "je te laisse vivre "au "je te fais mourir" (d'amour, de mort, puisque, qu'alors, c'est tout comme).

Ainsi, si chez Grosse, l'amour occupe une place centrale, il occupe une place singulière. Il assure, d'une certaine façon, l'impossibilité de sa propre immanence. Il existe une différence entre être épris et être pris. C'est là tout le prix de cette quête de vie. De cette quête d'amour. Cela l'amour sans quoi il n'existe ni de présence ni d'être. C'est pourquoi, par sa poésie, l'auteur s'expose, expose en s'exposant, sans porno-graphie (de sa part), sans voyeurisme (de la part du lecteur). Cette exposition est un appel à voir non dans mais sous les images, c'est-à-dire dans le repli des images apprises. D'une certaine manière, la voix qui dit "viens" doit rester sans écho. Là l'impossibilité de l'amour dans sa possibilité la plus nue.

Loin des théories sulpiciennes et des théorises de violence sacrificielle (à soi ou à l'autre), Grosse apprend l'autre chose de l'amour : ce qui résiste (pas ce qui fait résistance). Ce "ce qui résiste" est le seul gage de la liberté, l'acceptation de l'espèce, de sa présence (de son retour) ou de son absence (de son refus).  Là la part du risque, du multiple et de l'un à la fois, la part du feu et de l'ombre. L'autre ainsi qui résiste. Et cette résistance qui offre le seul abandon, loin des dichotomies à la "mords moi le noeud" (à tous les sens du terme). Et l'appel à l'infinie altérité, (qui fait si peur mais par laquelle tout passe) pour qu'il y ait, enfin, de la vie dans la vie, non de la mort dans l'amour. Cela la vraie résistance, celle qui fait mouvement.

Ainsi, quelque chose de la vie, quelque chose de l'amour. L'amour, rien d'autre, peut-être que la façon de survivre. De mieux en mieux, si possible. L'amour contre le mort. Tout ce qui restera. Ce qu'on a à offrir. Et rien à attendre de plus.

Juste ça : ce qu'on donne, ce qu'on sent, ressent. Le seul mythe valable à traverser le temps, le seul chant doux-amer, sans retour à la mère pourtant, ce chant qui, il y a trente ans, aurait pu faire la fortune de l'auteur. Qu'on se souvienne:
       "Mite pour mythe
       se monter en bateau
       et (ou)
       monter en bateau",
prendre le large, mais ici même. Jean-Claude Grosse à l'ombre d'Emmanuelle (mais d'une autre aussi). On pourrait tomber plus mal. Il aurait pu tomber plus mal. Il le sait.

Alors rien d'autre que ça la vie, l'amour, la poésie : cette mise en, appétit de vie : "j'aime les livres qui me dilatent" écrit quelque part l'auteur. Sa poétique est toute là : cet appétit.  Sa poésie, aussi, cette poésie de dessous le manteau ou, plutôt, du dessous des cartes, des fausses cartes du tendre, des cartes du faux-tendre (du faut tendre?), pas des grandes surfaces (entre Chambourcy et Kremly). Contre le voyeurisme il impose  cet ob-scène que le regard doit apprendre à voir. De ça, de la vie. Qui retient;  Le seul moyen de la changer. De revenir à elle. Emmanuelle. Et les autres. La scène primitive, la scène toujours nouvelle.


Jean-Paul Gavard-Perret


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