Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Cahiers de l'Égaré

EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises

Rédigé par grossel Publié dans #cahiers de l'égaré

EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises

EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises

EAT*

(manger, pisser, écrire)

au temps des queues de cerises

par É. Say Salé**

suivi de de Svetlana Alexievitch à l’art de travailler la vigne de Marwil Huguet

et de Ma langue de Moni Grego

Ce titre, sans prix, sans PVP, est paru aux Cahiers de l'Égaré, ISBN 978-2-35502-069-8, le 1° avril 2016, sous ©

© Les Cahiers de l’Égaré, 2016

669 route du Colombier - 83200 Le Revest-les-Eaux

© - É. Say Salé, pour EAT au temps des queues de cerises

- Marwil Huguet, pour de Svetlana Alexievitch à l’art de travailler la vigne

- Moni Grego, pour Ma langue

© en contradiction avec la libre circulation des œuvres prônée dans le texte par Con d'Orsay, adversaire de Beau Marché.

En contradiction avec la contradiction relevée ci-dessus (dialectique sans synthèse et dépassement nous ramenant à la position prônée ; on a donc tourné en rond), le livre est en libre circulation sous forme PDF gratuite puis livre électronique payant à 3 €.

L'éditeur Jean-Claude Grosse

 

*EAT est un verbe anglais dont la signification désigne l'action de manger. Nombreuses sont les mangeoires proposant de EAT : manger. Tout le monde veut EAT : manger. De plus en plus trouvent à manger dans les poubelles. On est au temps des queues de cerises. Donc des envies de pisser.

On y restera tant que n'aura pas été jetée dans les poubelles de l'Histoire la responsable de cette situation : la faim dévorante qui tenaille 7 410 079 728 humains à la seconde où s'écrit ce chiffre d'après worldometers, 7 410 079 728 balles de ping-pong qui s'agitent dans la boule du loto terrestre sortant les numéros chanceux, les 80 possédant 50% de la richesse mondiale et les 7 autres milliards qui veulent faire de bons numéros.

** É. Say Salé est un auteur farcesque issu du continent africain. De son vrai nom : Camille Mouyéké. Né en 1962 à Brazzaville. Après un DEUG d'art à l'université de Paris VIII et une maîtrise en cinéma, il se lance dans la réalisation et signe plusieurs courts métrages (dont les Mavericks en 1998). En 2000, il réalise son premier long métrage, Voyage à Ouaga, qui a été présenté dans d'innombrables festivals internationaux. Il a joué son propre rôle de réalisateur sans moyens dans le film Le temps perdu, fiction de 53' inachevée, tournée au Burkina Faso et au Niger par Cyril Grosse (1971-2001) en 1993 avec une aide du ministère de la culture du Burkina Faso. Comment à 22 ans et pour son unique séjour en Afrique, Cyril Grosse trouva-t-il le tout jeune cinéaste Camille Mouyéké (31 ans à ce moment-là) et comment obtint-il une aide du ministère de la culture du Burkina Faso ? Parmi les traits d'humour du film, les délires sur Ulysse de Joyce (dans Le temps perdu 1 à 2'15 et dans Le temps perdu 2 à 3'40) que Cyril Grosse cherchait à créer au théâtre. Il se heurta au refus du petit-fils de James Joyce. À noter aussi le sujet : la rencontre entre un homme noir du peuple et une comédienne blanche. Dans le film, Marie-Sophie part au désert à la fin. Dans la réalité, la comédienne a fini mystérieusement en Afrique, un ou deux ans après. Des rushes, j'ai pu tirer 5 séquences, en playlist sur You tube et sur dailymotion. Camille Mouyéké est devenu un ami après la disparition de Cyril. Il est venu séjourner chez moi en 2008, au moment des élections municipales. J'étais tête de liste d'une des 3 listes. Il a été amusé par cette compétition électorale. Il m'a à nouveau rendu visite en juillet 2015 et s'est amusé des débats au sein des EAT. É. Say Salé utilise le sarcasme, la parodie, la farce pour mettre en relief les processus de conditionnement et d’abrutissement des gens, ainsi que les processus de soumission volontaire. Moi, Avide 1°, l’Élu est sa première farce. L’action se passe à Gogoland au moment des élections municipales. EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises est sa 2° farce.

On est dans un des bureaux EAT. Bureau confortable avec canapés et divans pour confidences saines et malsaines. Ce qu'ignorent les usagers des bureaux EAT, c'est que leurs conversations sont enregistrées et que, parfois, cela provoque des réactions des tenants de l'enseigne.

Personnages : un auteur de théâtre (une rareté : 330 auteurs de théâtre pour 100 000 écrivains), une femme de lettres issue du continent africain, spécialiste du continent noir inventé par Freud (une plume rare)

 

1

L’auteur de théâtre – vous écrivez ?

L’autesse – oui
L’auteur – quoi ?
L’autesse – du théâtre

L’auteur – comme moi ! ça alors ! C’est si rare des auteurs de théâtre !

L’autesse – qu’est-ce qui vous étonne ?

L’auteur – pas qu’une femme écrive non ! mais je ne sais par quel nom désigner les femmes de plumes écrivant pour le théâââtre. Le théâtre de texte, c’est un art en voie de disparition tellement on le hihibride avec tous les trucs modernes, vidéo, installation, performance, improvisation, écriture de plateau. Cela dit, rien d’étonnant, quand on voit que les nouveaux programmes des collèges ne citent aucun auteur à étudier. Molière, Hugo, exit. Ce que formule aussi la présidente historique et horrifique des EAT sur leur site.

L’autesse – un effet de la démagogie régnante, populisme, électoralisme, clientélisme. Si vous voulez fourrer votre nez dans nos foufounes, vous n’avez pas fini de sniffer alors! Vous avez le choix entre nourrices, auctors, auteurs, hauteures, autrices, hautaines, autoresses, autesses, ventrimpotentes de la page, pleuheureuses de l’alphabet, autruches à court, grognonasses de la langue ; quant au théâââtre, je suis pour le hihidébridage ; à dada sur la croupe des juments de Bar-Tabac pour déclamer Dada, Tzara, Picabia et Booba

L’auteur – je vous vois bien debout sur la croupe, fouet claquant aux oreilles de l’animal. Vous aimez fourrer votre plume dans le cul de la langue? Revivifier les vieilles injures? Les femmes de plumes sont connues pour leur crudité

L’autesse – on l’est, crues et cruelles mais les injures d’hier ça va un moment ; pour soulager les maux d’aujourd’hui il faut inventer les injures d’aujourd’hui qui crucifient les cruauteurs de la langue commune, ceux qui la volent, la violent, la vident de substance, les merdias et les markenquêteurs

L’auteur – le stock ancien ne suffit pas? il faut renouveler, innover ?

L’autesse – aux maux nouveaux, des mots nouveaux ! avec le générateur d’injures shakes- peariennes

L’auteur – Will a inventé un générateur d’insultes ? Jamais entendu parler.

L’autesse – c’est vrai pourtant. Will est le plus grand fabricant d’insultes, cocksucker, suck my cunt !

L’auteur – suck my dick, bitch, whore !

L’autesse – ah je me disais bien, pas possible qu’il ne connaisse pas, piece of shit! l’insulte suprême qui blesse sans réparation possible nos nombrilismes d’hauteurs vivantes. Chacun est un tas de merde, de crottin qu’il croit meilleur que celui du voisin. Le nombrilisme, stade suprême du capitalisme. Quelle horreur, pas pouvoir sortir des miroirs et des selfies! Le panopticon mental et universel. Chacun se reflète dans son miroir, le monde s’auto-contrôle en s’auto-congratouillant, en s’auto-photogratiphiant. Faut briser les miroirs, les smiles-phones et les ascenseurs de renvoi.

L’auteur – vous ne craignez pas 7 ans de malheur à chaque bris ?

L’autesse – 7 ans de malheur pour chaque auteur nomlibrique brisé, c’est le moins qu’il faut 

L’auteur – alors d’accord, y a pas plus urgent et plus essentiel que le bris de nos miroirs sur la scène où nous venons nous pavaner, histrions boursouflés, une heure avant de disparaître.

L’autesse – mais vous copiez Will, son of a bitch. Macbeth, V, 5 :
Life’s but a walking shadow, a poor player That struts and frets his hour upon the stage, And then is heard no more. It is a tale

Told by an idiot, full of sound and fury, Signifying nothing.

L’auteur – pourquoi est-il toujours fourré sous la couverture de nos écritures ? Brisons la devanture de Shakespeare and Company !

L’autesse – il vous fait de l’ombre ?

L’auteur – il a tout dit et bien; vous voulez un exemple ?

L’autesse – bien volontiers, c’est mon préféré Will, un mort bien vivant !

L’auteur – c’est tiré d’une pièce écrite en 1590 par plusieurs dont Will, Thomas More; on a retrouvé la page manuscrite. Écrite dans une période de tensions à propos de l’accueil dans le royaume de protestants français, la pièce met en scène les événements d’Evil May Day, sous le règne d’Henry VIII, en 1517 : des Londoniens se révoltent alors contre les étrangers de Londres. Dans la scène rédigée par Shakespeare, Thomas More, conseiller d’Henri VIII, répond à des manifestants qui dénoncent les «privilèges» accordés aux réfugiés à Londres.

«Imaginez le spectacle de ces malheureux étrangers, / Leurs bébés sur le dos, avec leur misérable baluchon, / Marchant péniblement vers les portes et les côtes pour être déportés / Imaginez que vous trôniez, vous, monarques de vos caprices, / L’autorité de l’Etat rendue muette par vos vociférations, / Drapés dans votre bonne conscience; / Qu’auriez-vous obtenu ? [...] / Vous auriez montré que l’ordre pouvait être bafoué et, selon cette logique, / Pas un de vous ne devrait atteindre un grand âge / Car d’autres voyous, au gré de leurs caprices, Avec les mêmes mains, avec les mêmes raisons et au nom du même droit, / Vous attaqueront comme des requins et les hommes, comme des poissons voraces, / Se dévoreront entre eux. / Si vous alliez en France ou en Flandres, dans une province allemande, en Espagne ou au Portugal, vous seriez les étrangers. »

Que voulez-vous dire après ça sur les réfugiés, les migrants ? Nous n’avons plus rien à dire ; il faut en finir avec le shakesparisianisme

L’autesse – pas mal l’effet; mais on peut dire la même chose, autrement, vous savez ?

L’auteur – si on tue pairs et pères, alors on pourra obtenir une place de pouvoir afin de ne plus avoir à manger des queues de cerises, moi, je veux faire entendre mes écritures, vivre de mon travail d’auteur; ça urge! quelle envie de pisser ! Les queues de cerises, c’est terrible

L’autesse – allez vidanger !

(l’auteur va vidanger bruyamment dans une pissotière en zinc à côté du bureau ; l’autesse soliloque)

L’autesse – j’entends toujours la même chose, conquérir le pouvoir, obtenir du pouvoir; c’est la lutte des places assurée ça, un monde de guerres pipicrinolines; qu’est-ce qu’il pisse bruyamment ?

(l’auteur revient)

Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :