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Les Cahiers de l'Égaré

La Pente / François Carrassan

20 Juin 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #cahiers de l'égaré, #philosophie, #pour toujours, #écriture

le cycliste, Henri Cartier-Bresson, Hyères, 1932, avenue Edith Wharton

le cycliste, Henri Cartier-Bresson, Hyères, 1932, avenue Edith Wharton

La Pente

François Carrassan

ISBN 978-2-35502-105-3

112 pages, format 13,5 X 20,5, papier ivoire

4° de couverture

C’était en 1932 à Hyères. Un vélo sans intérêt descendait de la colline du château. Cartier-Bresson l’a vu venir du haut d’un escalier en surplomb de la rue. En un éclair le cycliste inconnu est devenu l’image de chacun de nous dévalant sa vie sur la pente du temps. Le plomb de la réalité avait donné l’or de la photo.

Le château, au sommet de la colline, a été rasé sur l’ordre d’un roi vengeur il y a quatre siècles et nulle image n’en est restée. Seuls des remparts font encore signe en son absence. On peut seulement lire qu’il était majestueux et s’imposait au paysage.

En 2014, une fouille archéologique de son site originel allait être entreprise pour la première fois. La photo s’installa dans mon esprit. Et, comme on allait descendre dans le temps, j’eus l’idée, m’inspirant du photographe, d’en sortir un instant et de le regarder passer.

François Carrassan

extrait

I

La rue des Porches, à Hyères, comme une brèche dans le passé de la ville, passe, large et sombre, sous de très anciennes maisons. Elle longe la dernière enceinte urbaine de la cité médiévale, quand celle-ci s’agrandissait sur les pentes de la colline au sommet de laquelle se dressait le château des seigneurs de Fos. Des meurtrières parsèment encore sa muraille.

Elle s’ouvre toujours au vent qui, sitôt levé, s’y engouffre comme dans une course folle. C’est le bon moment. Des paquets de poussière tourbillonnent sous les voûtes et, d’un pas de côté, vous vous mettez à l’abri dans le chambranle d’une porte qui se pourrait d’époque. Dans un rai de lumière qui tombe de la ruelle voisine, vous voyez la poussière jouer avec les pierres. On dirait le passage du temps.

 

Oui, comme si, sorti à cet instant du cours des choses et doté du pouvoir de le contempler, vous voyiez devant vous passer le temps.
Un peu, me suis-je parfois dit, à la façon d’Apollinaire marchant le long de la Seine, un livre ancien sous le bras, tandis que le fleuve s’écoule et ne tarit pas.

un retour de lecteur en date du 20 juin 2020

Cher François
Un grand, très grand merci pour ton livre sur " La pente....du 
temps"..et ta chaleureuse dédicace... Je l'ai lu d'une traite dès que je 
l'ai reçu et j'y ai pris un immense plaisir...D'abord d'y retrouver ma 
chère ville de Hyères dont je suis exilé depuis notre déménagement 
calamiteux et la perte de ma bibliothèque.....Je t'avoue que dans ta 
déclaration d'amour à Hyères j'en ai découvert non seulement l'histoire 
que tu racontes par petites touches, mais surtout un "je ne sais quoi" 
comme dirait Jankélévitch, qui n'est sans doute sensible qu'à quelqu'un 
comme toi qui le ressent avec ses racines, avec ses pores..Le " je ne 
sais quoi'" qui fait le charme d'un paysage à travers le passage du 
temps que tu perçois si bien dans le cycliste de Cartier Bresson...
J'en ai conçu aussi une certaine amertume envers ma propre impuissance à 
adhérer comme toi à ce génie du lieu... étant données les difficultés que 
j'ai connues dans mon passé familial, malgré tout ce que mes merveilleux 
parents, que tu as connus, ont fait pour moi... Ils étaient de vrais 
Hyérois, et avaient le même amour que toi pour leur ville dont ils ne 
seraient jamais séparés...
Mon sort a été différent et je me suis vraiment réalisé quand je suis 
venu à Paris pour mes études, à une époque où Paris était encore Paris 
et où la France était encore la France..
Mais ton livre n'est pas seulement attachant par cette magnifique 
évocation de Hyères, tu y exposes des réflexions à la fois légères et 
profondes sur la fuite du temps, sur l'éternité dans l'instant et sur le 
mystère de la mort que tu abordais déjà dans un livre précédent...Tu 
t'appuies sur une érudition qui apporte des fondements à ta promenade à 
travers le temps, mais qui ne se montre pas et à certains égards, j'ai 
retrouvé dans ton style, dans ta manière l'esprit du XVIII ème siècle 
dans ce qu'il a pour moi de mailleur...qui est celui de Diderot dans ses 
lettres à Sophie Volland, que j'ai malheureusement larguées avec ma 
bibliothèque du Portalet...un naufrage que j'aurais pu certainement 
éviter si je n'avais pas céder à l'urgence et à la panique.
Ce que tu écris sur le patrimoine est très juste et sort des lieux communs.
A propos des Noailles tu cites Igor Markevitch qui a raconté dans ses 
mémoires, "Etre et avoir", l'histoire mouvementée de sa romance avec 
Marie-Laure. Et parmi les amoureux de Hyères, il y a Stevenson qui a 
vécu dans le quartier du Continental et dont sa femme a dit qu'il avait 
passé à Hyères la plus belle année de sa vie.
Ces retrouvailles avec toi et avec Hyères à travers ton livre 
tombent bien parce que je doit faire en novembre une conférence à la 
médiathèque dans le cadre d'un projet dont ma fille a donné récemment le 
dossier au docteur Roux, un vieil ami de ma famille. Elle voulait aussi 
te voir mais a été débordée par son programme et n'avait pas pu te joindre.
Elle va te l'envoyer.
Je ne sais pas encore quel sujet je vais traiter, sans doute sur Tolstoï 
dont le frère est mort à Hyères, où il a passé lui-même plusieurs mois. 
Ce sera aussi l'occasion de faire mieux connaître la soeur de Tolstoï, 
qui aimait beaucoup Hyères. Personnellement je m'intéresse davantage aux 
livres et aux idées qu'à des aspects biographiques mais il est important 
d'ancrer une oeuvre dans une vie et un terroir.
Si le sujet t'intéresse tu pourrais y participer. Ce serait bien aussi 
d'inviter Jean-Claude Grosse qui a beaucoup aidé ma fille quand il 
dirigeait son théâtre au Revest.
A propos, je vais le féliciter pour le bel écrin qu'il a offert à ton 
texte, avec une typographie adaptée à ma vue ce qui m'a facilité la 
lecture. 
Gérard Conio
PS Il se trouve que j'ai écrit sur l'instant qui nous sauve du 
sarcophage du temps dans une étude sur " La dialectique du double chez 
Dostoïevski" que j'ai retrouvée à l'occasion d'un entretien sur le 
nihilisme dans une émission de Radio Courtoisie. Je te l'envoie en pièce 
jointe.

quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan
quelques titres de et avec François Carrassan

quelques titres de et avec François Carrassan

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